Francis Carsac - Ce monde est
nôtre - L’Arbre vengeur
Dans un lointain futur deux représentants de la Ligue des Terres
Humaines débarquent sur la planète Nérat pour statuer sur le sort de ses
populations. La Ligue regroupe une infinité de mondes coalisés contre un ennemi
très puissant dont le sport favori est l’extinction des étoiles. Explorant l’univers, elle s’efforce par
l’entremise de ses coordinateurs d’arbitrer des conflits locaux en appliquant
la « Loi d’acier » : toute planète habitable est attribuée, à la
suite d’un jugement, à une et une seule espèce intelligente, les autres faisant
l’objet d’une délocalisation sur un monde de leur choix.
Trois races humanoïdes se partagent - difficilement - les
territoires de Nérat. Des humains rescapés d’une expédition vers le Nuage de
Magellan à l’époque où la Terre n’avait pas intégrée La Ligue, une autre
implantation humaine, plus ancienne, les Vasks et enfin les Brinns. Trois
peuples, trois organisations sociales différentes. Une société féodale,
agressive, une société pastorale, et semble-t-il une population indigène.
L’irruption des coordinateurs et leur déclaration d’intention provoque le
déclenchement d’une guerre menée par un jeune noble du Duché de Bérandie.
Francis Carsac (1919-1981) est le pseudonyme de François Bordes, éminent paléontologue français de la seconde moitié du XXe siècle. Dans
l’intervalle de ses travaux il a rédigé quelques romans et nouvelles de science-fiction dont
certains ont pris rang de classiques. Ce monde est nôtre, suite de Ceux
de nulle part, aborde sur le canevas d’un space opera ordinaire, la
difficile question « de la légitimé de l’occupation d’une terre »
(Gérard Klein). Et bien que l’auteur s’en soit défendu, la publication d’un tel
ouvrage en 1962 au Rayon Fantastique ne pouvait manquer de renvoyer à la guerre
d’indépendance algérienne comme le rappelle la préfacière Natacha Vas-Deyres. Mais
le lecteur contemporain n’a nul besoin de ce pesant rappel historique pour
apprécier l’intemporalité de l’ouvrage de Francis Carsac : la
colonisation, la difficulté du vivre ensemble, bref les revendications territoriales,
écharpent aujourd’hui le monde que ce soit en Nouvelle-Calédonie, en Ukraine,
au Proche-Orient. On ne peut que reprendre à propos de Ce monde est nôtre
l’assertion d’Italo Calvino : « Un classique est un livre qui n’a
jamais fini de dire ce qu’il a à dire ».
Cette Ligue des Terres humaines annonce La Culture,
la toute puissante civilisation imaginée par le
regretté Iain M. Banks. Elle l’annonce par son ambiguïté, une formidable
technologie au service d’une société démocratique - libertaire, anarchiste chez
Banks - qui s’arroge le droit d’étendre son modèle social (sa bienveillance diront les exégètes de La Culture) à tout l’univers.
Relativement rares sont les fictions ethnologiques, anthropologiques, à thématique religieuse,
de cette intelligence. On pense au Blish d’Un cas de conscience, au Cycle
du Midi des frères Strougatski, à Le Guin …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire