samedi 12 janvier 2019

Les Cités englouties


Paolo Bacigalupi - Les Cités englouties - J’ai Lu







Dans un futur assez crédible au vu des derniers délires trumpistes, l’Amérique est devenue un champ de ruines. Les dérèglements climatiques, la fureur des armes ont transformé cette puissante nation en une terre désolée aux cités fantomatiques partiellement submergées par les fleuves et la jungle. Des seigneurs de guerre n’hésitant pas à recourir aux enfants-soldats se disputent les territoires. La Chine qui s’est préparée et a survécu aux bouleversements météorologiques a dépêché en pure perte des casques jaunes et construit des installations pour lutter contre la montée des eaux. Mais la barbarie des natifs a pris le dessus contraignant les troupes asiatiques à abandonner tout effort humanitaire et à quitter les lieux.


Immergés dans cet univers en décomposition, au cœur de la ville de Banyan Tree, deux adolescents tentent de survivre. Mahlia assiste comme elle peut le docteur Mahfouz. Fille d’un casque jaune et d’une mère native des Cités englouties elle a perdu sa main droite tranchée par des soldats de l’armée de Dieu, une des bandes armées qui sévissent dans la région. Elle n’a dû la vie sauve qu’à Mouse une espèce de Gavroche. Un lien fraternel les unit désormais. Le destin va pourtant séparer les deux enfants. Mouse est capturé et enrôlé dans une troupe de garçons-soldats. Mahlia obsédée comme le Nailer Lopez des Ferrailleurs des mers par l’idée de tenter sa chance au-delà des mers, part néanmoins à sa recherche. Elle a à vrai dire un allié de poids : une machine de guerre nommée Tool.


La narration va s’orienter naturellement dans deux directions. D’une part l’histoire de l’incorporation de Mouse renommé Ghost dans la horde du FUP. Une intégration en forme d’avilissement moral dont les rites d’initiation incluent des exactions contre les civils. D’autre part la quête de Mahlia transformée en récit d’apprentissage. La mi-bête et l’adolescente vont progressivement faire preuve de compréhension mutuelle. La belle dompte ou plutôt apprivoise la bête dont la face prédatrice dissimule une intelligence des hommes sans concession.


Incontestablement Les Cités englouties surpasse Les Ferrailleurs des mers. Intrigue plus resserrée, composante dramatique, dénonciation de la folie guerrière inculquée aux enfants-soldats avec cette interrogation en toile de fond : quel monde allons-nous laisser derrière nous ?

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