samedi 6 juillet 2024

Jeunesse

Joseph Conrad - Jeunesse - Editions Sillage

 

 


Ce n’était qu’un simple opuscule, et le dernier exemplaire, enfoui dans les colonnes d’ouvrages d’auteurs honorables comme un espace vert - ou peut-être faudrait-il écrire bleu - cerné de gratte-ciels. Mais voilà, les noms de Conrad, de Kipling sans oublier celui d’un écrivain de science-fiction affublé d’une barbichette, ont la vertu de percer les broussailles de mon existence, comme ces coups de vents méditerranéens qui transforment instantanément un horizon marâtre en ciel marin.

 

Les éditions Sillage, à qui je dois d’avoir retrouvé un formidable petit texte de Tolstoï offrent une nouvelle traduction de « Jeunesse », succédant entre autres à celle, prestigieuse, d’Odette Lamolle. On peut faire court – soixante-quinze pages - et néanmoins offrir d’indispensables notes de bas de page, des repères bio et bibliographiques et se fendre d’une mince mais instructive postface. Bravo l’éditeur !

 

Ce récit, le huitième recensé ici n’est, loin s’en faut, le plus prestigieux de l’écrivain britannique. Il s’agit d’une nouvelle dont la rédaction s’insère néanmoins entre Le nègre du narcisse et Au cœur des ténèbres et qui plus que toute autre fiction colle au vécu de Conrad et à ses premières expériences maritimes. Marlow c’est lui. Le personnage et narrateur se souvient d’une traversée plus que mouvementée, effectuée vingt ans auparavant, alors qu’il étrennait ses galons de second lieutenant sur un vieux rafiot censé rejoindre Bangkok à travers l’Océan Indien.

 

A lire l’odyssée de ce vapeur obligé un temps de rentrer au port après une collision avec un trois-mâts, de refaire sa coque après une violente tempête, le temps de se bâtir une réputation de hollandais volant auprès des équipages avant le feu d’artifice final, on se dit que Conrad a pris parti de raconter une histoire chaplinesque. Mais c’est la jeunesse qu’il célèbre, ses extravagances, ses expériences séminales. Cette narration est trop courte pour s’apparenter à un roman d’apprentissage ; on se reportera plutôt à Ligne d’ombre. Elle met en avant en tout cas, comme souvent chez Conrad, un personnage courageux, peut-être inexpérimenté ici, mais résolu et ferme dans les moments clefs. « Jeunesse » récit de la nostalgie :

 

« Mais vous qui êtes là, vous avez tous obtenu quelque chose de la vie : argent, amour - toutes ces choses qu'on trouve sur la terre ferme - et dites-moi, n'est-ce pas ce que nous avons eu de meilleur, l'époque où nous étions jeunes et sur la mer, jeunes et ne possédant rien, sur la mer qui ne donne rien, sinon de rudes coups - et quelquefois la chance d'éprouver notre force - n'est-ce pas cela - et cela seulement - que vous regrettez tous ?

Et nous acquiesçâmes de la tête : l'homme de finance, l'homme de loi, l'homme des comptes, tous nous acquiesçâmes, au-dessus de la table vernie qui, telle une nappe d'eau brune immobile, reflétait nos visages ridés, ravinés ; nos visages marqués par le labeur, les déceptions, les succès, l'amour ; et nos yeux fatigués, qui regardaient encore et toujours, cherchant anxieusement dans la vie quelque chose qui est déjà parti quand on l'espère encore - parti sans qu'on le voie, dans un soupir, dans un éclair - avec la jeunesse, la force et le romantisme des illusions. »






P.S : Les oeuvres de Conrad citées ici ont été chroniquées dans le blog

32 commentaires:

Christiane a dit…

Bonheur !!!

