lundi 1 juin 2020

Insurrection


Tade Thompson - Rosewater Insurrection - J’ai Lu - Nouveaux Millénaires





Insurrection est le second volet d’une trilogie de science-fiction de Tade Thompson ayant pour cadre Rosewater, une ville du Nigeria. Le récit initial plantait le décor d’une bourgade à la Desolation Road transformée en cour des miracles suite à l’irruption d’un artefact alien. Le tome 2 recadre tout cela en élargissant l’intrigue, en multipliant les acteurs, les angles de vue et surtout en posant les points sur les i : l’histoire se déroule bien dans un contexte d’invasion d’extraterrestre, mais le moteur de la narration c’est la lutte menée par le maire pour obtenir - carrément - l’indépendance de sa ville.


Echappant au script de bovidé façon Independance Day (d’ailleurs les USA sont out dans cet univers), Insurrection reflète à sa manière le combat quotidien des nations africaines et de leur population pour la survie. S’il y a bien une biodiversité à l’œuvre dans la cité c’est celle des emmerdes. En premier lieu pour la famille Sutcliffe. Alyssa, l’épouse, subit une amnésie brutale. Exit mari et fils, une entité étrangère s’empare de son esprit. Plus bizarre encore, l’artefact attaqué par une Plante, se met à dysfonctionner et les Réanimés dont les cellules humaines ont été remplacées par les xénoformes disjonctent. Assis sur un baril de poudre, le maire Jacques Jack, s’efforce de nouer des alliances pour contrer les attaques du S45, service secret aux ordres du Président du Nigeria qui entend ramener la ville dans son giron.


Tade Thompson délaisse les constructions sophistiquées du premier roman au profit d’une narration plus linéaire. Le récit devient alors un véritable page-turner ponctué de courts chapitres, sans que l’originalité du propos soit sacrifiée. Karoo, le « réceptif » relié à la xénosphère est désormais fondu dans la masse des personnages, les deux alien Alyssa et Anthony, l’androïde Lora, les deux superwomen du S45 Aminat et Femi sans compter l’agent Eric. On en apprend un peu plus sur Armoise l’artefact et sa planète d’origine. Seul l’écrivain Walter fait figure de mouton à cinq pattes et de porte-drapeau narratif. Jacques Jack émerge du lot, en leader pragmatique et intelligent.


Quitte à être occupé, autant choisir son occupant. La stratégie désespérée du maire - en attendant le dernier volume -, renvoie subtilement à « The women men don't see » de Tiptree et à un pan douloureux de l’histoire de l’Afrique. Là-bas la colonisation n’y fut pas affaire romanesque. Vivement la suite !

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