Ernest Hemingway - Le vieil homme et la mer - Gallimard
Se remémorant une anecdote sur un pêcheur cubain
malchanceux ayant attrapé un énorme marlin, Ernest Hemingway conçoit et publie en
1952 son ultime livre, un court roman intitulé Le vieil homme et la mer.
Il recevra deux ans plus tard le prix Nobel de littérature avant de connaître
un inexorable déclin physique et moral aboutissant à son suicide en 1961.
La trame du récit est on ne peut plus simple. Elle raconte les combats solitaires en pleine mer d’un homme pour s’emparer d’une énorme prise et tenter de la préserver face aux attaques des requins. Deux uniques personnages animent l’intrigue : Santiago, désigné comme « le vieil homme » et Manolin son jeune apprenti, « le garçon ». Un sentiment d'affection pudique les unit. Manolin prend soin du pêcheur, autant que le permettent ses faibles moyens. S’il accompagne parfois le vieil homme - possesseur d’une modeste barque pourvue d’avirons, d’un mat et d’une voile rapiécée - dans ses expéditions en haute mer, il rejoint souvent des pêcheries plus importantes. A terre, il apporte dans sa pauvre cabane, du café, un peu de nourriture, des journaux. Ils échangent quelques paroles.
Dans le Pilar, Hemingway (1950) - Copy Wikipedia |
Bien éloigné du drame métaphysique de Melville, Hemingway raconte une épopée sans oripeaux, liant ses mots aux gestes simples, réfléchis de son héros. En haute mer, guetter, traquer, vaincre la proie, résister à l’assaut des requins; au repos concéder aux ressassements des vagues les ressassements des souvenirs. Il y a là comme une mise en abyme du dépouillement : l’écriture se débarrasse du superflu, le vieil homme mène désormais une vie frugale. Il ignore, à l’exception du garçon, ses contemporains, y compris dans ses rêves peuplés de plages et de lions. Non sans ambiguïtés puisque l’orgueil viril de l’écrivain pointe néanmoins son nez à cette pensée que l’homme peut être vaincu mais pas détruit. Gageons aussi que les fauves des songes appartiennent à l’auteur plus qu’au pêcheur.
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