jeudi 21 mars 2024

Central Station

Lavie Tidhar - Central Station - Mnémos

 

                                                                                                       

 


Une des ambitions plus ou moins avouées de la littérature de science-fiction est d’explorer les avenirs lointains et les ailleurs improbables afin de jeter un éclairage indirect sur notre présent. Ce chemin détourné en forme de ruban de möbius ne lui appartient d’ailleurs pas en propre, en témoignent les célèbres Lettres Persanes de Montesquieu. La thématique ou l’inquiétude écologique, climatique, a fait l’objet de plusieurs romans récents dont Le Ministère du futur de Kim Stanley Robinson ou Les Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert. Un autre champ d’investigation semble se développer, celui du vivre ensemble, tellement mal en point ces temps-ci, qu’avec Rossignol d’Audrey Pleynet et Central Station de Lavie Tidhar il prend les couleurs de l’Utopie.

 

Dans un futur indéterminé, « Central Station » un spatioport édifié entre Tel-Aviv et Jaffa devient le point de rencontre de réfugiés et d’astronautes débarqués de Titan ou de Mars. Un melting-pot, un inventaire que n’aurait jamais imaginé Prévert, où se croisent humains juifs, arabes, robotnik (des êtres de chair et d’acier), des I.A, des E.T, des robots prêtres, des robots circonciseurs, des enfants éprouvettes, des data-vampires (!). Lavie Tidhar a transposé Au Carrefour des étoiles de Clifford Simak en carrefour d’une Humanité transformée, métallisée, décorporée, virtualisée, bref extraterrestre… Contre toute attente cette population hétéroclite forme une communauté de vivants heureux de se retrouver comme Miriam Jones propriétaire d’une shebeen, (un débit de boisson informel) et Boris Aharon Chong médecin revenu de Mars, le vétéran de guerre Motl, homme de chair et d’acier, amoureux d’Isobel Chow qui travaille … dans la virtualité. Quant à Carmel, humaine vampirisée par un Nosferatu de passage, elle prend refuge chez un bouquiniste, déconnecté de tous les réseaux.

 

Ce monde hallucinant contenu en un fix-up de 13 chapitres, et porté par une écriture toute aussi hallucinante et humoristique, ce monde donc porte dans ses gênes des écrits légendaires de science-fiction : Les neufs milliards de nom de Dieu, Le robot qui rêvait, Un Cantique pour Leibowitz, Dune, L’anneau-monde, Shambleau pour ne citer qu’eux. L’attribution du Prix John-Wood-Campbell Memorial trouve là une explication. Car Central Station, si futuriste soit-il est paradoxalement à sa manière un mémorial.

 

 

P.S : cet article est dédié à la mémoire de Vernon Vinge, auteur de science-fiction plusieurs fois primé et l’un des pères du concept de Singularité technologique.


67 commentaires:

Christiane a dit…

Quelle belle aventure que tous ces êtres humains et non humains vivant en harmonie dans cette Central station ! Lavie Tidhar a projeté là, semble-t-il, à vous lire, un monde possible pour le futur.
Ce billet est très beau, plein de douceur, posant un regard paisible sur ces écrivains que vous réunissez.
Pour le dernier, Vernon Vinge le lien bleu "singularité technologique" s'ouvre sur vous ! Un ruban de Moebius farceur ?
Voilà un livre qui va rejoindre ma bibliothèque. Merci, Soleil vert.

Christiane a dit…

Quelle surprise que ces premières pages !

"Cela s'est passé il y a longtemps, mais nous nous en souvenons toujours et nous nous chuchotons les vieilles légendes à travers les siècles, ici, dans notre séjour parmi les étoiles. (...)
C'était dans la vieille Central Station, ce vaste spatioport qui s'élevait au-dessus des paysages urbains jumeaux de Jaffa l'arabe, Tel-Aviv la juive..."

J'embarque pour ces treize chapitres !

Anonyme a dit…

Attention lecture pas tj facile sv

Christiane a dit…

Pour l'instant ça va...

Christiane a dit…

Au passage, ce sont des petites phrases en apparence anodines qui nous renvoient à des attitudes de notre temps. Ainsi : "On veillait sur les siens. Car personne d'autre n'était là pour le faire."
Tant d'attentions vigilantes derrière ces mots...

Soleil vert a dit…

Dernier lien (Singularité technologique) créé.

Christiane a dit…

Merci, Soleil vert, le dossier est vraiment exhaustif mais j'ai toujours la même réticence face à cette remise en cause de notre humanité. L'humain est irremplaçable car il a un coeur, des émotions, une capacité à distinguer le mal du bien même si le spectacle actuel des conflits dans le monde (rappelés dans ce roman) en fait douter.
Je pense à "Golem" de Pierre Assouline où Gustave Meyer dont l'intelligence a été modifiée à son insu, pour en faire une créature capable d'être un super champion aux échecs, fuit, terrassé par le robot greffé en lui. Est-il devenu une mécanique d'androïde dépourvue d'âme comme le Golem ? Un homme augmenté ?..."Il n'y a plus d'espoir pour celui qui est pris dans le rêve de l'autre."
Il fuit en pensant "Je ne reconnais pas cet homme que je fus, cet étranger que je fus, cet étranger qui portait mon nom."
Je sens que ce roman de science-fiction, "Central Station" mêlant des androïdes et des humains va poser à nouveau poser le problème comme également dans "Blade Runner" de Philip K. Dick ( "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques").
Qu'est-ce qui fait de nous un être humain ? Serait-ce l'empathie ?
Je vais ouvrir à nouveau ce roman de Lavie Tidhar.

La convergence des parallèles a dit…

Je suis justement en train de relire "Au carrefour des étoiles" de Simak.

La convergence des parallèles a dit…

PS: qu'est ce qui, ailleurs, t'a fait, SV, penser à Dan Simmons ?

Christiane a dit…

Il y a beaucoup de pluie et de gouttes d'eau dans ces premières pages. C'est une belle présence dans cette région de sable et de soleil.

Soleil vert a dit…

PS: qu'est ce qui, ailleurs, t'a fait, SV, penser à Dan Simmons ?

Hello !
En fait je voulais savoir si les multiples références à des ouvrages célèbres étaient le reproche formulé à l'encontre de Dan Simmons.
En fait comme tu me l'as expliqué, Simmons fait étalage d'une documentation et greffe dessus une intrigue a minima.
Ce qui n'est pas le cas ici.
A +

Soleil vert a dit…

Et maintenant dans mon répertoire classique :

Brahms: Schicksalslied, Op. 54

https://www.youtube.com/watch?v=K3pv6jebdFw

Christiane a dit…

"Isobel était branchée dans sa capsule, existant simultanément, tel un chat de Schrödinger, dans l'espace physique et la virtualité (...)
Mais ce qui est ici, ce qui est "là-bas"...
Isobel Schrödinguerait dans le virtuel et le réel, elle travaillait.(...)
Isobel avait fini de travailler, elle était revenue à Univers-Un, avait laissé derrière elle son poste de capitaine, son vaisseau et son équipage, s'était extraite de la capsule. Son cœur tambourinait dans ses oreilles et, quand elle toucha son poignet, elle sentit aussi le sang pulser à cet endroit. Le cœur n'en fait qu'à sa guise, nous rappelant que nous sommes humains, fragiles, faibles."

Fragiles et faibles.... Voilà la clé. Un androïde ne pourra jamais être fragile et faible par doute et par souffrance. La conscience....

Christiane a dit…

Des vagues musicales sans paroles qui portent en elles absence et présence, cette force d'aimer si tragique puisqu'il y a la mort.... Un doux naufrage enchanté... A écouter quand les ombres du soir s'allongent. Mystère de cette musique qui fait battre le cœur...

Christiane a dit…

Les dernières minutes du film "Oppenheimer" de Christopher Nolan sont bouleversantes quand enfin sont révélées les paroles prémonitoires d'Albert Einstein, au bord du lac. Séquence qui rend inaudible leur dialogue au début du film ...
Une réaction en chaîne qui pourra détruire le monde...
"Je suis l'Ange de la mort, le destructeur des mondes» dit-il à son ami..
Ciilian Murphy est extraordinaire dans ce rôle difficile où le visage et le regard dont essentiels.

