Barry N. Malzberg - Apollo
et après ? - Casterman
Harry M. Evans est le seul rescapé du premier vol vers
Vénus. Joseph Jackson, chef de l’expédition et unique coéquipier de
l’astronaute a disparu. Que s’est-il passé ? Placé en institution
psychiatrique, interrogé par le docteur Forrest, Evans multiplie les versions.
Seul dans sa chambre il réinvente son existence, refait indéfiniment l’expédition
interplanétaire, dialogue avec des fantômes, relate les détails d’une activité
sexuelle aussi débridée qu’imaginaire, parle à son double. Il souffre de symptômes
dissociatifs. Pour faire simple son cerveau est en marmelade.
Décédé très récemment Harry Malzberg laisse une œuvre conséquente, mais mal connue, tout au moins dans l’Hexagone. La faute peut-être
à la concurrence de contemporains brillant comme Ellison, Spinrad ou Delany qui
comme lui ont secoué le cocotier de la littérature de science-fiction dans les
années 60 et 70. Sauf erreur, le pitch du roman avait préalablement fait
l’objet d’une nouvelle traduite sous le titre « Notes pour un roman sur le premier vaisseau
atterrissant sur Vénus » et publiée dans Univers 01. Il inspirera
peut-être quelques années plus tard La grande porte de Frederik Pohl, résumé
ainsi par Denis Guiot « [une] conquête de l'espace à la Malzberg,
sordide et dérisoire »
A l’inverse on peut avancer que Malzberg propose un roman
qui se réinvente à chaque page, laissant un instant entendre que Harry M. Evans
en est l’auteur, exploitant une idée reprise la même année par Spinrad
avec Rêve de fer. Quelles sont les limites de la littérature de
science-fiction ? Ou plutôt, pourquoi réduisons nous celle-ci, nous et pas
seulement des critiques extérieurs au corpus de l’imaginaire, à des schèmes préétablis ?
Et si Malzberg avait, à sa façon, sur fond vénusien, tenté de rédiger Une
saison en Enfer ?
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