Extrait
du Discours de réception du prix Nobel 1957 d’Albert Camus
« Chaque génération,
sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne
le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à
empêcher que le monde se défasse. Héritière d'une histoire corrompue où se
mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts
et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd'hui tout
détruire mais ne savent plus convaincre, où l'intelligence s'est abaissée
jusqu'à se faire la servante de la haine et de l'oppression, cette génération a
dû, en elle-même et autour d'elle, restaurer à partir de ses seules négations
un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. Devant un monde menacé
de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d'établir pour toujours
les royaumes de la mort, elle sait qu'elle devrait, dans une sorte de course
folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas
celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire
avec tous les hommes une arche d'alliance. Il n'est pas sûr qu’elle puisse
jamais accomplir cette tâche immense, mais il est sûr que, partout dans le
monde, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté, et, à
l'occasion, sait mourir sans haine pour lui. C'est elle qui mérite d'être
saluée et encouragée partout où elle se trouve, et surtout là où elle se
sacrifie. »
63 commentaires:
PS :
« … où nos grands inquisiteurs risquent d'établir pour toujours les royaumes de la mort, », passage absent du discours mais présent dans la version écrite.
https://www.nobelprize.org/prizes/literature/1957/camus/25232-albert-camus-banquet-speech-1957/
Cette pensée n'a pas pris une ride... Merci.
Il ajoutait :
"Ma gratitude était d’autant plus profonde que je mesure à quel point cette récompense dépasse mes mérites personnels. Tout homme et, à plus forte raison, tout artiste, désire être reconnu. Je le désire aussi. Mais il ne m’a pas été possible d’apprendre votre décision sans comparer son retentissement à ce que je suis réellement. Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d’une œuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la solitude du travail ou dans les retraites de l’amitié, n’aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d’un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d’une lumière crue ? De quel cœur aussi pouvait-il recevoir cet honneur à l’heure où, en Europe, d’autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant ? ».
( L'Algérie était en guerre. Les chars soviétiques avaient occupé Budapest l’année précédente...)
Je disgresse .Avez-vous lu l’uchronie La Mort de Napoléon, de Simon Leys? Je vous la recommande. Cordialement. MC
Éric Brogniet en dit grand bien :
http://le-carnet-et-les-instants.net/2021/07/16/leys-la-mort-de-napoleon/
Imaginer le passé est toujours possible mais interroger le futur,il n’y a peut-être que la poésie pour le faire.
Oui, c'est possible. J'ai commandé ce livre
et j'ouvre en cet instant
"L'Histoire de Tobie et Sarah" de Paul Claudel.. Livre imprimé en 1953 pour Gallimard, que "Livres au trésor" m'envoie soigneusement enveloppé. Les pages sont délicieusement jaunies par le temps.
Dans l'introduction (10 septembre 1938) P. Claudel cite cette parole de l’Évangile de Matthieu qui pourrait répondre à cette pensée de Camus choisie par Soleil vert : "Si deux d'entre vous s'unissent ensemble sur la terre, de quelque chose qu'ils demandent il sera fait, il adviendra à eux...".
Et P. Claudel ajoute : " C'est la communion de ces deux âmes éloignées et qui s'ignorent dans la nécessité et dans la prière qui fait l’intérêt du Livre de Tobie.
Il reconnait avoir pris certaines libertés avec le texte biblique mais pense et écrit que l'art du dramaturge, comme celui du peintre, a ses franchises.
Oui, la poésie pour ouvrir l'inconnu...
Je vous laisse pour lire.
PS : deux "anonymes" pourraient avoir écrit ce commentaire de 12:29. M.C et Soleil vert.
J'ai regardé, cette semaine, un très beau film "Un espion ordinaire" de D.Cooke et T.O'Cnnor avec Benedict Cumberbatch dans le rôle de l'homme ... ordinaire, Greville Wynne,, un anti-héros parfait, un héros de l'ombre qui a réellement existé comme Oleg Penkovsky interpreté par Merab Ninidze dans le rôle de l'espion qui a aidé la CIA à pénétrer le programme nucléaire soviétique et désamorcer la crise des missiles de Cuba.
Ici aussi, deux hommes qui ne se connaissaient pas et qui ensemble ont réussi quelque chose d’inouï pour la paix du monde. pendant la guerre froide.. Tous les deux formidables. Mémé rapport d'amitié et de courage que dans "Le pont des espions" de Spielberg.
Une époque déjà hantée par la menace dune guerre nucléaire.