Christiane a dit…

"Mais il savait également qu'il ne peut y avoir de futur sans passé."
Page 43

Christiane a dit…

"Les robots étaient un étrange chaînon manquant entre l'humain et l'Autre qui n'était adapté à aucun des deux mondes."

Quel est cet Autre ?

Soleil vert a dit…

Pas clair, comme le sculpteur de dieux ...

Christiane a dit…

Un extraterrestre ?

Soleil vert a dit…

Un programmeur, je pense, créant des personnages dans le monde virtuel, un chapitre à lire en mode poétique.
Comme d'habitude vous trouvez le mot qui éclaire la scène : empathie.
Ca m'a renvoyé au Quatuor de Jerusalem , 4 volumes chez Laffont, bientôt introuvables, qui déploie des histoires d'amitié dans un moyen orient fantasmé.

Anonyme a dit…

Citons Adonis, le poète »: Lire, c’est un voyage, mais chacun à sa lecture. Mais lire, c’est créer aussi. Une lecture qui n’est pas une source de création n’est pas une grande lecture… on lit mal ». Le monde des livres…

Christiane a dit…

Ah, c'est bien ce voyage en lecture. !

Christiane a dit…

Ce personnage virtuel n’est donc jamais dans le face-à-face Une sorte de présence qui n’est jamais dans le même temps. L'Autre serait ainsi la marque en soi d'un possible énigmatique , une ressemblance, une forme de conscience de soi. Différent et semblable. Quel paradoxe... Une identité temporelle
Insaisissable.
La rencontre est-elle possible ?
C'est passionnant.

Christiane a dit…

C'est comme pousser les murs.

Christiane a dit…

L'Autre... Il y en a plein sur internet, tantôt blogueurs, tantôt commentateurs. Rarement superposables à leur moi véritable...

Anonyme a dit…

Je savais qu’il vous plairait…. MC

Christiane a dit…

Oui, on se sent encouragé à explorer librement le texte lu, sachant qu'on ne le changera pas mais qu'il est en train de nous changer. Et ce que nous écrivons est une passerelle entre deux paroles, celle que l'auteur a générée et la nôtre incertaine qui fait connaissance avec elle. Une rencontre virtuelle toute en langage.

Christiane a dit…

Très étrange expérience en lisant la page 67. Un personnage annonce des vers du poète Bashô. (Poète de l'école de Teikoku, XVIIe s., au Japon , qui laissa de courts poèmes nommés "haïkus"que j'apprécie beaucoup), donc je tombe sur ces drôles de vers qui ont l'apparence d'un haïku
mais écrit dans une langue qui ressemble à un canular !
(Bizarre... Bizarre... aurait marmonné Louis Jouvet, vous avez dit Bizarre...)
Un amalgame de mots incohérents. Je surligne, demande la traduction. Le moteur de recherche de ma tablette affiche :
"Impossible de déterminer la langue source de votre sélection".
C'est très drôle quand les robots de l'IA prennent la parole. Surtout dans un roman de science-fiction
!
Mais l'auteur a plus d'un tour dans son sac puisqu'au paragraphe suivant il fait donner par son personnage la traduction possible et maladroite de cette pseudo citation, s'attardant même sur le terme "hommonde" qui, dit-il, est tombé en disgrâce , ajoutant que la dénomination plus appropriée aurait été "humanité ".
Ces glissements du connu à l'inconnu pour cause d'invention est un des charmes de ce livre assez dadaïste.
Je m'amuse beaucoup quand je tombe sur les facéties de l'auteur - ce qui allége l'oppression ressentie à découvrir la vie des habitants de cette Central Station, un microcosme d'aliénation.

