mardi 14 février 2023

Les fleurs rouges

Yoshiharu Tsuge - Les fleurs rouges - Cornelius

 

 

 

Consacré par une rétrospective au musée d’Angoulême en 2020 et honoré au festival concomitant d’un fauve d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, Yoshiharu Tsuge est l’un des fondateurs du manga moderne. Avec quelques autres comme Yoshihiro Tatsumi, il a orienté le genre vers des récits plus adultes. Sa collaboration avec le magazine Garo donna un coup de fouet à sa production l’incitant à aborder des territoires inédits comme l’autofiction.

 

Les débuts de Tsuge remontent au milieu des années 50. Le quotidien d’un mangaka n’est pas une partie de plaisir dans ce Japon en cours de reconstruction, souffrances qu’il relatera plus tard dans L’homme sans talent. Le début de sa vie semble sortir d’un roman de Dickens, un beau-père violent, l’enchainement des petits boulots au sortir de l’enfance, et enfin la découverte de la vocation. Beaucoup a été dit et avec pertinence sur le travail novateur de Tsuge, sur ses histoires « aux fins ouvertes », structurées en « carnets de voyage » et les narrations à la première personne.

Une planche couleur de "Paysage de bord de mer"

  

Les fleurs rouges rassemble 12 récits dessinés en 1967 et 1968. Dans les meilleurs d’entre eux, l’auteur se dépeint en randonneur, rencontrant au hasard de ses excursions des personnages solitaires, parfois à la marge. Tsuge prend le temps de respirer, alternant péripéties et planches paysagères sans texte, toutes choses que j’avais apprécié dans L’homme qui marche de Jirô Taniguchi et dont je découvre aujourd’hui la provenance.

  

« Veillée funèbre » publié en mars 1967 dans la revue Garo, métaphorise en quelque sorte  (merci Léopold Gahan) la renaissance de l’inspiration du mangaka. Cela ressemble à une farce moyenâgeuse. Trois jeunes malotrus surpris par la pluie dans la campagne se réfugient chez une vieille dame. Elle leur alloue l’unique chambre disponible où repose un défunt. La soirée funèbre se transforme en fête grotesque.

 

« Plein soleil » s’apparente à une œuvre de commande, superbement redessinée sept ans plus tard par Tsuge. Quatre touristes visitant le site de Gizeh en Egypte sont victimes d’un accident de voiture. Malgré l’arrivée d’un hélicoptère de secours, leur absence de scrupule les condamne au pire.

 

« La salamandre » erre dans les égouts depuis une époque indéterminée. Elle n’a aucun souvenir de son arrivée dans cet univers déliquescent qui est désormais le sien, guettant avec curiosité l’arrivée des déchets, parfois surprenants, de l’activité humaine. Ce récit, lointain parent du « Journal d’un monstre » de Richard Matheson marque l’arrivée du « Je » dans les histoires du mangaka.

 

 Dans « La famille de Monsieur Lee » le narrateur s’installe dans une maison délabrée. Une étrange famille de marginaux prend possession du premier étage et vient parfois chiper les légumes du jardin. Chacun des protagonistes semble vivre dans un monde parallèle jusqu’au jour où M Lee vient aider son voisin à extraire sa femme évanouie de son bain. Une scène d’un érotisme plus que discret, sans doute une nouveauté pour l’époque.

  


Le héros du « Chien du col » est un quadrupède vagabond qui fait occasionnellement route avec un marchand de tissu ambulant, choisissant au gré de son humeur, refuge et maitre. Un texte a minima, qui symbolise peut-être la liberté d’inspiration de l’artiste.

 

« Paysage de bord de mer » raconte une romance entre deux êtres de passage dans une station balnéaire. La dernière planche toute en noirceur laisse une fin ouverte : simple nuit tombante ou issue dramatique ?

 

« Les fleurs rouges » ou l’art de transformer un évènement trivial en une floraison poétique. A la recherche d’un coin de pêche, le narrateur se rend dans une auberge et assiste aux chamailleries d’un petit garçon et d’une jeune fille tiraillée par des douleurs au ventre.

