lundi 12 avril 2021

Le vieil homme et la mer

 

Ernest Hemingway - Le vieil homme et la mer - Gallimard

 


Se remémorant une anecdote sur un pêcheur cubain malchanceux ayant attrapé un énorme marlin, Ernest Hemingway conçoit et publie en 1952 son ultime livre, un court roman intitulé Le vieil homme et la mer. Il recevra deux ans plus tard le prix Nobel de littérature avant de connaître un inexorable déclin physique et moral aboutissant à son suicide en 1961.

 

La trame du récit est on ne peut plus simple. Elle raconte les combats solitaires en pleine mer d’un homme pour s’emparer d’une énorme prise et tenter de la préserver face aux attaques des requins. Deux uniques personnages animent l’intrigue : Santiago, désigné comme « le vieil homme » et Manolin son jeune apprenti, « le garçon ». Un sentiment d'affection pudique les unit. Manolin prend soin du pêcheur, autant que le permettent ses faibles moyens. S’il accompagne parfois le vieil homme - possesseur d’une modeste barque pourvue d’avirons, d’un mat et d’une voile rapiécée - dans ses expéditions en haute mer, il rejoint souvent des pêcheries plus importantes. A terre, il apporte dans sa pauvre cabane, du café, un peu de nourriture, des journaux. Ils échangent quelques paroles.


Dans le Pilar, Hemingway (1950) - Copy Wikipedia

Bien éloigné du drame métaphysique de Melville, Hemingway raconte une épopée sans oripeaux, liant ses mots aux gestes simples, réfléchis de son héros. En haute mer, guetter, traquer, vaincre la proie, résister à l’assaut des requins; au repos concéder aux ressassements des vagues les ressassements des souvenirs. Il y a là comme une mise en abyme du dépouillement : l’écriture se débarrasse du superflu, le vieil homme mène désormais une vie frugale. Il ignore, à l’exception du garçon, ses contemporains, y compris dans ses rêves peuplés de plages et de lions. Non sans ambiguïtés puisque l’orgueil viril de l’écrivain pointe néanmoins son nez à cette pensée que l’homme peut être vaincu mais pas détruit. Gageons aussi que les fauves des songes appartiennent à l’auteur plus qu’au pêcheur.

 
 

Le combat éternel de l’homme et de la nature et les interdits invisibles qu’elle promulgue avaient été traité, - entre mille exemples - sous une forme courte par Jack London dans « To Build a Fire » (Faire un feu), histoire d’une lutte perdue par un trappeur contre le froid. Hemingway, avec Le vieil homme et la mer en livrait un nouvel avatar, rappelant que les plus terribles d’entre elles étaient les plus solitaires.

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