Christiane a dit…

Conrad laisse une note de lecture très émouvante à propos du premier récit "Jeunesse" quant à la naissance du personnage Marlow dans ses romans. C'est rare une telle confidence.
Il écrit :
"Jeunesse" ne fut pas ma première contribution au "Blackwood's Magazine" ; ce fut la seconde ; mais ce conte marque la première apparition dans le monde de cet homme appelé Marlow avec qui mon intimité ne fit que croître au cours des années. Les origines de ce gentleman (personne autant que je sache n'a jamais donné à entendre qu'il put être rien de moins que cela), ses origines, dis-je, ont fait l'objet de discussions littéraires : discussions les plus amicales, je me plais à le reconnaître.(...)
Marlow et moi nous nous sommes rencontrés, ainsi que se font ces relations de ville d'eaux qui parfois se transforment en amitiés véritables; Celle-ci a eu précisément cette fortune. En dépit du ton assuré de ses opinions Marlow n'a rien d'un importun. Il hante mes heures de solitude, lorsque nous partageons en silence notre bien-être et notre entente ; mais lorsque nous nous séparons à la fin d'un conte, je ne suis jamais sûr que ce soit pour la dernière fois. Et pourtant, je ne crois pas que l'un de nous se soucierait fort de survivre à lautre. (...) De toutes mes créatures il est bien assurément le seul qui n'ait jamais été un tracas pour mon esprit. Le plus discret et le plus compréhensif des hommes...."
Quelle merveille cette confidence !
Un jour, je ne sais plus dans quel article ou billet , Pierre Assouline a évoqué la naissance d'un personnage pour un auteur. J'avais lu attentivement. J'y repense en lisant ces lignes de Conrad. Merci à cet éveilleur.
Marlow, celui qui raconte le récit figurant dans "Jeunesse"...

Anonyme a dit…

Personnage récurrent, cf Au cœur des ténèbres. J'en ai profité pour améliorer le premier paragraphe de mon "Tolstoi ". SV

Christiane a dit…

Ce Marlowe , c'est lui et ce n'est pas lui. Sa voix, celle qui lui permet de dire d'écrire.
"Jeunesse" est d'autant plus émouvant que dans les premières lignes ce sont des hommes qui ont déjà bien vécu, qui, autour d'un verre se souviennent de leur jeunesse.
Conrad a vécu dans sa jeunesse cette traversée mouvementée et cet émerveillement de l'aventure, de l'appel des lointains. Mais le récit échappe à l'autobiographie pour se donner les ailes de la fiction. Son alter ego, Marlowe est un double invincible, fendant les récits comme un passe-muraille et l'écrivain se souvient en écrivant lâchant la bride à son imagination. Le récit est flamboyant .
Je réfléchis beaucoup en ce moment à cet étrange voyage des écrivains qui posent sur le papier ou l'écran des histoires inouies par l'intermédiaire d'un narrateur qui parfois est leur projection exacte et d'autres fois, l'auteur modifie le réel, le teinte de suspens.
Marlow est rarement décrit. Il apparaît souvent par la parole, dans les dialogues comme si de l'auteur au personbage, la description était implicite. Le décrire serait se prendre pour Narcisse et se mirer dans sa fiction !
A croire que pour Conrad, la vraie vie était dans la fiction, dans l'écriture.

Qu'avez-vous changé dans le premier paragraphe présentant le récit de Tolstoï que j'avais découvert grâce à vous ?

Soleil vert a dit…

"On ne peut l’attribuer, dans son élégante formulation, au personnage du chef des Bachkirs. Elle suggère une sentence morale prononcée par un narrateur hétérodiégétique, tout en relatant les faits bruts du dénouement : un domestique creuse une fosse aux dimensions appropriées."

Je n'ai plus l'ancienne version

Christiane a dit…

Nous retrouvons le questionnement d'alors. Les auteurs sont-ils comme Shérazade contant des histoires dans lesquelles elle n'etait pas présente.
Parfois les auteurs traversent l'écriture pour y laisser leur empreinte, oui.
Cela fait penser au film de Cocteau, La traversée du miroir.
Parfois les auteurs jouent tellement avec cette puissance qu'on ne sait plus si ce qu'ils racontent à grand renfort de je, leur est vraiment arrivé. Ce qui est bien c'est quand on ne sait pas.
Nous avons frôlé cela avec Modiano.
Cela m'évoque ce roman SF que vous avez présenté récemment où des pierres de ??? attachées aux jambes des personnages leur permettaient de lutter contre la pesanteur et l'attraction de la source d'énergie.
Quand ils écrivent, les auteurs sont en apesanteur....
Quand ils lisent, les lecteurs les suivent à la trace.... comme un enfant qui rechercha toute sa vie une phrase qu'il était sûr d'avoir lue, enfant, dans un conte de Tolstoï . Et si c'était lui le narrateur hétérodégiétique ?

