samedi 25 janvier 2025

La Vieillesse de l’Axolotl

Jacek Dukaj - La Vieillesse de l’Axolotl - Rivages

 

 "L'horloge joyeuse du néant bat le temps 100 M, 200 M, 300 M... tandis que dans les lentilles fendillées du mecha rouillé se lèvent et se couchent les galaxies et les univers"



Une espèce d’onde neutronique venue de l’espace détruit toute vie sur Terre en vingt-quatre heures. Quelques humains ayant la technologie adéquate à portée de main au bon moment parviennent à scanner leur esprit et basculer dans une vie numérique. Une des sauvegardes de Greg, informaticien et héros du livre La Vieillesse de l’Axolotl, atterrit ainsi intact dans un serveur de Vladivostok. Comme d’autres, profitant de l’internet des objets, il parvient à se télécharger dans d’autres serveurs et même intégrer des robots militaires.

 

Le roman du polonais Jacek Dukaj conjugue les thèmes de l’apocalypse et du cyberpunk, dans une filiation à rechercher plutôt du côté de Schismatrice + de Bruce Sterling que Neuromancien de William Gibson. C’est sa première publication en France, chez « Rivages » (Payot), une collection ouverte à tous les horizons, à qui nous devons la bonne surprise de L’Ile de silicium. La nouvelle Humanité imaginée par  Jacek Dukaj s’oriente dans deux directions, le projet Génésis des B&B et ses successeurs, visant à recréer une vie organique, et la branche dite « Heavy Métal » résolue à approfondir l’expérience digitale.

 


Peu à peu « mechas » et « transformers » reproduisent les schèmes de comportement de leur existence antérieure. Des guildes surgissent et les antagonismes avec. Une espèce de nostalgie aussi, témoin le programme Morpheus, un générateur de rêves auquel a de plus en plus recours Greg. Les survivants communiquent par « emot »  (émoticônes ou émojis) mimant des soirées bars et des ingestions d’alcool inexistant. Au fil des éons, car qu’est-ce que le temps pour ces créatures mécanisées, les projets se délitent, une forme de résignation s’installe.

 

C’est en lisant les cinquante dernières pages que surgit - comme la vérité au fond du puit, pour reprendre une expression de Démocrite - le dénouement sur la destinée ultime, le drame de cette post humanité. Dukaj est passé à côté d’un grand roman, a côté de ce que qui aurait être la face noire du roman précité de Sterling, un nouveau Demain les chiens, au voisinage de La forêt sombre de Liu Cixin. En cause non pas le jargon cyberpunk, mais d’énormes raccourcis ; telle l’apparition de ce garçon, Indy, deus ex machina issu des mains de Vincent Cho alors que la recréation d’un biosystème relève du miracle. Qui sont les robots Father et Jenkins de cet enfant ? Qu’ont ou que n’ont pas réalisé ses successeurs dont on n'entend plus parler et dont l’un au moins s’est à son tour numérisé ? 


La Vieillesse de l’Axolotl résume les fulgurances et les insuffisances de la littérature cyberpunk, inlassable pourvoyeuse de néologismes. A cet effet le livre est doté d’une présentation originale. Le texte s’inscrit au verso, le recto comporte des illustrations et un glossaire.

69 commentaires:

Christiane a dit…

Elle est intéressante l'illustration.
Plusieurs reprises : La Création de l'homme par Dieu ( Michel Ange - Chapelle Sixtine) Mais aussi la pomme, symbole, source de connaissance qui chassa l'homme du Jardin d"Eden, ici offerte par un robot ( le mécha) qui serait le tentateur ? La citation du début du billet et celle sous l'image le situent comme un Dieu fatigué et rouillé.
Le titre contient le mot "vieillesse".
Par ailleurs, ni Adam ni Eve mais un enfant... qui a deux robots dont un se nomme Father !
Tout cela dans le vaisseau de Soleil vert. Se téléporter avant la mort, quelle drôle d'idée...

