Greg Egan - A dos de
crocodile - Le Bélial’
Après Le livre écorné de ma vie remarquable novella du regretté
Lucius Shepard parue en « Une heure lumière » au Bélial',
difficile de ne pas se laisser tenter par une autre longue nouvelle signée
celle-là de Greg Egan, toujours dans la même collection. L’auteur de A dos
de crocodile est l’écrivain fétiche de l'éditeur, qui s’en explique longuement … dans un hors-série consacré au même Egan.
Après avoir épuisé toutes les possibilités offertes par l’existence, Leila et Jazim décident de mourir au bout de 10 000 ans de mariage. Dans ce futur indéterminé, les hommes et les espèces sapiens forment une communauté nommée « L’Amalgame » éparpillée sur le disque galactique. Les développements de la science offrent à celle-ci des ressources illimitées, en particulier l’immortalité. Le couple a élevé des enfants, a vu prospérer de son vivant sa descendance génération après génération. Ils ont tout expérimenté, connu mille cultures mais décident de dire stop après un ultime et grandiose projet. Ce sera une incursion dans la Bulbe, la région centrale de La Voie Lactée où vivent les Indifférents. Ce peuple mystérieux reste impénétrable. Les sondes envoyées dans la région ont été retournées aux expéditeurs, toutes les tentatives de communication ont échoué. Néanmoins, après avoir détecté une insolite émission de rayons gammas et s’être dématérialisés en un paquet de données (on vous le dit tout est possible !) Leila et Jazim décident d’en remonter la source et de traverser la Bulbe.
La civilisation des loisirs poussée à son extrême dans un futur
inconcevable : Michael Moorcok en avait fait le thème du cycle Les Danseurs de la fin
des temps, imaginant une Humanité livrée à l’Hédonisme. A l’inverse, Greg
Egan, comme Cioran, assimile immortalité et ennui, le sel de la vie semblant se
nourrir de l’éphémère. Toutes considérations qui ramenées à nos pauvres
existences et aux terribles débats actuels sur l’euthanasie peuvent sembler
bien étrangères même à un lecteur de science-fiction.
Le final en décevra certains. Ils se consoleront avec la lecture d’Incandescence,
non encore traduit, qui se situe (merci Feydrautha) 300 000 ans après les évènements
décrits dans A dos de crocodile. Mais ils auront peut-être tort. Comme l’écrivait
Constantin Cavafy sur la fin des voyages : « Et si elle t’apparaît
pauvre, Ithaque ne t’aura pas trompé/Devenu sage, avec tant d’expérience, /tu
dois déjà savoir ce que les Ithaques veulent dire. » A dos de crocodile respire l'intelligence et surprise, se révèle plutôt abordable.
2 commentaires:
J’ai bien aimé, malheureusement je n’ai pas compris la fin,malgré une relecture attentive.
Biancarelli
oui c'est une fin sans … fin. Peut-être que seul le voyage importe.
Parfois c'est frustrant de lire des textes dont le prolongement se trouve dans des volumes non encore traduits.
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