mardi 15 août 2023

Gentleman Junkie

Harlan Ellison - Gentleman Junkie - Les Humanoïdes associés

 

 

Second recueil de nouvelles publié par Les Humanoïdes associés en 1979, Gentleman Junkie explore les premières incursions dans l’écriture d’Harlan Ellison à la fin des années 50 et au début des années 60. Mis à la porte de l’université pour Dieu sait quelles raisons il exerce à New York divers petits métiers et se met à écrire comme un fou bien décidé comme Robert Silverberg à vivre de sa plume. Gentleman Junkie est un point de bascule, celui où la vocation d’écrivain a pris le pas sur l’antimatière : un mariage raté, l’endettement, les nuits sans fin.

 

Sex, drug and rock and roll jazz. Même si l’auteur n’a pas entièrement succombé selon ses dires à la sainte trinité de la beat generation, les histoires d’Ellison racontent tout cela. La science-fiction ne figure pas ici au menu, et l’ensemble dresse le panorama d’une Amérique violente, raciste, déboussolée. C’est loin d’être son meilleur ouvrage. Mais même si le fond pèche par manque de consistance, le style emporte l’adhésion. Qui pourrait démarrer par une entame comme celle-ci :

« Sans forme, créature au cœur battant faite uniquement de sensibilité et d'instinct, j'avais traversé ma vie à la nage dans une mer aussi noire que les motivations m'ayant animé... La logique, la raison, étouffées dès ma naissance, ont joué un rôle vraiment infinitésimal dans mes actes, et je ne peux même pas dire qu'elles m’ont permis de quitter le port avec la bonne marée. Ballotté, à la dérive. Et une fois ou deux je me suis même collé à une autre entité dans cet océan sans lumière, je lui ai sucé tout ce qu'elle avait et suis reparti flotter ailleurs. Si je savais, si j'avais la moindre idée du pourquoi — pourquoi je fais ce que je fais pourquoi un homme moi (et Dieu sait que je suis loin d'être idiot) ne peut trouver ni boussole ni morale — cela me sauverait peut-être de demain. A partir de ce soir, il vaut mieux que je reste tranquille. Mais ce soir a commencé il y a trois jours, et demain est aussi inévitable que la façon dont tout a démarré. »


 

Qu’extraire ? L’introduction qui détaille les premières lignes de cette fiche, « La vérité », incursion dans le monde du jazz, « Daniel Blanc pour la bonne cause », sacrée histoire de bouc-émissaire dans la lignée de « Ceux qui partent d’Omélas » d’Ursula Le Guin ou de « La loterie » de Shirley Jackson mais dont l’intensité évoque le film Dans la chaleur de la nuit. Le sexisme fait son apparition dans la touchante nouvelle « Il y en a une dans chaque campus ». Il y a un peu de Jack Barron et l’éternité et Good morning Vietnam dans le réussi « Jacky à l’antenne, bonsoir », numéro d’équilibriste d’un animateur radio qui tourne mal. « Entre le fanatique, à l’avant-scène » aurait mérité un traitement plus long. C’est ce qu’a réalisé sur un thème similaire Stephen King avec La tempête du siècle. « Plus de quatrième commandement » est un mauvais titre, VO incluse. « Honore ton père et ta mère » aurait été plus simple. Il y a des conflits familiaux dont on ne se débarrasse jamais, même après la mort de leurs acteurs. Ellison est un des auteurs qui parle le mieux de l’enfance comme en témoignait ailleurs « Toute une vie, dont une enfance pauvre » dans l'anthologie La frontière Avenir de Henry-Luc Planchat


 

Il se murmure chez l’éditeur Le Bélial’ qu’un Dangerous Visions pourrait être mis en chantier à une échéance non définie. Tant mieux. Sans Ellison, on s’ennuie dans le Landerneau littéraire.



SOMMAIRE

- La Chute (Final Shtick, 1960)

- Gentleman Junkie (Gentleman Junkie, 1961)

- On peut dire un petit mot ? (4 déclarations de la Génération Baillonnée) (May We Also Speak?, 1961)

- Daniel Blanc pour la bonne cause (Daniel White for the Greater Good, 1961)

- Marquise... Marquise... (Lady Bug, Lady Bug, 1961)

- En prime avec ce paquet ! (Free With This Box!, 1958)

- Il y en a une dans chaque campus (There's One on Every Campus, 1959)

- Sur les cimes de l'aveuglement (At the Mountains of Blindness, 1961)

- Jacky à l'antenne, bonsoir (This is Jackie Spinning, 1959)

- Ce n'était pas un jeu pour les enfants (No Game for Children, 1959)

- Feu Arnie Draper le Grand (The Late, Great Arnie Draper, 1961

- High Dice (High Dice, 1961)

- Entre le fanatique, à l'avant-scène (Enter the Fanatic, Stage Center, 1961)

- A chacun selon sa faim (Someone is Hungrier, 1960), )

- Souvenir d'une trompette bouchée (Memory of a Muted Trumpet, 1960)

- Autoroute (Turnpike, 1961)

- Sally dans notre allée (Sally in Our Alley, 1959)

- Le Silence de l'infidélité (The Silence of Infidelity, 1957)

- Cool, mec ! (Have Coolth, 1959)

- B.P. 02 (RFD #2 [For Service Rendered], 1957)

- Plus de Quatrième Commandement (No Fourth Commandment [Wandering Killer], 1956)

- La Nuit des terreurs délicates (The Night of Delicate Terrors, 1961)


158 commentaires:

Christiane a dit…

Tiens, justement, on évoquait ,en dessous, sous le billet précédent, les écrits de ces marginaux qui ont la plume furieuse et bizarrement l'encre
parcourue de lueurs étranges.
J'aime beaucoup lire ces mots : "Tant mieux. Sans Ellison, on s’ennuie dans le Landerneau littéraire."

Christiane a dit…

Stephen King a réagi à sa mort par ces mots : «Il n'y avait personne comme lui dans les lettres américaines, et il n'y en aura plus. En colère, drôle, éloquent, énormément talentueux. S'il y a une vie après la mort, Harlan est déjà en train de botter le cul et de prendre les noms.» (Libération)

Anonyme a dit…

« Space in Time. From thé Heaven to Outer Space », pour une fois que le Wartburg Institute donne dans la SF, il faut le signaler ici.C’est le 12-13 Octobre prochain!

Christiane a dit…

VENDREDI 23 AVRIL 2021
SF et langage

Je ne sais pas mettre le lien. Pourriez-vous le mettre Soleil vert. Ce serait plus facile pour le relire. Merci.

Anonyme a dit…

Le blog de SV est peut-être en pause estivale.

Christiane a dit…

Mais il a donné un lien sur la RdL d'un formidable article qu'il a écrit le 23 avril 2021 sur le lien entre SF et langage.

Christiane a dit…



https://soleilgreen.blogspot.com/2021/04/sf-et-langage.html

Soleil vert a dit…

Le lien figure dans la rubrique "Passeports pour le futur" à droite de l'écran :)

Christiane a dit…

Pas trouvé ! Mais j'ai mis celui que vous aviez mis sur la RdL !

Christiane a dit…

Réponse à la dernière proposition . C'est Jean-Pierre Raffarin qui oscille entre le oui et le non !

https://mediaclip.ina.fr/fr/i19094525-jean-pierre-raffarin-the-yes-needs-the-no-to-win-against-the-no.html

Christiane a dit…

Ah oui... En bleu au dessus de la photo des télescopes (ou radars) géants puis en dessous "langage et SF"....

Christiane a dit…

N'est-ce pas une image du film de science-fiction réalisé par Robert Zemeckis et sorti en 1997. : "Contact" ?

Le film met en scène Jodie Foster dans le rôle principal d'une chercheuse qui découvre un message radio extraterrestre.
Il me semble que c'est un plan final....