Christiane a dit…

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cr%C3%A9ation_d%27Adam_(Michel-Ange)

Pour la fresque et la citation

Christiane a dit…

https://images.app.goo.gl/uTBuHPFtS5arUTnf6

Anonyme a dit…

Si je puis dire, il y a quelque chose de Latium là-dedans, sauf que dans Latium, la métamorphose est déjà vraisemblablement organisée…

Anonyme a dit…

MC

Anonyme a dit…

Latium, de Lucazeau. MC

Christiane a dit…

Pas mal ! C'est l'inverse de ce que les écrivains de SF imaginaient au vingtième siècle. Les êtres humains ont totalement disparu. Il ne reste plus que des robots, intelligence artificielle, qui tentent de survivre et espèrent un jour retrouver des êtres humains. Ils reçoivent un signal venu de l'espace et s'interrogent....
Il semble que l'auteur épris de philosophie s'en est donnée à cœur joie.

Quelques humains semblent avoir survécu dans le roman de Jacek Dukaj ....

Christiane a dit…

MC, je vous ai répondu sous le billet précédent.

Soleil vert a dit…

A signaler deux disciplines scientifiques effleurées dans ce roman :
L'épigénétique :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pig%C3%A9n%C3%A9tique

Le réseau de Hopfield :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_Hopfield

Anonyme a dit…

La substitution du robot a l’humain a déjà bien des années , ou est-ce que je ne comprends pas?

Christiane a dit…

Rien compris.

Christiane a dit…

Étranges oppositions entre ici-bas et au-delà . Dans les livres que vous choisissez, S.V., nous entrons dans un autre monde - à venir - qui pose le problème de l'altérité , de l'étranger. Nous ne sommes pas dans la vie réelle mais il y a un rapport de "possible" entre ces deux mondes, une variante psychanalytique de nos angoisses quand on scrute l'état alarmant de notre monde.
Hélas, souvent ce n'est pas le dépassement de l'humain mais son anéantissement qui est développé dans ces fictions.
L'IA qui fascine semble une nouvelle donne. Ceux qui rejettent les romans de science-fiction en sont souvent avides... Quel paradoxe... C'est presque le retour du religieux sous une autre forme.
Nous sommes tous ancrés dans l'inconnu, dans les enjeux de l'identité, de ses états limites.
Cela comble une faille par des fantasmes, un transfert.
Il se rejoue des commencements, souvent ailleurs dans l'espace et dans le temps.

Le long échange avec MC, sous le billet précédent touche parfois ce questionnement.

Christiane a dit…

Surtout sur cette page (illustration) et thème de la fiction.

Christiane a dit…

J'ai commencé ce roman de Jacek Dukaj - "La Vieillesse de l’Axolotl "- (Rivages).
Quelle énorme surprise ! Tout ce dont j'ai parlé avec MC est comme une révision nécessaire pour apprécier ce roman. Ainsi la Bible, le paradis, l'Eden, la pomme... la vie, la mort, l'enfantement... Mais aussi le réchauffement climatique ( les glaces du pôle Nord ont fondu), le plancton a disparu, la Terre s'est desséchée....
Cette persistance de la race humaine par les enfants créés par des robots. Se rejoue la création du monde. C'est très très troublant. De la vraie SCIENCE fiction.
Troublant.

Christiane a dit…

Sans oublier le génome, l'ADN, les gènes... Le Big Bang...
Un retour aussi aux fictions du XXe siècle : Hulk, Spiderman, Batman, Ironman, ... L'univers de Marvel, de Disney ... Indiana Jones..
Ou le Coran... ou les esquisses de Léonard de Vinci... ou Nemo au fond des mers... ou le Zodiaque...
Ou la vallée de l'Ombre et de la Mort en Californie... Ou les enfants de Mao et leur... Paradis du Communisme !

