mardi 24 septembre 2019

La légende de la pierre

Barry Hughart - La légende de la pierre - Denoël Lunes d’encre





Alors qu’ils dégustent le vin de l’aubergiste Wong le Borgne, un moine vient requérir l’aide de Maitre Li et de Bœuf Numéro Dix pour une affaire de meurtre. Le lieu du crime est un monastère situé dans la tristement célèbre vallée des Chagrins. Elle tient son nom des exactions commises dans un lointain passé par le Prince-qui-rit, seigneur de la contrée qui se livra à toutes sortes d’exactions sur ses paysans. Près du cadavre du frère Yeux mi-clos, Maitre Li repère un fragment d’un précieux manuscrit. Mais alors qu’il démarre son enquête la bibliothèque est mise à sac. L’apparition de moines fantomatiques, un son mystérieux, font craindre aux habitants de la région la résurrection, au bout de sept siècles, du Prince fou.


Démarrant sur les chapeaux de roues, les nouvelles aventures de Maitre Li et de Bœuf Numéro Dix semblent conduire le lecteur sur un remake du Nom de Rose. C’est mal connaître Barry Hughart, qui prend plaisir à noyer le fil conducteur de son récit sous des péripéties toutes aussi délirantes les unes que les autres et à mettre dans les pattes de ses héros un érotomane maitre des sons et une prostituée impériale au nom délicieux de Tourment de l’Aube. Ce n’est qu’après avoir fouillé des tombeaux à la recherche d’une pierre magique et franchi toutes les portes de l’Enfer que les protagonistes prennent conscience que leurs investigations les mènent sur la piste d’une ancienne légende.


Dans la lignée de La magnificence des oiseaux, La légende de la pierre, qui se souvient du Rêve du Pavillon Rouge, mélange histoire de détective et délire à la Pratchett. Je remercie au passage Pascal G., G comme Gentleman.




« Les moines gravirent l'escalier quatre à quatre et l'abbé sou­leva ses robes pour s'en éponger le front. Maître Li produisit un autre objet sanglant.   « Bœuf, tu devrais en apprendre plus long sur les sciences médicales, dit-il. Voici le pancréas. Ce n'est pas un très beau pancréas ; il est fonctionnel, mais manque de fiabilité, ce qui est bien dommage, car le pancréas est le siège de la bonne foi. » Il détacha un nouvel objet pénible et l'agita en l'air. « La même remarque s'applique à son cœur, siège des conve­nances ; aux poumons, siège de la rectitude ; et aux reins, sièges de la sagesse. Le seul organe de premier choix que possédât le frère Yeux Mi-clos était son foie, le siège de l'amour ; j'aurais tendance à soupçonner notre défunt bibliothécaire d'avoir mené une existence quelque peu dissolue. Se promener avec un trop plein d'amour est diantrement dangereux lorsqu'on manque de sagesse, de rectitude et de convenances »

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