Jean-Philippe
Jaworski - Le sentiment du fer - Folio SF
Tout entier à
son nouveau cycle de fantasy celte Rois du Monde, Jean-Philippe Jaworski
n’oublie pas cependant l’univers du Vieux Royaume inspiré du Moyen-Age
et de la Renaissance qui l’a révélé au public et à une critique enthousiaste. Après
le fabuleux recueil Janua Verra en expansion constante au fur et à
mesure des rééditions croisées des Moutons Electriques et de Folio SF (on est
passé de 7 à 10 nouvelles) et le non moins remarquable roman Gagner la
guerre, l’auteur a livré les cinq récits du Sentiment du fer qu’on
pourra compléter avec Comment Blandin Fut Perdu, Précédé De Montefellóne.
Sans compter une avalanche d’omnibus et de compilations diverses opérant
parfois des redistributions de textes au détriment de la cohésion de l’ensemble
ou des souhaits de l’écrivain.
C’est ainsi que « Montefellóne », inclus désormais dans Janua Vera, devait - aux dires de JP Jaworski - incorporer le recueil Le sentiment de fer car décrivant l’assaut des forces du roi de Bromael contre la république de Ciudala, déjà relaté mais d’un autre point de vue dans la nouvelle éponyme. Au total cinq fictions composent le présent volume. La nouvelle titre reprend un peu le thème de Gagner la guerre : A Ciudala, Cuervo Moera, maitre assassin, est engagé par le podestat Sanguinella pour dérober un livre à la Seigneurie Lucrosio Rapazzoni. Très picaresque, plaisant, le récit n’offre pas de réelle surprise. Les deux textes suivants par contre surprennent en apportant une note d’humour inédite. « L’elf et les égorgeurs » raconte l’affrontement en Léomance entre un enchanteur et une bande de rustauds. Le pitch reprend l’argument des Contes des Mille et une nuits. Vient à mon avis le meilleur avec « La profanation ». Un détrousseur de cadavres pris sur le fait tente de se justifier devant les terribles prêtres du Culte du Desséché. Humour noir et final aux petits oignons, les dialogues de Jaworski font mouche. Dans le massif du Kluferfell, une armée de nains et de gnomes tentent de porter secours à la Cité de Weorburgh. Mais le chemin est parcouru d’embuches et de gobelins sans compter la présence dit-on d’un dragon. Il n’est pire malédiction qu’un esclavage immémorial raconte « Désolation ». Malgré sa longueur, l’amertume de ce texte m’a semblé renvoyer à un des maîtres du genre, George R.R Martin. Enfin je suis passé à côté de « La troisième hypostase », affrontement d’une Enchanteresse et d’un sorcier.
« La
guerre est le père de toutes choses ». Cette formule d’Héraclite
relevée jadis à propos de La nuit du faune de Romain Lucazeau trouve
là encore une pleine illustration. L’écriture de Jean-Philippe Jaworski fait à
nouveau des merveilles et supplée au moindre intérêt porté par exemple à « La
troisième hypostase ». Mais quand le fond et la forme s’unissent le
plaisir est complet. On attend vivement donc le roman Le chevalier aux
épines promis par Les Moutons électriques pour 2023.
2 commentaires:
Si je suis bien, il faut lire Janua Verra, puis Gagner la guerre et après seulement le sentiment de fer. Ou les lectures peuvent-elles se faire indépendamment ?
Bonjour,
Ces lectures peuvent se faire indépendamment les unes des autres. Simplement un personnage d'un des textes est mis en exergue dans un autre.
SV
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