lundi 18 juin 2018

La Malvenue


Claude Seignolle - La Malvenue - Libretto







Au début du XIXè siècle, une malédiction poursuit les propriétaires d’une ferme solognote. Tout commence lorsque Moarc’h, fermier de la Noue décide un jour de labourer un arpent de terrain délaissé par ses prédécesseurs. La vie est dure pour ces paysans qui s’efforcent d’arracher leur subsistance à une terre rétive à fournir son content de blé. Cédant à l’idée d’accroitre ses revenus, l’homme entreprend de creuser des sillons dans le lieu-dit La Malnoue, ainsi nommé à cause de sa mauvaise réputation. L’endroit est gorgé d’eau, mais restant sur son idée première Moarc’h lance ses bœufs. Soudain le soc de sa charrue bute sur un obstacle. La tête d’une statue git dans sol. Curieux, le fermier ramène l’objet chez lui, sans se douter qu’il vient de semer le germe de malheurs futurs dans sa maison. Non seulement la terre ne produira rien, mais il transmettra une malédiction à sa fille Jeanne.


Claude Seignolle, grande figure de la littérature fantastique, fut aussi à sa manière un ethnologue, inventoriant contes et légendes des régions françaises. La Malvenue est considéré comme son chef d’œuvre.


Ce court texte de 200 pages, âpre et mystérieux, épouse les bois et les landes, leurs saveurs, leurs légendes. Il conte la peur et la fièvre de personnages extirpés du rythme lent des labours par des forces nocturnes et maudites. Le destin de Moarc’h et de sa fille s’entremêlent en des narrations alternées. Jeanne, la Malvenue, émerge de ce roman. Au-delà de l’archétype moyenâgeux de la sorcière ou d’une sylphide du mal, elle incarne la figure de l’être craint et désiré. Comme Manon, l’héroïne de Pagnol, son destin s’écrit dans l’eau. Une image de femme libre en quelque sorte.


L‘ombre de Maurice Genevoix plane sur ce beau texte. A l’inverse la statue enterrée dans le marais a peut-être inspiré Jacques Abeille.


Et je me dis : je suis un enfant de Septembre,
Moi-même, par le cœur, la fièvre et l'esprit
Et la brûlante volupté de tous mes membres,
Et le désir que j'ai de courir dans la nuit
Sauvage, ayant quitté l'étouffement des chambres.


Patrice de La Tour du Pin - Les enfants de Septembre

4 commentaires:

Fanny a dit…

Dans le meme style La VOUIVRE de M Aymé..

Soleil vert a dit…

Une lacune que je vais m'empresser de combler.
Merci

Anonyme a dit…

Ce roman doit certainement beaucoup à la narration orale.

Anonyme a dit…

C'est ce qui s'appelle faire un prelevement a la source (Manon).