Antoine Blondin - Monsieur Jadis ou l’Ecole du soir - La
Table Ronde
Il n’est pas si facile de venir à Antoine Blondin.
Comme le souligne Christian Authier, préfacier de Monsieur Jadis, la
légende ensevelirait, si l’on n’y prenait garde, le romancier : les
frasques, le Tour de France, Un singe en hiver revisité par Audiard etc.
Quelle idée aussi d’être publié chez un éditeur au nom évocateur de chevalerie
ou de table de bar, dans une collection (Le petit vermillon) appelant à la
dégustation d’un Bourgogne imaginaire.
Monsieur Jadis est ce qu’il est convenu d’appeler une autofiction, un texte d’une pudeur
extrême qui se déroberait presque au rideau de pluie des souvenirs.
Franchissons le pour lui. Monsieur Jadis alias Antoine Blondin embrassa, après
une courte incursion dans l’enseignement, la carrière de journaliste sportif et
d’écrivain. On le rattache, - à son corps défendant - à l’école des Hussards
mouvement littéraire qui intégrait alors Roger Nimier, Jacques Laurent et
Michel Déon. Son œuvre, relativement mince, comprend cinq romans. Le présent
récit, son dernier, tourne autour de la figure de Roger Nimier, l’ami
définitivement endormi en 1962 « sous des draps de ferraille atrocement
froissés ».
Le texte débute par une balade dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à
l’époque des évènements de Mai 68. Le narrateur prend fait et cause pour un
jeune manifestant. Embarqué dans un poste de police, quelques images du passé
font alors surface. Celles d’un intermittent de l’existence, partagé entre trois
domiciles, la maison maternelle, familiale et l’appartement d’Odile, sa
maitresse. Sans parler à proprement d’intrigue, le roman emprunte un chemin
vagabond, alternant scènes de beuveries, escapade à Madrid avec Odile, saut à Twickenham
avec Roger Nimier, l’ami qui bien souvent l’extraie au petit matin des commissariats … Il abrite une galerie de personnages invraisemblables : Popo,
jeune femme noctambule aux activités indéfinissables, l’écrivain Albert Vidalie, parolier
de Reggiani et expert en reconstitution de batailles napoléoniennes.
Plus que les scènes d’ivresse, on retient de Monsieur Jadis les moments de prose d’une infinie délicatesse d’un écrivain amoureux de « la liberté mauve qui s’installe le soir », se faufilant dans les interstices de la vie et adepte des contrôles policiers car disait-il « si quelqu’un avait bien besoin d’une vérification d’identité, c’était moi. »
2 commentaires:
Quelle délicate lecture d'Antoine Blondin.
Chère Christiane,
Parfois quand on lit un beau livre, l'auteur nous entraine dans son sillage et on a par miracle l'heur de quelques expressions heureuses.
Bien à vous.
SV
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