lundi 27 février 2023

Ce que nous avons perdu dans le feu


Mariana Enriquez - Ce que nous avons perdu dans le feu - Points

 

 

 

Notre part de nuit, un roman plusieurs fois primé, a révélé l’existence d’une talentueuse autrice argentine, Mariana Enriquez, née à Buenos Aires en 1973. Cette histoire d’horreur gothique, portée par un souffle puissant et qui n’oubliait pas les noirceurs passées de ce pays sud-américain, fut précédée par deux recueils de nouvelles, dont voici le plus récent.

 

Les douze récits de Ce que nous avons perdu dans le feu naviguent entre le réalisme magique de Marquez et le fantastique de ses compatriotes Borges ou Bioy Casares. Dans une de ses interviews l’autrice explique que le réalisme doit être transcendé par un ingrédient narratif qui en révèle la signification. « L’enfant sale », texte inaugural du recueil est à cet égard représentatif de son travail. La narration a pour cadre un quartier défavorisé de la capitale argentine. Se déplacer dans les rues obéit à un protocole strict codifié par les bandes qui tiennent le haut du pavé. L’héroïne, contre l’avis de ses proches, y a élu domicile, dans une maison familiale vestige des résidences aristocratiques du XIXe siècle. Une mère de famille enceinte et un jeune enfant se sont installés sur quelques matelas en face de la demeure. La jeune femme se prend d’affection pour le garçon, suscitant la réprobation de la mère. Quelques temps plus tard les deux disparaissent et on apprend entretemps que des rites sacrificatoires de magie noire se déroulent à quelques encablures.

  

Enfants et adolescents sont des personnages récurrents de la cinématographie ou de la littérature d’horreur, à la fois victimes et instigateurs, étrangers en tout cas comme le révélaient dans les années 50 des œuvres célèbres de Sturgeon ou Wyndham. Mais le souvenir des bébés volés par Videla et ses successeurs donne à ce thème une ampleur dramatique sous le voile du genre. Il parcourt d’autres nouvelles comme « L’hôtel » et « Les années intoxiquées » qui met en scène trois adolescentes en roue libre dégringolant les marches successives de la misère sociale, de la drogue et du sang, le tout raconté dans une langue très crue. Le fantastique constitue le point d’orgue de récits de couples à la dérive, le superbe « Pablito clavo un clavito » et sa fin ouverte, « Toile d’araignée », le classique « Le patio du voisin ». Le fabuleux et lovecraftien « Sous l’eau noire » plonge le lecteur dans l’odeur fétide du Riachuelo, célèbre bidonville longeant un bras pourri de déchets du Rio de la Plata. Une procureure enquête sur un enfant noyé, objet d'un culte du Revenant " Le mort attend en rêvant ". Sur les murs la secte a gravé des successions de lettres à priori incompréhensibles dans lesquelles le lecteur averti reconnaitra l’anagramme de Yog-Sothoth. Le livre se termine par le choc final de « Ce que nous avons perdu dans le feu » :  lassées des violences masculines, des femmes s’immolent dans des buchers, ravivant le souvenir des sorcières brulées vives.

  

Le fantastique ou l’horreur de ces textes prend appui sur une réalité sociale sans complaisance. Derrière la couleur locale des parrilla et des Chayas, Mariana Enriquez, qui est également journaliste, dresse le tableau d’un peuple de déclassés, hanté par un passé national douloureux. Le savoir-faire de cette écrivaine aussi bien dans le format long que le format court la place en tête de liste des auteurs et autrices à suivre.



1 - L'Enfant sale (El chico sucio), pages 9 à 39, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
2 - L'Hôtel (La Hostería), pages 41 à 56, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
3 - Les Années intoxiquées (Los años intoxicados), pages 57 à 74, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
4 - La Maison d'Adela (La casa de Adela), pages 75 à 93, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
5 - "Pablito Clavó un clavito" : une évocation du Petiso Orejudo (Pablito clavó un clavito: una evocación del Petiso Orejudo), pages 95 à 109, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
6 - Toile d'araignée (Tela de araña), pages 111 à 139, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
7 - Fin des classes (Fin de curso), pages 141 à 149, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
8 - Pas de chair sur nous (Nada de carne sobre nosotras), pages 151 à 158, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
9 - Le Patio du voisin (El patio del vecino), pages 159 à 186, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
10 - Sous l'eau noire (Bajo el agua negra), pages 187 à 210, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
11 - Vert rouge orangé (Verde rojo anaranjado), pages 211 à 222, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET
12 - Ce que nous avons perdu dans le feu (Las cosas que perdimos en el fuego), pages 223 à 238, nouvelle, trad. Anne PLANTAGENET


Table des matières établie par le site nooSFere


33 commentaires:

John Warsen a dit…

J'ai calé au milieu de "Notre part de nuit" que la critique littéraire du monde m'avait survendu. Il y avait des passages étonnants, et d'autres interminables. Je vais essayer ça, merci !