Christiane a dit…

Pour le plaisir :

https://www.google.com/search?q=bizarre+vous+avez+dit+bizarre+louis+jouvet&oq=bizarre+bizarre%2F+louis+jouvet&gs_lcrp=EgZjaHJvbWUqCAgCEAAYFhgeMgYIABBFGDkyCAgBEAAYFhgeMggIAhAAGBYYHtIBCTE4MDMzajBqN6gCDbACAQ&client=ms-android-xiaomi-rvo3&sourceid=chrome-mobile&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:0b49f391,vid:-Am18-CB1D8,st:0

Christiane a dit…

Inventé ? Oui comme dans cette page 72.
"Dans "Le livre d'Ogko", un homme raconte sa rencontre avec un être venu d'ailleurs, une créature énergétique nommée Ogko. "Je l'ai inventé, écrit-il. J'ai tiré sa forme de l'eau et des feuilles d'arbre, de la terre humide du Mékong et des trajectoires de vol des drones de bataille sauvages du Triangle d'Or. Il n'existe pas. Moi non plus."

Christiane a dit…

Vous vous souvenez, Soleil vert, de cette nouvelle de Arthur C. Clarke : "Les Neuf Milliards de noms de Dieu"publiée en 1953. Formidable texte dont nous avions beaucoup parlé.
Eh bien, Lavie Tidhar, qui n'en n'est pas à un emprunt près, l'inclut dans un dialogue et dans une prière dans son roman :
"Notre créateur qui êtes dans le champ du point zéro, que vos neuf milliards de noms soient sanctifiés...", prenant soin d'en calquer la composition sur le "Notre Père" chrétien.
Et c'est comme cela tout du long du roman : un étourdissant emprunt dans les noms de gens célèbres, maintenant dans les textes religieux et même dans la nourriture. Cette strigoï , Carmel, continue à consommer de la nourriture terrestre mais sa faim est différente, pas matérielle. Ainsi elle entre dans un bar à burgers où elle dévore viande rouge et pommes de terres accompagnés de ketchup et de moutarde. Clin d'oeil a un public jeune par ces marqueurs.
C'est un très étrange roman....

Christiane a dit…

accompagnées

Christiane a dit…

Il pousse un peu !
Même l'hostie devient "numérique et contient des routines de christofic hautement cryptées". Il ajoute que siles humains "la posaient sur leur langue où elle fondait lentement. Les digitaux en file indienne la reçoivent directement."
Eh bien quel drôle d'écrivain qui trouverait sa place dans une équipe de journalistes satirique bien connus !

BouquetdeNerfs a dit…

Belle trouvaille Christiane que cette référence clarkienne (dissimulée au milieu d’autres emprunts comme semble le suggérer SV). C’est une lecture en science-fiction qui me tente. Pas fan de l’illustration de couv qu’on dirait sortie d’un jeu vidéo. Je découvre le nom de cet auteur qui n’en est pourtant pas à sa première publication en France

Soleil vert a dit…

Il y a plein d'allusions en effet (celles que je cite)

Christiane a dit…

Merci, Bouquet de nerfs. Oui, Soleil vert, a annoncé ce grand jeu dans son billet . Je guettais ces emprunts et puis j'ai oublié qu'il l'avait annoncé tant je suis immergée dans le roman.
Il écrit :
"Ce monde hallucinant contenu en un fix-up de 13 chapitres, et porté par une écriture toute aussi hallucinante et humoristique, ce monde donc porte dans ses gênes des écrits légendaires de science-fiction : Les neufs milliards de nom de Dieu, Le robot qui rêvait, Un Cantique pour Leibowitz, Dune, L’anneau-monde, Shambleau pour ne citer qu’eux. "

C'est vrai aussi que l'on retrouve l'écriture ludique de Jacques Prévert. ( Qui a commis aussi un Notre Père mémorable !
Le Pater Noster du recueil "Paroles" qui commence par :
"Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois
si jolie....")

Donc, Carmel est "une humaine vampirisée par un Nosferatu de passage, qui prend refuge chez un bouquiniste, déconnecté de tous les réseaux."

Quelle aventure ludique et surprenante comme une giboulée de mars !
Merci, Soleil vert.

Christiane a dit…

Le libraire a de quoi se faire un sang d'encre...

