dimanche 12 mai 2019

Terminus


Tom Swederlitsch - Terminus - Albin Michel Imaginaire






« Depuis le début des années 80, un programme ultrasecret de la marine américaine explore de multiples futurs potentiels. Lors de ces explorations, ses agents temporels ont situé le Terminus, la destruction de toute vie sur terre, au XXVIIe siècle. En 1997, l’agent spécial Shannon Moss du NCIS reçoit au milieu de la nuit un appel du FBI : on la demande sur une scène de crime. Un homme aurait massacré sa famille avant de s’enfuir. Seule la fille aînée, Marian, 17 ans, serait vivante, mais reste portée disparue. Pourquoi contacter Moss ? Parce que le suspect, Patrick Mursult, a comme elle contemplé le Terminus... dont la date s’est brusquement rapprochée de plusieurs siècles. »



Terminus, roman de Tom Swederlitsch nouveau venu ou presque sur la scène de l’imaginaire, ne déroge pas au constat selon lequel les quatrièmes de couverture de thrillers de science-fiction savent se montrer irrésistibles, surtout quand elles s’attaquent à la trame du Temps. Relisons celle de Créateur d’Univers du vieil Alfred : « Le lieutenant Morton Cargill est ivre mort lorsqu'une jeune femme, Marie Chanette, lui demande de la reconduire chez elle. En route, Cargill perd le contrôle de sa voiture et provoque la mort de sa passagère. Il fuit et rejoint son unité. Un an plus tard, il reçoit une invitation signée Marie Chanette. Intrigué, il s'y rend et reconnaît sa victime. Qui plus est, elle lui montre des photos extrêmement nettes de l'accident où l'on voit Cargill s'extirper de la voiture, abandonnant le corps brisé et tordu de la malheureuse. C’est alors qu'elle lui tend une carte où sont tracées, en caractères lumineux, ces lignes : « La Société inter-temporelle pour le réajustement psychologique recommande une cure à l'intention du capitaine Morton Cargill. — Crime : assassinat. — Thérapeutique : assassinat du sujet. » » Néanmoins la valeur d’un livre ne se résume pas à une invite punchy mais se mesure à la qualité de son contenu. Ne voyage pas dans le temps qui veut et sur ce plan l’ouvrage de Tom Swederlitsch - dont le titre évoque à moitié l’opus d’un autre vieil Alfred - passe l’épreuve haut la main.



Sur fond d'apocalypse et de crucifixion annoncées dans un premier temps en 2666, le texte évoque globalement ces intrigues de science-fiction échouant dans un cul de sac de l’Enfer comme Event Horizon, le vaisseau de l’au-delà. Mais on est bien dans le registre d’un thriller. La découverte macabre des maisons de Canonburg ou de Buckhannon rappelle les propos d’Humphrey Bogart dans Le grand sommeil : « Chaque indice que j’y trouvais menait vers une nouvelle piste dont chacune avait la même fin, un meurtre. » Pas avare de moyens pour résoudre ces énigmes, la NCIS envoie Shannon Moss dans le Temps Profond. Cependant ces allers-retours entre 1997 et 2016 dans le multivers, ouvrent autant de portes qu’elles en referment et surtout ne sont pas sans impact sur les voyageurs.



Quoique les références à X files ne manquent pas, les failles psychologiques de Shannon Moss l’apparentent plus à la Mona Bright d’Américan Elsewhere qu’à Dana Scully : père absent, mère disparue ou en pointillé. Les missions n’arrangent pas les choses : le vieillissement accéléré en temps subjectif constaté quand on retourne « en terre ferme », la peur de n’être qu’un écho virtuel prisonnier d’un futur incertain. Ou encore la découverte que tel amoureux croisé dans une ligne temporelle devient un ennemi potentiel dans une autre...



Il faut un peu s’accrocher à partir de la troisième ou quatrième partie mais petit à petit le puzzle prend forme. On referme le livre avec la vision des Vardoggers, bifrost de l’Enfer, ou de la belle et mortelle planète Espérance. Une réussite donc.

1 commentaire:

John Warsen a dit…

Oui; extra. Par contre, American Elsewhere, ça ne m'a pas emballé du tout.