Bruno Schulz - Les
Boutiques de cannelle - L’imaginaire - Gallimard
Aucun rêve, si absurde soit-il, ne se perd dans
l'univers. Il y a en lui une faim de réalité, une aspiration qui engage la
réalité, qui grandit et devient une reconnaissance de dette demandant à être
payée.
Bruno Schulz est un dessinateur et écrivain polonais né à
Drohobycz en 1893, mort assassiné en 1942 par un SS dans cette même ville devenue
un ghetto. Il laisse deux recueils de nouvelles, une correspondance où figure entre
autres le nom de l’ami Witold Gombrowicz et c’est à peu près tout. On a dit
qu’il avait traduit Le Procès de Kafka, mais cela n’est pas assuré.
Les Boutiques de cannelle révèle un auteur vraiment
original (merci Olivier de CSF) dont l’écriture s’apparente à un jardin
d’herbes folles, une transfiguration du réel à la lisière du fantastique. Ces récits
proviennent d’une autobiographie fragmentée dont Schultz a fixé la forme
définitive ultérieurement. Lisibles séparément ils forment une chronique
familiale dont le père, un « marchand drapier » tantôt décrit comme
un fou, tantôt comme un démiurge, tient le rôle principal. Bruno Schulz a lu
Kafka ; impossible, en parcourant « La visitation » et
aussi « Les Cafards » de ne pas songer à une Métamorphose
inversée où cette fois Gregor Samsa chasserait la figure paternelle toute
puissante du grand pragois, l’acculant à la démence, à la maladie avant de l’effacer
aux yeux du reste de la famille (1):
« Au fur et à mesure, ces disparitions cessèrent de
nous impressionner et, lorsque après un certain laps de temps il
réapparaissait, de quelques pouces plus petit, et plus maigre, l'événement
n'arrivait plus à nous intéresser Nous cessâmes purement et simplement d'en
tenir compte, tant il s'était éloigné de tout ce qui était humain et réel. Nœud
après nœud, il se détachait de nous, point après point il effaçait les liens
qui l’unissaient à la communauté des humains.
Ce qui restait encore de lui, ce peu d'enveloppe
charnelle et cette poignée de lubies extravagantes, pouvait bien disparaître un
jour ou l'autre sans que l’on s'en aperçût, tout comme le petit tas de
balayures grises amassées dans un coin, qu'Adèle descendait chaque matin dans
la boîte aux ordures. »
Le premier texte « Août » raconte une
visite effectuée par la famille du narrateur enfant dans les faubourgs de la
ville chez une de ses tantes. A la description des embrassements lumineux d’une
place de marché et de la chaude pénombre d’une maison succède une excursion
faubourienne au sein d’un monde végétal, sensuel, érotique :
« « L'enchevêtrement touffu des herbes folles
et des chardons brûle en crépitant dans le feu de l'après-midi. La sieste
paresseuse du jardin bourdonne du vacarme des mouches. Les chaumes dorés
hurlent au soleil comme une nuée de sauterelles rousses, les grillons
s'égosillent dans la pluie ruisselante du feu, les siliques pleines de graines
explosent discrètement avec un bruit de cigales.
Vers la haie, la croûte épaisse des herbes se bosselle
comme si le jardin s'était retourné dans son sommeil et que ses pectoraux
robustes respiraient le silence de la terre. Là, le mois d'août dans son
incontinence de femelle débraillée avait creusé d'énormes entonnoirs de
bardanes, planté d'immenses feuilles chevelues, tiré de hideuses langues de
viande verte. Là, ces mères-gigognes exorbitées se ballonnaient, largement
accroupies, à demi dévorées par leurs jupons en furie. Là, le jardin soldait à
vil prix le tout-venant de ses marchandises: le sureau, les grands plantains
qui sentent le savon, l'alcool sauvage de la menthe, bref toute la pacotille
du mois d'août. »
Et plus loin chez Tante Agathe :
« Les lourdes tentures de velours bleu parsemé de
fils d'or maintenaient la chambre dans l'obscurité, mais même ici l'écho du
jour flamboyant, bien que filtré par l’épaisse verdure du jardin, jouait encore
en reflets de cuivre sur les cadres des tableaux, les poignées de porte et les
verres des encadrements. Tante Agathe se leva de son fauteuil, grande,
épanouie, sa chair blanche comme mangée par la rouille des taches de rousseur.
