Laurent Genefort - Les Temps ultramodernes - Albin
Michel Imaginaire
Acteur de poids dans la littérature française de
science-fiction et de fantasy, dont l’œuvre a été consacré à de multiples reprises
par le Grand Prix de l’Imaginaire, Laurent Genefort propose un roman au
croisement de l’uchronie, du steampunk et du rétrofuturisme. Les Temps
ultramodernes qui aurait pu s’intituler L’apocalypse de la modernité titre
de l’essai d’Emilio Gentile, décrit un monde autre, un monde des années 1920
différent du nôtre quoique propulsant l’Humanité sur les mêmes rails de la
science et de la barbarie.
La grande affaire de cet univers c’est la découverte en
1895 de la cavorite par un certain Cavor, héros du célèbre roman de Wells, Les
premiers hommes dans la lune. Ce minerai ou tout au moins son principe
actif le cavorium émet un rayonnement « kappa » antigravitatif. Les
scientifiques, au premier rang desquels on trouve les français Henri Becquerel
et les époux Curie, en décryptent les principes physicochimiques aboutissant à
l’industrialisation d’engins volants, … à la navigation interplanétaire et à
la colonisation de Mars. Insensiblement le monde se met à graviter autour de
l’étrange métal comme l’Univers de Dune autour de l’Epice. A l’image de Solaris
et de la solaristique, Laurent Genefort invente une science qu’il traite dans
un opuscule distinct de son roman, L’Abrégé de Cavorologie fourni
gratuitement en numérique. Le récit ainsi allégé se focalise sur les
mésaventures de plusieurs personnages dont la cavorite est la pierre angulaire.
Renée Manadier jeune enseignante provinciale gagne Paris afin de briguer un nouveau poste. Elle croise dans le train Georges Moinel,
artiste, ou se prétendant comme tel, qui sur place se retrouve embrigadé dans
un mouvement anarchiste. Attendant vainement une proposition d’embauche, Renée
déambule dans la capitale. Un jour de tempête, un être bizarre s’abat à ses
pieds. Il s’agit d’un erloor, une créature martienne sentiente évadée du Jardin
des Plantes. Elle le recueille discrètement chez elle, le soigne, l’éduque. Sa
route va croiser celle de la physicienne Marthe Antin. Celle-ci seconde le
commissaire Peretti dans une affaire de trafic illégal de cavorite. Quelques
années auparavant Marie Curie a découvert que la période radioactive du minerai
n’excédait pas vingt ans. Un krach boursier s’en est suivi, mettant les Etats
en ébullition à la recherche des derniers gisements. Pendant ce temps, une
mystérieuse organisation tire de l’ombre Marcel Chery, un ancien médecin
eugéniste.
Le worldbuilding s’étend aux arts : « L'admiration
de Georges le disputait à l’abattement. L'homme attablé face à lui était un
véritable artiste, sans l'ombre d'un doute. Le discours enflammé dans lequel ce
dernier se lança lui demeurait pour l'essentiel impénétrable : il se réclamait
de l'héritage du rayonnisme kappa qui voyait dans les tourbillons
invisibles induits par les radiations cavoriques le reflet des chocs et des
mouvements de la vie. Le rayonnisme était l'un des surgeons éthérés du
constructivisme, comme l'alterréalisme l'était du sidéralisme.
Georges l’écoutait en tripotant son dessous de verre vantant les mérites du vin
Mariani, avec lequel, racontaient les réclames, les premiers explorateurs de
Mars avaient amadoué les créatures autochtones. Il n'y comprenait rien. »
Cet amarrage des arts à la science satisfera un certain Gérard Klein … Laurent
Genefort en dresse la taxinomie dans son abrégé de 69 pages qu’on feuillètera à
la suite de ces gouteux Temps ultramodernes.
P.S : se procurer gratuitement L'Abrégé de Cavorologie
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