Assez déroutante la lecture de la pièce de Claudel. Très peu de texte, scènes assez décousues. Place importante donnée aux intentions de Claudel "metteur en scène". Le texte en est envahi. Il passe de l'écran (projections) aux musiques, aux gestes des comédiens, au ton des voix. Beaucoup d'onomatioees fort étranges. Beaucoup de paroles des chœurs. Les scènes sont très décousues. Il faut bien connaître l'histoire de Sarah et Tobie pour s'y retrouver.
La scène qui me plaît le plus est une digression comme dirait certain... C'est Sara évoquant Job.
"Qu'est-ce qu'il fait, le bonhomme Job, cet aveugle, ce lépreux, tout seul au-dessus de sa famille massacrée ? Il pousse un cri ! Un de ces cris qu'on ne peut pas retenir, comme celui d'une femme qui accouche ! Il y a tout un gros livre qui est rempli de ses hurlements, on me l'a fait lire, on le récite en cérémonie le jour du Sabbat ! Et c'est en vain que tous ses amis l'un après l'autre essayent de lui boucher la bouche ! Il ne fait même pas semblant de les écouter. Et de nouveau il remplit l'éternité avec cet énorme sanglot, cette vocifération épouvantable !"
Puis le chœur chante les antiennes du Livre de Job en latin. Le texte est donné ainsi que des indications sur "le ton d'abord plaintif puis de plus en plus intense, violent et déchirant". Juste avant que Tobie le jeune mette du fiel sur les paupières de Tobie le vieux. (Miracle) C'est la fin de la pièce avant que Rafael / Azarias ne disparaisse.
Pour cette lecture je regrette ne pas avoir vu le spectacle complet avant d'ouvrir ce livre. Mais merci de l'avoir signalé. Quel accueil a eu ce spectacle ?
Bon, je retourne à Sherlock Holmes imaginé par Reouven. Et j'oublie ce Claudel.
Ce qui est bien ici c'est qu'on lutte contre soi-même, contre ses certitudes pour rencontrer l'autre à travers des lectures. Ces confrontations sont toujours enrichissantes pour mieux dialoguer. Et c'est serein, confiant. C'est extra, chanterait le grand Léo Ferré
J'avais le souvenir de quelque chose de trè s simple, et meme de clair.De court aussi, et qui ne perdait pas à la lecture. Un peu, et il y a une parenté, comme Le Livre de Christophe Colomb (1933) ou la mise en scene, gancienne, répond à un texte pour le coup sublime. Avec union de toutes les forces du spectacle, y compris le Cinéma.
Il faudra que je vous mette un extrait de la mani7re dont les mystiques du Dix-Septième voyaient Job. Sans le chercher, il s'est offert dans un livre d'Henri-Marie Boudon, que je frequentais pour ce qu'il a écrit sur Loudun.
Cordialement.
MC
Pas grave, M.C. c'est intéressant c'est une sorte de synopsis, un instrument de travail..
Il faut peut-être que je précise que c’est un texte de 1683…
Oui, M.C., Job traverse les livres de la Bible et le temps.
Bien sûr ce dialogue entre Job et Dieu est imaginaire.
La parole rassure quand les actes sont incompréhensibles. La souffrance est ce qui mène à Dieu par la plainte, le reproche, la colère.
Puis le silence de Dieu nous conduit soit à l'absurdité du sens de nos vies, au rien après la mort, au hasard avant la naissance, à l'absence de Dieu, soit à une confiance hors norme qui ne peut douter de la bonté et de la droiture de Celui que nous plaçons ainsi a l'origine de tout.
La différence avec le dix-septième siècle et notre temps, c'est qu'il n'est plus impossible d'être incroyant et de vivre loin des sacrements et de la religion tout en portant au plus haut les valeurs humaines positives. Le bien sans obligation, sans directeur de conscience, sans la peur du péché, de la punition. Juste vivre avec modestie une vie honnête, ouverte aux autres, à. la culture. Être là quand l'autre souffre même impuissant et silencieux.
