Francis
Berthelot - Auto-Uchronia ou Fugue en ZUT mineur - Dystopia Workshop
« Né en 1946, réprimé par une société homophobe, piégé dans des
études scientifiques, polytechnicien, docteur en biochimie, Francis Berthelot
n'a eu de cesse de briser ce multiple carcan. A soixante-quinze ans, il décide
d'appliquer à sa jeunesse le principe de l'uchronie : changer un événement du
passé pour écrire une Histoire différente. Au lieu de refuser l'offre que lui fît un inconnu en avril 1965, il imagine ce qu'aurait été sa vie s'il
l'avait acceptée. D'où cette Auto-Uchronia en deux parties : la première allant de ta
naissance à la veille du jour fatal, récit authentique semé de vrais fantasmes
; la deuxième allant du printemps à l'automne 1965, pur mensonge taquinant parfois la réalité. »
Francis Berthelot, une des plus belles plumes de la science-fiction
française, revient à l’écriture après plusieurs années d’absence. Avec Auto-Uchronia,
l’auteur du Rivage des intouchables, du cycle du Rêve du Démiurge,
de la Bibliothèque de l’Entre-Mondes se livre à un exercice original tenant
à la fois de l’autobiographie et de l’uchronie, rebattant les cartes du réel et
de la fiction dans une confession d’un enfant de l’après-guerre aux prises avec
une société coercitive.
Fils d’un physicien renommé bien décidé à le propulser sur les rails d’un
parcours universitaire déjà balisé, le garçon découvre les douceurs de
l’enfance, les premiers émois sexuels, les péripéties d’une scolarité
exemplaire jusqu’au crash d’une « taupe ». Mais chemin faisant il
affronte aussi l’interdit vichyssois de l’homosexualité, le monolithisme d’une Education
Nationale arcboutée sur le bourrage de crâne et non sur l’épanouissement personnel.
Une rencontre alors lui ouvre les portes d’une autre existence et enfin celles de la littérature.
Ecrit d’une plume alerte, élégante, sans amertume, Auto-Uchronia ne dresse
pas le portrait à charge d’un monde révolu, qui sous les dorures d’une
croissance économique jamais retrouvée rangeait néanmoins sous le tapis les
trublions. L' odyssée individuelle du narrateur nous le rend d’autant plus attachant et s’inscrit
dans la lignée des Mots de Sartre ou de Si le grain ne meurt de Gide.
130 commentaires:
Fils de Marcellin B? Est-ce que je me trompe, ou est-ce que Carnac, déjà, ne filait pas un semblable coton? MC
Fils d'André Berthelot, physicien au CEA
https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Berthelot
Oui pardon! Marcelin s’est intéressé aux alchimistes. Bien à vous. MC
Ah chic, voilà votre billet. J'ai commandé ce livre. Il devrait arriver en fin de semaine. J'ai faim d'une nouvelle aventure de lecture où l'esprit critique se laisse dépasser par l'aventure d'un personnage. "Changer un évènement du passé pour écrire une Histoire différente."
Si seulement...
Quand même, Soleil vert, c'est un drôle de livre que vous présentez là... Un livre de garçons ?
Reçu plus tôt que prévu, lu dans la journée.
Donc, le non-vrai, le purement imaginaire apparaît comme une possibilité dans cette deuxieme partie très ambiguë. Elle a une telle épaisseur.
Que faut-il qu'il soit ? Quelle parole donner à ce fils silencieux, grandi par des parents aimants - peut-être un peu trop...
Une déchirure provoque un recommencement, un éloignement de la première partie qui se clôt sur la phrase assassine du prof, en caractères gras : "Par rapport à votre frère, il vous manque la petite étincelle de génie !"
Aucun rapport avec les non-dits de l'homosexualité hard. Souffrance et sadomasochisme. Immense tendresse aussi. Un livre écrit à fleur de peau, à fleur de coeur.
Heureuse de découvrir la vraie biographie de Francis Berthelot.
Il aurait pu, mais c'est esquissé dans l'uchronie, sombrer dans la drogue, la prostitution et le sexe.
Une pulsation entre les deux parties, l'entre-deux vérités . Un miroir. L'interdit est le lien.
Triste rencontre avec les parents après cette longue absence...
Sacrée traversée d'un homme-enfant en quête d'une place. Comme s'il devait parler pour ne pas mourir quitte à rejeter ceux qu'il aime et qui l'aiment pour survivre.. Mais il est fidèle à lui-même - avec beaucoup d'humour dans la première partie.
Une deuxième partie pour dire l'impossible, l'être-autre et être dans cet Autre.
Une uchronie intime...
Très beau livre, déconcertant pour une femme.
Pour vous, MC. Ce soir sur mezzo
https://www.mezzo.tv/fr/Op%C3%A9ra/Faust-de-Gounod-%C3%A0-la-Fenice-de-Venise-8912
Je ne l’ai plus, ( Mezzo) mais merci à vous! Suis en train de me remettre un bras cassé. À bientôt. MC
J'espère que vous n'avez pas trop souffert.
Les voix sont belles mais le décor est sinistre et sombre.
Ah, ce final avec leurs deux voies qui se répondent, se portent est magnifique.
Et nous sort de cette nuit de Walpurgis.
Les deux voix plutôt que les deux voies? C’est vrai . Très étrange duo d’ amour et de folie débouchant sur le trio et le chœur final. J’espère que ce n’est pas la mise en scène Bastille. avec vidéos de Pigalle pour la Nuit du Walpurgis, et du RER pour… l’ Église! Avec le hlm de Marguerite…
( celle-là n’était pas de Lavelli,,.)
Cela dit, j’ai travaillé pour Mezzo et y ai conservé des relations ! J’ ai tout de même donné mon nihil obstat à un documentaire sur St Georges, le Chevalier…
voix
Voix",bien sûr.
Le décor ? Ou plutôt l'absence de décor. : L'orchestre a été remplacé par un plancher où évoluent chanteurs et des personnages indéfinis.. La scène est inutilisée sauf parfois en bordure un personnage éclairé ou la foule des chœurs sur fond neutre.
Donc sur ce faux plancher brillant une dizaine de bancs d'église. Et c'est tout. Tout est plongé dans le noir du début à la fin. Des faisceaux lumineux suivent le déplacement des personnages. Voilà. Les cinq dernières minutes ( Christ et ressuscité...) tout est éclairé et l'on voit tout autour de cette fausse scène les balcons de la Fenice. Je n'ai pas du tout aimé. J'avais ajouté les sous-titres car le texte, bien que français était chanté avec des accents le rendant parfois incompréhensible mais les voix étaient belles. Les costumes discrets, d'époque. Pas de Pigalle donc. Ils ont dû faire des économies pour l'éclairage et les décors !!!. Les chanteurs avaient un masque comme les musiciens . COVID. Le spectacle ayant été donné en 2021....
Oui, vous dîtes bien : "très étrange duo d'amour et de folie".
Alors, comment vous êtes-vous cassé un bras ? Pouvez-vous néanmoins faire les gestes du quotidien malgré le plâtre ? On vous l'enlève quand ?
Désolée de placer cet échange sous le billet de Soleil vert. Mais je n'ai pas grand chose à dire, pour l'instant, de ce roman de Francis Berthelot assez bouleversant.
J'aimerais bien lire les impressions d'autres lecteurs.
Ce n'est pas vraiment de la science-fiction. Les chapitres étant dates, s'il n'y avait une séparation indiquant "deuxième partie", l'illusion d'un récit continu serait parfaite. Pas vraiment d'uchronie. Un peu comme Jo Walton dans "Mes enfants". Deux personnages ne font qu'un. Enfin certains passages très explicites m'ont donné l'impression que le monde était un monde d'hommes où la femme ne peut être que la mère ou l'amie. C'est un peu triste un monde comme cela même s'ils semblent se passer fort bien des femmes. Mais l'écriture est belle fluide, puissante, virevoltante au début, un peu tragique dans la deuxième partie et pas très gaie.