 

« Incident au village de Nishibeta ». Afin de se livrer encore à son loisir préféré, notre pêcheur se rend dans un village de la préfecture de Shiba. L’évasion d’un patient du petit hôpital psychiatrique local met la population en effervescence et sur le pied de guerre. Le narrateur rencontre le jeune homme en question, apparemment calme, au bord d’une rivière en train d’appâter quelques poissons. Yoshiharu Tsuge s’est-il souvenu de son hospitalisation à la suite d’une tentative de suicide quelques années auparavant ?

  

« L’auberge de Chohachi » est un de mes récits préférés avec « Paysage de bord de mer » et « Les fleurs rouges ». Un randonneur passe une nuit dans une auberge - on dirait aujourd’hui un Ryokan - située dans un village à l’ouest d’Izu et dont la vue imprenable sur le mont Fuji constitue l’attraction principale. La brume en dissimulant l’apparition, l’intérêt du voyageur se porte sur les propos d’un vieux monsieur, homme à tout faire et fin connaisseur des secrets du lieu. La chute aurait mérité un meilleur graphisme.

  

Encore une partie de pêche cette fois dans « Les gorges de Futamata ». L’imprévu se manifeste sous la forme d’un typhon et d’un singe qui incongrument partage un bain de source chaude avec les clients.

  

Notre voyageur fait halte dans la région du mont Hachimantai peuplée de stations thermales dont les pavillons dit « ondol » utilisent un système de chauffage par géothermie. L’irruption de trois hommes insupportables gâcherait son séjour si la vision d’une jeune cantinière s’abandonnant quotidiennement au sommeil dans le plus simple appareil ne venait le pimenter un peu.

  


Dans « La cabane de neige de monsieur Ben » vit un vieil ermite séparé de sa famille. Il propose au voyageur de passer quelques jours avec lui et de profiter du calme des lieux pour travailler sur son prochain manga. Mais faute d’inspiration, le jeune homme abandonne ses crayons pour accompagner son hôte à la pêche.

  

Yoshiharu Tsuge - Copyright Stéphane Beaujan

On doit bien sur replacer l’ensemble de ces récits dans leur contexte historique - la naissance du manga adulte – pour pouvoir les apprécier pleinement. Mais certains d’entre eux atteignent véritablement une qualité littéraire, l’apparente simplicité du propos masquant nombre de subtilités. Les narrations oscillent entre autofiction et autobiographie à la Mizuki, dont Tsuge fut un temps un des assistants (1). Enfin on n’oubliera pas que ces « carnets », aussi modernes soient-ils, s’inscrivent dans une tradition héritée des estampes de voyage. La collection Pierre des éditions Cornelius en est le réceptacle idéal, travail éditorial et paratexte au-dessus du lot.

 

 

(1)   Cf La vie de Mizuki


40 commentaires:

Christiane a dit…

Très beaux dessins et belle qualité littéraire des histoires, semble-t-il à vous lire. Merci beaucoup pour ce billet enthousiaste.

Christiane a dit…

Quelle marche !
Soleil vert, j'étais en quête de ce livre. Deux spécialistes de mangas dans le quartier. Livre épuisé !
Bon, en attendant j'ai acheté "L'homme sans talent" dont vous parlez dans votre billet. "Les débuts de Tsuge remontent au milieu des années 50. Le quotidien d’un mangaka n’est pas une partie de plaisir dans ce Japon en cours de reconstruction, souffrances qu’il relatera plus tard dans "L’homme sans talent". Le début de sa vie semble sortir d’un roman de Dickens, un beau-père violent, l’enchainement des petits boulots au sortir de l’enfance, et enfin la découverte de la vocation. Beaucoup a été dit et avec pertinence sur le travail novateur de Tsuge, sur ses histoires «(...)"
J'ai montré votre chronique aux deux libraires de mangas. Ils ont apprécié ! Les autres libraires du quartier m'ont dit qu'ils ne vendaient pas de mangas avec un air un peu condescendant...

Ce livre est très beau. Belle couverture cartonnée. Sur fond rouge un profil d'homme, tête dans les mains.
Le libraire m'a expliqué comment le lire. De droite à gauche, de haut an bas et dans la page, de droite à gauche.
Bon, ce sera mon premier manga. Je vous dirai mes impressions.

Soleil vert a dit…

Merci :)
Je chroniquerai après Fante, "L'homme sans talent", un titre à la Musil …

Christiane a dit…

Il n'y a pas d'urgence, je découvre mon premier manga.
J'ai feuilleté, l'an passé, ceux de mon petit-fils très friands de mangas... Je n'étais pas emballée. C'était des livres mous, plus petits de format ça me donnait le tournis car c'était tout à l'envers du sens de la lecture auquel j'étais habituée. Je cherchais à lire. Les dessins mangeaient le texte..
Celui-ci est beau. Lourd en mains. Grave.

Christiane a dit…

C'est une histoire triste et poétique. Sur fond de misère sociale, après mille petits boulots, un père ramassé des pierres, les observe, essaie de les vendre. Son petit bout de fs l'observe, respire mal, il souffre d'asthme.
Le graphisme est intéressant.
J'ai beaucoup dessiney des pierres, des roches. Je me trouve dans mon élément.
Le père n'a pas de bouche.
Il dessine beaucoup la rivière, les poissons. De silhouettes de pêcheurs en noir total sur des barques gracieusement dessinées.
Le texte est un long monologue , celui du père et quelques interventions d'autres personnages.
La première phrase est épatante : "Pour finir, je suis devenu marchand de pierres." et la deuxième "je n'ai pas trouvé mieux.'
Il n'y a pas de bulles entourant les textes. Ça c'est bien
Pendant qu'on lit son monologue on voit des paysages de bord d'un fleuve. Un corbeau en ombre chinoise tenant une pierre ou une graine dans son bec. Un train sur un pont en ombre chinoise aussi. Une passerelle en bois, rondins et rambarde. Des passants, l'air triste.
Puis on entre dans une rue du village. Les gens sont tristes.
J'aime beaucoup.

Christiane a dit…

son petit bout de fils

Christiane a dit…

Les fleurs rouges... Sur amaz... Il est proposé à 91€ !!! et 147€ en solde. Je leur laisse !!!!

Christiane a dit…

Au chapitre 3 "Le maître des oiseaux" apparaît puis disparaît un personnage énigmatique, un oiseleur. Mais il ressemble à un grand oiseau. On ne l'entend pas parler. Il essaie de vendre des oiseaux dont certains très rares . Il les porte sur son bras. Il est possible qu'il vive dans une cabane avec ses oiseaux au fond du paysage. On ne sait s'il se transforme en oiseau (dessin magnifique où le noir est l'élément essentiel contrastant avec une lumière irréelle.) ou s'il plonge dans la rivière en contrebas pour y mourir.
C'est un chapitre étrange qui apporte au récit un ton surnaturel.
Un soir, il déploie sa cape comme des ailes et semble s'envoler du pont.

Christiane a dit…

De plus c'est sous la pluie et la nuit. Quels dessins !

Christiane a dit…

Quelques haïkus. Un paysage de brume. On ne voit pas mais on entend le craquètement d'une grue qui perce la brume.
Une entrejambe nue, une main. Femme ?
L'enfant lâche une petite crotte qui rebondit sur les marches.
L'homme urine en parlant à sa femme.
Promenade en barque. La main de la femme trouve un préservatif au fil de l'eau.
Une image consacrée à un "Prout".
Quelques paroles drues.
Pages non numérotées. Quatre à cinq planches par pages de format différent.
Le poète s'éloigne dans l'orage avec son bâton et son baluchon. On sait qu'il va mourir.. "C'est en décembre de la 19e année de l'ère Meiji.... Seigetsu s'éteignait, couvert de merde dans une rizière asséchée."
On entend croa croa... des corbeaux passent ( on pense au dernier champ de blé aux corbeaux peint par Van Gogh.)
La dernière phrase : "Seigetsu et Yamaï... C'est vraiment deux couillons !"
Étrange livre. Je n'ai pas tout lu, ni tout observé. J'y reviendrai.
C'est un mélange de beauté et de laisser-aller... C'est beaucoup de tristesse, aussi.

Christiane a dit…

Je lis maintenant la postface.