Christiane a dit…

L’existence d’une phrase, de quelques mots, d'un seul mot qui servent de médiateurs pour conduire vers un autre monde appartient à l’univers de la littérature, spécialement des contes.
Le thème du passage dans une autre dimension, vers un autre monde, invisible à nos yeux, occupe dans la SF une place de choix.
Sésame ouvre-toi....

Anonyme a dit…

Écrire est aussi un métier qui ne présuppose pas un état second. Dirait-on de Simenon, de Maupassant , qu’ils écrivent en apesanteur ? Et la même chose vaut bon pour le poete, coincé entre lui-même et les contingences métriques qu’il faut très banalement résoudre…. MC

Anonyme a dit…

En fait l’apesanteur intervient par surcroît, et ne caractérise pas le texte, mais l’effet qu’il produit sur le lecteur. MC

Christiane a dit…

Bien sûr, MC, un métier oui, beaucoup de ténacité, d'abnégation, de courage MAIS ce moment au milieu de tout cet artisanat où le personnage apparaît comme un frémissement dans l'air et cette approche incertaine entre lui et l'auteur. C'est un pas de deux. L'auteur doit le laisser venir sans lui imposer ses dictats. Le pressentir. Accepter qu'il se révèle lentement. C'est un pays de brumes. Des notes éparses. Des phrases jetées pêle-mêle au sortir comme d'un songe. Là il y a apesanteur . Puis du travail, des ratures, des raccords, des ajouts, des abandons, une construction, des classements.....
Comme dans l'art que vous connaissez bien. Regarder, scruter, absorber, suivre une racine, une pierre sur une autre pierre, un creux entre deux pierres. Fouir dans les couleurs ou les traits. Ne plus savoir où l'on est entre soi et la chose regardée. Le regard voyage malgré soi.
Il y a les deux , MC. Pas seulement un métier. Ou bien, l'artisanat gagne sur la création...
D'abord attendre, attendre que ce ne soit plus possible de ne pas écrire ou de ne pas dessiner ou de ne pas peindre, sculpter.
C'est une gestation mystérieuse , impossible à expliquer sinon on ne créerait pas.
Enfin il y a celui qui lit, regarde, se souvient....

Christiane a dit…

Pas seulement....

Christiane a dit…

Dominique Maingueneau ecrit dans le discours littéraire : "L’écrivain est quelqu’un qui n’a pas lieu d’être (aux deux sens de la locution) et qui doit construire le territoire de son œuvre à travers cette faille."

Christiane a dit…

Mais il est vrai, MC, que la lecture plonge la conscience du lecteur dans un état parfois proche du sommeil. L'attention est trouble à la lisière de la lucidité. Des impressions nouvelles modifient la conscience. Le lecteur est comme aspiré par le texte. Il quitte son langage pour entrer dans celui de l'écrivain. Cet équilibre des langages, cette porosité l'arrachent à la pesanteur. C'est un entre-deux.

Christiane a dit…

Le lecteur est dans un vide intercalaire...

Christiane a dit…

Sartre disait que « lire, c’est réaliser sur les signes le contact avec le monde irréel » et écrire ?

Christiane a dit…

Où est le lieu du tableau que je regarde ? Où est le lieu de la fiction que je lis ? Où est le lieu du poème, d'une chanson, d'une musique que j'écoute ?

Christiane a dit…

Je me souviens de la plume blanche dans La chute de Satan de Victor Hugo qui n'était pas tombée dans le gouffre. Là, lisant, j'étais en apesanteur.

Christiane a dit…

Cette possibilité qu'a la conscience de se donner un objet absent , c'est dans "L'imaginaire" de Sartre paru en Folio essais an 1986. C'est passionnant. Comment naît une image mentale en écrivant, en lisant.

Christiane a dit…

Il était alors un jeune prof dans un lycée au Havre. L'imagination faisait partie des sujets de psychologie qu'il enseignait à ses élèves qui préparaient le bac.

L'image mentale que j'évoquais, serait quelque chose qui s'enfonce dans la matière même de la pensée pour s'y frayer un passage. Une sorte de rêverie en suspension. La conscience peut donc créer des images en dehors du réel. Des images mentales.
C'est souvent le cas quand on lit les "contes" de Conrad. Par exemple : "J'entendis des bruits sourds et irréguliers, des crépitements : c'était la pluie. "
Quand je lis ce conte, "Jeunesse", ou "Coeur de ténèbres", je crois à ce que je lis sans cesser de tenir ces aventures pour imaginaires. Le monde de Conrad m'apparaît en images à travers les lignes du livre et ce monde habite ma conscience le temps de la lecture. Il me fascine. Surtout si le roman est écrit à la première personne.
Le monde de la lecture est un monde magique. Chaque moment de ces fictions se donne comme ayant un avenir imaginaire ( "Au coeur des ténèbres"). J'assiste à une aventure qui m'arrive irréellement. Conrad créé par son imagination, son écriture un monde irréel, empli de personnages imaginaires et d'images mentales..


Christiane a dit…

L'eau et les rêves..
Conrad...

"Pour certains rêveurs, l'eau est le mouvements qui nous invite au voyage jamais fait. Ce départ nous enlève à la matière de la terre" écrit Bachelard dans "L'eau et les rêves ".
Le romancier qu'il le veuille ou non, nous révèle le fond de son être comme une réverbération de son rythme intérieur où le temps palpite, encore qu'il se trouve littéralement couvert de personnages. Personnages et écrivain finissent par ne faire qu'un. L'écrivain est cerné de toutes parts, jusqu'à l'intérieur de lui-même par eux dans un assemblage d'histoires où l'on peut déceler son empreinte comme une ombre portée. Il suffit de laisser murmurer un de ses livres pour le reconnaître. Ainsi il crée un monde grâce à ses mots, un monde dans le monde où l'écriture trouve son centre comme prolongement de la réalité, en décalage avec elle.
L'aventure du conte commence par le détournement poétique du réel. C'est la matière même du conte.
Dans ceux de Conrad, tout se ramifie. Il n'y a plus de frontière entre la fiction née du récit de Marlow et le réel vécu par Conrad qui reste au centre de cette gigantesque combinatoire virtuelle. L'écrivain devient ainsi son propre traducteur...

Anonyme a dit…

ah ! "l'hégémonie culturelle" du Mo.nde-Té.léra.ma-O.bs... ! (sic) t'as qu'à croire : celle du FigM.ag +BF.MTV +CN.ews +Ha.no.unisme, juste économique, n'a sans doute jamais eu aucune espèce d'influence sur la situation actuelle !..

(message transféré de l'RDL qe le robot rejette sans cesse. Le devoir de réserve du jour ?

Ah bon, ici on cause de COnrad ? Félicitations alors ! (JJJ)

Christiane a dit…

Et oui, JJJ, on"cause" Conrad, ici. Et entre deux commentaires, on va voter, croisant en ce jour de marché des voisins débonnaires avec un cabat à la main. Les chiens furetent et arrosent les pieds des réverbères, les gamins jouent sans habit du dimanche. De plus en plus de pauvres dans les rues assis sur un bout de carton attendant une pièce, du pain ou un sourire. Le ciel est clément. L'église proche sonne la fin de la messe dominicale. En rangs serrés les ouailles iront voter puis feront un arrêt dans la file gourmande devant la pâtisserie pour acheter le gâteau du dimanche. Les familles se réuniront, éviteront de parler politique par crainte d'échanges agressifs.
De retour à la maison, je relirai grâce à une remarque de MC. quelques Maigret et autres romans "durs"pour retrouver son délicieux Paris, son port d'attache. Je l'imagine devant sa machine à écrire, écrivant des contes fourmillant de commerces, d'artisans, de bars. Il n'y a pas que le poussiéreux 36 , quai des Orfèvres ! Toutes les images sont dans sa tête, enregistrées . C'est un merveilleux écrivain du souvenir. Le quartier Montparnasse de La Tête d'un homme, Montmartre et ses escaliers, le Moulin Rouge, les bouches de métro...comme dans les photos de Brassaï , la rue Lepic, la rue des Dames, les baraques de foire de la rue de Clichy.
Tenez, qui dit que Simenon ne prend pas le temps de rêver Paris ?
"Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l'asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils. Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques...."
Et là il va faire apparaître Maigret. La place des Vosges mais aussi les cabarets de Pigalle, mais encore le boulevard Haussmann, les grands magasins, le parc Monceau... L'ombre d'un Maigret fatigué dans L'Ombre chinoise... Un Maigret qui a hâte de retrouver son appart, sa femme avec qui il aime rire.
Simenon... Conrad, Modiano... On est bien chez Soleil vert.
Bravo pour votre expo !