Ils ne se font pas de cadeau ! Sauf un plaisir intense mêlé de souffrance consentie pour le personnage principal qui serait une imagination du narrateur.
Cela aurait pu être un couple d'homos très doux, menant une vie intéressante.
La librairie qui sert de décor évoque pas mal de lectures dont d'excellentes et d'autres, particulières. Les scènes d'enfance sont très réussies et les parents attachants sauf pour une gifle bien mal venue.
Les études de haut niveau évoquées le sont comme un carcan, pourtant comme cet univers doit être passionnant mais c'est un littéraire qui veut devenir écrivain et qui est allergique aux mathématiques. Cela me rappelle mon passage éclair à d'Arsonval...
https://www.fnac.com/a13087435/Jo-Walton-Mes-vrais-enfants#omnsearchpos=5
Compositeur : Charles Gounod
Librettistes : Jules Barbier et Michel Carré
Mise en scène, décors et costumes : Joan Anton Rechi
Lumières : Fabio Barettin
Orchestre et chœur : Teatro La Fenice
Direction musicale : Frédéric Chaslin
Chef de chœur : Claudio Marino Moretti
Danseurs : Giulia Mostacchi, Gianluca D’Aniello
Chanteurs :
Faust - Ivan Lyon Rivas
Méphistophélès - Alex Esposito
Marguerite - Carmela Remigio
Valentin - Armando Noguera
Wagner - William Corrò
Siébel - Paola Gardina
Marthe Schwertlein - Julie Mello
Excellent compte-rendu :
http://www.lecurieuxdesarts.fr/2022/04/faust-de-gounod-ce-n-est-pas-que-du-cinema-teatro-la-fenice.html
Bonjour. Il faudra voir vos liens sur un ordinateur car l’iPhone ne mord pas. Jo Walton a certes commis un roman dans des âges dits primitifs, sans uchronie autre que la civilisation qu’elle fait naître. Est-ce celui récent qui se termine ou se constitue par la rédaction d’un livre? Il n’était pas si mal. L’uchronie, on la verrait plutôt dans le « cercle de Farthing « avec son Angleterre nazifiee, Pour le reste, je suis tombé dans un Jardin sur une plaque de bois gorgée d’eau. Je mentirais en disant que je n’étais pas en terrain familier, Bien à vous. Oui , les autres lecteurs ont l’air d’ avoir disparu mais cette disparition peut n’être qu’éphémère. Bien à vous. MC
,
Lu mais pas vu l’illustration du titre « ce n’est pas que du cinéma » sinon comme une rosserie envers Bastille II, et un compliment pour l’actuel metteur en scène…
J'aime beaucoup les romans de Jo Walton. Dans celui cité ("Mes vrais enfants") deux histoires se croisent, deux mères. Quelle est le vraie, quels sont les vrais enfants...
Même question pour cet homme à métamorphoses dans celui de Francis Berthelot.
Roman dédié à un père : Wandrille Berthelot....
Deux citations ouvrent et ferment le roman.
Une de Pedro Almodovar : " La réalité devrait être interdite. ("La fleur de mon secret")
L'autre de Nina Simone :"Je vais vous dire ce qu'est la liberté, c'est l'absence de peur".
Si je les associe aux photos-montage troublantes et belles de Stéphane Berger., je lis comme on entre dans un univers de reflets. Si on laisse reposer l'eau des mots, on voit en transparence une parole de délivrance.
Mais je reviens à vous. Ce jardin gorgé de pluie voulait vous obliger à un repos forcé. Il vous faut maintenant une longue patience et de bons livres.
Soleil vert nous avait fait découvrir "Ce que vous voudrez" (Denoël) de Jo Walton. Un roman où le lecteur est projeté dans Florence en pleine Renaissance, le dôme de
de Brunelleschi, le rouge terracotta des tuiles, une certaine tour, celle du Palazzo Vecchio, ouvraient un merveilleux champ de possibles.
Un voyage dans le temps... Un voyageur temporel.. Leonardo et Botticelli à leurs pinceaux. La galerie des Offices... Le Ponte Vecchio... Quel pouvoir de créer ! Un roman de Fantasy ?
Donc, bonne santé, cher MC.
Exactement !
"J'aime beaucoup les romans de Jo Walton"
Il faudra que je me penche sur la trilogie duSubtil changement
Chic, alors.
Pour l'instant je réfléchis à cet étrange livre de Francis Berthelot....
Il y a tout au début du roman de Francis Berthelot un passage qui peut être en relation avec ce désir de souffrir dans ses relations sexuelles futures. Ces tentatives médicales et familiales pour régler ses problèmes intestinaux.
Il écrit : "La rançon de cette victoire, nul ne l'imagine. Elle est simple, pourtant : la fureur que je ne peux laisser sortir, je la repousse dans un coin de mon être - aussi petit, aussi reculé que possible.
Je parviens ainsi à réaliser le plus pernicieux des prodiges : éprouver une immense colère et ne même pas la savoir."
Tout se noue dans cette enfance dont son rapport avec ce frère plus âgé , aimé, protecteur, envié.
C'est un livre très fin psychologiquement.
Il a cinq ans... dans ce nid de douceur qu'est pour lui la petite école où les filles le protègent, l'aiment , tant il est doux avec ses boucles blondes, dominé par la présence douce aussi mais représentant la loi : la mère institutrice dans cette petite école.
Il écrit :
"Au terme de cette année scolaire paradisiaque, il y a une chose qui ne me paraît plus aussi claire.
Est-ce que je suis un garçon ou une fille ?"
La mère voulait une fille, avait déjà choisi un prénom de fille pour le futur bébé....
L'entrée à l'école élémentaire où il n'y a que des garçons lui apprend la violence des autres à son égard, le prix à payer pour obtenir l'aide d'un protecteur, la souffrance ressentie à cause des sévices liés à la présence de ce "grand"...
Ces années de formation sont rudes.
Un très joli passage quand il découvre qu'il sait lire et pleurer : La mort de la petite chèvre de monsieur Seguin....
Si le père est Andre, il ne peut être Wandrille !? Rassurez-vous, je travaille! MC
Si le fils est imaginaire, dédier le roman à un père imaginaire n'est pas impossible. Qui est ce Wandrille ? Peut-être caché dans un repli du roman....
Vous travaillez. Voilà une bonne nouvelle.
Une belle pause, les années 1954- 1958. Vie familiale paisible. Les voyages du père pour des laboratoires renommés et éloignés provoquent au retour la joie des deux garçons qui se partagent les cadeaux.
Un jour en cachette, il entre dans la chambre de la mère, ... Garde-robe, bijoux... "Ainsi paré, face au miroir, il exécute son premier numéro de travesti'...
Mais rien ne dure. Première gifle imméritée pour un retard explicable.
Il écrit : "je sens monter en moi une lame de fond, obscure, mauvaise, dont je n'avais jamais soupçonné l'existence."
De l'adoration, il passe à la revolte. Ils l'ont déclaré coupable. Il leur en veut "affreusement". Il lui arrive même de les détester.
Il se promet de n'avoir jamais d'enfant.
Ainsi, je lis à nouveau, lentement ce livre émouvant. Qu'importe si se mêlent à la vérité, des mensonges. Francis Berthelot pose sur ces feuilles une grande et belle introspection.
Vous avez raison, Soleil vert, d'évoquer "Les mots" de Sartre.
Que d'enfances obscures... Les enfants sont capables de haine, de cruauté, de rivalité, de désir de domination, de pouvoir.
Une uchronie ? Plutôt une anti-utopie infantile.
Les enfants en bandes sont capables de cruauté, d'inhumanité.
L'enfance comme un monde étranger pour bien des adultes.
Ce roman va construire le destin possible d'un homme regardant les débris de son enfance détruite. Un homme qui a dû penser le déchirement et le désir de départ en marge du bien et du mal, se laissant guider par son intuition. L'avancée vers une autonomie intellectuelle. L'enfant est le père de (cet) l'homme. ( Victor Hugo ).
