Paolo Bacigalupi - Les Cités englouties - J’ai Lu
Dans un futur
assez crédible au vu des derniers délires trumpistes, l’Amérique est devenue un
champ de ruines. Les dérèglements climatiques, la fureur des armes ont transformé
cette puissante nation en une terre désolée aux cités fantomatiques partiellement
submergées par les fleuves et la jungle. Des seigneurs de guerre n’hésitant pas
à recourir aux enfants-soldats se disputent les territoires. La Chine qui s’est
préparée et a survécu aux bouleversements météorologiques a dépêché en pure
perte des casques jaunes et construit des installations pour lutter contre la
montée des eaux. Mais la barbarie des natifs a pris le dessus contraignant les
troupes asiatiques à abandonner tout effort humanitaire et à quitter les lieux.
Immergés dans
cet univers en décomposition, au cœur de la ville de Banyan Tree, deux adolescents
tentent de survivre. Mahlia assiste comme elle peut le docteur Mahfouz. Fille d’un
casque jaune et d’une mère native des Cités englouties elle a perdu sa main
droite tranchée par des soldats de l’armée de Dieu, une des bandes armées qui
sévissent dans la région. Elle n’a dû la vie sauve qu’à Mouse une espèce de
Gavroche. Un lien fraternel les unit désormais. Le destin va pourtant séparer
les deux enfants. Mouse est capturé et enrôlé dans une troupe de
garçons-soldats. Mahlia obsédée comme le Nailer Lopez des Ferrailleurs des mers par l’idée de tenter sa chance au-delà des mers, part néanmoins
à sa recherche. Elle a à vrai dire un allié de poids : une machine de
guerre nommée Tool.
La narration va
s’orienter naturellement dans deux directions. D’une part l’histoire de l’incorporation
de Mouse renommé Ghost dans la horde du FUP. Une intégration en forme d’avilissement
moral dont les rites d’initiation incluent des exactions contre les civils. D’autre
part la quête de Mahlia transformée en récit d’apprentissage. La mi-bête et l’adolescente
vont progressivement faire preuve de compréhension mutuelle. La belle dompte
ou plutôt apprivoise la bête dont la face prédatrice dissimule une intelligence
des hommes sans concession.
Incontestablement
Les Cités englouties surpasse Les Ferrailleurs des mers. Intrigue plus resserrée,
composante dramatique, dénonciation de la folie guerrière inculquée aux
enfants-soldats avec cette interrogation en toile de fond : quel monde allons-nous
laisser derrière nous ?
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