Shigeru
Mizuki - Vie de Mizuki - 1. L’enfant - Cornélius
« …la muse moderne verra les choses
d’un coup d’œil plus haut et plus large. Elle sentira que tout dans la création
n’est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme
près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal avec le bien,
l’ombre avec la lumière »
Victor Hugo - Préface de Cromwell
Victor Hugo - Préface de Cromwell
S’écartant
des quelques récits d’imagination que j’ai pu glaner dans la florissante
production de mangas japonais, La vie de Mizuki est une œuvre
autobiographique de Shigeru Mura alias Mizuki (1922-2016). Ajoutons l’œuvre d’une
vie puisque sa très longue gestation donna naissance à des productions
intermédiaires comme Opération mort (1972) ou NonNonbâ (1992)
dans lesquelles l’auteur se dissimulait sous des personnages d’emprunt. Au soir
de son existence vint enfin, pour paraphraser Robert Silverberg, le temps des
changements, le temps de tomber les masques et de livrer la vie extraordinaire
d’un japonais sous l’ère Showa autrement dit sous le règne de l’empereur Hirohito
et même un peu au-delà. Mêlant petite et grande Histoire, grotesque et émotion La
vie de Mizuki atteint le statut d’œuvre universelle.
Le petit
Shigeru nait en 1922 à Osaka, deuxième garçon d’une fratrie de trois. Son père,
de qui il tient une certaine insouciance et peut-être sa sensibilité
artistique, ouvre une salle de cinéma après avoir été renvoyé de sa banque.
Malheureusement le vol du projecteur le réduit au chômage. La mère du mangaka
est issue d’une famille autrefois prospère mais aujourd’hui ruinée. Le grand-père
Tatsuki, doué du sens des affaires s’en tire mieux. Il monte une imprimerie à
Java en Indonésie après avoir fermé son entreprise de taxis à Osaka. Pendant
que le spectre de la Grande Dépression déferle sur l’archipel et pousse les
japonais au suicide, le jeune Shigeru partage son quotidien entre bagarres et
gloutonnerie. NonNonbâ, l’employée de la maison, très superstitieuse, l’initie
aux légendes et aux yôkai, contribuant également à l’éclosion de son talent
artistique. Mais vient bientôt le temps de l’école et des premiers déboires.
Planche 1 |
P :S du 10/02/2023 L'hétérogénéité des dessins s'explique certainement par le travail d'un assistant, une pratique courante chez les mangakas pour respecter le délai de publication dans les magazines.
(1) Full Metal Jacket - Stanley Kubrick
(2) Alexandre le Bienheureux - Yves Robert
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