Nous nous assîmes à leur côté, faisant halte un instant an bord de leur sort,
un peu gênés par la passivité avec laquelle ils se livraient à nos regards, et
nous buvions de l'eau au sirop de rose, boisson extraordinaire, qui me semblait
réunir dans son arôme et sa saveur l'essence même de ce samedi torride.
Tante Agathe maugréait. C'était là le ton général de sa
conversation, la voix même de cette viande blanche et fertile qui paraissait
déborder de son corps et éprouver la plus grande difficulté à se maintenir
dans les limites d'une forme individuelle, prête à tout moment à se tronçonner,
à bourgeonner, à se multiplier en famille.
On aurait dit que sa féminité se passait aisément de
fécondation et qu'il eût suffi d'un arôme un peu masculin, d'une vague odeur de
tabac, d'une blague un peu grivoise pour qu'elle se mît aussitôt à proliférer
luxurieusement. En fait, ses récriminations continuelles contre son mari, ses
domestiques, sa sollicitude harassante à l'égard des enfants, tout cela n'était
que caprices de sa fécondité insatisfaite, prolongement naturel de cette
coquetterie insupportable, hargneuse et larmoyante, dont elle harcelait sans
cesse son mari. »
A côté de ces nouvelles fiévreuses on découvre des textes
plus « classiques », une magnifique fugue du jeune narrateur dans la
ville et les souvenirs (« Les boutiques de cannelle »), les
promesses du futur (« La république des rêves ») :
« En ces temps reculé, nous avions conçu avec mes camarades l'idée impossible et absurde d'aller plus loin que la ville d'eau, jusqu'au pays n'appartenant à personne sauf à Dieu, marche discutée et neutre où s'estompaient les confins des Etats, et où la rose des vents, prise de folie, tournait sous la voûte du ciel. Là, nous étant libérés des grandes personnes, nous allions établir notre place forte, proclamer une république des jeunes. Là, nous allions promulguer des lois nouvelles, une nouvelle hiérarchie de critères et de valeurs, mener une vie placée sous le signe de la poésie et de l'aventure, des éblouissements et des étonnements continuels. Nous croyions qu'il suffirait d'écarter les barrières des convenances, de quitter les vieilles ornières des affaires humaines, pour qu'une force élémentaire pénètre dans notre existence, une grande marée d'imprévu, une avalanche d'aventures romantiques. Nous voulions assujettir notre vie à un torrent d'affabulations, nous laisser porter par des vagues inspirées d'histoires et d'événements. L'esprit de la nature est au fond un grand conteur. C'est lui qui est la source des fables, des romans et des épopées. Il y avait une quantité de motifs romanesques dans l'air. Il suffisait de tendre ses filets sous le ciel chargé de fantômes, de ficher en terre un mât que le vent faisait chanter, et bientôt autour de son sommet des lambeaux de romans pris au piège battraient des ailes. »
« La Nuit de la Grande Saison » plonge la
ville et la boutique du drapier dans une espèce de nuit de Walpurgis. « La
rue des Crocodiles » ressemble à une speculative fiction. Il y est
question d’une rue dont les habitants, les mœurs, l’architecture semblent
frappés de déliquescence et de perversion. S’agit-il d’une critique de la
modernité ou d’une simple expérience de pensée, un territoire surgi d’une
carte imparfaite ? Enfin dans « Les Oiseaux » le fantasque
drapier et chef (?) de famille se découvre une passion pour l’ornithologie,
passion qui envahit tout l’immeuble.