Anonyme a dit…

Sans doute sv

Soleil vert a dit…

Petites corrections
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/05/le-jardin-des-mots-effaces.html

Christiane a dit…

J'ai relu avec plaisir ce si beau billet sur ce livre de Robert Silverberg "Le jardin des mots effacés" et tous nos échanges sous votre billet. J'ai réécouté la douce musique de Fauré, revu la photo de Silverberg dans sa bibliothèque... mais je ne comprends pas votre remarque sur une "petite correction". Où Est-elle ? Qu'avez-vous changé.
Qu'importe si je ne trouve pas , c'est un tel plaisir de relire tous ces mots échangés en mai.
J'ai commencé à lire ces méditations philosophiques regroupées dans la colonne de droite sous le titre en bleu "Passeports pour le futur". Vous avez, dans cet espace, interrogé vos livres de science-fiction différemment et c'est passionnant.
Vous évoquez souvent des philosophes qui interrogent la fiction, notre rapport au réel.
Ce soir, je relisais tout ce que vous évoquez sur le "désert du réel" vu par Baudrillard dans tous les simulacres qui nous entourent. Sa parole politique ne m'intéresse guére mais ce qu'il dit sur l'art est prodigieux en particulier tout ce qui ressemble au réel et n'est pas le réel tant les images et les médias créent des mirages. Je vous ai laissé sous ce billet, une remarque qu'il avait fait sur les toiles de Rothko, tellement subtile. Je l'avais lue dans un de mes livres sur Rothko, l'avais surligné. C'est un penseur assez inclassable qui a fait son chemin de pensée tout seul après des études classiques qu'il a mises en veilleuse pour s'étonner des gens, des coutumes, du présent un peu difficile à saisir.
Que vous le citiez a propos des fictions dans les livres que vous présentez est une idée vraiment pertinente.
Quel bel été vous nous faites !
Et Garfield ?

Soleil vert a dit…

3eme chimio le 16/08, il tient bon pour l'instant

Christiane a dit…

Sourire

Christiane a dit…

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/immersion-dans-le-japon-du-16eme-siecle-avec-les-contes-de-la-lune-vague-apres-la-pluie-1372270

Pour vous Soleil vert. C'est très reposant.

Christiane a dit…

Quand je pense à Paul Edel , je pense à Cesare Pavese. Quand je pense à Cesare Pavese, je pense à Paul Edel.
Son billet est d'une transparence absolue. Paul Edel a tout compris du silence de Pavese, de son écriture, de son rapport aux femmes, au sexe, à Rome. Toutes ses citations me font revivre mes retours fréquents au Quarto Gallimard si bien présenté et annoté par Martin Rueff.
Mais Paul Edel dit différemment. Il entre dans l'intime des pensées de ce grand écrivain, de cet homme mélancolique. Ce n'est pas la première fois qu'il s'attarde auprès de lui.

Christiane a dit…

JJJ, à propos de Wittgenstein, vous dites que si vous en parlez peu c'est que vous ne l'avez pas assez lu. J'aime votre modestie.
Ce que j'aime le plus dans les écrits de Wittgenstein c'est la façon dont il interroge le langage.. Comme toujours la question est plus importante que la réponse (souvent trop compliquée !)
Nous utilisons tellement le langage et nos querelles viennent souvent du langage parce que nous ne mettons pas le même sens dans un mot (souvent les verbes).
Jacques Bouveresse, dans un essai ("Wittgenstein & Les sortilèges du langage"), écrit ces lignes très drôles :
"Le prestige dont jouit à présent un auteur comme Wittgenstein en France - dans le milieu philosophique et peut-être plus encore en dehors de lui - ressemble par bien des côtés à un véritable paradoxe. (...) On peut être un auteur célèbre et en même temps tout à fait inconnu (...) Autrement dit, il est entré dans la liste des célébrités philosophiques, mais n'est pas sorti pour autant de celle des auteurs mineurs et marginaux, dont la philosophie est réputée avant tout pour ce qui la rend, comme on dit, "inclassable" (...) Ce qui n'empêche pas malheureusement son contenu réel et sa signification fondamentale de rester tout à fait mystérieux et la plupart du temps ignorés.
Le responsable du numéro du "Magazine littéraire" qui a été consacré à Wittgenstein en 1997 énumérait cinquante raisons de l'aimer, mais dont aucune n'a quelque chose à voir avec la contribution qu'il est censé avoir apportée à la philosophie.

Renato Maestri est passionnant dans son dialogue avec vous et avec Paul Edel à propos de Pavese.
Bonne soirée.

Christiane a dit…

Douceur de ce soir d'été. Rue paisible. Les voitures et motos sont parties en vacances. Un calme attendu revient sur la ville besogneuse. Ce soir peu de fenêtres éclairées. Le ciel est plus grand, plein d'étoiles. Au loin un avion de ligne clignote.
J'aime Paris l'été. Il ressemble à un village. Comme j'aimerais entendre le claquement des sabots du cheval du glacier comme autrefois. Et le cri du rémouleur. Et les chanteuses des rues.
La mémoire c'est seulement savoir que ça a été. Le passé c'est le murmure de toutes les mémoires des hommes, vivants ou morts depuis tellement tellement de millénaires. Comme l'infini, moins vide que l'avenir dont on ne sait rien. Entre les deux le présent. Il fait si doux ce soir...

Christiane a dit…

Ah, j'ai oublié. Une floraison inattendue. L'orchidée qui perdait ses dernières fleurs vient d'être réveillée par trois gros bourgeons. Je l'ai depuis la fin mai. C'est prodigieux.

Anonyme a dit…

Non, le plus important est moins la question que de comprendre que certaines n’ont pas de réponse, ou qu’une réponse ne suffirait pas à les élucider, me semble-t-il….c’est en tous cas une des leçons possibles du Tractatus. MC

Christiane a dit…

Ne dit-on pas la même chose ?

Anonyme a dit…

L'orchidée : Chaplin a dit (il a dit beaucoup de choses), que la vie est aussi inévitable que la mort. C'est dans un de ses films. SV

Anonyme a dit…

Je pense que c'est dans " Les feux de la rampe" SV

Christiane a dit…

A chaque fois que je la regarde, je pense à Garfield... et à Onyx et eux me renvoient à ce que c'est d'aimer malgré la mort. Les miens aussi ont aimé ces petits êtres.
Mais comment la vie peut-elle être inévitable?

Christiane a dit…

Limelight... Ce beau film émouvant où le vieux Calvero épuisé meurt alors que Terry danse belle et épanouie. Les feux de la rampe... L'art plus fort que la vie et la mort... Le spectacle continue.
Buster Keaton fait une apparition émouvante à la fin.
Il pensait que ce serait son dernier film... Il l'avait écrit et composé la musique.
La phrase s'éclaire quand on pense aux destins de Calvero et Terry.
Merci d'évoquer ce si beau film.

Christiane a dit…

Les questions philosophiques de Wittgenstein n'appellent pas de réponses mais des solutions dont une, remarquable... la dissolution de la question...

Christiane a dit…

Wittgenstein ecrit : "La difficulté n’est pas, pour ainsi dire, de trouver la solution, mais de reconnaître la solution dans ce qui a l’air d’en être seulement la prémisse. Cette difficulté tient je crois à ce que nous attendons à tort une explication alors qu’une description constitue la solution de la difficulté, pour peu que nous lui donnions sa juste place, que nous nous arrêtions à elle, sans chercher à la dépasser. C’est cela qui est difficile, s’arrêter ! »
C'est pour cela que j'aime m'arrêter au bout de la question ce qui avec un pas de plus, reviendrait à sauter dans le vide !

Christiane a dit…

Poser des questions philosophiques ? Se multipliant, elles finissent par n'avoir plus de sens. Le langage nous entraîne alors dans sa folie.... Wittgenstein les observent , les décrit, nous laisse cheminer puis les éteint une à une par une invitation à se taire si on n'a rien de plus à dire ! Peut-être, alors, écoute-t-il de la musique ?