Il y a ici, dans ce blog si éloigné des remous, des querelles, quelque chose qui ressemble à la philia où le meilleur s'échange par la parole sans ambiguïté. Sans passion. Avec cae et bonheur.
avec calme
Rondeur parfaite du texte de Paul Edel. Une mémoire au bord d'un lointain, qui ressemble à une fiction, exact comme le réel installant sa pesanteur hypnotique dans l'effritement du temps. Il est bien. Dense par ses mots, émouvant dans sa patrie imaginaire. Lumière comme un secret. Solitude et séparation dans un moment de vie rayonnant au creux de ce qu'il porte en lui. A la fois dedans et pas exactement dedans. Il écrit à s'en donner le vertige . Toute l'étrangeté de la distance pour troubler dans cette rêverie d'une incroyable fraîcheur. Sortilège silencieux des mots qui frappent la page comme des gouttes de pluie sur la vitre. Quelle puissance de réconciliation...
Camus a lu et relu Dostoïevski et les paroles de ce personnage des "Possédés", Chigalev, annonce ce que, Soleil vert, vous avez noté dans certains romans de science-fiction que vous avez chroniqués, ici.
"Un dixième de l'humanité possédera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci perdront leur personnalité et deviendront comme un troupeau ; astreints à l'obéissance passive, ils seront ramenés à l'innocence première et, pour ainsi dire, au paradis primitif où, du reste, ils devront travailler."
Dans les Carnets de Camus, on peut lire : "tout m'est étranger, tout, sans un être à moi, sans un lieu où refermer cette plaie. Que fais-je ici, à quoi riment ces gestes, ces sourires ? Je ne suis pas d'ici - pas d'ailleurs non plus. Et le monde n'est plus qu'un paysage inconnu où mon cœur ne trouve plus d'appuis. Étranger, qui peut savoir ce que ce mot veut dire."
Il écrira L'Etranger...
M.C,
J'aime beaucoup les premières lignes : "Comme il ressemblait vaguement à l'Empereur, les matelots du "Hermann-Augustus Stoffer" l'avaient surnommé Napoléon. Aussi, pour la commodité du récit, ne l'appellerons-nous pas autrement.
Et d'ailleurs, c'était Napoléon."
Je sens que j'embarque à bord du livre. Merci, M.C.
Vous écrivez : "Mais ce matin, le bleu du Ciel se reflète dans la mer, les vagues sont calmes, apaisement de tout le littoral."
Pour ces lignes (et pour ma photo), ces autres lignes extraites du Simon Leys "La mort de Napoléon" ( Espace nord) :
"des gabiers qui s'arrachaient à la touffeur de l'entrepont pour connaître dans le balancement des mâtures et la mouvante blancheur des voiles, une liberté de géants légers, frères des oiseaux parmi le vent."
Le grognard faisant visiter le champ de Waterloo à Napoléon, sans le reconnaître et évoquant le guide sanguinaire et indifférent qu'il était, ça c'est une belle idée.
De plus ce livre est remarquablement écrit.
Soleil vert , si vous le pouvez, lisez ce roman. Il devrait vous plaire.
M.C., merci.
Et juste parce qu'il manque quelque chose du cœur, voilà un autre grognard qui l'a reconnu et l'aide à fuir jusqu'à la France, ému.
C'est cela Napoléon, cet agacement et cette étrange fascination pour un meneur d'homme.
Ce livre est très profond et en fin de chapitre comme un haïku presque trivial et bienvenu.
"Il pissa pensivement contre un piquet de clôture, rajusta avec soin sa tenue que la chevauchée de l'aube avait toute froissée, et descendit à grands pas vers la plaine."
(J'ai laissé Sherlock Holmes sur l'étagère. Il est dans un hors temps et m'attend patiemment en fumant sa pipe.)
Leys est vraiment fin. Ainsi quand la nouvelle de la mort de l'empereur arrive dans cette maison où des fidèles l'ont accueilli sans connaître son identité, il prête à Napoléon cette pensée : "Il eut un frisson : à partir de maintenant, sa destinée devenait posthume."
Quelle déroutante uchronie. Magnifique
Et il ajoute : "Mais voici maintenant qu'un obscur sous-officier, rien qu'en mourant sottement sur un rocher désert à l'autre bout du monde, avait réussi à dresser sur son chemin le rival le plus formidable et le plus inattendu qu'on puisse concevoir : lui-même ! Pire, ce n'était pas seulement contre Napoléon que Napoléon devrait dorénavant frayer sa route, mais contre un Napoléon plus grand que nature, - le souvenir de Napoléon !"
Eh bien, j'ai passé de belles heures à lire ce roman de fiction de Simon Leys dont la dernière péripétie ouvre une branche entre folie et raison.
La postface de Françoise Châtelain est remarquable.
Bon retour à Sherlock !