Soleil vert a dit…

Merci.
Petite correction 16:11

Christiane a dit…

Ce qui m'a étonnée dans la première nouvelle, L'enfant sale, c'est la présence ambigüe de la narratrice. Elle ne fait pas partie de ce peuple de pauvres, de trans, de prostitués, de junkies, d'ivrognes, de dealers, d'immigrés .
Pourtant elle s'est fait une amie, Lala, sa pote, coiffeuse, né homme, décidée à être femme. Lala a beaucoup de bon sens pour lui conseiller le silence.
La narratrice vit dans une maison confortable, celle de sa famille du temps où le quartier de Constitution n'était pas aussi dégradé.. Les habitants vivent souvent à la rue ou s'entassent dans des logements insalubres et exigus. C'est une population mouvante, effrayée.
Par un élan de tendresse elle va vouloir se faire protectrice de "l'enfant sale", un soir où il est perdu, affamé. La mère, junkie, enceinte, marque son territoire, la rejette violemment et n'est pas tendre avec, le gosse, Après le repas et la glace qu'elle lui a offerts il semble indifférent.
Un matin, la mère et l'enfant ne sont plus là...
Dans ce quartier mal famé elle est l'étrangère, risque gros en s'entêtant à vivre là, a déjà subi quelques agressions quand elle rentre le soir.
Mystère. Pourquoi a-t-elle choisi de vivre là au bord de ce quartier terrible où on tue des enfants , les torture, les décapite (satanisme ?) où on viole des femmes ? Elle voit, (écrit?), est impuissante à changer quoi que ce soit à cet enfer. Elle est graphiste, en ville, pourrait habiter ailleurs...
La langue d'écriture est âpre, cinglante. Le lecteur sait qu'il est dans le réel par cette nouvelle, dans le quartier le plus dangereux de Buenos Aires .
Un choix de livre qui ne me laisse pas indifférente.

Christiane a dit…

le quartier de Constitucion

Greg a dit…

Certaines nouvelles comme Toile d’araignée, ça aurait pu inspirer un David Lynch.

Christiane a dit…

Voilà, ça commence toujours comme ça. On se rend compte que quelque chose se cachait, là , en-dessous des mots. C'est tout à la fin de L'enfant sale et ça explique tout de cette nécessité pour elle d'écrire. Quand elle refait le déroulement de ces heures proches avec des si. Comme si elle voulait modifier le destin de l'enfant. Comme si elle aurait pu. Et là on voit qu'on est dans le réel pas dans la fiction.
Dans la fiction elle aurait pu remonter le temps peut-être le modifier.
Dans le réel on est comme ça, démuni. Avec nos passifs, nos regrets, notre imagination où on refait à l'infini les mauvaises fins, surtout quand il y a la mort. On se souvient de tout ce qu'on n'a pas dit, pas fait. Qu'on aurait pu dire, pu faire où ne pas faire. Et ça pèse comme les choses vaines qu'on ne peut plus changer.
Merci, Soleil vert, pour ce livre à l'arraché.

Christiane a dit…

ou

Soleil vert a dit…

Anonyme Greg a dit...
Certaines nouvelles comme Toile d’araignée, ça aurait pu inspirer un David Lynch.

Bien vu. Ma culture cinématographique est très pauvre.

Christiane a dit…

"Le monde entier est cruel à l’intérieur et cinglé en surface.”
David Lynch / Sailor et Lula

Christiane a dit…

Greg27 février 2023 à 21:02 écrit :
"Certaines nouvelles comme Toile d’araignée, ça aurait pu inspirer un David Lynch."