Christiane a dit…

Il interroge la question : ce que nous disons a-t-il un sens ? sommes-nous piégés par le langage ? L'autre donne-t-il le même sens à notre question ? Donne-t-il le même sens aux mots ?

Christiane a dit…

Je pense souvent à ces mots de Musil : « Il n’y a pas de plus bel exemple de l’inéluctable que le rétrécissement par lequel un jeune homme entre progressivement dans la peau d’un vieillard. »
Peut-être celle qui me vient en regardant "Les feux de la rampe"...

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si les réflexions de Wittgenstein s'appliquent à la science :ce n'est pas en regardant le soleil se coucher quon pouvait en conclure que la terre tournait autour de lui. SV

Christiane a dit…

Peut-être en habitant longtemps cette question, un jour la solution est venue naturellement. Un bâton et une ombre, je crois...

Anonyme a dit…

Hmmm, le baton et l'ombre c'est Thales. L 'heliocentrisme c'est, nonobstant un certain Aristarque, Copernic. En science, les solutions s'opposent aux évidences. Bav SV

Anonyme a dit…

Et Thales c'était pour la hauteur des pyramides

Christiane a dit…

Manette ! Je ne vous combats pas sur ce coup là. Bâton, soleil, étoile, planètes... Mais la terre tourne autour du soleil. Même si on guette son lever et son coucher surtout en ce temps de canicule !

Christiane a dit…

Mazette

Christiane a dit…

SV, c'est vous n'est-ce-pas qui évoquiez ce mot d'esprit de Guitry sortant d'une représentation du "Soulier de satin" de P.Claudel ?
S'il eût rencontré C.Rosset , obsédé par les ombres et les reflets, il aurait pu méditer sur l'Ombre double et faire une autre remarque semblable à la précédente.

"Peu après que Dona Prouhèze et Rodrigue se sont croisés au clair de lune sur un chemin de garde de la forteresse de Mogador et ont confondu un instant leurs ombres respectives, l'Ombre double qui en est résultée paraît sur scène et déclare ceci :

Je porte accusation contre cet homme et cette femme qui dans le pays des Ombres ont fait de moi une ombre sans maîtres.
Car de toutes ces effigies qui défilent sur la paroi qu'illumine le soleil du jour et celui de la nuit,
Il n'en est pas une qui ne connaisse son auteur et ne retrace fidèlement son contour.
Mais moi, de qui dira-t-on que je suis l'ombre ? non pas de cet homme et de cette femme séparés,
Mais de tous les deux à la fois qui l'un dans l'autre en moi se sont submergés
En cet être nouveau fait de noirceur informe. (...)

Maintenant je porte accusation contre cet homme et cette femme par qui j'ai existé une seconde seule pour ne plus finir et par qui j'ai été imprimée sur la page de l'éternité !
Car ce qui a existé une fois fait partie pour toujours des archives indestructibles."

Anonyme a dit…

Pas question de vous combattre Christiane :) SV

Anonyme a dit…

En médecine, les découvertes furent parfois fortuites. SV

Anonyme a dit…

Qu'evoque l'ombre pour moi ? Un livre de von chamisso" L'homme qui a perdu son ombre", un livre de Peng Shepperd sur le même thème, un des derniers poèmes de Desnos (le cadran solaire...) SV

Christiane a dit…

Simplement, je ne sais pas même si les livres de science regorgent de noms illustres de savants.
Humblement, je reconnais que si on ne me l'avait appris comme une évidence illustrée maintenant par toutes ces explorations spatiales, j'aurais douté que, embarqués sur le vaisseau Terre, nous tournions autour de lui, pas plus que je n'aurais imaginé toutes ces planètes et l'infini de l'univers.
Aussi me suis-je orientée vers un imaginaire de l'ombre dans la littérature fantastique.
Quant à L'homme qui a perdu son ombre, cela me dit quelque chose.
Dans son livre "Impressions fugitives" (Ed. De Minuit) Clément Rosset écrit tout un chapitre sur l'ombre. Et dans ce chapitre un sous-chapitre réservé aux corps sans ombre.
"Le corps sans ombre est soit un corps inexistant, soit un objet matériel et opaque qu'aucune lumière ne réussit à ombrager."
Il évoque alors "La Femme sans ombre" de Strauss et Hoffmansthal, un corps qui ne possède plus que l'apparence de la vie, un corps qui ne mène plus une existence "naturelle", une créature diabolique.
Puis il évoque Peter Schlemihl de Chamisso. Cet homme semble avoir cédé son ombre à un petit homme gris en échange d'une bourse d'or. S'en suit pour ce malheureux une colère des gens qui le poursuivent de malédictions. Il finit par fuir le monde des humains. Il note l'influence de ce conte sur Hoffmann. Un récit aussi de l'écrivain japonais Abe Kôbô, "Le Tanuki de la tour de Babel". Enfin il poursuit avec L'homme invisible et L'ombre sans corps ( La Féline, le film de Jacques Tourneur).
Qu'en est-il du vôtre ?
Tout cela est passionnant.

Christiane a dit…

Robert DESNOS dans le recueil : "À la mystérieuse"


"J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie."


Que c'est beau ! Merci, Soleil vert.

JANSSEN J-J a dit…

Suis tout surpris de remarquer par hasard que Ch. P. commente ici des dialogues éphémères laissés et oubliés chez Pierre Assouline et/ou Paul Edel.
Emouvant, flatteur, un brin inquiétant, aussi.
Bien à vous, Christiane. J'ai toujours regretté votre départ de la RDL, bien que je l'aie parfaitement compris. Parois, j'aimais bien dialoguer avec vous, et me souviens d'un échange passionné autour d'un film de S. Kubrick. Hélas, je ne disposais pas de votre gigantesque culture artistique et livresque, et n'aurais pu "rivaliser" longtemps. Mais il ne s'agissait pas de ceal, diriez-vous... Répliquer et nourrir le dialogue, au moins, veux-je dire, à défaut de l'enrichir.
J'apprécie que SV vous accueille aussi généreusement et vous laisse éployer votre immense envie de faire partager vos émotions et émerveillements perpétuels...
Je vous souhaite de très belles journées à venir... Comment faites-vous pour percevoir des étoiles à Paris, de vos fenêtres ?... Est-ce la réalité ou bein le fruit de votre imagination fantasque ?

Christiane a dit…

Joie de vous lire, JJJ.
Pour les étoiles, de mon balcon, il me faut rester immobile longtemps en fixant le ciel. Peu à peu les yeux s'habituent. On perçoit d'abord une étoile, la plus brillante puis le regard plonge et cherche dans ce ciel sombre et une à une d'autres étoiles palpitent. Parfois la lune qui me fait rêver comme autrefois, dans l'enfance, parfois un avion de ligne, très haut. Juste les feux de position.
C'est comme le ciel de la RdL (souvent orageux). Parfois un rai d'étoile et le cœur est heureux.
Oui, il fait bon ici chez Soleil vert. J'ai découvert plein de livres, une tendre amitié entre un chat et son maître, de la douceur et de la patience. Parfois MC ouvre un livre que lui seul connait. J'avance alors a petits pas.
Soleil vert est aussi poète. ( voir en bas à droite)
Biancarelli passe de temps en temps. C'est toujours une joie. Et les amis de Soleil vert en science-fiction. Ensemble, ils connaissent plein d'auteurs et de livres. MC aussi et cela m'étonne toujours car je l'imagine dans des recherches différentes, remontant le temps.
Je me souviens aussi du film de Kubrick et tant d'autres films et livres partagés... Mais que voulez-vous je me tiens éloignée de ce nid de guêpes même si j'aime toujours les billets de Pierre Assouline et ses romans et biographies.
Le temps passe. Il nous faut voyager, explorer, méditer et s'émerveiller. Belle journée à vous.