Les illustrations évoquent les BD des enfants ( monde de robots...). Comme si l'auteur retrouvait l'innocence de son enfance. Parfois poétique comme celle de la page 238 dont la légende ("Il faut avoir du chaos en soi pour mettre au monde une étoile qui danse."), souligne une illustration pleine de mystère traversée par une chaîne ADN et mille bizarreries tombant d'un orifice circulaire ressemblant à un vaisseau spatial.
Je ne cherche pas à comprendre l'histoire. Je picore deci delà, m'arrêtant sur certaines suites de pages ou illustrations, pour m'habituer.

Christiane a dit…

Page 273 l'auteur par le dialogue de ses personnages remonte encore plus loin dans l'enfance :
"Nous avons donc imaginé ici ce Paradis. Mais nous avons été rattrapés par la malédiction des rêves exaucés. Parce qu'en disant "Paradis" on songe à toutes ces idéalisations du monde d'avant, dont sont pleines les archives, on songe à un Hollywood en sucre glace. (...) Appuie sur "forward" et après une trentaine de kilojours, tu obtiens ce genre de Paradis : Le Roi Lion, la bibliothèque de Disney et Pixar, un parc de contes de fées et de bandes dessinées, de plus en plus infantile à chaque génération, et de plus en plus éloigné de la vérité sur l'humanité."

Puis, brusque retour à l'adulte qu'il est ou a été, à ses lectures, aux films qu'il aimait :
"Mais je suis le seul à voir les choses ainsi...
Dagenskyoll emota les visages de Jean-Paul Sartre et de Michael Haneke, ainsi qu'une deuxième cigarette.
Greg emota Woody Allen et Paul Bowles.
Ils étaient assis et fumaient. (Faux, mais c'était comme si.)"

C'est une fiction si riche en mémoire de notre présent qui, brusquement, se retrouve dans un passé reculé.

Christiane a dit…

Oui, les cinquante dernières pages ont un souffle. Pour la totalité du roman, je préfère le laisser en l'état de ce morcellement avec ce mélange de souvenirs de notre présent et cette insolite idée d'humains sans corps, juste des ondes qui ricochent d'écrans en écrans... Dans un monde qui garde la nostalgie des si imparfaits êtres humains et de leurs rêves et de leur folie. Ils n'ont pas besoin d'un rayon venu des étoiles pour être exterminés. Ça ils savent le faire et le refaire et le refaire encore....

Christiane a dit…

Emoter / émotion, émoticône. Faire advenir par l'émotion et non émotter/ enlever les mottes, araser.

Christiane a dit…

C'est le radiotélescope de Greg.

Christiane a dit…

Plus exactement l'anneau du coupleur interballonique. Mais Greg, que va-t-il mettre dans ces ballons ?
" - Je vais y mettre un zoo ! Une Arche de Noé !Des terrariums et des banques d'ADN ! (...)"
Greg comprenait parfaitement la nostalgie des transformers pour la vie perdue ; c'était après tout, la principale émotion unificatrice, leur patriotisme de transformer. Si tant est que l'on ne considèrent pas la patrie comme un lieu, mais une époque, celle des années précédant l'extermination."

Christiane a dit…

Un passage que je note pour MC.
"Greg est tombé hors des frontières du Paradis, Dame Spiro doit vraiment se pencher, s'employer, se plier en quatre pour apercevoir l'Al-'asr.
- Reviens, reviens, reviens !
A quoi bon, aurait-il répondu. A quoi bon, à quoi bon, je ne sers à rien, je ne sers à rien ni à personne.
- Reviens, inutile de servir à qui que ce soit au Paradis, ce n'est pas pour ça que nous vivons, est-ce qu'Adam et Ève ont été créés pour satisfaire les besoins de quiconque, pour réaliser de quelconques tâches ? Non, ils ont été créés pour vivre, reviens,reviens, vis."