Christiane a dit…

La postface est de Stéphane Beaujean et Léopold Dahan.
On en sait plus.
L'éditeur Hiroshi Yaku en 1984, propose à Yoshiharu Tsuge qui sort de HP, complètement perdu, un trimestriel "comics Baku" dont Tsuge serait la clé de voûte. "L'artiste maudit accepte de sortir d'une retraite de plus de trois ans. Dont ce chant du cygne "L'homme sans talent". Le roman du moi. Genre littéraire absent du manga . Ce livre navigue "entre autobiographie et autofiction". Quatre chapitres sans toujours de lien entre eux. Mais on devine ses années de jeune dessinateur fauché et sa vie de couple.
Il se transforme en personnage de fiction un peu grotesque évoluant dans un climat glacial et conflictuel. Gags et drames se succèdent.
C'est aussi un monde de vagabonds, d'ermites,de clochards... célestes.
Beaucoup de réalisme mais il transforme son passer en fiction.
Une citation finale très éclairante : "Je pensais emprunter aux "romans du moi" ce mélange de faits réels et de fiction qui me permettrait d'induire les lecteurs en erreur sur ma véritable identité et devenir insaisissable, de disparaître tout en m'exprimant. Mais ce besoin d'expression personnelle s'est évanoui à mesure que mon désir de dissimulation augmentait. Le seul moyen que j'ai trouvé pour continuer de me cacher fut alors d'arrêter de dessiner."

Christiane a dit…

son passé

Christiane a dit…

Vous avez raison, Soleil vert, L'homme sans talent" est un titre à la Musil. Cela rappelle L'homme sans qualités...
C'est un roman du moi très philosophique où Yoshiharu Tsuge se moque un peu de lui et offre la gravité aux personnages imaginaires qui traversent le manga.
Merci pour cette découverte.

Christiane a dit…

Quand la nuit tombe l'enfant vient le chercher. Il pose deux questions terribles :
Tes pierres , on ne va pas de les voler ?
C'est quoi une larve ? Maman dit que tu es une larve.
Et cette page ouvre sur le deuxième chapitre : "L'homme sans talent".
Le premier chapitre s'est refermé sur une planche sans texte, représentant de dos, l'homme et l'enfant, face à la rivière. Au loin le mont Fuji. Magnifique tombée de la nuit.

Christiane a dit…

Deux ans ont passé. C'est l'hiver. Il neige. On retrouve le père et le fils blottis sous l'étalage. Le fils demande : pourquoi on ne vend rien ?

Une rencontre avec un expert en pierres, en ville, donne l'occasion de comprendre la fabrication de petits paysages de pierres et de sable arrangés sur un plateau.
Le texte précis et les dessins permettent de distinguer un Bonseki, ce petit paysage restituer au moyen de pierres et de sables, du Suiseki, où une seule pierre exprime le paysage tout entier.
Mise en scène contre beauté naturelle.
Un passage de grande qualité.
Puis le personnage erre au fil des rues. Entre dans un bar...

Se retrouve dans son abri.
Rêve où réalité ?

Anonyme a dit…

La fuite du temps et la rencontre sont aussi des piliers du théâtre japonais. Cf Makzubatse, dans la traduction des deux volumes de No et Kyogen de Sieffert. Et quand on se rencontre, on recrée un monde. Ici on a la fuite du temps, et peut être un symbole…Pas d’ alter ego, cependant…

Christiane a dit…

"La fuite du temps"...
C'est plus complexe car le temps passe mais le laisse enlisé dans son échec. Une sorte d'immobilisme dans le temps qui passe. Ce sont les planches paysages qui notent les changements de saison.
Et cette passion des pierres comme traversant le temps et subissant l'érosion, autre passage du temps sur la nature.
Dans l'histoire inventée du poète qui meurt abandonné de tous il y a sur le visage de l'homme le passage du temps. Plus que le vieillissement, l'approche de la mort.
Pourquoi dites-vous "pas d'alter ego" ?

Christiane a dit…

C'est vraiment intéressant votre pensée.

Christiane a dit…

Pour aller dans votre sens j'ai trouvé cette réflexion sur une présentation du Nô : "ces nôs sont des fictions poétiques faisant apparaître un personnage du passé ("Le drame, écrit Paul Claudel, c’est quelque chose qui arrive ; le nô, c’est quelqu’un qui vient."). Le personnage principal apparaît d’abord sous sa forme réincarnée.
Je mets le lien.