Anonyme a dit…

Meuh non , je ne passe pas mon temps à le remonter! Il faut bien que je prenne un peu d’ avance sur lui de temps en temps…. MC

Christiane a dit…

J'adore !

Christiane a dit…

Un autre chroniqueur m'émeut : Pierre Assouline.
D'abord parce qu'il ose lire un livre dont personne n'a entendu parler, un livre nouveau-né qui participant à une sélection est arrivé au milieu de tant d'autres chez lui (voir un billet précédent). Ces livres, il les lit, les relit, s'interroge puis vient sur son blog, la RdL, partager avec nous ses coups de coeur, ses impressions. Aujourd'hui, trois livres vraiment différents. Une femme deux hommes. Un homme que l'on connait par son pouvoir de mettre à nu les non-dits des familles. Une femme qui a ouvert comme lui les dossiers archivés de l'Occupation, des lettres de dénonciation et enfin cet homme au plus près de la terre et des petites bêtes qu'aiment tant observer les enfants et qui sont moins sympathiques, souvent, à leurs parents.
Les auteurs doivent être émus en lisant ce billet, se demandant s'il va attirer d'autres lecteurs. Quel enjeu... qui trouble le chemin vers ces livres.

Dans le même temps, ici, chez Soleil vert, une invitation aussi à découvrir un livre ou à le relire. Certains livres écrits depuis longtemps. Beaucoup d'écrivains morts dont un livre ranime la vie, l'écriture. Beaucoup de fictions dont certaines ne craignent pas de franchir un temps advenu pour aller vers un temps possible, pas toujours très gai, même parfois terrifiant...
C'est agréable, pour nous lecteurs d'être happés par ces chroniques.
Je n'oublie pas celles de Paul Edel qui m'incite à relire mes écrivains préférés.
Chance, chance d'avoir faim de lire.

Anonyme a dit…

Ah, Ernest Perrochon !

Christiane a dit…

"Nène" qu'il publia à ses frais... Eh oui, prix Goncourt en 1920.
Le profil de l'homme est sympathique, son écriture aussi.
Les prix littéraires, chaque rentrée. Ils se multiplient se desavouant les uns, les autres... 460 romans... Et combien de maisons d'éditions ? Et combien de manuscrits ou tapuscrits refusés ?
Au moins, Soleil vert, navigue hors de cette actualité.
Mais j'aime ces grands lecteurs qui cherchent la pépite.
Quignard interrogé les heures et c'est passionnant. Un beau voyage dans ka mémoire du temps. Je suis heureuse d'avoir ce livre entre les mains et de me retrouver dans ce temps lent de son écriture. Tout s'efface des fièvres littéraires et nous voilà dans un Livre d'heures....

Christiane a dit…

Chez Nadeau : "Les grads espaces d’un solitaire "
par Marie Étienne / 23 août 2023 (voir le lien RdL)
Merci, JJJ pour l'évocation des "Heures heureuses" de Pascal. Quignard dans cette belle chronique.
Ce livre est tellement reposant. On est dans la ... barque silencieuse de Pascal Quignard. Et l'Histoire est un beau livre d'Heures.

Anonyme a dit…

Non, Perrochon, ce n’est pas seulement Néne, ce sont les Hommes Frénétiques, sorte de roman de SF sur un monde qui ne tourne plus rond et va se detraquer après l’apothéose d’ Einstein! ( il porte un autre nom, mais c’est bien lui !). MC

Christiane a dit…

Ah ? Intéressant...

Christiane a dit…

Reposant... et tellement subtil dans certaines notes. Ainsi page 77 : "l'effritement que le soleil impose à l'inconsistance de l'argile qu'il séche."
Sensation ressentie dans la chaleur étouffante de l'été, marchant sur un chemin qui longeait les vignes.
Bonheur de revivre cette sensation en lisant ces mots alors que l'orage couve sur Paris et que notre patience s'effrite...

Anonyme a dit…

Publie naguere chez Marabout. Se trouve encore j’allais dire sur les quais, disons peut-être à Brassens!

Christiane a dit…

https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=5565

Une belle page sur "Les hommes frénétiques" d'E. Perrochon.

Christiane a dit…

C'était près de Grignan,, dans un paysage de vignes et de lavandes de la Drôme provençale, tout près de l'imposant château où vécut Madame de Sévigné.

Anonyme a dit…

SF à la Française. N’a pas écrit Dune mais demeure très lisible. Le contraire serait Jose Moselli et sa « Fin D’ Illa ». (Quel pathos! )

Anonyme a dit…

J'ai du faire une fiche sur Pérochon.SV

Christiane a dit…

J'ai bien sûr cherché. Je n'ai pas trouvé...

Anonyme a dit…

La Fin d’ Illa, roman de Jose Moselli qu’on classerait aujourd’hui dans la SF et qui est fort mauvais. Illa est une planète…

Christiane a dit…

Un peu perdue dans le livre d'heures de Quignard. L'écriture, hachée, suit les mouvements imprévisibles du ricochet des pensées les unes sur les autres. Les chapitres de plus en plus brefs transforment le livre en éphéméride dont les feuilles auraient été emportées par un coup de vent. Les heures deviennent un puzzle. "des heures sans temps. Heures au-delà du temps à l'intérieur du temps. Voilà ce que Jean de France, duc de Berry, appelait un livre d'heures. Chaque date devient un carrefour de coïncidences qui, si on les examiné, se révèlent stupéfiantes."

Anonyme a dit…

Livre mal fichu, mal construit, ou la pensée donne l’illusion de la profondeur? MC

Christiane a dit…

Oui, peut-être qu'il est lui-même trompé par sa relecture. Miroir déformant ?

Anonyme a dit…

C’est qu’il commence à être bien vieux…

Christiane a dit…

Il essaie de vivre dans le seul domaine où il aime être : l'écriture. Mais effectivement, ce livre est important surtout pour lui. Les lecteurs qui ont aimé le lire se souviendront d'autres ouvrages....

Anonyme a dit…

Christiane,tapez Pérochon dans le champ de recherche et vous trouverez le livre.Reprise des fiches début septembre.SF + McCartney. SV

Anonyme a dit…

N'importe quoi ce correcteur McCarthy-Sutree.SV

Anonyme a dit…

Et un livre important pour son auteur, c’est un peu comme le Chef d’ Oeuvre Inconnu de Balzac.De temps en temps, soyons optimiste, émerge quelque chose, mais rien n’est clair.

Christiane a dit…

J'ai réessayé, Soleil vert, avec un r et deux r - au cas où. Rien. Pas d'article !!! Pourriez-vous mettre le lien ?

Christiane a dit…

Merci. Bonnes vacances.

Anonyme a dit…

Mettre un accent sur le e pour Pérochon!

Christiane a dit…

Tout était effectivement dans l'accent ! Merci. De plus je retrouve nos échanges. Très drôle , l'oubli !

Anonyme a dit…

Désolé d’ en avoir double le r!

Christiane a dit…

Mais sans accent pas de billet et cela aurait été dommage !

Anonyme a dit…

Grignan fut démantelé dans cette ère de grande culture que fut la Révolution Française, mais bon! Il fait toujours rêver…

Anonyme a dit…

Balzac, j'en reparlais il y a qq mois avec un avocat dont le fils fait des études notariales. La tirade dans le colonel Chabert de maître Herouville (?) : nos études sont des égouts qu'on ne peut curer ... SV

Anonyme a dit…

Erratum, Maître Derville

Christiane a dit…

Je passais une semaine dans un monastère dominicain proche. Mes journées, souvent sur les chemins à dessiner oliviers, vignes, champs de lavande, plantes diverses.
Ou à écouter le chant des moniales. Ou à parler et écouter un vieil ami, professeur de théologie à Louvain. Il était religieux, je l'amusais beaucoup avec mes doutes et mes révoltes. Quand il servait la messe, dans ses homélies très fines, je retrouvais la trace de nos débats.
C'était un marcheur remarquable. Nous décidons en marchant sur ces chemins de terre. Je m'arrêtais quand me prenait l'envie de dessiner. Lui attendait, silencieux. C'était bien. Il est mort. Il me manque parfois alors je relis ses livres...
Grignan, c'était pour situer la région. Madame de Sévigné a écrit des lettres vives et pertinentes.

Christiane a dit…

devisions

Christiane a dit…

Pierre Assouline dans un de ses billets réservé à Pascal Quignard a écrit ses lignes :
"Voilà un écrivain qui vit, lit, rêve et écrit dans un autre temps que le nôtre. Pas seulement une époque d’avant mais une temporalité différente qui ignore la vitesse, la rapidité, la précipitation qui gâtent tant notre sensation du monde. Et même au sein de ce passé-là, il n’y reste pas, revient toujours à la matrice, la scène primitive, l’origine, la nuit des temps. Ou, à tout le moins, là où la parole a émergé. "

Et c'est très juste.

Christiane a dit…


Voilà, c'était mon ami, Robert Guelluy..
Un penseur lumineux.

https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2001_num_32_2_3160

Anonyme a dit…

Herouville c’est l’ Enfant Maudit, du même Balzac…

Anonyme a dit…

Lu de Margaret Atwood Graine de Sorcière. Roman inattendu, bien documenté, quelques jours d’enchantement.

Anonyme a dit…

Et maintenant « le Devotieux Pèlerinage du Folgoet, « du Frère Cyrille le Pennec. Le livre étant sorti à une époque où pullulaient les faux ( debut Dix Neuvieme) Je me suis méfié d’ abord. Mais il faudrait une très bonne connaissance de la littérature pieuse baroque pour contrefaire ça vers 1840 sans sortir de Cornouaille. Mon avis est qu’il est finalement authentique , tant pour l’orthographe, qui est respectée, que pour le contenu, qui ne s’élève pas au dessus d’une curiosité baroque carme dont il a toutes les caractéristiques. MC

Christiane a dit…

Comme le temps porte fruit, ici....

Anonyme a dit…

Authenticité confirmée n’en déplaise à un Bibliothécaire de la BN qui m’avait soutenu que ce livre publié par Miorcec de Kerdanet devait être un faux. Certes il n’y a qu’ un exemplaire, le sien.Mais les autodafés de livres n’ont pas été un vain mot en Bretagne. Par ailleurs, il aurait fallu très bien connaître des manuscrits alors inédits pour construire une chronologie ou l’on retrouve la mère de l’ Eveque de St Pol Rene de Rieux, l’ Évêque Roland de Neuville, le Guillerm grand Vicaire de St Pol d’ Amice Picard, ou Alain le Poulpry , oncle de Le Nobletz. rappelons que le Folgoet est en Cornouaille et qu’ils sont tous venus de leur Leon natal…

Christiane a dit…

"oncle de Le Nobletz."

Nous y voilà !

Anonyme a dit…

Oh, il ne l’a connu que tôt et ne l’a pas influencé. De plus l’accent local de Plouguerneau évoquait au jeune Le Nobletz « les barbares et les turcs « . Mais on le retrouve dans Les Triomphes de Ste Anne, pour une offrande à Ste Anne d’ Auray, et Le Pennec nous apprend qu’il était dévot au Folgoet, Le monde dévot étant très étroit, j’aurais dû citer Roland de Neuville, Évêque de Leon, qui écoute le jeune Le Nobletz, mais qui n’est cité ici que pour le Folgoet, Rene de Rieux, qui lui succède, l’ Abbe Guillerm, qui reçoit à St Pol Amice Picard. Tous ces personnages ont eu maille à partir avec Le Nobletz ou Maunoir, tous sont cités ici pour leur dévotion au Folgoet. Spécialement Roland de Neuville, dont la procession est anti protestante, et intervient juste après la conversion du Roi Henri, (Cela permet de faire oublier des Lettres Ligueuses à Philippe II, façon «  Sire, vous êtes l’ Atlas de la Religion… »)

Anonyme a dit…

Soleil Vert, j’ ai parlé du Lapaque chez Paul Edel au moment de sa parution. Je ne sais plus comment j’en avais eu vent. Cela doit remonter à 10 ans. C’est un bon livre. MC

Christiane a dit…

Merci, Soleil vert, pour ce souvenir de lecture du Colonel Chabert de Balzac.

"Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une pause, qu’il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l’Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde ? Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est l’avoué. Quand l’homme vient trouver le prêtre, il arrive poussé par le repentir, par le remords, par des croyances qui le rendent intéressant, qui le grandissent, et consolent l’âme du médiateur dont la tâche ne va pas sans une sorte de jouissance : il purifie, il répare, et réconcilie. Mais, nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos Études sont des égouts qu’on ne peut pas curer."

Anonyme a dit…

Et la suite oū sans le nommer il évoque le drame du Père Goriot. SV

Christiane a dit…

Ça, je ne me souviens pas. Mais cette fin tragique dans un hospice pour ce colonel Chabert qui ne voulut pas céder à cette transaction nauséabonde, je m'en souviens. Comme son apparition de nuit, comme un Rembrandt, dans l'étude du notaire. Ce notaire apparaît plusieurs fois dans la comédie humaine. Et puis il y a la terrible bataille de Eylau, son charnier, d'où Chabert surgit comme un mort-vivant. Un grand roman, poignant, révoltant. Un grand Balzac.
C'est sympa votre mémoire. Elle ouvre à tant de livres....

Christiane a dit…

Maître Deville est un homme bon et généreux.

Christiane a dit…

Le drame du Père Goriot...
Oh, merci, je n'avais pas fait le rapprochement.
"Combien de choses n'ai-je pas apprises e exerçant ma charge ! J'ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille, abandonné par deux filles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente. J'ai vu brûler les testaments ; j'ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l'amour de l'amour qu'elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre en paix avec un amant. (...)"

Ce final est désespérant... J'arrete là !!!

Anonyme a dit…

”Volpone”,une pièce plus méconnue de Stefan Zweig vaut le détour,un portrait peu reluisant de l’humain au profit de l’argent.

Biancarelli

Christiane a dit…

Je n'ai vu que le film tourné en 1941 par Henri Tourneur. Une présence inoubliable d'Harry Baur dans le rôle de Volpone, près de Louis Jouvet, Charles Dullin , Fernand Ledoux....
Je l'ai vu à l'époque où Pierre Assouline avait mis en ligne un billet évoquant le cinéma sous lOccupation, la "Continental Films".
J'avais acheté le livre de C. Leteux "Continental Films - cinéma français sous contrôle allemand". Livre passionnant.
Le sort d'Harry Baur , enfermé à la prison du Cherche-Midi et torturé par la Gestapo m'avait bouleversée. Sa femme emprisonnée à la Santé. Ils voulaient lui faire dire qu'il était juif. Car Goebbels avait besoin de lui pour le tournage d'un film qui ne s'est jamais fait , du reste
Je découvrais l'interférence ambiguë d'Alfref Greven, le patron de la Continental...
Tout cela, Biancarelli, a brouillé les cartes. J'ignorais que c'était une pièce de Stefan Zweig.
Oui, un film construit sur la bassesse des hommes face à l'argent.

Christiane a dit…

"Ce film est tiré d'une pièce de Ben Jonson (1605), contemporain de William Shakespeare, qui fut adaptée en français par Jules Romains et Stefan Zweig en 1928, ce fut un grand succès au théâtre pour Charles Dullin qui tient dans cette version cinématographique le rôle de Corbaccio. Le réalisateur Maurice Tourneur a suivi fidèlement le texte."