Soleil vert a dit…

Lecture en cours : Du thé pour les fantômes - Chris Vuklisevic

Anonyme a dit…

J'admire... Je me demande parfois quand vous cesserez de lire et de compte rendre..., cher soleil vert. Car, le savez-vous, vous effrayez un gars qui lit beaucoup trop aussi, mais va bientôt devoir aller boire un thé fantomatique, histoire d'oublier pourquoi il perce tout son temps à lire... Un démiurge aux allures infinies traversant les confins de sa mémoire en lambeaux. Connaissez-vous Daniel Sernine, un auteur de SF de nos âges, perdu de vue au Québec depuis fort longtemps ?... Il se destinait à faire comme vous, il écrivait des romans, pas pas de blog que je sache, à l'époque. Cela n'existait pas -
Bon courage pour la suite. J'admire les gens comme vous, assidus, persévérants, modestes et pleins de foi. Vraiment pas de jalousie, de l'admiration, oui, tout simplement. Quel autre compliment... ? Cioran ne craignait pas les exercices de ses admirations... N'est-ce pas ?
Alors, belle année faste 2025, de tous les dangers comme de toutes les joies, SV. Peut-être verrons nous enfin le rayon vert au soleil couchant, un jour. Pour l'instant, jamais pu le capturer, n'ai-je, et je sais pourtant qu'il existe, que je le verrai un jour, quitte en une seule fraction de seconde. A emporter dans notre éternité (J J-J)

Anonyme a dit…

Merci bonne année et surtout bonne santé jjj. Jusqu'à quand continuerai je cet exercice, je ne sais pas ? Est ce vain ? Parfois j'arrive à glisser quelques éléments personnels comme dans la fiche précédente.Verrais je aussi un jour le rayon vert de Jules Verne ? Prenez soin de vous. Amicalement SV

Christiane a dit…

Deux hommes de qualité à la recherche d'un rayon vert...

Christiane a dit…

Je lis "Hérétiques" de Leonardo Padura ( Ed. metaillé), signalé par M.C.
Page 27. à propos des romans : "Ce n'est que dans les territoires de ces mondes, maintenus avec acharnement en marge du temps réel (...) pour se protéger des invasions barbares (...), des mondes auxquels ils s'identifiaient et où ils se sentaient à l'abri des désastres et des perversions de leur environnement ."
Une façon de rencontrer SV, JJJ, MC ...

Christiane a dit…

Et les personnages du roman se réunissent pour résoudre une disparition : un tableau de Rembrandt. Magnifique !

Christiane a dit…

MC,
Vous l'avez bien choisi celui-ci. La tableau semble être une étude "que fit Rembrandt pour ses grandes représentations du Christ quand il travaillait sur "Les Pèlerins d'Emmaüs ", la version de 1648."
Le tableau a été volé à une famille juive qui avait été déportée en camp de concentration. Il ne reste qu'une photo de famille que le personnage de cette scène, Elias Kaminsky, garde précieusement. Condé, le détective au franc parler - on est bien dans un polar - est à la fois intéressé et exaspéré par la façon de raconter de Kaminsky.
Mais on évoque également Bach et Händel à travers la fabrication d'instruments de musique dont le bois et les cordes avaient donné leur âme et leur sonorité à leurs œuvres.
Savoureux mélange.

Anonyme a dit…

Hérétiques... J'ai lu ce roman dans l'avion me ramenant d'Ottawa-Montréal à Paris. Mai 2017. J'ai noté en 3e de couv. avoir été déçu par rapport à son autre bien plus passionnant roman découvert auparavant "l'homme qui aimait les chiens". Ici, d'intéressantes histoires de juiveries hollandaises au XVIIe, et de tribus urbaines cubaines m'ayant rappelé David Le Breton (p. 468 éd. Points, note 1, les "émos" vs les "reparteros"...)... Sinon, suis allé jusqu'au bout, mais j'avais noté in fine : trop long, trop délayé, un peu trop verbeux dans la traduction d'Elena Zayas... Noté en outre deux mots nouveaux calamboue ; casuarines.
Merci SV pour vos vœux très sympathiques. Bonne continuation pour 2025, je lis toujours vos chroniques avec grand plaisir. Et pour ^sur, vous le verrez un jour, le rayon vert (J J-J)

