James
Blish - Aux hommes les étoiles - Denoël - Présence du futur
Les éditions Mnémos rééditent
ce mois-ci dans leur collection « Intégrales » le cycle
des Villes nomades de James Blish dans une traduction révisée semble-t-il. Moins
prestigieuse que ses équivalentes asimoviennes, moins originale que le cycle du
Fleuve de l’éternité de Farmer, engloutie par Dune, que reste-il de
cette épopée s’étalant sur deux mille ans ? Dans ma mémoire
adolescente, plus que les péripéties, quelques personnages comme Bliss Wagoner
ou John Amalfi m’avaient fait forte impression, sans oublier un néologisme
épouvantable « le tournebouloche » … tout le monde n’a pas le génie d’un
Michel Demuth. J’ai ressorti pour l’occasion le premier des quatre Présence du
futur soigneusement conservés depuis des temps immémoriaux et, comme dirait
Jean-Pierre Andrevon, après avoir chaussé mes lunettes et ajusté mon dentier, entrepris
de confronter une lecture ancienne à l’épreuve du temps.

Le fond idéologique du
roman s’appuie sur les essais de Spengler et Toynbee. Bien sûr on pourra
ironiser sur les stratégies expansionnistes qu’elles vectorisent. Mais Bliss
(Blish ?) Wagoner est un pur humaniste convaincu que renoncer à ses
valeurs conduit à l’extinction. L’auteur - par épigraphe interposée - prend soin
de se démarquer du fanatisme religieux, expression selon lui du doute plus que
de la conviction. Quoiqu’il en soit le sénateur paie le prix fort de son engagement.
A côté de ce personnage emblématique, les figures féminines font l’objet d’un traitement
catastrophique. Anne Abott s’inscrit au centre du triangle classique de littérature
de bas-étage, constitué par le professeur, sa fille soit-belle (et encore dans
l’ouvrage …) -et-tais-toi, le futur gendre aventurier. On est loin de l’attachante
Susan Calvin imaginée par Isaac Asimov. Roman essentiellement introductif Aux
hommes les étoiles trahit son âge.
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