Tout à fait. Je viens de la lire. Le réel se mêle au fantastique habilement. On glisse d'un univers très réaliste ( couple mal assorti - panne de voiture - fille presque agressée par les militaires -paysages poussiéreux - insectes pullulant...) mais cousine étrange, fleurtant avec des mystères inexpliqués.
Pour basculer dans une disparition programmée.. par un désir inconscient.
La toile d'araignée, ce tissu si fin, le nanduti, presque impalpable est cette glu du rêve qui va s'emparer d'une réalité insatisfaisante, y trouver sa proie, la dévorer pendant que les deux femmes reprendront la route alourdies d'une poisse un peu démoniaque.
Oui, un beau David Lynch aussi mystérieux que Mulhoand road d'où l'on ressort perdus.

Christiane a dit…

"Mulholland Drive"...
Mulholland Drive ce film noir réalisé par David Lynch . Où justement on suit, égarés, l'histoire de deux femmes mysterieuses, l'une qui rêve de devenir actrice, et l'autre, amnésique , échappée d’un accident ou d'un meurtre. Une histoire où peu à peu les éléments se connectent comme dans cette nouvelle sombre de Mariana Enriquez.

Dans "La toile d'araignée",
même écriture violente et sinueuse qui explore les pensées secrètes de la narratrice comme dans "L'enfant sale". On reconnaît son langage cru, réaliste, qui va droit au but., cette sorte d'englument dans lequel elle vit. Cette même ville de Constitucion... Cette présence effrayante de la junte militaire prompte à tuer, torturer, emprisonner.
Livre magnifique. Hâte de découvrir les autres nouvelles.

Christiane a dit…

Pour Mariana Enriquez, dans ce livre, à travers ces nouvelles, se dessinent un thème, une mélodie proche de la voix des morts, les rites, les mythes, des premonitions, des bruits dossements. Son écriture s'insinue dans nos pensées comme de l'eau, du sable... Dans ces nouvelles angoissantes et délicieuses on se laisse glisser comme dans un tourbillon. Gravitation irrésistible mais le mystère n'est pas dans les étoiles, il est dans des lieux de solitude où l'horreur non précisée se tapit. On est frôlé par d'étranges présences. Tout vient imperceptiblement pour nous emprisonner dans un songe. On tressaille, en alerte. Terre inconnue. Et ces contes de la vie réelle nous entraînent vers un vide d'écriture. Les lecteurs sont induits à donner une explication, une fin aux histoires inachevées .
Ah, je trouve cela vraiment pertinent d'évoquer David Lynch.
Lecture captivante.

Christiane a dit…

Léon Daudet, dans cet essai que j'évoquais il y a peu "L'Hérédo" (p.7), écrit ces lignes à propos des souvenirs qui me paraissent éclairer l'écriture de Mariana Enriquez :
"Outre les souvenirs complets, il y a la poussière de souvenirs, paysages, paroles, atmosphères même,qui courent, s'enchevêtrent, sinterferent et nous donne l'illusion d'une foule intérieure, d'un piétinement d'ombres dans la lumière."

Anonyme a dit…

La nouvelle qui m’a vraiment interpellé est celle de Pablito clavo un clavillo.
Je suis allé voir sur Wikipedia qui était ce Petiso Orejudo,c’est plutôt glaçant, donc un personnage qui a vraiment existé.
J’en ai déduit que El Petiso,qui revient roder comme un fantôme dans l’esprit de Pablo,incarne ses désirs inconscients.
Ce Petiso est en fait un assassin d’enfants et d’animaux,
On voit qu’il est là pour exprimer le désir inconscient de Pablo.
Chez cette auteure,remarquable,la fiction est portée à un niveau métaphorique. L’horreur peut se trouver aussi dans les foyers,pas qu’au niveau du pays.
Je me suis demandé si l’auteure ne faisait pas un parallèle entre le père et un dictateur, tous les deux apparaîtraient comme menaçants.
Le pays étant un peu comme un enfant, exposé aux horreurs de la dictature.

Vraiment passionnant et merci à Soleil Vert et pour les commentaires toujours enrichissants .

Biancarelli

Christiane a dit…

Bonjour, Biancarelli. Ce sera la prochaine que je lirai. J'aime beaucoup le cheminement de votre pensée.

Soleil vert a dit…

"Ce Petiso est en fait un assassin d’enfants et d’animaux,
On voit qu’il est là pour exprimer le désir inconscient de Pablo."