Quelle découverte, quelle écriture ! Une réédition avec
un nouvel appareil critique, voir une retraduction de textes alourdis de quelques vieilleries, seraient cependant bienvenues.
(1)
Les amateurs de science-fiction et de fantastique de souviendront
de L’homme qui rétrécit de Ray Bradbury et de « Black Country »
de Joel Lane.
Table des matière (Source Noosfere)
1 - Maurice NADEAU, Présentation, pages 7 à 10, introduction
2 - Arthur SANDAUER, Préface, pages 11 à 30, préface
3 - Août, pages 33 à 43, nouvelle, trad. Georges LISOWSKI
4 - La Visitation, pages 44 à 52, nouvelle, trad. Georges
LISOWSKI
5 - Les Oiseaux, pages 53 à 58, nouvelle, trad. Georges
SIDRE
6 - Les Mannequins, pages 59 à 66, nouvelle, trad. Georges
SIDRE
7 - Traité des mannequins ou la seconde Genèse, pages 67 à
72, nouvelle, trad. Georges SIDRE
8 - Fin du traité des mannequins, pages 73 à 80, nouvelle,
trad. Paul ALEXANDRE
9 - Nemrod, pages 81 à 85, nouvelle, trad. Thérèse DOUCHY
10 - Monsieur Charles, pages 86 à 89, nouvelle, trad.
Thérèse DOUCHY
11 - Les Boutiques de cannelle, pages 90 à 102, nouvelle,
trad. Georges SIDRE
12 - La Rue des Crocodiles, pages 103 à 114, nouvelle, trad.
Georges SIDRE
13 - Les Cafards, pages 115 à 119, nouvelle, trad. Thérèse
DOUCHY
14 - La Bourrasque, pages 120 à 127, nouvelle, trad. Georges
LISOWSKI
15 - La Nuit de la Grande Saison, pages 128 à 143, nouvelle,
trad. Georges LISOWSKI
16 - La République des rêves, pages 147 à 155, nouvelle,
trad. Thérèse DOUCHY
17 - La Comète, pages 156 à 176, nouvelle, trad. (non
mentionné)
18 - La Patrie, pages 177 à 184, nouvelle, trad. Thérèse
DOUCHY
19 - La Mythification de la réalité, pages 185 à 187,
nouvelle, trad. Thérèse DOUCHY
20 - Stanilaw Ignacy WITKIEWICZ, Interview avec Bruno
Schulz, pages 188 à 191, entretien avec Bruno SCHULZ, trad. Thérèse DOUCHY
21 - Lettre à S.I. Witkiewicz, pages 192 à 197, courrier,
trad. Thérèse DOUCHY
22 - Lettre à Wiltold Gombrowicz, pages 198 à 205, courrier,
trad. Thérèse DOUCHY
23 commentaires:
Quel régal ! Je plonge dans cette ecriture comme dans un miroir. Rien ne m'étonne car je ne suis plus en moi en lisant ces nouvelles de Schulz mais dans une matrice onirique.
Certainement une des plus belles découvertes dans la bibliothèque de Soleil vert.
Ne me demandez pas pour quelles raisons j'ai été abasourdie en lisant ces lignes dans la deuxième nouvelle, "La Visitation".
"Nous habitions place du Marché, dans une de ces maisons sombres, aux façades vides et aveugles, qu'il est impossible d'identifier.
C'était la cause d'erreurs continuelles. Car une fois qu'on se trompait de seuil, qu'on prenait par mégarde un autre escalier, on pénétrait dans un labyrinthe de logements inconnus, de vérandas de courgettes inattendues, qui vous faisait oublier peu à peu votre dessein initial et ce n'est qu'au bout de plusieurs jours, après d'étranges et tortueuses aventures, que l'on se rappelait avec remords, à l'aube grise, la maison paternelle."
