Guy Gavriel Kay - Les lions d’Al-Rassan - L’Atalante
Encore disponible en grand format chez L’Atalante, mais plus
en poche J’ai Lu, Les lions d’Al-Rassan de Guy Gavriel Kay appartient à
cette catégorie d’ouvrages qui fait honneur à une bibliothèque. Autant
l’affirmer sans détour, ce roman jamais primé paru en VO en 1995 est un incontournable
de la fantasy. Bon sang ne meurt jamais dit-on. L’auteur canadien a en effet
participé à la rédaction du Silmarillion, œuvre posthume de J. R. R.
Tolkien. S’en sont suivis plusieurs cycles dont certains, tels La mosaïque
sarantine se situent dans la même veine d’inspiration historique que le
présent volume.
Les lions d’Al-Rassan transpose dans des lieux imaginaires l’épopée de La Reconquista de la péninsule ibérique par les royaumes chrétiens du Moyen-Age. L’un des héros du récit, Rodrigo Belmondo n’est autre d’ailleurs qu’une réincarnation du Cid. Trois monothéismes s’affrontent par rois interposés. Venus du désert du Majtiri (l’équivalent du Maghreb), les adeptes d’Ashar tiennent la partie sud de l’ancienne Esperagne, le royaume d’Al-Rassan. Au nord, les royaumes de Ruende, Valledo et Jalogne célèbrent le dieu solaire Jad, également révéré dans les contrées de Ferriere, Karche etc. qui jouxtent la péninsule. Les Kindaths enfin tentent de survivre à l’ombre de ces deux puissantes religions avides de conquêtes.
C’est dans la cité de Ragosa que les trois principaux acteurs du récit vont nouer une fraternité improbable. Rodrigo Belmondo, seigneur de guerre du Valledo, exilé par le roi Almiro pour le meurtre indirect d’un proche du connétable de Rada, Ammar Ibn Khairan tueur de roi et poète, conseiller du souverain d’Al Rassan dont il a assassiné le père, et enfin Jehane bet Ishak doctoresse de Fézana, de confession Kindath. Le respect, l’amitié, l’amour vont naitre entre ces personnages alors que s’ourdit une croisade des royaumes jaddistes contre Al-Rassan.
A mi-chemin entre la fantasy et l’Histoire, Les lions d’Al-Rassan
tient du récit de cape et d’épée. Les cinq cents pages s’avalent sans répit
entre scènes de batailles, massacres et intrigues de palais. Le soin apporté
aux protagonistes principaux et secondaires élève encore la considération du
lecteur pour ce roman. Le personnage de Jehane est un des plus beaux portraits
de médecin jamais réalisé. Ancrée à son éthique professionnelle elle apporte un
peu de lumière au sein des ténèbres meurtrières. Le final qui voit les héros
déchirés entre les allégeances et l’amitié ne manque pas de panache non plus.
« Dehors, la blanche lumière de la lune brillait sur la cour où avait eu lieu la fête. Elle retombait sur l'eau et les prestes petits poissons de la vasque. Elle argentait l'olivier, le figuier, le grand cyprès appuyé aux murs couverts de lierre, les arbustes en fin de saison. Et elle illuminait de sa pâle clarté les trois verres pleins de vin qu'on avait laissés là délibérément, intacts, sur une table de pierre, sur un banc et sur le rebord de la fontaine. »
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