C'est tout à fait cela

Anonyme a dit…

Christiane, vous m’épatez en exhumant l’Heredo! S’il y a un essai daté, c’est bien celui-là ! Mais vous arrivez à lui faire dire de belles choses. Oui Le Monde a une tendance à survendre certains romans par des boniments de foire. Je ne me fie guère Qu à François Langelier dans l’équipe.C’est un esprit curieux , au bon sens du terme, et le moins hostile à la SF! Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Biancarelli, vous écrivez : "L’horreur peut se trouver aussi dans les foyers,pas qu’au niveau du pays.
Je me suis demandé si l’auteure ne faisait pas un parallèle entre le père et un dictateur, tous les deux apparaîtraient comme menaçants.
Le pays étant un peu comme un enfant, exposé aux horreurs de la dictature."
Vous avez mis le doigt sur l'essentiel. Mariana Enriquez a passé sa jeunesse dans ce temps de l'après-dictature . Cette Argentine où on continue à chercher des enfants disparus. Dans ce pays où se côtoient des enfants d'assassins et des enfants d'assassinés. Dans ce pays où tant d'enfants ont été et dont encore vulnérables, vivant dans la rue, se prostituant, mendiant....Cela l'a conduite à cette veine horrifique où elle ne peut enchanter la réalité.. Cette nouvelle raconte aussi des charniers cachés, de la maladie mentale, de la folie. Elle prend la succession de cette grand-mère qui lui racontait des histoires à dormir debout pleines de fantômes de diables et de morts. Elle lit aussi beaucoup Les fait-divers.
Ces touristes avides d'horreur dans le car n'ont-ils pas choisi des circuits étranges : l'évocation de grands criminels ? Les trajets quotidiens de ce personnages ne sont pas anodins !
Cet assassin qui devient don spectre le transforme d'une certaine façon en Monsieur Hyde et le Docteur Jekyll. Un dédoublement de personnalité. Un combat du soi et du moi... Il ne peut de délivrer de cette hantise et s'endort... Un clou dans la main... tiraillé entre deux personnages différents qui se superposent.. hallucination.

Christiane a dit…

"L'Hérédo", oui. Léon Daudet a dans cet essai de belles intuitions noyées dans un fatras de pistes qui ont bien vieilli. Mais il parle bien de Baudelaire, Nerval, Dostoïevski, Tolstoï... Tous ces écrivains qui pour lui étaient en lutte contre un moi intérieur très envahissant.
Il faut bien que je ressorte mes bouquins pour habiter la bibliothèque toujours surprenante de Soleil vert. Et là le diable est à ses aises, les fantômes aussi et les petits morts.
Des nouvelles sauvages pleines de sorts jetés, de légendes, écrites avec des phrases qui claquent au milieu de passages émouvants où sa plume se risque à la tendresse ou à la tristesse.
Et cette nouvelle choisie par Biancarelli "Pablito Clavo un clavito" qui se construit sur ce jeu de langue : "Le petit Pablo a cloué un clou." Dans l'ombre de Cayetano Santos Godino, surnommé "El Petiso Orejudo", ce tueur en série argentin condamné pour le meurtre de nombreux enfants.
Biancarelli donne deux significations passionnantes.
Chouette de blog !

Christiane a dit…

dont=sont

Anonyme a dit…

Les enfants d’assassins , les enfants d’assassines, et me semble-t-il des enfants adoptés dans des circonstances louches, ou je confonds? MC

Christiane a dit…

Vous ne confondez pas. Ils étaient donnés, après l'emprisonnement ou le massacre de leurs parents à des familles favorables au regime pour adoption. Après ,1983, chute de la junte, des recherches ont été menees. Certains ont été retrouvés.... Quel enfer...

Christiane a dit…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_militaire_en_Argentine_(1976-1983)

Christiane a dit…

Les immolations évoquées dans la dernière nouvelle nous immergent dans l'horreur. On est témoin, lisant cette nouvelle, de tous les degrés de l'horreur , de la souffrance, de la peur et de la survie dans un état atroce de ces femmes.
La vague d'immolations volontaires qui a suivi ces crimes semble une réponse pour certaines femmes aux feminicides nombreux en Argentine dont certains par des femmes brûlées vives par leurs maris. Torches vivantes souffrant dans les hôpitaux d'où elles ressortent défigurées.
Quelle horreur... dont s'est saisie Mariana Enriquez comme épilogue d'un recueil de nouvelles déprimantes. C'est vraiment très difficile à lire. Je ne peux plus me pencher sur l'écriture, le style. Ce pays a souffert de tant de blessures, tant de crimes et son présent paraît être modelé par une certaine survivance de la cruauté, du crime.
Femmes et enfants sont les premières victimes.
Je crois que je vais m'arrêter là. Trop de souffrances évoquées qui ne sont pas imaginaires.