Il y a de la magie et du fantastique sur ce blog...
"(...) son ombilic de ténèbres (...)"
Il y a un gouffre dans la mémoire de la naissance. Schulz écrit à même la peau.
La nuit devient de la paille ..
Mais les ténèbres sont parfois bienveillantes.
J'écrivais, découvrant la première nouvelle : "Il y a du feu dans cette écriture, une lave tellurique. C'est sauvage, sombre et fébrile.
Maintenant, tout se ballonne, pourrit, cette ville de province, aussi. Les gens livides et tremblants se disloquent, se rabougrissent, "tombent en poussière, en cendre, en néant."... "Tous et toutes font claquer à tort et à travers leurs langues devenues gargouillis d'imprécations".
Le père pourrit, recroquevillé au milieu des cloportes qui pullulent. La mère tantôt
plongée dans "une voluptueuse indolence", tantôt une vraie harpie , le hait "crache des jurons", "le toit mollit et pend comme un immense poumon flasque"....
Le récit, désordonné , nous vient par bribes, devient fantastique et horrifique, tout empli d'un "infini tragique, d'une solitude orpheline" , celle de l'enfant qui raconte...
Une bourrasque arrive, "pleine de hurlements et de cris". Elle engloutit tout. Les couleurs du feu laissent place à des "couleurs froides et mortes".
Le récit continue dans une ambiance louche de "basse concupiscence", de volupté vénale", de brutalité.
Je suis subjuguée par la richesse de la langue de Bruno Schulz, par le ton de ces textes..
Ce livre est traduit du polonais par trois plumes extrêmement douées. Trois traducteurs qui "poussent dans le même sens" avec justesse offrant un livre homogène.
Comme l'écrit Artur Sandauer dans la préface, "c'est une autobiographie imaginaire, fantastique", où Schulz décrit une dégradation délicieuse" avec cynisme.
Ce livre est resté longtemps inédit. C'est une femme écrivain, éblouie par l'audace artistique de l'auteur qui s'en saisit et le fit connaître.
Bonne pioche, Soleil vert. Bravo ! Quel livre !
J'aime ce que votre billet révèle de sa vie et de ce livre. Merci .
Ces courgettes ne seraient-elles pas des courettes??? Je ne vous oublie pas, à demain.
Qui peut me faire rire ainsi en plein cœur de la nuit ?
Ah, ces courgettes !
Courettes !
Je viens de lire "Les oiseaux", texte que j'avais laissé pour plus tard. Excellent dans son énormité cocasse et dramatique. Le père s'entiche d'oiseaux lointains, fait venir à grands frais des œufs du monde entier qu'il fait couver à ses poules. ( Je pense à D.)
Le grenier devient une volière folle, btuyante, au sol recouvert de plumes et d'excréments d'oiseaux. Le père bat des bras, illuminé au milieu de ces oiseaux comme s'il avait des ailes.. Jusqu'au jour où Adèle ouvre la porte et effrayée par l'odeur, décide de nettoyer cette cette saleté à grands seaux d'eau et coups de balai.
Les oiseaux fuient et vient cette phrase belle et triste : "Mon père descendait lentement de son domaine - homme brisé, roi en exil qui avait perdu son trône et son royaume..."
Un extrait :
"Perdant le contrôle de lui-même, il lui arrivait de s'arracher de sa chaise et, agitant les bras comme des ailes, d'émettre un chant prolongé tandis que ses yeux se voulaient - après quoi, confus, il riait avec nous et essayait de tourner la chose en plaisanterie."
Ainsi donc, cet homme vit entre deux mondes dont un dans ces mansardes transformées en volière. "une véritable auberge de volatiles, une arche de Noé rassemblant toutes sortes d'oiseaux des pays lointains."
Il finit par ressembler aux oiseaux . "Même les mains de mon père, longues, maigres, noueuses, avec des ongles très bombés, ressemblaient quelque peu aux serres du condor."