Soleil vert a dit…

Voilà :)

Christiane a dit…

Ces treize récits sont liés dans une fabuleuse spirale entraînant des personnages dans un mouvement perpétuel .
Qui les entraîne dans une folle sarabande où le lecteur ne sait plus qui est humain, qui ne l'est qu'à moitié, qui veut du bien, qui veut du mal ?
Qui les entraîne dans ce "ludivers" ? C'est le magicien Lavie Tidhar qui écrit ces treize histoires avec humour et déraison.
On avance au milieu de fragments entremêlés où défilent, se percutent, s'évitent êtres et entités, de chair ou de métal rouillé, des souvenirs sans toujours d'ancrage. Certains se nourrissent de l'esprit des autres, du sang des autres...
Une infinité de possibilités virtuelles.
Il y a même un ver géant et visqueux surgissant des "dunes" de sable du Sinaï...
Les dialogues ou citations en pidgin astéroïde sont toujours traduits et savoureux. Elle, Carmel, ma préférée, vient d'un petit astéroïde perdu dans la galaxie. C'est le vieux bouquiniste, Achimwéné, qui lui raconte son histoire. (Heureusement il est vide...) Il sait parce qu'il vit dans des vieux livres... Elle l'écoute avec ses dreadlocks qui bougent doucement et lui donnent un visage de Méduse enfin pas tout à fait car son visage est pâle et délicat et son regard un peu triste . Elle n'est pas humaine, son corps est bourrée de filaments nodaux, de données et hélas de protocoles hostiles... Très hostiles...
Il l'emmène au dehors de la station, à Allenby, un village , lui offre un jus d'orange frais et des patisseries. La rue est pleine de commerces sent les épices , les légumes frais, les poivrons, les tomates, et le gras d'agneau. Ils croisent un groupe de Juifs orthodoxes vêtus de noir. Elle observe, hume, découvre.
Des vers de Mahmoud Darwich flottent dans l'esprit du vieux bouquiniste évoquant l'invisible. Des vieux livres dans des caisses, des éditions anciennes ( M.C. serait heureux!). Achimwéné ne cherche pas un "pulp" mais de la non-fiction !
Arrêt page 147.

Voilà :)

Christiane a dit…

Vous précisez, Soleil vert, à propos de ce livre : "Ce monde hallucinant contenu en un fix-up de 13 chapitres, ..."
Je découvre, au fil de la lecture ce qui distingue un fix-up d'un roman.
Il est fait de strates introduisant à chaque chapitre un ou plusieurs nouveaux personnages et dissolvant habilement les précédents. Ainsi Carmel, sous l'effet d'une drogue, va traverser par quelques apparitions flottantes les derniers chapitres, idem pour Achimwéné. Elle semble devenir un personnage secondaire qui rêve de n'être plus un vampire pour vivre paisiblement avec "Achi", son bouquiniste. Les dieux sculpteurs jouent aux magiciens. La réalité des pays en guerre ou après la guerrequi entourent la station paraît entre deux retours à la station.
La structure du roman me manque où l'on pourrait suivre une histoire plus limpide, plus cohérente ne suivant que quelques personnages.
Là j'ai l'impression d'être face à des épisodes qui vont paraître dans un journal. Une histoire sans fin où certains personnages récurrents feront des apparitions pour donner un semblant de cohérence aux multiples récits. Lavie Tidhar est tellement occupé à inclure des miroirs d'autres romans ou de personnages célèbres qu'il délaissé un peu certains personnages auxquels le lecteur s'est attaché. Et je me lasse un peu de ce melting pot depuis le chapitre 10jaimzis bien Achimwéné et Carmel.... moins intéressée par d'autres personnages qui apparaissent et prennent maintenant toute la place.
(Au passage la circoncision du bébé donnée avec force détails m'est apparue difficilement supportable.)

Christiane a dit…

J'aimais

Christiane a dit…

Ah chic, je les ai retrouvais dans le chapitre 11. Ah, ça c'est bien car les autres personnages m'indiffèrent

Christiane a dit…

retrouvés

Christiane a dit…

Et c'est très beau le temps d'un chapitre puisqu'au 12 ils ne sont plus là !

Christiane a dit…

Voilà, j'ai parcouru les deux derniers chapitres. Une fin de conte de fée...
Drôle de roman trop touffu mais souvent lumineux.
Je me suis perdue dans tous ces personnages comme dans un tableau de Jérôme Bosch ( Le Paradis).
Des lourdeurs quand l'auteur joue à la citation mais un désir de diriger son écriture vers la paix encore que ce soit un peu mystique...
Je suis contente de l'avoir lu.
J'ai commandé le premier tome du "Quatuor de Jérusalem"....

Christiane a dit…

Le triptyque de Jérôme Bosch fermé est très SF...
Quand les volets sont fermés on voit un globe plein de reflets de lumière. A l'intérieur, par transparence une espèce d'île surmontée de collines .
Ce globe est-ce la Terre ?
Le ciel à l'intérieur est noir de nuages. De l'eau aussi...
Donc, ce globe n'est pas la terre mais contient la terre : l'île.
Quand on ouvre le triptyque : le Paradis, le Jardin des délices, l'Enfer.
Ce globe c'est un peu ce roman de Lavie Tidhar.

Anonyme a dit…

Faut-il rappeler que Dune renferme quelque part uns Bible Catholique Orange, dont seuls quelques versets sont donnés ? MC

Christiane a dit…

Très bonne remarque comme toujours. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'ont fait préférer le film de D.Villeneuve au roman de F.Herbert. il a su gommer l'omniprésence des religions.
Paul Atreides est évidemment une sorte de Messie. Quand il débarque sur cette planète désertique on pense plutôt que le peuple pauvre qui y vit est influencé par l'islam.
Et puis le film est plus resserré que la saga écrite en 5 volumes je crois. J'ai vu le film en entier, subjuguée par la beauté des images alors que je n'ai dû lire que la moitié du premier livre de la saga ! Le film semble s'intéresser à ce premier volume si j'en juge par les résumés de la saga trouvés sur internet.
Oui, la religion est omniprésente jointe au politique, tantôt oppressante, tantôt arme de délivrance. C'est un balancement très paradoxal. Mais les religions sont métamorphosées, fondues les unes dans les autres. Même un soupoudrage de bouddhisme...
Cette Bible, orange, dites-vous, a comme précepte de ne pas déformer l'homme, je crois. Ce qui est un beau message dans ce monde futuriste et une méfiance face aux ordinateurs et robots divers..
Un peu un des thèmes de Lavie Tidhar dans ce melting-pot de cette Station métaphorique. D'ailleurs le religieux est aussi très présent dans son roman comme souvent dans la science-fiction.
Je pense au final d'E.T. de Spielberg. Même paroles messianiques quand E.T. fait ses adieux à Éliot.
Faut-il se méfier des super-héros souvent prophètes ? Peut-être cette question a inspiré F.Herbert... ce Paul Atreides semble mener une croisade... Mais contre son gré. Il subit son destin plus qu'il ne le choisit.

Janssen J-J a dit…

COUCOU,

une lecture tomtomatisée qui n'a rien à voir avec la SF... Merci de bien vouloir l'accepter... Je vous souhaite un bon lundi, à vous SV et à tous vos intervenautes.

avec l'écrivain Nicolas MATHIEU, quasi un fils pour lequel j'ai beaucoup d'affinités et de tendresse littéraire, sans le connaître personnellement.
Il nous/vous dit, ce matin, dans un beau petit livre intime et lumineux
"Réserve toi le plus possible pour la joie. Ecoute-moi. Tu n'as qu'une vie. Défends-là" (p. 87)

Nicolas MATHIEU *Le ciel ouvert (Actes sud, 2024) (+ dessins d’Aline Zalko / hélas...).
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Premières incursions explicitement autobiographiques d’un récent goncourtisé (?), quadragénaire un brin nostalgique essayant de retenir le temps qui passe. Portrait d’une génération « désenchantée » des années 2020 qui n’a plus d’autre salut que de s’accrocher aux petits bonheurs de la vie telle qu’elle se présente hic et nunc, en essayant d'en ralentir l'accélération : l’amante ou maîtresse mariée dont l’auteur transi est amoureux fou, leurs relations torrides de 5 à 7 ; une jeune mère de famille de son âge à laquelle il pense sans cesse face au spectacle et aux contraintes du boulot métro dodo ou de ses voyages d’étude un peu vains autour du monde ; le bébé puis le garçon qui grandit et remplacera vite le papa à son adolescence ; et dans ce cycle éternel d'une banalité à faire faire, le père..., surtout, un boomer de 1945, ouvrier salarié électricien d’une province désindustrialisée… dans un bel hommage qui en dit long sur le caractère de l’écrivain : C’est moi l’homme à présent. J’ai eu de la chance (…) Je demeure comptable de ses sacrifices. Ma dette est là. Je suis de ce sang des emmerdés perpétuels, des soumis qui grognent, ceux que dévorent la chaîne, le chronomètre, qui n’ont que le temps qu’on leur bondonne. Toujours je serai un gosse de prolo fier de son BEPC, qui avait peur du chômage et des dette, qui s’endormait chaque soir devant la météo. Cet homme dans la vie fut employée à des fins qui n’étaient pas toutes les siennes (…) Je suis de ce monde vendu par force, cédé parce que c’est comme ça. Je suis de la race des mécontents, de ceux qui tiennent parce que pas le choix et rêvent que leurs mômes feront mieux, seront plus heureux, moins soumis et moins las...