Christiane a dit…

Un développement passionnant :
https://pad.philharmoniedeparis.fr/le-theatre-no.aspx

Christiane a dit…

Le nô (能) vient d'un mot japonais qui signifie talent ou habileté. Ici, le livre manga sur je lis porte le titre "L'homme sans talent".
Étrange....

Christiane a dit…

Freud écrit : "[L’artiste] possède l’énigmatique faculté de modeler un matériau déterminé jusqu’à ce qu’il devienne la reproduction fidèle de sa représentation imaginaire, et ensuite il sait attacher à cette représentation de son fantasme un si grand gain de plaisir que par elle les refoulements peuvent être, au moins temporairement, surpassés et supprimés. »
Voilà qui peut éclairer le mystère de cette manga de Tsuge. "L'homme sans talent" qui est à la fois une écriture du moi et en même temps une fiction. Une histoire où le personnage principal est lui et n'est pas lui.
A la différence des textes raffinés du théâtre No, ce texte de Tsuge est en alternance, poétique et trivial. Le beau y côtoie volontairement des passages d'une certaine vigueur...
Dans mon recueil d'haïkus, j'en relève un de Issa qui m'évoque certaines planches et écritures du manga que je lis :
"Le mince trou
fait en pissant
dans la neige devant la porte"
Le même Issa écrivant :
"La fumée
dessine à présent
le premier ciel de l'année"
Où celui-ci deBuson :
"Sur le crottin de cheval
les fleurs tombées du prunier rouge
on les dirait embrasées"

Écrire, dessiner les êtres, les bêtes, les choses comme elles sont au moment où elles se révèlent.
La transgression, la trivialité font nid dans la poésie la plus délicate.
La vie est là à porter du regard. Tout cela , je le ressens en découvrant ce manga très attachant.

Christiane a dit…

Dans ce manga "L'homme sans talent" Tsuge met en scène avec un humour noir l'histoire, les rêves, les souvenirs d'une vie grâce à des personnages fantasques, parfois grotesques, parfois touchants, comme l'enfant.
Le personnage principal ne fait que des mauvais choix car il refuse d'écrire et de dessiner des mangas. C'est parfois ahurissant comme un film de Chaplin. Vendre des cailloux, faire traverser en les portant des voyageurs qui veulent aller sur l'autre rive.... Le dessin en noir et blanc donne un charme infini à son récit.

Soleil vert a dit…

Pas de problème.
Ne dépensez pas trop d'argent à cause de mes lectures. Vos petits enfants vont être fâchés !

Ps : faites un tour au quai Branly voir l'exposition Kimono

Christiane a dit…

Je ne regrette pas l'achat de "l'homme sans talent". Je l'offrirai à mon petit fils . Ça devrait l'intéresser lui qui cherche un emploi et qui a la tête dans les nuages !
Mais "les fleurs rouges"
c'est trop cher !
Bonne idée les kimonos du quai de Branly. J'en avais vu une étonnante au musée Guimet, il y a quelques années. Il y avait aussi des paravents et des estampes très particulières...
C'est une belle découverte que ce manga autobiographique autant que fictionnel.
Merci et bonne soirée.

Soleil vert a dit…

Mais "les fleurs rouges"
c'est trop cher !

Je l'ai commandé directement à l'éditeur (sur son site) pour 26 ou 27 euros

Christiane a dit…

Bonne idee !

Christiane a dit…

Mais le hasard a été l'occasion de découvrir ce livre de l'écriture du moi , L'homme dans talent, passionnant, pour suivre l'itinéraire de Yoshiharu Tsuge - dans "L'homme sans talent"
Je crois préférer ce livre à la série des fictions des Fleurs rouges.
C'est une problématique que je suis depuis des années en littérature. Je ne connaissais pas celle de Tsuge dans ce manga.
Pour Fante, il ne devrait pas y avoir de dépense . J'en ai certains et j'aime beaucoup. Là aussi, l'oeuvre est très autobiographique.

Christiane a dit…

PS : mes petits-enfants sont de jeunes adultes. Les livres circulent beaucoup entre nous.

