Robert
Silverberg - Destination fin du monde & Traverser la ville - Le passager
clandestin/dyschroniques
Sans nouvelles
(littéraires) du grand Robert Silverberg depuis 2014, date à laquelle les éditions
Actusf avaient traduit des récits situés dans l’univers de Majipoor, Le
passager clandestin rompt le silence en ressortant deux vieux textes. Le
premier « Destination fin du monde » avait été publié dans en
1975 dans l’anthologie Casterman Futur année zéro et le second « Traverser
la ville » dans le recueil Trips en 1976 chez Calmann-Lévy. Pour
mémoire la collection dystopiques sélectionne des fictions courtes de
science-fiction qui rétroactivement anticipent, dessinent l’état du monde
actuel.
« Destination fin
du monde », histoire de circonstance en ces temps de pandémie, raconte
une soirée entre bobos des années 70. Entre deux joints, les couples évoquent
la dernière distraction à la mode, une excursion temporelle permettant d’assister
à la fin du monde. Chacun y va de son expérience relatée comme un trip. Au
cours des conversations tombent d’affreuses nouvelles de catastrophes sismiques
et épidémiques laissant présager le pire. Un spectacle de plus pour les invités.
Récit grinçant, « Debordien », rédigé durant la période la plus
inspiré de Bob, « Destination fin du monde » n’atteint pas les
sommets, mais est précédé d’une courte préface de l’auteur des Ailes de la
nuit ! Car Robert Silverberg figurez vous continue d’écrire. A quand
une édition française complète et actualisée de ses Reflections and
Refractions ? Pour en revenir à l’ouvrage, une bibliographie commentée
et une étude thématique accompagnent la nouvelle. Pour 5 euros on aurait tort
de s’en priver.
« Traverser la
ville » décrit, comme le roman Les monades urbaines, un lieu clos.
Dans un futur indéterminé les mégalopoles se sont scindées en districts jalousement
indépendants. En lieu et place de structures décentralisées économiquement spécialisées
et pratiquant le libre-échange, se sont édifiés des quartiers industriels pauvres
retranchés. Des pouvoirs autoritaires, bureaucratiques gouvernent ces lieux. Toutes
les activités du quartier de Ganfield sont régies par ordinateur. Silena Ruys compagne
du personnage principal et activiste politique dérobe le programme maitre, désorganisant
l’activité économique du district. Le conjoint est chargé de récupérer les
bandes. La thématique du changement au cœur de la production Silverbergienne
trouve ici une ligne de fracture entre un personnage révolté et un second qui s’efforce
de rétablir l’ordre ancien fut-il liberticide. Vraiment intéressant, « Traverser
la ville » se lit comme un récit anti-initiatique.
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