Philip
Roth - La tache - Folio
« I look all white but my dad was black »
Pete Townshend - Substitute
« À la veille de la retraite,
un professeur de lettres classiques, accusé d'avoir tenu des propos racistes
envers ses étudiants, préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui
pourrait l'innocenter.
Tandis que l'affaire Lewinsky défraie les chroniques bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman Silk et découvre derrière la vie très rangée de l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans, prétendument illettrée, et talonnée par un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre. »
Tandis que l'affaire Lewinsky défraie les chroniques bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman Silk et découvre derrière la vie très rangée de l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans, prétendument illettrée, et talonnée par un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre. »
Considéré comme l’un des meilleurs romans de Philip Roth, La tache retrace l’itinéraire d’un homme
dont l’existence prend un tour tragique dans les années 90, à l’époque de
l’affaire Lewinsky. Accusé injustement de racisme, Coleman Silk décide de
larguer les amarres avec une Amérique puritaine, habitée selon les propos
d’Hawthorne par le « génie de la
persécution », et de mener une existence sans tabou.
Sous les feux de la dénonciation
de l’intolérance, qu’exprime avec colère et conviction le démocrate Roth, surgit
peu à peu le parcours atypique d’un brillant intellectuel ponctué d’actes
contradictoires, comme si le personnage endossait des identités multiples. Tour
à tour GI, boxeur, brillant professeur devenu doyen de son université, il se
prétend juif avant de rompre avec sa mère noire qu’il rend responsable d’un
échec sentimental.
Ces reniements successifs
dressent paradoxalement le portrait en contre-jour d’un américain individualiste
ne cessant, comme on a pu l’écrire, de se réinventer. Leïla Slimani a souligné
la parentèle psychologique de Coleman Silk avec Lester Farley l’autre largué de
l’Amérique. L’ex-mari de Faunia Farley, comme des milliers de soldats revenus
du Vietnam, a perdu tout point de repère. Il pourchasse de sa hargne
celle-ci et son amant.
Coleman Silk doit aussi
affronter le courroux obsessionnel de Delphine Roux, une enseignante française
qu’il recruta jadis à l’université d’Athéna, devenue son chef de département puis
sa Némésis. Non contente de coordonner les accusations de racisme envers le doyen, elle voit dans sa liaison avec Faunia l’expression d’un sexisme caché et
va jusqu’à envoyer une lettre anonyme de dénonciation. Fin connaisseur de la
littérature française, l’auteur a créé là un personnage stendhalien de femme blessée .
L’écrivain, décédé
récemment, brassait dans ce roman vieux de près de vingt ans, beaucoup d’idées
actuelles, non sans humour : le politiquement correct, qui conduit une
étudiante de Silk à dénoncer le machisme d’Euripide, les réputations qui se
font et se défont au rythme des cabales. Si la France est la championne historique
des lettres anonymes - et pas seulement dans Le rouge et le noir, cher Philip Roth, voyez les affaires criminelles,
voyez les archives de Vichy - nos voisins américains ont inventé quelque chose
de similaire qui s’appelle les réseaux sociaux et qu’on pourrait qualifier de
lettre anonyme permanente.
Le titre de cet excellent
roman désigne la trace spermatique laissée par Clinton sur la robe de Monica
Lewinsky et plus globalement les personnes désignées à la vindicte populaire
pour avoir suivi, comme chantait Brassens, un autre chemin. La construction très
souple du récit autorise des allers-retours dans la biographie. On n’oubliera
pas le personnage du père, figure morale, colonne vertébrale traditionnelle
chez Roth, ici homme maltraité par vie, amoureux de la langue et de la littérature
anglaises.
4 commentaires:
N'ayant jamais lu Philip Roth, on m'a souvent conseillé de lire celui-ci. J'aime beaucoup la critique de l'Amérique puritaine qui semble s'y dévoiler.
C'est un des plus réputés en effet !
Toujours les mèmes themes chez ROTH:Le sexe,la mort,on dirait que ses personnages ont fréquenté tous les bordels de la planete!Lassant.
En mettant de côté le cycle Némésis, je découvre aussi dans ses autres romans (je n'en suis qu'à deux, bientôt trois ) une chronique de l'Amérique.
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