Christiane a dit…

Trouvé sur le blog de "Sens critique"

Christiane a dit…

https://www.cinema-francais.fr/les_films/films_t/films_tourneur_maurice/volpone.htm

Christiane a dit…

Il faut imaginer Paris vidé de ses habitants dès le début de l'Occupation. Les gens de cinéma ont fui dans le sud de la France. Volpone tourné durant l'été 1939 sera terminé avant mai 1940.
En septembre acteurs et metteurs en scène regagnent peu à peu Paris. C'est là que Greven créera une nouvelle société de production cinématographique, la Continental Films.
Pierre Assouline eclairerait tout cela. Je ne retrouve plus son billet.

Anonyme a dit…

Ah oui Volpone et ce pauvre Harry Baur apprécié de l'occupant puis torturé. Quelle pléiade de comédiens français alors ! Pour en revenir à Chabert, c'est presque du Wells l'histoire de cet homme issu d'une société où l'ascenseur social disons militaire fonctionnait a plein et qui renaît à la Restauration dans un monde figé. SV

Christiane a dit…

Soleil vert, vous écrivez : "Pour en revenir à Chabert, c'est presque du Wells l'histoire de cet homme issu d'une société où l'ascenseur social disons militaire fonctionnait a plein et qui renaît à la Restauration dans un monde figé."

Vous pourriez développer la comparaison ? C'est passionnant. Je ne connaissais pas Wells sous ce jour.

Christiane a dit…

Il est vrai qu'à son retour, Chabert et son ex-femme vivent à deux époques différentes. Ce colonel d'empire n'est pas du tout préparé à se retrouver dans ce monde de parvenus de la société sous la Restauration. Dix ans ont passé et il est vraiment mort pour les autres... sauf pour maître Deville qui cherche à l'aider.
Mais Wells ? Qu'avez-vous en tête ?

Anonyme a dit…

Mais le finale de Goriot lui-même est désespérant. Ses obsèques faites à la sauvette, les Carosses qui ne font que passer, Rastignac qui y perd ses dernieres illusions, en comparaison,l’évocation contenue dans Chabert, c’est de la Bibliothèque rose, juste un petit résumé .., MC

Christiane a dit…

"Bibliothèque rose" !
Je ne trouve pas. Ce pauvre Chabert en haillons, au milieu des fous dans cet asile est une présence sur l'on n'oublie pas. Et la tirade de maître Derville est un beau final à ce roman de Balzac. Si elle montre toute les trahisons humaines, elle tisse aussi des liens dans cette condition humaine que Balzac a auscultée avec lucidité.
C'est le rapport avec Wells que je ne saisis pas sauf à amplifier cette vie parisienne que Chabert découvre dix ans après son départ pour les guerres napoléoniennes. Où il se sent perdu.
Il pensait être reconnu, honoré, pouvant jouir de sa richesse. Il est pauvre, même pas une solde de soldat puisqu'on le classait "mort". Traverser la boucherie de la bataille d'Eylau, y être enseveli vivant et blessé sous un monceau de cadavres, s'en extirper , et être accueilli comme celui qu'on préférait mort doit être terrible. D'autant plus que sa femme a épousé un homme pas très scrupuleux et malhonnête. Elle-même est devenue une vraie chipie tentant de cacher son passé. La seule humanité vient du regard soucieux du notaire sur ce vieil homme.
Un roman que j'avais aimé. Je suis heureuse que Soleil vert s'en souvienne aussi.
Et l'évocation de Volpone par Biancarelli est fort bien venue.
A propos je viens de lire une critique magnifique du livre de Pascal Quignard sur Le Point. C'est bien que d'autres lecteurs voient la beauté de ce livre et de la pensée de son auteur.

Christiane a dit…

https://www.lepoint.fr/culture/rentree-litteraire-pascal-quignard-le-singulier-27-08-2023-2532929_3.php

Anonyme a dit…

Je parle seulement du résumé de Goriot dans Chabert qui , de mon point de vue est Bibliothèque Rose, . Pas du « Colonel Chabert » lui-même! Distinguons, s’il vous plaît! Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Mais ce n'est pas un résumé !!! C'est une allusion comme l'écrit si bien SV, dans une tirade splendide qui évoque d'autres turpitudes des clients de ce notaire et que je n'ai citée que partiellement.
Parfois vous cherchez un problème là où il n'y en a pas...

Anonyme a dit…

Je tiens pour le résumé parce qu’à partir de Goriot, les personnages circulent d’un roman à l’autre,soit par eux-memes, soit par ce genre de fenêtres. Maintenant, si vous y voyez une simple allusion, ce n’est pas grave. Une allusion peut être un résumé ! Bien à vous. MC

Anonyme a dit…

Cela dit, pour Wells , je subodore quelque chose autour de la
Machine à remonter le Temps, ou, au dernier stade, le héros touche une civilisation très évoluée mais dont l’évolution même est une menace pour sa propre survie; plus de volonté, plus de dessein…

Anonyme a dit…

On renaît dans un monde figé et prêt à tomber. Ici Celui de la Restauration. De même le narrateur de Wells gagne en dernière étape une civilisation figée en ce qu’elle ne veut plus rien faire. MC

Christiane a dit…

Merci, MC. , c'est éclairant. Sa mort dans le roman est un vrai passage de science-fiction. Écrasé par son. cheval, une plaie béante à la tête. Il tombe en catalepsie, est enfoui dans une fosse où gisent d'autres grognards. Puis en sort on ne sait trop comment, se retrouve dans un paysave hivernal désert, être, vacillant est soigné par des paysans, regagne plus tard, Paris tant bien que mal et tout cela dure dix ans.
A son arrivée, il est misérable, en loques, non reconnaissable. Les clercs de notaire le prennent pour un fou... Oui, une fiction d'outre-tombe....

Soleil vert a dit…

Hibernatus :)

Christiane a dit…

Élémentaire mon cher Watson !

Anonyme a dit…

Sa fausse mort!

Christiane a dit…

Vous pensiez à "La machine à explorer le temps", ce roman de science-fiction, publié en 1895 par H. G. Wells. Voyage dans le temps....
Comme Hibernatus...
Chabert, pas tout à fait mort - mais la catalepsie c'est l'attente d'un réveil dans l'apparence de la mort.
Si la fiction s'en mêle, la congélation en est un autre..
Il y a beaucoup de légendes qui courent sur cette façon de voyager dans le temps, romans et films.

Balzac avait autre chose en tête : dénoncer les crimes tapis sous l'hypocrisie des manipulations de ceux qui commettraient les pires actes pour s'accaparer la richesse d'un autre. Vilainies et crimes dénoncés par Balzac de roman en roman par la présence de maître Derville qui traverse ces "égouts" avec sa probité naïve son dégoût et son courage.

Christiane a dit…

Paul Edel écrit "une matinée dans Rome". A son amie qui le questionne sur sa longue absence, il répondra par un détail "une carafe cassée dans le café qu'il aime"
Au lecteur, il dira plus. Cette jeune serveuse au tablier noir, aux bras nus, aux gestes gracieux. Autour d'elle dans cette longue promenade des spectres, une conversation sur la crémation, un article dans un journal qui évoque le carnet secret de Pavese.
Il glisse alors dans un bonheur secret, celui de ne pas tout dire, celui de s'effacer de toute transparence.
Un texte qui dit beaucoup sur ses silences et ses regards. Et Rome bien sûr nimbée du bleu des anges.
Pavese écrit dans "Le métier de vivre : " Moi-même et, je crois, beaucoup d'autres, nous recherchons non pas ce qui est vrai dans l'absolu, mais ce que nous sommes. Dans ces pensées, tu tends avec une sournoise nonchalance à laisser affleurer ton vrai être, tes goûts fondamentaux, tes réalités mythiques (...) et tu ne sais qu'en faire."

Christiane a dit…

Amélie Nothomb, qui avait aimé
"Le Torii d'Itsukushima" , écrit dans son dernier roman à propos du titre "psychopompe" : " Ça qualifie des gens comme Hermès ou Orphée qui sont les seuls de leur espèce capables de traverser la mort et d'en revenir, des gens pour qui la frontière de la mort est poreuse."