Pas de postface dans l’e.o chez Hermann, vous me l’apprenez! La figure du médecin major est ambiguë mais lucide. C’est lui qui met le personnage face aux caricatures de son hubris que sont les fous qui se prennent pour Napoleon, et on peut se demander si avant tout le monde, après l’épisode de la bataille des melons, il ne s’est pas rendu compte que recommencer l’épopée est insensé. Bien à vous et heureux que ce modeste livre vous ait plu. MC. PS pour prolonger .est-ce Laure Murat qui a écrit quelque chose sur la folie napoléonienne à l’asile? Il me semble bien .
Françoise Chatelain, en 30 pages, écrit une postface qui analyse le roman parfaitement, le comparant aussi à d'autres ouvrages.
Cette édition belge "Espace nord" fait du bon travail.(8,50€)
Pour l'asile, elle cite P.Piret ("Conditions et fonctions de l'écriture chez Simon Leys ") :
"Représentation de cette folie des hommes de vouloir en diviniser d'autres, les napoléons sont aliénés, au sens propre du terme : ils ne peuvent faire le deuil du dieu qu'ils se sont donné, ils ne peuvent se détacher de cet Autre qui les prive d'eux-mêmes. Et Napoléon se retrouve très exactement dans leur position : pris au piège de sa légende, il ne peut plus révéler son identité sous peine de se voir lui-même interné ( ce à quoi il s'échappe de peu d'ailleurs.)."
Elle met à part le médecin- major et le grognard Edmond qui révèlent la vérité de Napoléon hors de la légende par une réflexion sans concession.
Une de ses conclusions : "Entré vivant dans la légende, Napoléon ne peut ni retrouver la gloire à laquelle il aspire mais que les circonstances lui interdisent, ni vivre dans le "monde d'ici bas" la vie simple et banale d'Eugène Lenormand, auprès d'une femme aimée, ce qui aurait pu être pour lui une forme de rédemption."
https://www.babelio.com/livres/Murat-Lhomme-qui-se-prenait-pour-Napoleon--Pour-une-hi/301716
Oui, vous avez raison.
Elle révèle également le jeu littéraire qui a fasciné Simon Leys en écrivant ce roman : un conte philosophique, un roman populaire héritier de la littérature de colportage du XIXe siècle, une suite possible du "Prisonnier de Sainte-Hélène" paru en 1904 dans "Veillées des chaumières", un roman d'aventures comme "Le comte de Monte -Cristo", une uchronie puisque Leys modifie le temps historique et tout cela non pour amuser mais pour écrire aussi un texte à vocation politique. ( Voir la citation de Paul Valéry mise en exergue).
Bref, elle donne du poids à ce "petit" roman pas si petit que cela
Où êtes vous, Soleil vert ?
Mais le roman a eu plus de succès traduit en anglais. En France, Napoléon reste un sujet tabou et celui-ci écrit par un Belge et offrant un destin si sombre à Napoléon n'a pas dû plaire....
Oui cette maison a dû publier François Emmanuel, avant qu’il n’entre à l’Academie Royale, Le texte de Leys se trouve tout de même facilement en notre pays…
Texte ecrit en 1967. Dans la perspective de l’Annee Napoleon de 1969, celle du Bicentenaire?
La première édition est bien Hermann , 1986!
Oui, bien sûr mais dans celle-ci une postface très intéressante et de plus, sur la couverture, le Napoléon de 1814 d'Ernest Messonier, celui qui est exposé à Baltimore at la Walter Art Gallery.
Celui-ci :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ernest_Meissonier_-_Napoleon_I_in_1814.JPG
J'ai un problème avec un mot employé très souvent par René Reouven dans ces Histoires secrètes de Sherlock Holmes. C'est le mot "quinquet". Sorte de lampe à l'huile que l'on trouve autant en intérieur qu'en extérieur dans ce Paris où circule son héros.
On le trouve aussi dans cette chanson que j'aime beaucoup dont le texte est un poème de Louis Aragon. ( Voir en fin de commentaire)
Mais quand j'étais gamine, j'entendais parfois : "Ouvre tes quinquets !" ( Donc les yeux.)
Comment ce nom peut-il designer deux choses si différentes ? A-t-il d'autres usages ?
