jeudi 14 octobre 2021

Mémoire de métal

 

Alastair Reynolds - Mémoire de métal - Bragelonne

 

                                                                                                       

 

 

Dans un lointain futur, un conflit mettant aux prises une centaine de mondes prend fin. Faisant fi du cessez-le-feu, un criminel de guerre capture la soldate Scur et entreprend de lui infliger une mort lente. Sombrant dans l’inconscience après avoir tenté d’extraire la balle qui progresse vers son cœur, Scur se réveille dans un cocon d’hibernation au sein d’un vaisseau en perdition. Ancien bâtiment de croisière militarisé, Le Caprice abrite des soldats et une foule de prisonniers qui émergent du sommeil après un saut dans l’hyper espace. L’héroïne parvient à contacter Prad, un membre d’équipage. Il tente péniblement de restaurer les systèmes de l’engin spatial. Mais ce n’est pas le pire. Toutes les communications sont coupées et le navire orbite autour d’une planète inconnue. Enfin surprise du chef, Orvin, l’ennemi détesté, fait partie des rescapés.

 

Alastair Reynolds, astrophysicien et écrivain de space-opera, semble prendre, tout au moins en France, le chemin des personnages de son dernier opus, l’oubli, si l’on en juge au peu d’empressement témoigné par Pocket pour rééditer Le cycle des Inhibiteurs. La frénésie éditoriale actuelle autour de Dune n’excuse pas tout.

  

Court roman récompensé par un prix Locus en 2016, Mémoire de métal évoque une kirielle d’histoires de vaisseaux et de soldats perdus, un concept fascinant dont un des derniers rejetons Destination ténèbres de Frank M. Robinson, avait bénéficié d’un accueil critique favorable. Le work building ne brille guère par son originalité. Le texte aurait pu être rédigé vingt ou trente ans auparavant. Rançon d’un roman de moins de deux cent pages, certaines questions sont éludées. Où est passé le reste de l’équipage ? Par ailleurs l'évocation de l'irruption apocalyptique de la "Pestilence" appelle à de plus amples développements. Le récit charpenté sur le credo des Marines (Improviser, s'adapter et surmonter) n’oublie pas cependant l’essentiel, la lutte contre l’entropie mémorielle, qui fait le sel de ce type de narration. Lutte contre l’amnésie individuelle, grâce aux plaques d’identification (les balles) insérées dans l’organisme des militaires, lutte contre la dégradation des systèmes informatiques du vaisseau …

  

Alors oui le texte détonne au milieu des trilogies qui font aujourd’hui la loi du genre, mais ce roman de gare, comme on disait à l’époque, cette histoire de soldat perdu, ne manque pas de charme.

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