Il écrit bien l'intuition dece gosse de 12 ans. Balade en forêt. Son frère une amie lui.
Il écrit :
: "Soudain, comme si j'étais sorti de mon corps, j'ai une vision globale de la scenet que nous formons : Serge et Carine, assis côte à côte sur un tronc d'arbre abattu ; et moi, debout, adossé à un mélèze à deux ou trois mètres deux, en train de les contempler.
Là, je vois les gestes qu'ils ne font pas.
J'entends les mots qu'ils ne prononcent pas.
Je comprends ce qu'eux-mêmes ne savent pas encore.
Alors, l'évidence me serre le cœur. Nous ne sommes pas trois, mais deux plus un : et ce un est de trop. (...)
Pour l'instant, je comprends que notre enfance est termineet. Et je suis accablé par une tristesse que je ne connaissais pas."
Quelle finesse d'analyse
Plus tard...
La mère leur a pris un double abonnement à la Comédie Française.
Une très belle page sur la découverte du théâtre :
"La tirade finale d'Oreste. Entendre Jacques Destoop l'énoncer, hagard, vêtu d'une toge maculée de sang, cerné par des projecteurs crépusculaires ; le voir affronter des hallucinations, lutter contre elles, céder à leur emprise, puis s'effondrer sur scène à jamais détruit, voilà un des grands chocs que m'a offerts le théâtre."
Quel bonheur de lecture !
Moins l’allusion à Destoop, ce pourrait être du Jacques Lasalle, lequel écrivait fort bien sur les pièces qu’il mettait en scène, et les autres! MC
Jacques Lassalle... Quel homme de théâtre ! Beau souvenir.
Jacques Lassalle était venu se raconter au micro de Joëlle Gayot en novembre 2011. C'était dans l'émission "Les Mercredis du théâtre" :
"J’étais un petit provincial. Je fréquentais souvent dans le sarcasme les tournées parisiennes au théâtre. Ne parlons pas des matinées classiques... J’étais un spectateur abominable, chahuteur et presque malheureux. Et là tout à coup, je découvrais une espèce d’assomption extraordinaire. C’est vrai que découvrir "Le Prince de Hombourg", le "Dom Juan" dont on m’a fait l’honneur de me demander une mise en scène quarante ans plus tard dans ce même lieu… (...)
Et puis surtout : enfant, quand je faisais une bêtise, mon grand-père me traitait de “bougre d’artiste” (...) et après, pour se laver la bouche de ce mot , il crachait dans l’âtre. J’ai intériorisé cette malédiction sur l’artiste, le saltimbanque, et là tout à coup, Vilar, et ceux qui l’accompagnaient (...) me révélaient que le théâtre pouvait être une des possibilités les plus accomplies de servir la cité. (...)
A vrai dire, j’essaye de piéger, et c’est l’ambiguïté et peut être la contradiction et la limite de ce que je tente, c’est la vie elle-même et d’en faire un acte théâtral. C’est-à-dire de faire passer la vie, indistincte, indifférenciée, amorphe, de la célébrer en un acte qui voudrait être un acte d’éternité. C’est-à dire que quand je travaille sur un texte constitué, il m’importe tout autant de faire surgir l’autre texte, le texte de l’ici et l’ici et maintenant, de la représentation, le texte que l’acteur produit dans son rapport au personnage."
Je reprends la dernière phrase de l'entretien pour éclairer le texte mi-autobiographique et mi-fictionnel de Francis Berthelot dans son "auto-uchronia" : "Le texte (qu'il) produit dans son rapport au personnage..."
A la même époque, Francis a une boulimie de lecture.. le prince Mychkine, l'idiot, l'épileptique aux yeux limpides devient un miroir où il se retrouve. Il cherche et trouve la folie des passions dans la lecture de Shakespeare, d'Emily Brontë, de Dostoïevski.
Sa vocation d'écrivain se renforce.
Lycée Montaigne. Il rencontre ce prof de gym... Un autre prof l'invite à lire Montherlant... Il découvre la masturbation. Il a douze ans.
Louis-le-grand... "L'élite de la nation"... Classe de seconde. Son statut de "frère de..." lui pèse. A la maison on se moque de son désir d'être écrivain. "Il n'y a que les Grandes Écoles"... Il découvre le cinéma. Le Septième Sceau... L'année dernière à Marienbad.... Fascination...
Il découvre aussi que les hommes qui l'attirent l'entraînent vers les bas-fonds . Il écrit : " Je rêve que des lascars bien roulés me prennent dans leurs bras et me défoncent l'intellect. La lecture de Sade et Sacher Masoch achève de m'ouvrir les yeux : au-delà de l'homosexualité simple, je suis un "homo-sado-maso" (...) Je commence à y voir clair dans ce que j'ai appelé "mes démons". En moi coexistent deux personnalités : deux êtres, deux anges déchus.... Le premier est un ange rebelle. Il n'écoute que son désir et ne tient aucun compte des interdits. On peut le dénoncer comme le péché, le mal, le vice. Mais il constitue une force de vie (...) Le second est un ange meurtri. Il est accablé par les reproches, les humiliations , les maux que l'on m'inflige. Il finit par chercher le plaisir dans la douleur Sa voix se réduit à un long gémissement Il ne sait plus s'il a le droit de vivre."
Voilà toute l'évolution du livre est déjà là. La suite est trop précise et sa lecture m'est lourde. J'arrêterai là ma relecture. Très beau livre. Chapeau l'artiste !
Plus clinique que beau, me semble-t-il….
Ah, qu'est-ce que la beauté ?
Je pense aux autoportraits de Rembrandt, aux recherches de Francis Bacon....
Il y a dans ce récit de Francis Berthelot une vibration émanant de cette vie. Elle reflue des profondeurs si obscures. Il touche une clarté presque effrayante, parfois. Les noeuds de cette âme ne peuvent plus se dénouer. La douleur en est la pesanteur. Il tente de saisir la totalité de cet être, toutes ses émotions contradictoires, à travers l'écoulement de sa vie.
C'est pour cela que ce livre est tardif. Comme si l'âge venant, il pouvait être libre d'écrire cette vie....
Il faut sortir de l'idée conventionnelle de la beauté. Il y a une âme dans ce récit inachevé dont la forme n'est pas rivée à la réalité. C'est pour cela qu'il est unique. Le moment du danger est présent comme une absence de salut. Mais la fatalité pèse...
https://soleilgreen.blogspot.com/2019/12/mes-vrais-enfants.html
Oh, je n'avais pas vu. Il est bien ce billet. Belle analyse. Merci.
Moi je veux bien. C’est le style qui est clinique….
Une sorte d’adaptation très in de Lamartine : »L’homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux ». Ici, il n’y a pas de cieux, seulement la chute.,..
Peut-être...
Faut croire que le regard du lecteur pose sur cette lente métamorphose un peu de ciel, un peu d'étoiles...
Et puis, les photos-montage délicates, toutes bleues de Stéphane Berger apportent beaucoup de douceur et de rêve à ces confidences...
Clinique ? Ce n'est pas mon impression mais il fuit le pathos...
https://vox-poetica.com/entretiens/intBerthelot.html
Cet entretien permet de mieux connaître son travail de romancier
Je reviens à votre remarque, MC. En plein cœur de la nuit, j'avais surtout envie de dormir.
Donc vous parlez d'une écriture clinique.
Je sais que ce n'est pas cela mais j'ai du mal à l'expliquer. C'est que l'homme est complexe, qu'il a des visages contradictoires : chercheur en biologie moléculaire, écrivain de fictions étranges, musicien, homo un peu paumé, amant à la fin du livre d'un gigolo reconverti en libraire. De longues études et un appétit insatiable pour la littérature et la musique. Parents aimants et parfaits comme il le dira à la juge qui doit décider de son émancipation car le livre s'arrête ce jour-là. Le personnage n'a donc pas encore dix-huit ans.