Anonyme a dit…

Pas d’Alter ego si je me fie à votre résumé du Manga. Si je me souviens bien, Makzubatse repose dans la scène centrale sur une rencontre. Il se peut que j’embellisse mais la tonalité est un peu « dans le Vieux Parc solitaire et glace », la mort en moins, le temps en plus. Et de cette rencontre jaillit un univers. De ce point de vue , le mot de Claudel n’est pas faux. Quelqu’un vient qu’ on attendait plus…

Anonyme a dit…

Désolé mais journée chargée!

Anonyme a dit…

Qu’on n’attendait plus, désolé ! MC

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Ou donc lisez-vous cela????

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Christiane a dit…

Je reviens à votre commentaire de 23h42.
Relisant attentivement, après un premier survol, "L'homme sans talent", je vois l'histoire d'un homme qui se trouve -et que son épouse trouve- "sans talent". Il se cherche dans une succession de petits métiers dérisoires, absurdes, qui tous le mènent a l'échec, motivé par une impossibilité de reprendre ses créations de bande dessinée où il est saisi d'un blocage. C'est réellement arriver à Tsuge qui a même subi un séjour en HP, sauf qu'ici c'est raconté avec un humour tendre ou glacial selon les planches et les chapitres.
Vous avez raison et Claudel aussi quant à l'irruption de deux personnages dont on raconte le passage : le maître des oiseaux et le poète de haïkus qui tous deux meurent abandonnés de tous, donnent-ils au récit une espérance ? Pas vraiment mais de très belles pages, c'est certain.
Par ailleurs beaucoup de trivialité dans les dialogues entre gens du village où leurs gestes. Ceci peut-être pour donner à l'ensemble un ton de dérision.
Enfin, après cette première expérience dans un manga de qualité, je concluais en marquant ma préférence pour les écrits sans image où le lecteur peut entrer dans une histoire sans être sans cesse obligé de sauter d'une image à l'autre. Texte permettant d'imaginer les personnages, les paysages, de lire tranquillement, de s'imprégner d'un texte. Encore que celui-ci laisse dans l'oeil de très belles planches et une histoire douce-amère où le héros ressemble at Buster Keaton.
Et pour la dernière question, le 20h39 m'a étonnée et un peu attristée.

Christiane a dit…

arrivé

Christiane a dit…

Soleil vert, vous êtes étonné sans doute de l'impact d'un de vos commentaires qui se voulait certainement juste prévenant. Le 20h39. On croirait lire l'horaire de l'arrivée d'un train en gare ! Mais l'intrusion du réel (pouvoir d'achat, dépenses, famille) dans la passion lecture n'y fait pas bon ménage.
Un de ces mondes, la littérature, mettant à distance la vie quotidienne par la force de l'imagination d'un écrivain et du délice de la lecture.
La place dans mon budget réservée à l'achat des livres est importante plus que d'autres choix (vêtements, voyages, logement, loisirs...) et pas seulement pour les livres que vous présentez, mais jamais elle ne vient percuter, mettre en péril, la bulle de tendresse où je veille au bien-être de mes deux grands petits-enfants, encore qu'ils soient autonomes dans leur vie d'adultes, maintenant. Vous lisant, c'était comme si, soudain, sous-entendu, ce domaine pouvait fragiliser l'autre.
Cela m'a rappelé d'interminables discussions avec d'autres personnes aimées sur le rapport de la création, de l'art, à l'argent.
Nous sommes là en plein dans la problématique de "L'homme sans talent" de Tsuge.
Porter en soi le péril d'écrire, de créer, de lire, c'est souvent faire le choix d'une vie sans aisance financière.
Cela m'a tellement troublée que je n'ai pu ouvrir cet espace tout le jour et sans le retour nocturne des commentaires de M.C., cet engourdissement aurait pu durer.
Bon , c'est passé... Hâte de tourner la page et de lire votre nouvelle chronique sur le livre de Fante que vous avez choisi. Un écrivain très important dans mes lectures, de la même veine que cet "Homme dans talent".
Bonne journée.

Soleil vert a dit…

Un scrupule de ma part mal placé.
Désolé. Pour me faire pardonner, billet suivant.