Paolo Bacigalupi - Ferrailleurs des mers - J’ai Lu
Averti par
quelques lectures amies et le souvenir d’un livre étourdissant, pourquoi ne pas
entamer avec Ferrailleurs
des mers le cycle romanesque Ship
Breaker signé Paolo Bacigalupi traduit et publié à l’origine au Diable
Vauvert, en collection jeunesse ? Certes je suis conscient des limites
suggérées par ce qualificatif et du fait que la récupération du flacon ne
préjuge en rien de la montée de l’ivresse. Mais voilà, La fille automate comme Le
Fleuve des Dieux ou La Maison des derviches de Ian McDonald
sans omettre Perdido Street Station
de China Miéville ressuscitaient en leur temps un type de littérature jouissive
oubliée depuis Ballard ; le plaisir de l’immersion dans l’écriture s’ajoutait
à celui de l’immersion dans la fiction. Un bonheur de courte durée. Après Les Scarifiés Miéville a dompté sa
plume, Mc Donald a renoncé aux délires urbains pour créer un Trône de fer lunaire. N’en reste plus qu’un.
Que vaut donc ce nouveau roman ?
Quelque part
dans une Louisiane du futur, Nailer Lopez exerce le métier de ferrailleur de
navire au milieu d’une communauté de déshérités. Le pétrole a disparu, hormis quelques
mètres cubes présents parfois dans un des innombrables cargos échoués sur la
plage goudronneuse de Bright Sand Beach. En raison de son jeune âge et de sa
petite taille, Nailer se glisse dans les conduits de ces amas d’acier oxydé à
la recherche de cuivre ou de métaux rares. Les patrons d’équipe à la solde de
quelques gros consortiums ne transigent pas sur les quotas à respecter. Des nouveaux
maitres de la Terre l’adolescent ignore tout hormis leurs magnifiques schooners
ou clippers aperçus quelquefois au large. Sur une ile voisine il tombe un jour sur un de ces bateaux échoué
après une tempête. Une fortune potentielle en matériaux de récupération pour
ses équipières et lui. Mais son attention se porte sur une jeune fille blessée …
« Dans la baie, le Dauntless attendait. Au-delà,
l’eau bleue s’étendait jusqu’à l’horizon, la mer l’appelait. » Pas de
doute avec ce signal vernien, Ferrailleurs
des mers est bien un roman jeunesse. L’intrigue sans surprise obéit aux
lois du genre en forme de happy end. Bacigalupi excelle dans la création d’univers
dont l’exotisme à peine décalé reflète les sombres projections actuelles de la
communauté scientifique, comme ce tiers-monde de rouille où l’instinct de
survie et l’appât du gain n’oblitèrent pas les liens de solidarité. On retrouve
même par instant dans l’invention des diverses agglomérations qui supplantent l’ancienne
Nouvelle-Orléans un peu de la fièvre descriptrice de la Bangkok de La fille automate. Mais n’en demandons
pas trop à cet ouvrage dans lequel l’allusion à des cités englouties ou la présence de créatures mi-humaines mi-animales évoquant celles du docteur Moreau appellent à
des développements ultérieurs. Reste l’histoire sympathique d’un gamin qui
tente d’échapper à sa condition.
3 commentaires:
Lu avec plaisir!
J'ai passé un moment sympa.
Le suivant l'est aussi !
Merci,je note!
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