Cette deuxième partie fictive est à interroger puisque la première est censée être une vraie autobiographie. Décrit-elle un rêve, une possibilité ? Elle ne se termine pas mal puisqu'il a trouvé un homme et un lieu qu'il aime, une amie sur qui il peut compter, une grande liberté pour écrire, mais...
Et c'est là que je me pose des questions. Le livre est tellement structuré par des chapitres, dates, des horaires qu'il semble parfois un objet mathématique. A la fois le personnage prend de la consistance, à la fois il est comme une pièce dans un jeu d'échecs. L'auteur semble remplir un plan de départ.
C'est un écrivain troublant, expérimental ( comme pour la musique), un scientifique dans l'âme qui décortique, assemble, pose des questions, tente d'y répondre. C'est aussi, apparemment un militant LGBT qui a un combat à mener pour que les homosexuels vivent en paix.
Tout cela est très compliqué mais il écrit bien même s'il se contraint à une certaine forme d'écriture claire, presque scientifique.
Il est vrai que ce roman me paraît bouleversant mais aussi qu'il me laisse sereine car c'est une oeuvre de fiction prévue, menée à son terme.
Francis Berthelot indique dans un entretien qu'il en est à sa quarantième année de psychothérapie avec différents praticiens, c'est donc un homme inquiet, déchiré capable aussi d'humour et de capacités intellectuelles rares dans son monde de recherche.
Donc, vous frôlez une certaine vérité quand vous parlez d'une écriture clinique mais il y a autre chose d'humain profondément. Pas sûr que le ciel en soit absent même s'il n'en parle pas. Pas sûr qu'il ne soit pas lui aussi dans la main d'un amour qu'il ignore ...
Sur ce, je prépare un goûter pour mes grands petits-enfants qui bien qu'adultes sont très gourmands. Je les vois moins, ils ont leur vie mais qu'elle joie quand on se retrouve. Oui, quelle joie.
Bonne guérison pour votre bras.
C’est le passage que vous citiez, caricatural sans une once d’inspiration, qui m’inspirait le mot clinique. De fait, si tout le roman est comme ça, il s’ agirait plutôt de narcissisme , aussi. Que ce soit une « grande plume de SF française » m’échappe pareillement. MC
Oui, je n'en ai pas cités beaucoup. Et puis, il faudrait connaître ses autres romans mais je n'en ai pas trop envie. C'est un imaginaire et une écriture très particulière qu'il nomme trans-fiction avec beaucoup de metamorphoses.
Disons que j'ai dû ajouter ce qui me manquait, prolongeant certains passages.
L'aventure de l'enfant m'a intéressée. Elle m'a rappelé la présence d'un élève de 10 ans dans une des écoles ou j'ai enseigné.
Un enfant mal dans sa peau, très fin, très intelligent, un peu à l'écart des autres. Sa nourrice confiait à qui voulait l'entendre que le père militaire se désespérait de la mollesse de ce fils qui n'aimait ni le sport, ni les jeux de garçon. Elle soupirait en disant que l'enfant s'arrêtait devant les vitrines de magasins de toilettes féminines.
En fin d'année, cet enfant a eu le cran de présenter aux élèves de sa classe une petite scénette qu'il avait montée avec un camarade. Il y interprétait un galant travesti. Ses camarades étaient médusés, dépassés par l'événement. Pas un rire. Pas un quolibet.
Je ne sais ce qu'il est devenu ayant quitté la commune. Je crois qu'il devait intégrer une école privée. Il avait du caractère et de grandes capacités intellectuelles et artistiques.
La nature humaine répartit étrangement les apparences et les caractères. Or, on sait que très jeunes les enfants aiment appartenir à un groupe, passer inaperçu ou prendre l'apparence des autres. Les rebelles sont souvent des enfants en souffrance pour des raisons parfois extérieures à l'école parfois étonnés par ce qu'ils sentent en eux. Et le monde l'enfance est cruel.
Bon, c’est plus un problème vu à partir de Berthelot, que Berthelot lui-même
Exactement !
J'ai remarqué que grâce à Christiane, chaque billet de ce blog connaissait un record de plus de 50 commentaires. Quelle chance pour Soleil Vert de pouvoir ainsi se coucher chaque jour tranquille, tel un rayon luminescent à l'horizon, avant de disparaitre dans la quiétude du sommeil d'un devoir accompli chaque jour. Bien amicalement. (J-J J)
JJJ, vous êtes un coquin !
Mais vous pointez ma pensée évolutive. Je lis, je relis, me contredis, cherche, et quand MC vient, mine de rien, relancer la lecture par une remarque imprévue, ça repart, genre presse-citron. Qu'a-t-il voulu dire ? Et s'il avait raison... Ah, non, pas d'accord ! Et au fil de l'échange, le livre trousse ses pages et montre ses dessous.
Soleil vert ("rayon luminescent à l'horizon") est comme les chats. Il ne dort que d'un oeil, prêt à bondir dans son territoire pour , d'un coup de patte tourner la page ou indiquer un passage essentiel. Mais vrai il est délicieusement débonnaire, ici, et percutant ailleurs, là où vous dîtes de belles choses, JJJ. (Bien vu , la oarc solitaire et glacé, deux ombres soudain....)
Belle journée.
parc
JJJ, vous êtes un coquin !
+1
Prochaines lectures et fiches : Roma Aeterna de Robert Silverberg et Sous le volcan (ou Au-dessous du volcan selon les traductions) de Malcom Lowry
Ouh là là... Vous placez la barre très haut !
Dans les coulisses de mon blog : les lecteurs allemands ont été les plus nombreux cette semaine devant les français. En tête des consultations , Notes de ma cabane de moine.
Est-ce du au salon du livre de Francfort (qui s'est déroulé en Octobre) ?
C'est une joie pour vous ces visiteurs. Votre blog le mérite. C'est un jardin, un lieu où rêver, réfléchir, apprécier la beauté ( "Ma cabane de moine"), s'ouvrir à l'étrangeté, au passé, à tous ces livres qui sont une grande part de la vie. Mais c'est plus facile de vivre dans un monde de mots, de pensées que dans la vraie vie.
L'actualité est si âpre, si douloureuse, si cruelle, si terrifiante.
C'est là qu'il faut choisir et l'homme est toujours une somme de vérités successives .
Camus pressentait un avenir sombre, des hommes emportés par la fureur, "exilés dans la haine".
Comment échapper à la tyrannie du commentaire ?
Vous écriviez :
"Pages aimées
Respirations
Voiles d'encre
Au quai des regrets
Une rose de douleur se refermait parfois
Il fallait alors toute la douceur du monde
Pour la déposer sur l'eau
Ainsi allais-je sur le Fleuve
Poursuivant ma lecture
Au milieu des offrandes et des souvenirs"
Page 35 - Jean-Louis Peyre "Les voiles d'encre" (L'arbre à paroles) - 2016.
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/08/notes-de-ma-cabane-de-moine.html
Je remets votre billet. Un de vos plus beaux billets, très philosophique. Et quel beau livre.
Dans ce billet ("Notes de ma cabane de moine"), vous vous attardiez sur la naissance de votre blog, vous interrogez cet espace monologique , sur cette sorte d'ermitage. Vous rappeliez l'expérience de Sylvain Tesson , celle de Thoreau avant de présenter la vie Kamo no Chômei et ce précieux carnet où il méditait sur la vie.
Je relis et votre billet et le livre. L'écriture a cette puissance de tenir compagnie.
En effet! Ce ne peut-être pour notre numéro de duettistes sur la Fin de Satan! Encore que l’ Allemagne et Hugo aient de beaux liens! MC
Ah, MC, quel merveilleux apprentissage cela a été. Quelle chance de vous avoir côtoyé tous ces jours à interroger ce long et ténébreux poème de Victor Hugo.
C'était généreux de partager votre savoir. Peu à peu ce Lucifer, dans sa chute devenait un proscrit triste s'endormant au fond de l'abîme. Le plus absent était Dieu, comme exilé dans sa lumière.
