vendredi 29 juin 2018

Le fini des mers



Gardner Dozois - Le fini des mers - Le Bélial’








Un matin de Novembre, quatre vaisseaux extraterrestres atterrissent sur le continent nord et sud-américain. Selon un protocole bien établi dans la littérature de science-fiction depuis H.G Wells, les envahisseurs prennent leur temps pour débarquer, laissant les autorités terrestres encercler, menacer, balancer une bombe atomique, tenter de communiquer ou de percer la coque des navires. Agacés par toute cette agitation, ils finissent tout de même par gommer une partie du Venezuela histoire de montrer qu’on n’est pas là pour rigoler. Lesdites bestioles daignent enfin se montrer, mais o surprise s’adressent exclusivement aux IA conçues par les humains, et aux Autres, une espèce extraterrestre mais autochtone celle-là vivant depuis la nuit des temps chez nous sur un autre plan d’existence.


Aux premières loges, un petit garçon sans doute mutant, voit le monde partir à vau l’eau. Le sien est déjà un enfer. Adepte de l’école buissonnière et abonné à la maltraitance paternelle, Tommy Nolan, bien loin du deaf, dumb and blind boy chanté par Les Who trouve une échappatoire en conversant avec les Autres ou des Jibelins.


Le fini des mers, novella du regretté Gardner Dozois, sent bon son 1973, avec ses réminiscences de guerre froide et ses IA rebelles. La création du personnage de Tommy Nolan apporte néanmoins un peu de fraicheur. L’auteur restitue à merveille la perception de l’univers adulte par les yeux d’un enfant, son quotidien, ses jeux, la lente destruction d’un foyer familial et la montée de l'horreur.


Le texte oscille curieusement entre La guerre des mondes et Les 400 coups de Truffaut. Mais à la différence du film du cinéaste français il n’y a pas de mer libératrice pour Tommy. Le fini des mers, qui aurait pu s'appeler Quand la Terre s'arrêta ou Le silence de la mer, titre d’un roman de Vercors, raconte l’innocence réduite au silence, la mort du monde vue par un enfant. Débutant lourdement ce conte cruel s’achève dans l’émotion.


Aucun commentaire: