dimanche 30 août 2020

Deux textes de Robert Silverberg


Robert Silverberg - Destination fin du monde & Traverser la ville - Le passager clandestin/dyschroniques




Sans nouvelles (littéraires) du grand Robert Silverberg depuis 2014, date à laquelle les éditions Actusf avaient traduit des récits situés dans l’univers de Majipoor, Le passager clandestin rompt le silence en ressortant deux vieux textes. Le premier « Destination fin du monde » avait été publié dans en 1975 dans l’anthologie Casterman Futur année zéro et le second « Traverser la ville » dans le recueil Trips en 1976 chez Calmann-Lévy. Pour mémoire la collection dystopiques sélectionne des fictions courtes de science-fiction qui rétroactivement anticipent, dessinent l’état du monde actuel.


« Destination fin du monde », histoire de circonstance en ces temps de pandémie, raconte une soirée entre bobos des années 70. Entre deux joints, les couples évoquent la dernière distraction à la mode, une excursion temporelle permettant d’assister à la fin du monde. Chacun y va de son expérience relatée comme un trip. Au cours des conversations tombent d’affreuses nouvelles de catastrophes sismiques et épidémiques laissant présager le pire. Un spectacle de plus pour les invités. Récit grinçant, « Debordien », rédigé durant la période la plus inspiré de Bob, « Destination fin du monde » n’atteint pas les sommets, mais est précédé d’une courte préface de l’auteur des Ailes de la nuit ! Car Robert Silverberg figurez vous continue d’écrire. A quand une édition française complète et actualisée de ses Reflections and Refractions ? Pour en revenir à l’ouvrage, une bibliographie commentée et une étude thématique accompagnent la nouvelle. Pour 5 euros on aurait tort de s’en priver.


« Traverser la ville » décrit, comme le roman Les monades urbaines, un lieu clos. Dans un futur indéterminé les mégalopoles se sont scindées en districts jalousement indépendants. En lieu et place de structures décentralisées économiquement spécialisées et pratiquant le libre-échange, se sont édifiés des quartiers industriels pauvres retranchés. Des pouvoirs autoritaires, bureaucratiques gouvernent ces lieux. Toutes les activités du quartier de Ganfield sont régies par ordinateur. Silena Ruys compagne du personnage principal et activiste politique dérobe le programme maitre, désorganisant l’activité économique du district. Le conjoint est chargé de récupérer les bandes. La thématique du changement au cœur de la production Silverbergienne trouve ici une ligne de fracture entre un personnage révolté et un second qui s’efforce de rétablir l’ordre ancien fut-il liberticide. Vraiment intéressant, « Traverser la ville » se lit comme un récit anti-initiatique.


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