Anonyme a dit…

La catalepsie fait aussi partie du fonds disons Messmerien de Balzac, et des sociétés plus ou moins secrètes et magnétisantes qu’il fréquente. Il se peut qu’il n’y ait pas autre chose que cela même si la transposition dans une bataille napoléonienne est etrange. Pour le reste, ce n’est pas moi qui ai pensé à Wells, c’est Soleil Vert qui l’a is sur le tapis, et vous qui lui avez posé une question.

Anonyme a dit…

A laquelle j’ai tenté de répondre.

Christiane a dit…

Oui, je comprends vos interrogations. J'essaie de suivre les méandres de vos fils de pensée très différents qui arrivent comme une surprise dans ce flot de commentaires.
De ce livre choisi par Soleil vert, nous n'avons quasiment rien dit ne l'ayant pas lu. Mais la richesse de la littérature offre comme à chaque fois des chemins s'ouvrant sur d'autres horizons.
Je ne sais même plus comment le colonel Chabert est venu nous rendre visite ici.
Par contre je me souviens que vous avez voulu me convaincre qu'une allusion était un résumé. Je suis toujours en désaccord avec cela.
Là, je lis le dernier livre d'Amelie Nothomb qui revient sur son enfance. Elle garde un souvenir enchanté de ses premières années au Japon. Puis après un passage difficile par la Chine, les USA.. Je ne suis qu'au début du livre.

Christiane a dit…

Sa passion pour les oiseaux me ravit. Cela me fait replonger dans le livre d'Audubon qui justement a dessiné et peint les oiseaux d'Amérique, car elle n'a sous les yeux qu'un livre des oiseaux d'Europa. Cette enfance digne de "Birdy" est extravagante et poétique.

Christiane a dit…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Birdy_(film)

Christiane a dit…

Ainsi, page 55, ce rêve récurrent. Elle a alors 14 ans et la famille est maintenant au Bangladesh.
("Psychopompe" Amélie Nothomb. - Albin Michel)
"Ce devint mon rêve récurrent. Il suivait toujours le même schéma : je découvrais la gymnastique qui permettait l'envol. Cela ne manquait jamais d'être une succession de gestes simples. Consciente de rêver, j'ancrais le mouvement dans mon corps en me répétant : "Tu te rappelleras, quand tu t'éveilleras, c'est trop facile." après quoi je menvolais et surplombait des territoires superbes, en proie à lextase."

Christiane a dit…

11 ans

Christiane a dit…

C'est un très beau récit, formidablement bien écrit, sans emphase, sans trémolos. Le drame qu'elle vécut à douze ans est affronté avec le minimum de mots. Avec justesse.
Cette passion des oiseaux qu'elle ne cesse d'observer est le lien imaginaire avec ce qui est aérien et échappe à sa douleur. Un livre différent des autres qu'on ne peut pas ne pas prendre au sérieux. J'aime vraiment beaucoup le retrouver entre deux plages sans lecture où je vaque aux choses du quotidien en Italie dans une répétition reposante.
Au-delà de ma fenêtre, le ciel a changé tout habité de gros nuages. L'air fraîs, vivifiant après ces lourdeurs de la chaleur récente est agréable.
Je pense au billet de Paul Edel. Quelle façon extraordinaire de raconter son quotidien tout en s'habillant de Pavese.

Christiane a dit…

"En Italie" n'est pas à la bonne place. Ces mots concernaient Paul Edel, encore que le lisant , je suis en Italie !

Christiane a dit…

A défaut de pouvoir voler - son rêve d'enfant- pour échapper à ce terrible souvenir, elle écrira abondamment. Un autre usage de la plume qui éclaire le choix du conte mis en exergue.
Écrire pour surmonter l'épreuve. Choisir une encre indélébile pour effacer un souvenir qui ne veut pas quitter sa mémoire.
C'est assez époustouflant cette possibilité d'introspection enfouie dans l'écriture littéraire de cette femme.

Christiane a dit…

Page 101
"J'étais bel et bien devenue oiseau. Lequel ? Trop d'oiseaux. L'engoulevent oreillard demeurait mon totem intime, mais je contenait aussi le cormoran, la chouette, le bruant et la buse - et tant d'autres. Plus exactement ce sont eux qui me contenaient.
Désormais, écrire, ce serait voler. Je ne suggère pas que me lire soit un exercice d'altitude,je sais que quand j'atteins mon écriture, je vole. Mon rêve prit sens. J'avais découvert la gymnastique qui permettait de s'envoler (...)"

Anonyme a dit…

Je ne m’attendais pas à vous voir vous extasier devant Amélie N, qui vise à remonter par un récit de viol des ventes institutionnelles. Mais pourquoi pas? Cela dit, ce que vous citez me paraît très plat. Je me demande si vous n’avez pas tendance à prendre le tremplin du rêve via des textes dont ici le principal merite ici est leur disponibilité. Cela dit, ce voyage péri Nothombesque est des plus agreables par les références que vous y voyez. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

J'aime votre franchise, MC. C'est une de vos qualités et non des moindres.
Cette femme ne passe pas inaperçue. Elle aime paraître et soigne l'étrangeté de son apparence. Elle est bavarde, souvent crispante.
Ce qui m'a conduite à lire ce livre ? - car je n'ai lu que deux livres de cette écrivain prolifique- c'est une citation éclairant le titre qu'elle a donné
à son récit autobiographique : "psychopompe... qualifie des gens comme Hermès ou Orphée qui sont les seuls de leur espèce capables de traverser la mort et d'en revenir, des gens pour qui la frontière de la mort est poreuse."

Nous étions en train d'évoquer la mort apparente de Chabert, son retour à la vie. J'ai eu envie de savoir ce qui se cachait derrière cette citation.

Au début, rien que des oiseaux qu'elle observe et décrit avec précision, obsessionnellement .
Comme j'aime le monde des oiseaux, je savourais ses descriptions.
Puis je découvre une enfance marquée par les déplacements continus de la famille, son lien avec sa sœur ainée, la façon dont elle voit les gens les coutumes.
Rien ne prépare à ce viol qu'elle subit à 12 ans alors qu'elle nageait - Une ligne dans tout le livre...
Ensuite, - c'est cela qui m'a passionnée- comment va-t-elle s'en sortir puisque personne n'en parle, comme s'il ne s'était rien passé .Comment cette jeune enfant va passer de l'anorexie au mutisme, a la solitude, s'enfermant dans la lecture et l'observation des oiseaux.
Quand on la retrouve, elle a vingt et un an et écrit sans pouvoir s'arrêter et là, enfin, l'expérience traumatisante est dépassée.
Donc, plus que le viol c'est le chemin qu'elle fait vers l'écriture qui m'a intéressée. Également, le sens qu'elle donne à cette écriture.
Enfin, j'aime combattre mes aversions et comme je ne voulais plus lire ses livres, j'ai ouvert celui-ci et ne le regrette pas.

Christiane a dit…

Quand je dis "remarquablement écrit", j'évoque la construction du récit et le cheminement de pensées l'enfant qu'elle fut.

Christiane a dit…

MC, vous écrivez ; "Je me demande si vous n’avez pas tendance à prendre le tremplin du rêve via des textes dont ici le principal merite ici est leur disponibilité. "
Il n'y a pas de tremplin du rêve dans ce récit mais les souvenirs pour cette femme de ce temps de mort qu'elle a traversé pendant plusieurs années suite à ce crime qui n'a d'ailleurs jamais été jugé et puni, les quatre assaillants enfuis n'ayant jamais été ni recherchés ni attrapés.
Ce lent retour à la vie se paiera aussi plus tard par l'effort d'écrire. Oiseaux ou écriture sont traversés d'ingrats combats dans la deuxième partie de l'ouvrage
Ce qui est subtil c'est qu'elle était trop petite pour comprendre ce qui s'était passé, l'impression seulement, qu'après cette agression, son corps était mort, qu'elle voulait mourir.
Non, ce n'est pas un livre à rêver, mais une fine exploration d'une enfance saccagée qui a changé pour toute la vie son rapport aux autres.
J'aime votre questionnement étonné qui m'oblige à comprendre pour quelles raisons je lis ce récit et que je l'apprécie.