Biancarelli a dit…

Oui c’est quand même très éprouvant à lire,et on voit que le passé n’en finit pas de passer en Argentine.
Cette histoire de Pablo clavo un clavito m’a hanté un moment.
El Petiso orejudo,ce serial killer qui n’avait que 16 ans,tuant des enfants et brûlant des chats .Bien sûr, on peut essayer de comprendre,sur fond de misère ,d’alcool et d’immigration, de violences subies par le père que ce garçon en soit arrivé là. Mais
comprendre reste la mission la plus difficile.
Merci à vous

Christiane a dit…

Oui, Biancarelli, lecture très éprouvante.
Les nouvelles "indésirables" de J.M.G. Le Clézio "Avers" sont au plus près aussi de ceux qui sont broyés par la vie (migrants, gamins des rues, ...) Poignantes et douces.

Christiane a dit…

Ça va mieux, Biancarelli. J'ai relu la première nouvelle du livre de Le Clezio. C'est l'histoire de Maureez qui vit dans la baie malgache. Une enfant créole qui, à la mort de son père , pêcheur mort en mer, a souffert entre une marâtre qui la battait et son amant un homme frustre et alcoolique qui voulait la violer.
Après c'est tout ce qu'elle a vécu pour survivre jusqu'à la rencontre d'une femme apicultrice qui lui révélera la bonté, les abeilles et qui entendra son don pour le chant. Le conte est écrit avec parfois des dialogues du créole. C'est dur, doux, beau, triste. Mais ça réconcilie avec la vie après toutes les morts terribles du recueil de Mariana Enriquez.

Christiane a dit…

"Cette fille a existé, Le Clézio l’a rencontrée lors d’une visite à Rodrigues où il a passé une partie de son enfance. Souvenir : «Elle avait une voix merveilleuse et chantait des negro spirituals. En particulier un chant sublime créé par Harriet Tubman qui a guidé les enfants fugitifs à l’époque de l’esclavage aux États-Unis. Ce chant leur disait : « Ne marchez pas sur le sentier, marchez dans l’eau parce que les chiens nous suivent. Et si on marche dans l’eau, les chiens ne nous trouveront pas ." ( Le Quotidien)

Anonyme a dit…

Je suis très admiratif de cette « Poétique de Madame de Sevigne « qui explique sans cuistrerie ni jargon les mystères de son style et la langue qu’elle a creee. Tout est dit simplement, ce qui n’exclut ni l’érudition ni la profondeur. Un travail digne de ceux de Roger Duchebe, que j’ai eu la chance de connaître à l’époque du CMR 17….On me pardonnera cete digression. L’argument « j’ai connu mon personnage » est aussi vieux que le roman lui-même, avec l’expédient symétrique du manuscrit trouve dans un tombeau. Il se peut que ce ne soit qu’un effet destiné à renforcer la crédibilité….Bien a vous. MC

Christiane a dit…

L'article en entier :

https://lequotidien.lu/culture/litterature-avers-j-m-g-le-clezio-rend-visible-les-invisibles/

Christiane a dit…

https://www.puf.com/content/Po%C3%A9tique_de_Madame_de_S%C3%A9vign%C3%A9

Anonyme a dit…

Euh .oui! Ce n’était qu’une remarque en passant. MC

Christiane a dit…

Mais je vous lis avec attention, M.C.
J'ai relu l'article suite à votre commentaire. Je trouvais utile de me replonger dans les huit nouvelles de Le Clézio, après mon émoi ressenti dans celles éprouvantes de M.Enriquez.
Les deux livres évoquent des êtres qui souffrent mais la vie gagne sur la mort dans celles de Le Clézio. Il n'est pas anodin de savoir que des êtres rencontrés ont pour les deux écrivains impulsé une écriture même si ce faisant la fiction glisse dans l'écriture. J'arrive mieux à lire les témoignages -fictions de Le Clézio que les nouvelles plongeant dans une horreur sans issue de secours de M.Enriquez.
Pour ce livre sur la poétique de Madame de Sévigné, cette recherche m'a permis de mieux cerner l'essai . PUF édite de bons livres.
Cette correspondance est fascinante. Je suis allée à Grignan. Je l'ai imaginée, songeuse, écrivant à sa fille, à ses amis. Revisitant l'actualité, posant des questions. Une grande femme de lettres !
Votre CMR 17, ne serait-ce pas un groupe de recherche ciblant la littérature du XVIIe siècle ?