Extrait du poème chanté :
"J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne (...)" — (Louis Aragon chanté par Jean Ferrat)
Du poème à la chanson :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Que_serais-je_sans_toi
Très tributaire des grands historiens amateurs que sont Henry Houssaye et son successeur Frédéric Masson. Houssaye traite comme personne de la fin de l’ Empire, Iéna, Waterloo. Et il a été très lu, à en juger par le nombre d’éditions qu’on trouve encore. Voir aussi l’ AntiBonapartisme de Hugo: Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. / Il neigeait. Pour la première fois l’ Aigle baissait la tête, etc »!il y a de ca dans certains Meissonier, dont Degas disait « C’est le géant des nains »…
Tout à fait. La série des Napoléon de Messonier est extraordinaire et ce portrait de 1814 offre sur le visage de l'empereur l'approche de l'exil, de la solitude.
Ce roman que vous m'avez conseillé porte l'impossibilité d'un autre destin. Napoléon est ici un antihéros qui subit son destin, réduit à de basses besognes, coiffé d'un bonnet de laine tristement bariolé .
"Il restait là, perdu et déjeté comme un cerf-volant dont l'amarre est cassée, et qui, proie du vent, est retombé au hasard, au fond d'un terrain vague, ignoré des passants."
Le long épisode de la visite du champ de bataille de Waterloo évoque un autre tableau de Messonier.
Tout cela est bien beau mais notre ami Soleil vert est peut-être triste que l'on ne fasse pas plus de cas at ces paroles graves d'Albert Camus.
Meissonier, bien sûr!
Oui, Meissonier. Proust l'appréciait si Degas le snobait. Les artistes sont parfois injustes les uns envers les autres...
Dali aussi , qui pensait qu’il allait revenir en force, légitimant ainsi ses œuvres techniques . Mais si 1813 était bien dans le hall de Beaubourg lors de l’hommage rendu au plus formel des surréalistes, Meissonier est resté stable, à part les tableaux impériaux. Il faut dire qu’il a beaucoup donné dans le neo-flamand, dix-huitième, et que cela a terriblement vieilli. Le Prince de Galles de l’époque, ce devait être Edouard VII, a payé très cher » la Rixe » Qu aujourd’hui on se garde bien de montrer. On saura peut être, qui sait, que ce tableau a traumatise l’actuel Duc de Sussex Mais face à l’Impressionnisme, et malgré des tentatives courageuses comme Rochegrosse, Gérôme, la réhabilitation de. Ce que la Galerie Binet-Coligny nommait les perfectionnistes, a tourné court.,. Bien à vous. MC
Vous me faites rire avec votre Duc de Sussex !
Il faudrait regarder la peinture avec des yeux à facettes comme ceux des libellules. A chaque tableau un regard tout neuf. Ici ces tableaux de Meissonier ses "Napoléon", la neige, les ciels bas et ce visage ici où pèsent les mauvais pressentiments. Un autre regard pour Dali et ses rêves, un autre pour Degas et son pinceau virevoltant, un autre pour Ingres et à chaque fois ce plaisir de s'immobiliser devant une toile à la rencontre d'un mystère.
Les musées, les expos.... Je ferme les yeux et tant me reviennent que souvent je retrouve dans les livres d'art (même si Walter Benjamin s'interrogeait sur la dépréciation due aux reproductions ! ) . Bien sûr pas les couvercles des boîtes en chocolat de Noël encore que si elles apportent du bonheur à un ancien coincé dans un Ephad qui revit ses amours anciennes en croquant du chocolat...
Un peu de science-fiction avant de rêver en technicolor. C'est l'heure !
http://www.untourdanslejardin.blog/2018/07/24/la-libellule-na-pas-que-des-beaux-yeux/
Pour l'utilisation du mot "quinquets" en ce qui concerne les yeux ("ouvre tes quinquets"), je crois avoir trouvé une piste. Cela pourrait signifier : "fais la lumière à partir de ce que tu vois. Fais travailler tes "méninges" ( autre terme utilisé à l'époque)".
"Quinquets" désignerait alors l'association cerveau-œil.
C'est intéressant. La vue serait alors entièrement éduquée par le cerveau ( mémoire des formes, des couleurs, des ressemblances, des différences...). Ce qui peut expliquer, pour quelqu'un qui perd la vue accidentellement, une recherche d'équivalences de ce que la mémoire a enregistré avant la perte de la vue.
Les mots charrient des réseaux de signification troublants.
Regardez ce que dit Loredan Larchey dans son Dictionnaire de L’Argot , circa 1868. Ancien mais fiable. Bien à vous. MC. PS Soleil vert, cherche mais pas trouvé votre livre dans trois librairies. Est-il en vente au moins?
Merci, M.C. j'ai donc trouvé dans son dictionnaire : "yeux brillants comme la lampe quinquet qui était renommée jadis pour son éclat."
Donc l'expression populaire : "ouvre tes quinquets" pourrait s'aligner sur Gabin murmurant à Arletty : Tu as de beaux yeux, tu sais...
Que de brume ... sur les emplois de ce mot.
Revenant aux éléments bio-bibiographiques donnés en fin d'ouvrage, je lis cette remarque de Pierre Ryckmans alias Simon Leys qui suit cette citation extraite de Milosz's ABC :
"Toutes les biographies sont évidemment fausses (...) . Les biographies sont comme les coquillages, on en apprend peu du mollusque qui y avait vécu"
Simon Leys avait ajouté "pour cet écrivain il s'agit toujours d'autre chose... "
Ces mots éclairent le texte de Paul Valéry mis en exergue de ce roman "La mort de Napoléon "
Ces pages sont pleines de surprises. C'est un grand intellectuel, historien d'art, sinologue, essayiste.
1992... La mort de Napoléon est son seul texte de fiction qui reçoit le prix du meilleur roman étranger décerné par le quotidien londonien The Indépendant et en Australie, le prix Christina Strada (Sydney).
Élu en Belgique à l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises au 30e fauteuil, il succède à Georges Simenon. Le discours de réception est prononcé par Pierre Mertens.
Un document très rare :
https://audioblog.arteradio.com/blog/150916/podcast/151529/a-propos-de-simon-leys-le-temoignage-de-pierre-mertens-2-2
Non, ce n’est pas cette maison qui a publié « La Nuit d’Obsidienne ». J’ai été induit en erreur par le cachet figurant sur la couverture.
De François Emmanuel, bien sûr!
https://www.espacenord.com/livre/la-nuit-dobsidienne/
Et un Cahier de l’Herne sur François Cheng! MC
Bon, et moi qui pensais que c’était Labor qui publiait Emmanuel…
Vu le film "D'une" de David Lynch. Univers époustouflant.
Ces vers géants immenses qui apparaissent brutalement dans une explosion de sable sont une belle invention de Frank Herbert.
Une sorte d'Odyssée dans le désert des Atréides.
Paul est un beau personnage.
Pour cette histoire, je préfère les images que les mots.
Dune... Évidemment !
Film mésestimé que j'aime bien. Musique "planante" de Brian Eno et du groupe Toto
Oui.
Et cette ambiance crépusculaire de vent et de sable.
Ici, des photos du tournage et une rencontre avec un film déprécié.
https://www.cestplusquedelasf.com/mook-dune/chroniques/film-dune-david-lynch
Un bel article de Macheret qui cueille bien le charme du film de Lynch :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/09/14/le-dune-de-lynch-en-1984-une-uvre-extravagante-cabossee-entre-le-grandiose-et-le-kitsch_6094651_3246.html
Je préfère quand même la sage et fidèle adaptation télévisée aux fulgurances Lynchiennes. Cela dit, pour le Ver des Sables, c’est cela. Pour le montage, c’est autre chose. MC
Je ne connais pas la "sage et fidèle adaptation télévisée". Ce film est emprunt d'une certaine poésie visuelle dont je garde la couleur de la pellicule, un vent de tempête et ces vers géants.
Des personnages assez repoussants.
Une histoire d'épice à l'origine du conflit.
Une transmission aussi entre père et fils.
Cette atmosphère, je l'ai rencontrée dans pas mal de livres de SF. Un ciel impossible à contempler dans sa clarté, dans ses bleus, dans ses aurores.
J'ai vu des reportages sur certaines mégapoles très polluées. Un brouillard, des fumées sur toute chose.
Nous avons la chance de pouvoir contempler des matins transparents où passent des nuages parfois de pluie.
Vous avez dit que François Cheng était à la une d'une revue littéraire.
C'est un homme de dialogue épris de beauté. Le Dit de Tian-yi - Le Dialogue - Cinq méditations sur la beauté... autant sur la mort.
C'est un créateur sensible au souffle, à la matière, au
mal, terrifiant, et à la beauté souvent tragique.
Cheng écrit que le mal transforme notre planète en un astre noir.
Mais il sait comme un baume écrire le ciel étoilé, les oiseaux, l'herbe, les insectes... la vie. Et pourtant l'univers n'est pas obligé d'être beau.
Il écrit aussi la beauté du cœur d'une lumineuse douceur. La beauté devient alors bonté.
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