Anonyme a dit…

J’ai peur que vous ne confondiez ici reussite litteraire et onirisme, quitte à prendre Simenon pour Nerval…. MC

Christiane a dit…

Vous semblez tenir en piètre estime Simenon. Être apprécié ne signifie pas avoir peu de talent. Il y a des êtres humains vraiment intéressants dans les romans de Simenon, les Maigret et les autres romans.
Nerval, c'est une autre quête, la pureté inaccessible de la femme aimée, les Chimères, Les Filles du Feu, Sylvie, Aurélia...El Desdichado... L'ancolie... Mélusine et Lusignan...
De la poésie et les contes étranges de La main enchantée. Promenades et souvenirs... Les châteaux de Bohême...
Jusqu'à la terrible nuit du 25 janvier 1855 où après avoir errer dans les rues glaciales de Paris, il se pend à un barreau de fer rue de la Vieille-Lanterne...
Deux univers dissemblables qu'il ne m'arrive jamais de confondre.

Christiane a dit…

"J’ai essayé de me créer un style très simple, et au départ, cela n’a pas été facile. […] Ce que j’ai essayé d’acquérir ensuite, c’est un style qui rende le mouvement, qui soit avant tout mouvement. […] L’ordre des mots, dans une phrase, a une importance capitale, beaucoup plus, à mon avis, qu’une syntaxe raffinée. Ce que je cherche, encore, c’est à n’employer que ce que j’appelle des “mots-matières” […], des mots qui aient du poids. […] Il y a des mots qui sont très beaux, comme crépuscule”, mais qui ne sont que poétiques. On ne les sent pas. Tandis que le mot “pluie” est matériel. »
Georges Simenon

Anonyme a dit…

C’est à dire que quand on parle de « rêver Paris, « on s’expose à ces comparaisons là . La valeur de Simenon n’intervient pas ici, mais ce n’est pas Nerval, ou tel autre rêveur. ( pourquoi d’ailleurs se fixer sur Gerard?) Bien à vous. MC

Anonyme a dit…

Le post de 15h 36 montre un Simenon tentant de faire oublier Georges Sim, un des plus grands faiseurs de curiosa de la période pre Maigret…

Christiane a dit…

Je ne comprends pas votre commentaire de 21h11. Dites en plus. Merci.

Anonyme a dit…

Avant de devenir Simenon, l’écrivain commença par des Curiosa signes Georges SIM. Je me demande si ces considérations sur le style ( « Je me suis donné un style, etc ») ne correspondent pas à une volonté de faire oublier la période SIM au profit de la période Simenon…MC

Anonyme a dit…

Laquelle n’a jamais été oubliée chez les bouquinistes…

Christiane a dit…

Ah, j'ignorais....

Christiane a dit…

J'ai relu "Jeunesse". C'est un beau récit qui est bien résumé par son titre. Le fait qu'il semble raconté par un Marlow vieilli est émouvant. Le récit est d'ailleurs entrecoupé de : "Passe-moi la bouteille !" puisqu'il partage ce souvenir avec des amis. Il est tragi-comique car malgré l'incendie, l'explosion, la vie continue pour ces rescapés dont lui. Il a le temps de s'émerveiller du paysage, de philosopher sur la jeunesse pendant que le pauvre Judée coule au fin fond de l'océan. Conrad est vraiment un grand conteur. On se croirait dans ce cercle d'amis, l'écoutant...
Une belle halte suivie du diabolique "Cœur de Ténèbres".