Alastair Reynolds - Mémoire
de métal - Bragelonne
Dans un lointain futur, un conflit mettant aux
prises une centaine de mondes prend fin. Faisant fi du cessez-le-feu, un
criminel de guerre capture la soldate Scur et entreprend de lui infliger une
mort lente. Sombrant dans l’inconscience après avoir tenté d’extraire la balle
qui progresse vers son cœur, Scur se réveille dans un cocon d’hibernation au
sein d’un vaisseau en perdition. Ancien bâtiment de croisière militarisé,
Le
Caprice abrite des soldats et une foule de prisonniers qui émergent du
sommeil après un saut dans l’hyper espace. L’héroïne parvient à contacter Prad,
un membre d’équipage. Il tente péniblement de restaurer les systèmes de l’engin
spatial. Mais ce n’est pas le pire. Toutes les communications sont coupées et le
navire orbite autour d’une planète inconnue. Enfin surprise du chef, Orvin, l’ennemi
détesté, fait partie des rescapés.
Alastair Reynolds, astrophysicien et écrivain
de space-opera, semble prendre, tout au moins en France, le chemin des
personnages de son dernier opus, l’oubli, si l’on en juge au peu d’empressement
témoigné par Pocket pour rééditer
Le cycle des Inhibiteurs. La frénésie
éditoriale actuelle autour de
Dune n’excuse pas tout.
Court roman récompensé par un prix Locus en
2016,
Mémoire de métal évoque une kirielle d’histoires de vaisseaux et
de soldats perdus, un concept fascinant dont un des derniers rejetons
Destination ténèbres de Frank M. Robinson, avait bénéficié d’un accueil critique
favorable. Le work building ne brille guère par son originalité. Le texte
aurait pu être rédigé vingt ou trente ans auparavant. Rançon d’un roman de
moins de deux cent pages, certaines questions sont éludées. Où est passé le
reste de l’équipage ? Par ailleurs l'évocation de l'irruption apocalyptique de la "Pestilence" appelle à de plus amples développements. Le récit charpenté sur le credo des
Marines (Improviser,
s'adapter et surmonter) n’oublie pas cependant l’essentiel, la lutte contre l’entropie
mémorielle, qui fait le sel de ce type de narration. Lutte contre l’amnésie
individuelle, grâce aux plaques d’identification (les balles) insérées dans l’organisme
des militaires, lutte contre la dégradation des systèmes informatiques du
vaisseau …
Alors oui le texte détonne au milieu des
trilogies qui font aujourd’hui la loi du genre, mais ce roman de gare, comme on
disait à l’époque, cette histoire de soldat perdu, ne manque pas de charme.
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