Bàv,

Janssen J-J a dit…

à faire peur... les 8 dernières lignes entre " ", c'est une citation de l'auteur, évidemment (p. 112). Bàv,

Christiane a dit…

On ne devrait connaître un auteur que par ses livres... Trop de bruit autour de la vie privée de Nicolas Mathieu depuis quelques semaines...
Il faudrait remonter le temps jusqu'au Prix Goncourt et ce grand roman , "Leurs enfants après eux", qui avait été salué justement.
Après, les salons parisiens, les paillettes, le champagne... l'ont un peu transformé en coqueluche des médias. C'est vraiment dommage...
J'attendrai un peu pour retrouver son écriture.

Anonyme a dit…

Désolé, je n'étais pas au courant pour le "bruit"... Il est vrai que je vis en province profonde. Mais pourquoi s'obliger ou pas à lire ce qui est référé ici (un blog dédié aux littératures, je crois) pour le seul plaisir égoïste du scripteur ? c'est un peu ballot, non ?
(jjj)

Christiane a dit…

Pas de problème, JJJ. Votre compte-rendu est lumineux.
Prendre du temps ne signifie pas refuser de lire le livre.
Néanmoins, il vit actuellement en contradiction avec ce qu'il dénonçait dans "Leurs enfants après eux". Mais c'est son droit d'être amoureux...

Christiane a dit…

Je me souviens de l'épigraphie de "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu :
"Il en est dont il n’y a plus de souvenirs,
Ils ont péri comme s’ils n’avaient jamais existé ;
Ils sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés,
Et, de même, leurs enfants après eux. »

Anonyme a dit…

Mais de quel bruit s’agit-il ? Pour vivre à Paris, je n’en ai point entendu parler! MC

Christiane a dit…

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/03/23/les-fans-eplores-de-nicolas-mathieu-en-fait-pendant-qu-il-nous-racontait-ca-il-etait-avec-une-princesse_6223742_4500055.html

Anonyme a dit…

Epigraphe tiré de L’Ecclésiaste 44:8-9
Bien d’accord avec vous Christiane

Biancarelli

Christiane a dit…

Merci, Biancarelli. C'est intéressant. Joie de vous lire.

Soleil vert a dit…

On ne devrait connaître un auteur que par ses livres... Trop de bruit autour de la vie privée de Nicolas Mathieu depuis quelques semaines...

Oui, le "Contre Sainte-Beuve" de Proust et une phrase de Rilke trouvée par Juan Ascensio "L'art ne peut provenir que d'un centre rigoureusement anonyme»,"