Ou à être lu comme ressemblant à . Quelle part a ici l’imagination de son fils?
Ou à être lu comme ressemblant à . Quelle part a ici l’imagination de son fils?
L'imagination l'emporte comme une doublure de l'oubli, comme une sonde de ce qui n'a pu être élucidé dans l'enfance.
Elle est bien votre remarque. D'où vient cette écriture ? Ce surgissement d'images ? Comme si l'écriture de Bruno Schulz réactivait les souvenirs enfouis dans le temps dans le plus grand désordre. Une écriture vacillante, qui se dérobe car ce n'est pas du temps retrouvé. Des fantasmes naissent dans un mélange de désir et d'effroi. Des personnages costumés et masqués incarnent ceux qui ont étaient des proches, parents, voisine, des animaux énigmatiques et bizarres grignotent les pages avec des bruits de plume sur la page. La ville s'amollit, coule... Le conte envahit le livre avec cruauté. C'est une pensée très grave. Un monde habité de fantômes, une métamorphose fragile.
Bruno Schulz a un pouvoir diabolique métamorphosant son père en oiseau fou, cherchant le monstrueux dans son écriture. Il traverse ces petites histoires inquiétantes sans honte ni culpabilité. Il cerne et harcèle ses personnages, touche leur peau, rêve d'érotiques frôlements.
Monstruosité de l'enfant qui peut habiter le fantastique puis se perdre, ayant franchi une porte dont il ne retrouve plus l'emplacement, prisonnier alors d'un long labyrinthe où se nouent la mémoire et l'imaginaire, le réel et le fantastique. L'écriture comme une cachette où il s'enferme observant ses monstres, ses meutes d'animaux indociles, griffes, cornes, becs, hypnotisé par ce qui naît de son écriture. Il peut anéantir, faire s'écrouler, allumer des incendies. Il peut inventer tout ce qu'il veut. Même l'invraisemblable. Un théâtre de marionnettes .
Je crois que c'est cette parole d'enfant, sa témérité, sa sonorité, ses visions, sa fulgurance, son secret. J'aime beaucoup ce livre. J'y baigne mon enfance....
Je n'ai pas fini la phrase commençant par je crois. C'est bien. La pensée m'a échappé...
ceux qui étaient des proches
Seul l'humain peut être inhumain...
Encore je m'interroge sur ce qui sépare la fiction de la non-fiction dans les récits d'enfance de Bruno Schulz. La frontière est perméable. C'est une narration qui déjoue la classification. Un travail de mémoire qui le conduit vers la fêlure. Une souffrance gagnée par le désenchantement. Treize récits alarmistes où il invente son identité de somnambule, la rêve, révèle le mystère enfoui dans ces rêves jusqu'à ce qu'ils coïncident avec sa propre vie. Une sorte de double fond où des évènements échappent à son contrôle.
Quel pouvoir que celui du langage...
Dans ce ghetto il rencontrera les ombres pressenties, ces sensations exacerbées comme si le futur de sa vie devenait aléatoire face à la monstruosité du nazisme. C'est déchirant.
"Bruno Schulz meurt au croisement des rues Mickiewicz et Czacki le jeudi 19 novembre 1942 vers midi, pendant le « Jeudi noir ». Le SS Karl Günther le tue de deux balles dans la tête ".
"Bruno Schulz est mort tragiquement en 1942. Au début de la seconde guerre mondiale, Drohobych était occupé par l’Union soviétique, puis à partir du juillet 1941, par l’Allemagne nazie. Les repressions envers la population juive de la ville ont commencé très vite, et à l’automne, Schulz et sa famille ont été contraint de vivre dans le ghetto. "
https://www.leseditionsnoirsurblanc.fr/catalogue/bruno-schulz/
https://www.encres-vagabondes.com/memoire/schulz.htm
En complément de votre magnifique billet, Soleil vert.
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