jeudi 19 décembre 2024

La Maison des Jeux - Le Serpent

Claire North - La Maison des Jeux - Le Serpent - Le Bélial’

 

A Vera Menchik

 

« Quel destin n’est pas pendu entre le caprice d’un inconnu et le mépris de l’univers ? »

 

 

Venise début du XVIIe siècle. Thene, fille d’un riche marchand est mariée à 15 ans à un aristocrate vénitien. Jacamo de Orcelo est un homme violent, qui ne cesse d’accumuler des dettes de jeux au point d’entamer la fortune de sa belle-famille. Le couple débarque un soir dans un Etablissement mystérieux. Thene s’y découvre une passion pour le jeux d’échecs ; elle collectionne au fil des jours les victoires au point de se voir admise dans un cercle restreint de la Maison, la Haute Loge. La Maitresse des lieux propose aux impétrants une partie dont l’enjeu bien réel n’est rien moins que la nomination d’un inquisiteur au sein du Tribunal Supreme de la Cité des Doges. Chaque Joueur est le champion d’un candidat et bénéficie de l’aide de personnages identifiés par des cartes de tarots.

 

Publiées initialement en plusieurs volumes dans la collection Une Heure-Lumière, les trois  novella (1) de Claire North reviennent dans un recueil relié du plus bel effet. Cette Maison des Jeux qui semble s’affranchir du Temps et de l’Espace s’inscrit dans une thématique tellement ample que l’on se contentera de citer L’Echiquier du Mal de Dan Simmons et La Ville est un Echiquier de John Brunner. Un narrateur extradiégétique commente les péripéties de la partie. Thene a échangé son visage victimaire contre un Masque d’indifférence. Le Jeu et rien que le Jeu, un but, la victoire. Si les Mythes grecs passent sous silence les passions des Dieux et dévoilent sans complaisance celles des hommes qu’ils manipulent, à l’inverse, Claire North place sa narration à hauteur d’une Joueuse froide et déterminée sous l’œil d’un chœur antique réduit à une voix off, les pièces (humaines) étant réduites à leur valeur utilitaire. Thriller original situé dans la ville des Masques, « Le Serpent » se lit aussi comme l’histoire de l’émancipation d’une femme, inspirée de la série Le Jeu de la dame.

 

 

(1)   « Le Serpent », « Le Voleur », « Le Maitre ».

 

4 commentaires:

Christiane a dit…

Claudio Bahia devrait venir faire un tour sur votre blog, Soleil vert....

Très attirant le premier tome de cette trilogie.
Cette jeune héroïne a tout pour plaire.

Anonyme a dit…

Un Inquisiteur au dix septième siècle ? Il faudrait savoir quand . Ça me paraît un peu tardif…le côté anti-papiste de l’auteur, peut-être ? MC

Soleil vert a dit…

Je ne sais pas. L'action démarre en 1610

Christiane a dit…

J'aime beaucoup ce personnage de Thene.
"Elle a posé mille ducats sur la table.
Jacamo de Orcelo les contemple. (...)
Un moment, ils restent là, mari et femme, de part et d'autre de l'or, et leurs visages s'expriment, déploient leur rage en des discussions que leurs voix n'ont pas le courage d'entreprendre, jusqu'à ce qu'enfin Thene déclare :
"Je pars trois mois prier dans un couvent. Vous découvrirez que toutes les dispositions ont été prises. Au revoir. "
Il hurle alors : "Putain, traînée, roulure, où as-tu eu l'or ? Où peux-tu en trouver davantage." Il tente de l'empoigner par les cheveux mais elle riposte d'un coup de poing. Ce n'est pas la gifle main ouverte qu'assenerait une dame de la maison Orcelo : c'est elle, elle-même, la fille de la Juive, qui frappe en pleine face, sans retenue. Comme Jacamo part en arrière, ensanglanté, elle prend une profonde inspiration avant de conclure : "Pour en avoir davantage, vous attendrez mon retour."
Il reste assis par terre, les jambes écartées, un temps trop choqué pour bouger. Puis surgit en lui le petit garçon qui se met à ramper aux pieds de son épouse, dont il embrasse la chaussure. (...)
Elle se détourne. "

Bon, c'est très bien. Elle va pouvoir percer les mystères de Venise et de la maison de jeux.

Pourquoi les narrateurs sont plusieurs ? Puisque le pronom "nous" entame chaque phrase leur donnant la parole ?