Il n'y a que pour Lilith que je ne partageais pas la vision de Victor Hugo. C'est pour moi une rebelle qui ne se sentait aucune obligation envers Adam et qui s'ennuyait dans ce jardin clos. Elle avait envie d'être libre, d'aller à l'aventure. Enfin c'était une façon très personnelle de l'imaginer.
Toutefois, MC, il me semble que les regards extérieurs se portent sur les billets de celui qui tient un blog, pas sur les commentaires.
Que ce soit celui de Soleil vert ou de Pierre Assouline, ce sont les billets qui portent leur marque, leur signature. C'est à ces auteurs que les journalistes littéraires s'adressent, essayant de trouver une ligne éditoriale, des thèmes motivant leur écriture.
L'espace commentaire sur plusieurs blogs que je suivais avant, étaient rarement passionnants, alignant des batailles d'ego, des délations, des injures ou des agréments sans consistance. Ici, c'est propre. Peu de. commentateurs mais toujours en lien avec la littérature que ce soit le livre choisi par SV ou d'autres livres entrant dans l'échange.
Ce doit être difficile de tenir dans la solitude d'un blog. SV, l'exprime bien dans ce magnifique billet. Ce sont des billets pour faire découvrir ou relire des livres qu'ils ont aimés.
Nous, nous sommes de passage, n'avons pas le courage ni le talent d'ouvrir un blog.
Alors honneur à eux. Ne tirons pas vanité de nos échanges mineurs.
pas mineurs mais secondaires.
Je suis contente que Garfield a rejoint Onyx en haut de la colonne de droite.
https://www.anudar.fr/2023/09/les-blogueurs-parlent-aux-blogueurs.html
Voilà Soleil vert (il manque les chats et les poèmes).
Nous sommes d’accord, Christiane, mais pas pour Lilith, qui a un passé déjà chargé. (« celle qui tue les bébés « dans la tradition. Juive). Ce qui explique peut-être qu’Hugo la mobilIse ici. Il a perdu Leopold, puis sa réincarnation, Leopoldine.
Et peut-être a-t-il lu « La Kabbale Juive » d’ Adolphe Franck, qui, si je me souviens bien, en remet une couche sur Lilith principe du Mal….
Vous êtes extra. Vous comprenez tout.
Pour Lilith, loin des textes des mythes religieux, je l'ai réinventée. Me mettant à sa place, découvrant ce monde à peine sorti du chaos, les premiers humanoïdes si frustres. Peut-être ce "créateur"... un peu snob et très autoritaire, les mains pleines de terre.
Avec elle j'ai fait le mur. Évasion joyeuse. Inventions pour survivre. Attaque/défense. Nourriture. Amours de passages. Découverte de la mer, de l'espace en apesanteur. Voyage au fin fond de la galaxie. Visite au grognon Lucifer. Puis invention de la vie. Un enfant d'un de ses amants de passage. Tendresse. Survie. En accéléré les apprentissages comme Lucy de Luc Besson sous CPH4.
Après tout si Silverberg peut supprimer Moïse, je peux bien aller où bon le semble.
Cette Lilith c'est un formidable plan de science-fiction...
Mais racontez-moi , ô sage ,MC, celle qui hanta Hugo mais qu'il fait fondre, ô le traître, comme un cierge enflammé.
C’est une sorte de démon femelle dont la spécialité est de. S’attaquer aux ,bébés, donc à la vie naissante. En ce.sens. son emploi est peut-être voulu par Hugo, même s’il donne de toute autres raisons. En fait, c’est pour lui une anti-Eve. Et Imaginer une filiation Satan/Lilith n’est pas absurde chez Hugo. Sur Lilith, il y a un livre sorti de nos jours titré « Lilith, et peut-être, contemporain d’ Hugo, le livre « La Kabbale Juive « d’ Adolphe Frank. Mais il faut alors imaginer un Hugo hébraïsant.
,
Lilith...
"C'est l'histoire d'une revendication d'égalité ratée. Selon certaines légendes juives, Lilith était la première femme d'Adam, issue de glaise et créée en même temps que lui. Elle se considérait comme l'égale d'Adam et refusait de se soumettre à lui. Mais Adam ne voulait rien entendre: c'était lui le chef, point final.
Face à son intransigeance, Lilith se révolta. Elle invoqua le nom de Dieu, des ailes lui poussèrent, et elle s'enfuit du paradis terrestre. Resté seul, Adam se mit à pleurnicher. Emu, le Créateur envoya une délégation de trois anges auprès de Lilith pour tenter de la faire revenir au domicile conjugal. Mission impossible. Courroucé, Dieu la punit sévèrement: tous ses enfants mourraient à leur naissance.
Mais les anges adoucirent la punition et lui donnèrent tout tout pouvoir sur les nouveau-nés.
Chassée de l'humanité, Lilith opta pour une vie démoniaque. Elle rencontra Samaël, le maître des anges déchus. Ils conçurent ensemble de nombreux petits démons...."
Selon Patricia Briel dans "le temps" (seriez "Des Dieux et des hommes " -11
C'est cette version que j'avais lue et qui m'avait intéressée.
Comment Hugo explique où évoque son origine ?
Elle ajoute :
"La démone aura une postérité artistique remarquable. Elle inspirera nombre d'artistes, dont des écrivains comme Rémy de Gourmont, Marcel Schwob, Anatole France, Alfred de Vigny ou Victor Hugo. Alban Berg lui consacrera un opéra en trois actes intitulé Lulu, une femme qui cherche sa propre voie au-delà des images que veulent lui imposer ses amants: la vierge, la mère ou la putain. Lilith sera aussi le porte-drapeau de certains mouvements féministes."
https://clio-cr.clionautes.org/lilith-lepouse-de-satan.html
Un article très intéressant, beaucoup plus long. Je ne peux le copier étant donné son développement. Si cat vous dit....
Soleil vert,
J'ai hâte que vous nous parliez de "Roma Aeterna" de Robert Silverberg .
J'ai butiné le premier chapitre et les deux derniers. C'est un ravissement. Nous en reparlerons. Mais c'est très très bien.
Une sorte d'actualité différente née d'un passé presque semblable à celui qui occupe nos mémoires. Je préfère infiniment ce livre au précédent que vous aviez chroniqué "Shadrak dans la fournaise".
Ah, j'ai hâte de pouvoir parler de Moshe et de la Palestine vus par Robert Silverberg, entre un temps immémorial et un futur à faire danser les étoiles et les roses des sables.
Qui suis-je pour m'opposer à votre avis ? 🙂
Vous êtes Soleil vert et si vous n'aviez été la, tout au long de ce long échange ( Shadrak dans la fournaise), je crois que je n'aurais pu aller jusqu'à la dernière page .
Il y a eu de très moments de lecture qui m'ont enchantée et d'autres qui m'ont écoeurée comme l'horrible opération purulente du foie. Mais vous avez écrit "Courage !", alors en bougonnant je reprenais ma lecture. Cette histoire de greffes m'a longtemps hanteet. Vous m'avez aiguillée sur des recherches tellement mais tellement passionnantes : Le livre de Daniel et le brasier, la légende de Gilmadesh, l'histoire du monde au moment out il écrivait. Et puis il y avait cette photo tellement émouvante ( col. de droite) où il est dans sa bibliothèque. Et votre fidélité à cet auteur.
Là je découvre cette interrogation sur la légende de Moïse et de l'évasion des Hébreux. C'est magnifique parce que c'est d'autant plus fort qu'il y a des échecs mais une foi inébranlable qui traverse les siècles. Ce Robert Silverberg est un merveilleux conteur. Je lis le livre les yeux fermés tant le rêve est puissant. Enfin, c'est une image, j'essaie de dire que je fais des poses nombreuses et que me submergé alors cette attente du peuple hébreux.
Vous choisissez bien vos livres, tellement bien.
Pour l'instant j'ai laisser Rome de côté...
Et puis vous annoncez un double choix. Voici à nouveau le retour de Geoffrey Firmin, le consul imbibé d'alcool. Le retour de ce Mexique rougeoyant. Nocturne. Une autre fournaise. Le volcan comme une apocalypse. Conrad n'est pas loin. Mais comme il faut lire lentement ce grand roman de Malcolm jusqu'à user le mur des mots, jusqu'à ce que l'histoire surgisse, lave brûlante de ce passé d'échecs. Il m'avait fait lire Dante à cause de la citation qui ouvre le chapitre 6 : - Nel mezzo del "foutu" cammin di nostra vita mi ritrovai in....
Au mitan de notre vie, au mitan du foutu chemin de notre vie....
Qui suis-je dites-vous...
Un fabuleux lecteur et un aurige.🙂
Gilgamesh - de très beaux moments - hantée - Submerge
les quatre chevaux blancs que guide Ben-Hur lors de la course de chars portent tous des noms d'étoiles : Antarès, Aldébaran, Altaïr et Rigel.
Quatre chevaux blancs qui auraient du mal à tenir, ainsi que leur Hippodrome, dans cette bien modeste bourgade de Jérusalem! MC
"La course de chars a nécessité 15 000 figurants sur un plateau construit sur 18 acres de terrain dans les studios Cinecitta à l'extérieur de Rome . Des bus touristiques visitaient le plateau toutes les heures. Dix-huit chars ont été construits, dont la moitié était utilisée pour l'entraînement. La course a duré cinq semaines à filmer."
Mais Ben Hur n'a pas existé non plus.... C'est un roman qui a été adapté au cinéma.
@ Prochaines lectures et fiches : Roma Aeterna de Robert Silverberg
Laissez-moi vous suggérer une proposition malhonnête (?), chers SV et Ch.
SV, laissez Ch. proposer sa fiche de lecture sur Roma Aeterna, comme si elle avait dû vous remplacer temporairement, à cause de vos ennuis de santé actuels. Elle meurt d'envie de vous rendre ce service puis longtemps, sans jamais avoir osé le formuler. Après quoi, remis de vos migraines, vous interviendriez comme l'internaute studieux ayant une opinion très arrêtée sur le roman, en vue d'une éventuelle discussion serrée sur le billet de la bloguiste rayonnante d'occasion. Ce serait pour nous autres, téléspectateurs, une expérience unique, divertissante et très enrichissante, où nous pourrions ajouter, toute honte bue le cas échouant, quelques piments pour en agrémenter la sauce !
Plus on est d'oufs, culs par dessus tête au charivari provoqué..., Pourquoi ne pas oser l'un de ces cadrages-débordements littéraires dont le présent blog peu porté à la fiction rugbystique, pourrait avoir été néanmoins le précurseur ?
Bien à vous deuxj. (J J-J)
Certainement pas, JJJ, et surtout pour ce livre auquel je ne comprends rien ! Rome...
Unique objet de mon ressentiment... !
J'ai évoqué le prologue et son évolution dans la dernière histoire car là mon imagination s'appuie sur une expérience. S'il n'y avait pas eu Moïse, le buisson ardent, le cheminement des Hébreux vers la Terre Promise. ... Donc pas de Jésus, pas de christianisme, pas de monothéisme puisque plus loin, dans une autre histoire c'est Mahomet qui sera sorti de l'histoire du monde vue par Silverberg.
Reste , Rome...
Un certain nombre d'histoires, toutes avec un narrateur différent, toutes à des époques différentes avec en plus, le calendrier romain.
C'est long, compliqué, un peu "étouffe-chretien"...
Donc pour moi, pas un bon Silverberg sauf pour la première histoire (prologue) et sa fin (pied-de-nez) genre mouvement perpétuel.
Donc laissez faire Soleil vert.
De plus wikipédia et Babelio (et ses lecteurs) sont assez remarquables pour démêler les fils embrouillés de cette fiction ahurissante.
JJJ, arrêtez de fomenter des mutineries sur le vaisseau de Soleil vert. Vous êtes un troublion.
Laissez les visiteurs écouter ses histoires. Longue veillée des mille et une nuits dans des mers inconnues.
trublion
J'aimais bien troublion... un peu comme du cochonglier.
Mais voyons donc, une critique "négative" très articulée d'un bouquin dont on ne comprend rien serait parfaitement séducteur, au contraire !...
Et vous venez précisément de couper l'herbe sous le pied (destal) de SV...! Décidément, vous être un brin rabat-joie, et c'est de ma part un compliment trublionesque, croyez le bien :-)
Bàv, et bonne suite, comme on le dit vulvguerrement ! (j jj)
troublion... Oui, j'ai regretté de corriger ce mot troublant....
1) Il était pas un peu ballot cet Aristote, par hasard, non ?
2) Un brin de pub amicale pour un polar intéressant hélas encore passé trop à côté des radars de l'rdl,("Les bulles amères du Rugby Champagne", SO Noir, 2023, 19 €)
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Jacques Faget, ancien rugbyman, évoque dans ce polar paru aux Éditions Sud-Ouest la face sombre de l’ovalie. Après avoir enseigné la criminologie à l’université de droit de Bordeaux, Jacques Faget est devenu un auteur de polars à succès. Son passé de rugbyman (amateur) lui a soufflé le nouvel opus de son héros, le criminologue Émilien Labadie. Nous voici plongés au cœur du « rugby champagne », ce milieu où les valeurs d’entraide et d’esprit d’équipe qu’on attribue volontiers au rugby semblent bien lointaines ! Harcèlement, cadavre qui porte le nom de Chabal (!), menaces de mort avec des dépouilles de marcassins (!), rugby business contre rugby des champs : l’enquête nous mène sur le bassin d’Arcachon, dans le Bas Armagnac, à Capbreton et dans le Pays basque. Elle révèle, derrière la face pétillante et pleine d’humour d’un sport fraternel, quelques amères réalités du monde de l’Ovalie. Elle révèle aussi le formidable auteur qu’est Jacques Faget qui fait se rencontrer son goût pour le rugby et la criminologie. Après "L’échappée basque" et "Toro de fuego", Jacques Faget choisit à nouveau la culture du sud-ouest pour décor.
https://www.lecteurs.com/auteur/jacques-faget/3114403
///(nb) Rien à voir avec "les Larmes amères de Petra von Kant"...
J'aime quand Soleil vert annonce les livres qu'il va chroniquer.
Cela permet soit de les relire soit de les découvrir ou de les commander.
Il pourrait ne pas le faire. Nous serions en attente comme chez Pierre Assouline.
Que signifie ce partage préalable ? Quel risque prend-il ?
Plusieurs fois il m'est arrivé de commencer la lecture d'un de ces livres, de l'évoquer.
Puis le billet de Soleil vert arrive. Et là tout commence par sa lecture, son regard sur le livre. C'est une nouvelle page, sans passé. Les autres billets et leurs commentaires clignotent et disparaissent un temps.
Ce qui me passionne alors, plus que le livre, c'est la façon dont il en parle, les liens imprévus qu'il sème dans le billet.
Je reprends alors le livre et je commence ou recommence la lecture.
De toute lecture passée, il me reste cette impression qu'un livre a besoin d'être lu et relu.
Parfois, je ne lis pas le billet de S.V. complètement pour lire le livre comme on entre dans un champ de blés et de coquelicots. Monet a exprimé cette joie de l'enfouissement dans les herbes.
Puis je reviens au billet, amorce parfois un échange avec Soleil vert, reprenant tel ou tel point de son billet.
Ce n'est pas une course d'obstacles où certains chercheraient à en dépasser d'autres, non,JJJ, vous vous trompez.
Ici, la confiance fait qu'on peut marcher à l'amble et échanger, paisiblement.