Christiane a dit…

De profondes citations. Merci , Soleil vert .
Il y a un glissement pervers de la littérature au spectacle. Comme si "Écrire" devenait une carte de visite aussi puissante qu'un Visa pour accéder à un monde où l'ego paré des lauriers du triomphe ( quand il y a eu un Prix) permettrait d'échapper à l'anonymat.
Écrire devient alors un costume d'apparat..
Au moins dans le milieu de la science-fiction, les auteurs étant considérés comme seulement utiles au divertissement des masses peu éclairées, restent souvent inconnus sauf des amateurs.
La science fiction renoue avec l'étrangeté qui a précédé l'avènement du roman sentimental qu'il soit création ou autofiction.
Et souvent, MC. soulève les richesses cachées de ces fictions.
Bien sûr, il y a les temps futurs qui permettent de tout inventer puisque même Dieu devient un personnage de fiction.
Vous êtes, Soleil vert, celui qui sans l'espace internet cherche avec quelques autres un gisement encore largement inexploré en creusant la lecture de maintenant romans ou nouvelles de SF..
Ici, je n'ai qu'un prénom, le mien, qui me suffit dans cet unique espace, loin des réseaux sociaux, à exprimer en toute liberté mes impressions de lectrice lambda sur les livres et les auteurs, quitte à me contredire. Ainsi il m'a fallu du temps pour surmonter mon aversion pour l'écriture de Nicolas Mathieu dans ce fameux livre tellement source de conflit sur le blog de Pierre Assouline : "Leurs enfants après eux"....

Christiane a dit…

maint ( pas maintenant)

Soleil vert a dit…

Un dernier SF avant Trevanian

Christiane a dit…

Pas de problème. Il attend sagement dans ma tablette !

Christiane a dit…

Comme vous avez raison de citer le "Contre Sainte Beuve" de Proust. Il a su différencier le moi social du moi profond de l'écrivain qui se révèle dans l'écriture.
Ainsi dans ce passage :

"Et pour ne pas avoir vu l’abîme qui sépare l’écrivain de l’homme du monde, pour n’avoir pas compris que le moi de l’écrivain ne se montre que dans ses livres, et qu’il ne montre aux hommes du monde qu’un homme du monde comme eux, Sainte Beuve inaugurera cette fameuse méthode qui consiste à interroger avidement pour comprendre un poète, un écrivain, ceux qui l’ont connu, qui le fréquentaient, qui pourront nous dire comment il se comportait sur tous les points où le moi véritable du poète n’est pas en jeu ."
(Contre Sainte Beuve")

Christiane a dit…

Pour Proust qui n'était pas le dernier à aimer la vie tourbillonnante des salons, l'écriture était un rendez-vous dans la solitude avec la sensation qui lui permettait de percer la carapace de l'oubli pour trouver son vrai moi.
Pour Nicolas Mathieu c'est un moment de vérité . Pourra-t-il s'extraire de ce tourbillon médiatique (les photos de leur couple tapissent les kiosques à journaux) pour continuer à écrire la blessure ?

Anonyme a dit…

JEUDI 22 JUIN 2017 - JOURNAL DE VOYAGE (GROTTE DE LA VERNA) de JJJ...

Jeudi 22 – Comme tous les jeudis (au bout du 5e jour), marre du collectif et sentiment de la veille qui n’est pas retombé.
Matinée dans les magnifiques petites gorges de Kakaoua de 8 à 10 h A/R (6 euros).
Puis visite de l’Eglise restaurée du XIe de Ste Engrâce et de son petit cimetière.
Pique-nique au bord d‘un ruisseau, pas loin.
13h45 : montée dans une navette pour une excursion à la "Salle de la Verna" (réservation 15 personnes), ouverte au public depuis 2010, un lieu grandiose illuminé encore assez peu connu. Avec un bon guide hollandais polyglotte, amoureux de la spéléo…, une visite qui démarre par l’entrée dans un tunnel de 600 m à l’horizontale, sous un vent glacial : 5°. Visite grandiose et vertigineuse, quoique parfaitement sécurisée ! Montée jusqu'à la source intérieure d'un gave surgissant à l'air libre à quelques encablures. Méditations collectives.
Retour à Tardets après une pause au village de Licq pour achat de spécialités basques. (etc.)

Christiane a dit…


Ah merci. Enfin un message qui arrive en signalant sa présence par un petit tintement !
Depuis le nouveau billet je ne reçois plus les messages du blog. Alors je vais de temps en temps ouvrir le blog, lire les commentaires mais c'était mieux avant.
Votre message, JJJ, est dans la droite ligne du roman de Trevanian Shibumi, pour la partie importante de situant dans les grottes du pays basque. Aussi ai-je fait les recherches (voir lien ci-dessous).
Merci.

https://www.guide-du-paysbasque.com/fr/experiences/culturelle/article-grottes-pays-basque-411.html