Christiane a dit…

Par contre, je n'aime pas le terme "psychopompe" dont elle abuse dans les dernières pages. Le récit devient alors un peu pédant voulant s'emplir de réflexions ésotériques et philosophiques sur la communication avec les morts mais j'ai bien aimé les 120 premières pages.

Christiane a dit…

Bloom dit:
"Magnifique héron cendré, tout à l’heure. Un autre monde…"

Christiane a dit…

rose dit:
"Pas folle vingt secondes.
Mme Horvilleur dit aussi Vivre avec nos morts.
Et une autre, Maylis de Kerangal écrit Réparer les vivants.

Cela se tient"

Christiane a dit…

Quelle femme intelligente et fine.


https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-heure-bleue/consolation-avec-delphine-horvilleur-2105432

Anonyme a dit…

On ne dit pas non ,même si sa surexposition fait de l’ombre à d’autres « rabbines « .

Christiane a dit…

Sa voix douce donne envie de l'écouter.
Elle dit ici des choses très profondes sur la mort en particulier sur celle des enfants. Elle ne manque pas d'humourquand elle évoque Marceline Leridan.

D'autres femmes rabins ? Ah bon... Je n'y connais pas grand chose.
Ce qu'elle dit du nom de Dieu est intéressant.

Bref ! J'aimerais beaucoup échanger avec elle sur tant de choses et sur l'accompagnement des familles en deuil, présence sur j'ai aimé être du temps où l'église était ma maison, à Drancy auprès d'un prêtre qui était aumônier de prison.
Un jour une obscurité s'est posée sur tout cela... Il m'en est resté de beaux souvenirs, surtout des rencontres. Mais le chemin qui suivait devait être solitaire ..
Bonne soirée.

Christiane a dit…

que j'ai aimé être

Christiane a dit…

Cet article de Benoît Gaboriau est excellent. Offert par Marie Sasseur.
Il exprime bien ce que j'ai ressenti durant la lecture du livre d'Amélie Nothomb.

https://leclaireur.fnac.com/article/339585-psychopompe-lenvol-salvateur-damelie-nothomb/

Christiane a dit…

Gaboriaud

Anonyme a dit…

Je suis dans le premier roman des May ( D et J) « La chasse à l’impondérable « »Bon exemple de SF a la française, façon Fleuve Noir, 1968.Exhume de la Bibliothèque paternelle, qui en a peu!

Christiane a dit…

Alors là, je ne connais pas du tout.
"Façon Fleuve noir", c'est de bon augure. Plus familier pour moi que la SF américaine.
La bibliothèque paternelle vous livre ses trésors....

Anonyme a dit…

Juste la Bibliothèque de détente, à qui il convient de faire un sort partiel! Polars avec du beau monde: Oppenheim, Cheney, etc , et juste un peu de SF.

Anonyme a dit…

Des volumes qui portent leur âge, du Rayon Fantastique à Fleuve Noir SF!

Christiane a dit…

C'est un formidable lien entre vous, ces livres. Quelle chance...
Cette confidence donne envie de méditer sur ce qu'ils nous ont laissé, ce qu'ils aimaient, ce qui était important pour eux. Mais aussi comment ils étaient près de nous, leurs gestes, leurs silences, leurs attentions, leurs rêves. Et au-delà d'eux, d'où ils venaient, de quelle enfance ils ont surgi. Quelles souffrances ils ont traversées. Ce que nous étions pour eux... Tout ce passé et leur passé à porter, nous qui avons eu la chance de connaître nos parents, de grandir près d'eux, de pouvoir nous opposer à eux, parfois, de pouvoir nous éloigner du nid, pour être dans nos vies, tout seuls.Et maintenant de poser quelques fleurs là où ils sont entrés dans une grande absence bien mystérieuse....

Anonyme a dit…

C’est assez curieux. On voit apparaître des inconnus ( Henri Roubay, dont la fiche manque et qui est sans doute un pseudonyme)ou Jean Kery, et on se demande pourquoi le tres jeune homme de1941et le jeune homme de 1948 ont acheté ces livres. Eh bien ils ont un point commun, celui de se passer en Bretagne et , pour le second, d’être écrit par un Breton! Ce qui ne concerne que deux livres sur une centaine au bas mot, mais n’en est pas moins révélateur!

Anonyme a dit…

Dont la fiche manque sur Wiki,bien sûr, alors qu’ils y sont quasiment tous!

Christiane a dit…

Ils vous attendaient !

Anonyme a dit…

Le Fleuve noir j'ai du en lire 2 ou 3 et les Le May d'après ce qu'on a pu me dire étaient estimés. SV

Christiane a dit…

Chic, notre ami Soleil vert est en approche. Allumez la piste d'atterrissage !

Christiane a dit…

Francis Bacon...
Quand on lui demandait pourquoi il mêlait de la poussière aux huiles et pastels sur ses toiles, il répondait : - Seule la poussière est éternelle.

De lui à nous ? Laisser le visiteur contempler ses toiles sans interférer par des textes explicatifs...

Violence et noirceur. Corps torturés, hurlants, effondrés, démembrés. Une explosion mortifère avec parfois sur certaines toiles des éruptions ejaculatoires de peinture qui perturbent des constructions savantes, un univers entre abstraction et figuration.
Sadisme et morbidité. Une œuvre crue.
De nombreux triptyques - forme empruntée à la religion...
Des autoportraits sombres.
Un univers obscur, inquiétant appelant l'inconscient, les fantasmes, l'invisible.
Une noirceur sans précédent reflétant une vie vouée au sexe, à la violence, à l'alcool.
Une réflexion sur la laideur.
Mais aussi, car il était un grand lecteur une inspiration liée parfois à ses lectures. Omniprésence des Erinnyes d'Eschyle. Des poèmes d'Eliot, des textes de Bataille ou Conrad semblent être aussi sources d'inspiration pour lui.
Intérêt pour la mort accidentelle ou meurtrière. Je pense au triptyque évoquant le suicide de son amant dans sa chambre d'hôtel, George Dyer.

J'apprécie l'oeuvre de cet artiste, pas l'adulation autour de ses toiles qui ont fait monter leur valeur marchande après sa mort.
Un homme dévasté à l'image de son atelier.

Anonyme a dit…

Soleil Vert, cette « Chasse à l’ Impondérable » ( 1968) -comprendre un metal rarissime qui ne pèse rien- est assez bien montée avec d’un côté le clan des
scientifiques, ou s’immisce un traitre, et de l’autre une sorte de CIA galactique qui va visiter la planète concernée. D’un côté la piraterie, de l’autre La découverte, entre les deux un peuple doué sans en avoir l’ air de pouvoirs psychiques, dont celui de lire en autrui, ce qui peut etre fort utile .Les deux intrigues fusionnent assez tard dans le roman, avec d’un côté un physicien pirate et destructeur,( au demeurant pas seul, mais dans une position de Maître, )et de l’autre, des agents qui ont dû passer par les volontés de leurs hôtes et épouser au moins en partie leur culture . C’est la partie la plus convaincante, mi Fantasy mi Tolkien avec ce voyage dans la forêt des voleurs et des agents, il y a une certaine poésie dans la prose, qu’on ne trouve pas chez d autres artisans comme Richard-Bessiere ou Maurice Limat. Maintenant, c’était un premier roman, et j’ignore s’ils ont continué. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Soleil vert, vous nous manquez... Et ce roman de McCarthy, "Sutree", je crois...
Rose et JJJ attendent aussi !
Rose en dit de belles choses.