Je n'oublie pas le lien particulier qui relie Soleil vert à ses auteurs préférés. Il pourrait se passer de l'espace commentaire baignant dans la solitude de l'écriture des billets d'un blog. Une bouteille jetée dans l'espace depuis un vaisseau spatial. Il suffit qu'elle tombe sur un nuage bien ouaté, un de ceux qui font rêver Baudelaire. Et le merveilleux nuage offre sa pluie de mots.
« un bon Silverberg » Peut-être demandez-vous plus à cet auteur que ce qu’il peut donner ! Je ´n’oublie pas l’ « Homme dans le Labyrinthe ». MC
Bonjour, MC., Je vous trouvais bien silencieux.
Qui suis-je pour juger de la qualité des romans de Silverberg que je connais si peu ?
Simplement, le prologue m'a enthousiasmée et la suite m'a ennuyée. J'ai donc sauté d'un grand bond jusqu'au dernier chapitre.
Pour moi ce livre c'est une nouvelle faite de ces deux chapitres que je colle bour à bout.
Les neuf chapitres restant, tous axés ou presque sur Rome régnant sur le monde m'ont laissée de marbre après un rapide survol et malgré les notices nombreuses sur internet. Soleil vert me fera peut-être changer d'avis.
J'aurais aimé quelque chose d'autre, loin des sphères du pouvoir romain. Quelque chose d'un monde différent sans les trois religions monothéistes et toutes ces guerres de conquête nées de leurs rivalités et toutes ces exterminations consécutives à ces luttes de pouvoir.
Rome et ses nombreux dieux, ses empereurs, ses esclaves, ses mises au mort ce n'est pas le Tibre latin...
L'homme dans le labyrinthe ! Parlez m'en.
Comment va votre bras ?
Gérard Klein dans la préface du roman de Robert Silverberg "Le livre des crânes" ecrit :
"Malgré la variété des thèmes abordés, ces romans présentent une unité souterraine. Bien qu'ils relèvent tous de la science-fiction, à l'exception possible du Livre des crânes (1971), ils ont en commun de faire fond sur des figures mythologiques ou bibliques. Le Vornan des Masques du temps est une sorte d'Hermès trompeur. L'Homme dans le labyrinthe renvoie à Philoctète, la Tour de verre à celle de Babel, le Fils de l'homme à une sorte d'épiphanie eschatologique, Shadrak à son homonyme biblique , et ainsi de suite. Tout se passe comme si Robert Silverberg entreprenait alors d'enraciner la science-fiction dans un terreau culturel immémorial, tant grec que juif ou chrétien. "
Soleil vert, vous m'aviez envoyé la nouvelle poétique de Silverberg "Le jardin des mots effacés" car je n'avais que la version originale de ce texte, en anglais.
J'avais aimé la balade dans ce cimetière où il salue James Joyce, Thomas Mann, Faulkner, Hemingway,...
C'est peut-être le texte que j'ai préférer de Silverberg.
Vous écriviez dans un de vos billets : "La littérature de science-fiction entretient un rapport singulier avec le Temps. A la différence des autres genres romanesques, elle ne se résout pas à un constat d’impuissance. Elle n’hésite pas à en déchirer la trame. Ses personnages surfent sur la quatrième dimension ou en font un terrain de jeu, plus communément dénommé « voyage dans le temps ». … Homme d’une grande culture historique, féru de lettres classiques, il transpose dans l’infini des temps révolus, des angoisses et interrogations contemporaines."
Voilà qui convient bien à ce roman qui commence par l'échec de Moïse.
Vous écrivez aussi dans un autre billet que Robert Silverberg longtemps prolifique avait décidé de mettre fin à sa carrière, que "Roma Aeterna", fut sa dernière création notable, hormis quelques textes courts, dont ceux publiés par les éditions Actusf.
Et que désormais la place serait aux fonds de tiroir, ce qui n’a rien de péjoratif.
Vous ajoutiez que Robert Silverberg connaîtrait le sort réservé à ses grands confrères, les érudits traquant l’inédit, ou des écrits résiduels de projets avortés.
C'était un peu triste... On sent à parcourir tous les billets que vous lui avez réservé que vous l'appreciez beaucoup. J'espère que vous m'aiderez à apprécier ce roman où je n'ai aimé et compris que deux chapitres....
sa place
j'ai préféré
@J'aime quand Soleil vert annonce les livres qu'il va chroniquer.
Pas moi, du tout... Je trouve que ce procédé tue le moindre suspense et inhibe la spontanéité des réactions possibles. Outre que cela dissuade toute velléité de découvrir, quand le sentiment se répand que tout a déjà été labouré et piétiné par mille considérations préventives un tantinet parasitaires sur le sujet abordé...
On nous objectera que nul n'est obligé de les lire, mais il se trouve que les quelques réactions de SV dans son propre commentarium sont totalement noyées dans le flux ininterrompu des commentaires de l'unique lectrice à la chandelle toujours pâmée.
Dieu merci, au sein de cette ahurissante logorrhée de tous les instants, surnage la photo de SV. Mais quand y va voir directement, on n'y comprend rien, ayant zappé le reste.
Non, ce n'est pas toujours un bon business plan pour la promo de la SF. Il ne faut annoncer la couleur, de mon point de vue.
Bien à vous, J JJ
Mais non, il n'y a nulle intention vexatoire de ma part. Ne le prenons pas mal à l'amour propre... Il faut juste que les choses soient dites de temps à autre pour les autres, qu'elles soient entendues. Peut-être obtiendra t on la guérison commune. Et si rien ne change, en tirer quelques leçons à méditer pour soi-même. Bàv, 3 Jiga-octets
Ne croyez-vous pas, JJJ, que c'est à Soleil vert d'exprimer son exaspération si exaxperation il y a .
Continuez donc votre logorrhée sur le blog voisin et cessez de m'interpeller, je ne vous répondrai plus.
"J'espère que vous m'aiderez à apprécier ce roman où je n'ai aimé et compris que deux chapitres...."
Je vais essayer, meme si ma relecture d'un livre découvert il y a 19 ans laissera apparaitre des agacements
J'aime beaucoup ce que vous avez censuré de bêtement inutile...
Bàv SV, et aussi à Cricri.
Je m'efface et vous prie de m'excuser tous deux. J J-J.
JJJ si j'annonce parfois des livres c'est en raison de mes lenteurs de lecture. Un blog ça doit s'alimenter régulièrement et j'ai un peu de mal.
BAV
Je ne crois pas qu’il n’y ait qu’une unique lectrice. C’est faire bon marche de Biancarelli, de quelques autres , et de moi-même . Cela sent en outre une tentative de récupération plus ou moins légère…. B. MC
Pardon de vous avoir un brin oublié. D'autant que vous êtes aussi un grand connaisseur de SF, je le sais, dont l'apport est indéniable. Bàv, Marc. /// JJJ
Je me suis toujours demandée si le consul meurt vraiment. Vous me donnez l'occasion de relire "Sous le volcan" de Malcom Lowry.
Le temps dans ce roman, maintenant que vous m'avez habituée à ces voyages dans le temps, me paraît une des énigmes du récit.
Ma lecture sera lente, très lente. Le roman l'exige ainsi.
Pour une fois , je dirais qu’il est des choses qui sont bien rendues dans la version filmée du Volcan, notamment tout l’aspect fête de la mort.,, MC
Je n'ai pas vu le film... Le livre est écrit dans une langue tellement travaillée qui enveloppe le lecteur, s'insinue en lui. On est entre le paysage, cette fête des morts et ces personnages qui cherchent à comprendre les évènements en remontant le temps jusqu'aux enfances déracinées.
Cela est bon. Une vraie écriture. J'ai choisi la traduction de J.Darras ( les cahiers rouges de Grasset) très fine bien que de-ci de-là il y a des phrases en espagnol ou en anglais. C'est somptueux et oppressant.
J'aime bien vous lire, MC. Biancarelli aussi. Comme Soleil vert, c'est délicat, discret.
D'autres ressemblent au volcan et vomissent de la lave brûlante qui répand cendre et nuit.
Bonne soirée.
J'ai laissé tomber le roman de Silverberg.
