Adrian
Tchaikovsky - Sur la route d’Aldébaran - Le Bélial’ Collection Une heure
lumière
« Salut c’est moi Toto. Non je ne suis pas ce
personnage qui débite des blagues ridicules à tout bout de champ ou un vieil
acteur italien. Je ne suis même pas une personne. Je ne suis pas non plus
l’interlocuteur imaginaire du « héros » mais l’enregistreur de la
combinaison de Gary Rendell (ceci n’est pas mentionné dans le texte dans
l’intérêt de ma survie provisoire). Si vous lisez ce Journal d’un monstre
c’est à moi que vous le devez. Rendell tout de même, il aurait pu m’appeler
Matheson ou le Gardien de la Crypte par exemple, au lieu de m'affubler de ce patronyme
ridicule. Bon, il faut que je vous résume l’affaire sans perdre de temps. J’ai
transmis la totalité du contenu à la Terre. Ma batterie s’épuise et Maman rode
dans le coin. »
Commentaire - Nom de code Tchaikovsky. Le rapport
fourni par l’énigmatique Toto révèle bien des surprises, pour un enregistreur,
notamment un cocktail d’humour et d’horreur savoureux. Etant réduits aux
conjectures pour l’interprétation des faits relatés, nous sommes dans
l’obligation de nous référer à des précédents littéraires. Ironie du sort, le
vaisseau des astronautes s’appelait Don Quichotte : à la différence du
pauvre hère et de son fidèle Sancho Panza, ayant réellement découvert
des chevaliers nous sommes enclins, pour notre compréhension, à parcourir des
romans de chevalerie ou leur équivalent comme La Grand Porte de Frederic
Pohl (1) - qui inspira à Roland Emmerich une séquelle cinématographique puis
une franchise télévisuelle - et l’inévitable 2001, l’Odyssée de l’espace
de Clarke, voir 2010. L’étrange
topologie des Cryptes rappelle que la science-fiction regorge de « zones
x » à l’instar de la trilogie du Rempart Sud de Vandermeer. Un lieu
résume cette errance des corps et des esprits : le labyrinthe. Réfugié
dans son enfer personnel, le Muller de Robert Silverberg (2) rejoignait dans la
détestation de l’humanité le héros de Sur la route d’Aldébaran.
Le récit est construit sur deux lignes narratives alternées,
l’une décrivant l’historique de l’expédition et l’autre, postérieure, s’attachant
aux déambulations et aux délires de Rendell. La chute, masquée, surprend le
lecteur. En trouver une s’agissant d’un Big Dump Object et dans le format de
150 pages relève de l’exploit.
Recommandation - A lire sans délai comme les deux
Lunes d’encre du même Tchaikovsky.
(1)
Signalé par Erwann Perchoc, Eriophora de Peter
Watts inverse la perspective en mettant en scène les constructeurs de portails.
(2)
L’homme dans le labyrinthe.
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