Il est vrai que c’est le dernier film de John Huston, qui a déjà été évoqué ici.
« Alas ! Poor Silverberg!! »
"Etouffe chrétien", formulation géniale, polysémique
C'est amusant comme l'expression a voyagé. Ce qui a du mal à être digéré...
Oui, polysémique.
MC,
Je regarde le film de John Huston "Sous le volcan". Je vous dirai mes impressions.
Me revoilà, MC.
Que dire ? Oui, la fête des morts à Guernavaca est magnifiquement rendue. Mais dans ce film de John Huston , tellement oppressant, il y a beaucoup de bruit....
Albert Finney, excellent acteur, en fait un peu trop dans sa démarche vacillante et ses propos de buveur imbibé de Mezcal. ( Je préférais Burton raté alcoolique dans "La nuit de l'Iguane".)
Jacqueline Bisset qui interprète sa femme Yvonne, a beau être belle, on la voit à peine tant est écrasante la présence de Geoffrey Firmin/ Albert Finney, cet homme brisé - et par la trahison de sa femme - elle revient mais trop tard, il ne la voit plus - et par la culpabilité liée à cette horreur en temps de guerre des allemands brûlés dans la chaudière du bateau.
Le fait que tout se passe en une journée, débutant la
veille du 1er novembre 1938 , marque l'approche de la deuxième guerre mondiale, la fête des Morts au Mexique mais on pense aussi à L'Ulysse de Joyce, surtout dans le livre.
Film crépusculaire, spectral , hanté par la mort.
Huston avait transposé un grand roman"Moby Dick" et une nouvelle envoûtante
"Les Gens de Dublin" dans deux très beaux films qui m'ont davantage convaincue.
Il manque la férocité des "Misfits" et de "La Nuit de l'iguane".
Ce n'était peut-être pas le bon moment de le voir. Je suis trop captée par l'écriture et le silence de la lecture de ce grand roman de Malcolm Lowry.
Mais merci pour le rappel.
Sous le volcan
Dès la troisième phrase j'ai opté pour la traduction de Jacques Darras
Je n'ai pas de point de comparaison, n'ayant pas lu les deux autres traductions. J'avais juste lu ce que l'éditeur en disait. C'est une prose qui glisse jusqu'à l'essentiel des pensées des personnages omme si Lowry était près de lui dans ce travail qui ne devait pas être simple. Le rythme des phrases fait penser au travail d'un cavalier qui d'une simple pression sait retenir le pas de son cheval jusqu'au moment où il le laissera s'offrir à la vitesse . Je sens qu'au cours de cette journée, le rythme va être perturbé suivant l'angoisse, les emotions et l'ivresse de Geoffrey.
Dans la longue lettre adressée à Maurice Nadeau (introduction), Jacques Darras écrit : "Ici, l'orchestre joue plus haut, plus loin, plus fort que les héros eux-mêmes dont la partition individuelle jamais ne permet d'oublier la musique qui les enveloppe. La musique est leur chair, l'étoffe dont ils sont faits. Il n'est pas surprenant non plus que la conscience centrale du roman soit celle de l'alcoolique Geoffrey Firmin. Sa fuite délibérée de la lumière du jour (...) sa transformation de la réalité dans l'alambic monstrueux de son imagination suscitent une météorologie interne qui fait écho à celle du monde extérieur."
Ce qui est fascinant, au début du roman, dans ce chapitre évoquant, un an plus tard, la mort de Geoffrey Firmin , c'est le parallèle fait entre sa mort, celle de Faust et celle de Lucifer (merci MC) : une chute dans l'abîme de l'enfer. Des âmes qui ont perdu leur lumière sous je poids de la culpabilité.
D'autres liens sont tissés avec l'Autriche, notamment. La roue du Prater se profilant derrière celle de cette fête des Morts . "Le troisième homme"....
Mais aussi la roue du temps qui tourne dans ce livre : vingt-quatre heures de la vie d'un homme.
Je crois que Geoffrey a tellement fait d'Yvonne une chimère, lui a tellement écrit son amour, son attente, son désespoir que, lorsqu'elle revient, la réalité ne peut combler son désir d'elle. Il reste prisonnier de son amour fou, de son attente.
Demain sur Arte Minority Report. MC
Geoffrey Firmin. Est-ce une antithèse aussi en Anglais, ou un simple effet de traduction française ? Un peu d’onomastique Lowrienne ne serait pas déplacé….
Ce que je comprends c'est que , dans ce roman de Lowy, il y a plusieurs niveaux de lecture.
Le réel est perçu à travers le dérèglement des sens dû à l'alcooliisme. Le paysage surtout en cette nuit des Morts et avec ce dédale de ruelles mal éclairées, ressemble à un labyrinthe.
C'est une ivresse un peu mystique pour perdre ses repères sous influence, connaître le délire.
Duras ne l'a-t-elle pas vécu ("Écrire") et Bukowski et d'autres écrivains ou artistes par les drogues ?
Toutefois ces alcools et substances sont aussi le philtre de l'oubli face à trop de souffrance. Une sorte de fuite , un leurre de liberté où tout est permis comme de porter un costard et ne pas mettre de soquettes. ( Premier étonnement de sa femme quand elle le découvre dans une cantina très imbibé...)
Saint Geoffroy fut évêque d'Amiens au XIe siècle. Derivé de Godefroy, ce prénom est très répandu dans les milieux aristocratiques et bourgeois. Il vient de l'allemand et signifie « la paix de Dieu ».
Quant y Firmin....
Et , plus sérieusement et génialement que Duras, Rimbaud, inégalable sur ce point.
Bien sûr !
MC, retour à la comparaison entre le film et le roman "Sous le volcan". Pages 467/468, cette superbe exploration par Geoffrey Firmin de sa détresse alcoolisée n'existe pas dans le film :
"- Seigneur y avait-il de plus grande souffrance ? D'une telle souffrance ne devrait-il pas nécessairement naître quelque chose, ne serait-ce que sa propre mort ? ah, comme les gémissements de l'amour ressemblaient à ceux de la mort, comme ils étaient voisins l'un de l'autre - l'enfoncement des pas au fond de son tremblement, de son nauséeux et froid tremblement, au fonds du puits sombre de la salle à manger (...) les lettres pas encore écrites, l'impuissance à écrire (...) le murmure de l'obscurité palpable, le glacial engourdissement de solitude (...) le poids de la souffrance, de la conscience dépassant toutes les souffrances jamais endurées par aucun survivant - cette soif qui n'était pas la soif mais la défaillance du cœur même, était le sexe, était la mort, la mort sempiternelle, toujours la mort (...) - l'attente de l'ouverture de l'El infierno (...), cette carafe d'eau beaucoup trop lourde, comme son propre poids de chagrin (...) - le goût du vin s'affirmant insensiblement comme si la poitrine s'emplissait de glace bouillante, que la traversait une barre de fer chauffée à blanc d'effet glacial, car les farouches retours de flamme de la conscience qui font exploser le cœur brûlent si cruellement des feux de l'enfer qu'une barre de fer rougie n'est quasiment qu'un glaçon à côté "...
Il ne faut pas s’étonner que le Cinéma, art d’images, ne saisisse pas ce côté melo là …
Si d ´ailleurs il y a du melo dans cet enchaînement très rigoureux..
Pas d'accord pour voir en ces lignes du mélo.
Vous observerez que je suis revenu sur cette position, la jugeant un peu forte de café…
Oui, j'ai vu. C'est très bien.
Un chaud et froid... de la glace bouillante. C'est épatant. Je me demandais avec quelles couleurs traduire cette impression .
Un jour j'ai goûté un dessert alliant la flamme et la glace c'était incroyable J'ai été étonnée par cette douleur exprimée ainsi. Comme vous l'écrivez une construction qui lime la patience .
C'est bien votre volte-face. On se fait un peu piéger et hop c'est l'écrivain qui gagne. Il nous retourne avec le cliquetis des mots.
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