Christiane a dit…

alors, JJJ, vous m'épatez !
J'ai de la chance car j'en suis au début, page 55. Et là, tout s'emboîte parfaitement dans la vie de cette famille en fuite devant les menaces des nazis.
Ce qui me passionne c'est la présence de ce tableau dans une famille juive. "Violation de la Loi sacrée : non seulement il s'agissait d'une représentation humaine mais de l'image d'un juif qui incarnait le prétendu Messie. (...) Daniel Kaminsky, le premier du clan qui osa mettre cette peinture dans un endroit visible de sa maison."
Et sa provenance , une romantique histoire : "un mythique rabbin avait réussi à atteindre Cracovie où, pour son malheur, il avait été rattrapé par un autre ennemi aussi implacable que les cosaques : l'épidémie de peste qui, en un été, emporta vingt mille juifs seulement dans cette ville. (...) Le médecin Moshé Kaminsky avait soigné le rabbin (...) et que ce sage, comprenant quel serait le dénouement, avait remis des lettres et trois petites toiles au médecin. Il s'agissait du portrait d'un homme, juif dans aucun doute, qui dans un style très naturaliste se voulait une représentation du Jésus chrétien, mais avec l'intention évidente de paraître plus humain et plus terrestre que l'image établie par l'iconographie catholique de l'époque. "

Quel cheminement depuis le personnage abstrait, appelé YHVH, qu'on prononce Adonaï, ou Elohim, tétragramme signifiant l'être étant , désigné par un peuple comme sa seule divinité , la Loi, la Torah, jusqu'à l'homme Jésus, figure de l'amour de Dieu pour les chrétiens , ce qui ne l'empêche pas d'être paradoxal avec ses renversements logiques. Une libération par rapport à la Loi. Et enfin ce portrait peint par un Hollandais du nom de Rembrandt van Rijn, peint en 1647.

Christiane a dit…

https://rembrandt.louvre.fr/fr/html/tetes_de_christ.html

Louvre - la série des têtes de Christ de Rembrandt.

Christiane a dit…

https://www.30giorni.it/articoli_id_77885_l4.htm
Un beau papier sur cette expo (2011).

Anonyme a dit…

Etonnezjmoi, Christiane... Montrez-moi que je me suis trompé... Vous y allez pas à pas, duras :-)... (pardon, je ne peux m'empêcher)... Et nous me remémorez ce que j'avais un brin oublié faute d'avoir pris des notes substantielles... Voilà ce qui me plait chez vous... vous découvrez toujours et chaque une nouvelle île, telle Virginie aux premiers jours de Paul. Etes une belle lectrice, généreuse et infatigable. Ce goût de faire partager vos enthousiasmes et de rebondir avec sympathie mais fermeté sur les maladresses et désinvoltures des lecteurs pressés. C'est quand même quelque chose de formidable, d'unique et d'un brin insensé. Merci.

Christiane a dit…

Mais parfois, J J-J, je relis et je suis gênée par rapport à Soleil vert car, me passionnant pour un livre, j'envahis son blog. (Surtout quand le roman n'est pas celui qu'il chronique.)
Mais c'est vrai que dans celui-ci, un double mystère depasse le polar. Que faisait ce tableau dans une famille juive ?Assurer par sa vente une protection à cette famille qui cherche à fuir l'Allemagne, dépendant d'escrocs qui exigent beaucoup d'argent. Mais aussi une autre fonction liée à ce visage peint par Rembrandt un mystère profond qui touche à la présence de deux religions monothéistes si proches et si séparées par la Loi. Par une filiation aussi rendant tout bien compliqué entre le Dieu des juifs et celui des chrétiens. L'un étant l'autre. L'un étant le fils de l'autre.
De plus, et là je reviens au roman choisi par Soleil vert, c'est cette même histoire de relation à la puissance d'un Dieu - fût-il robot, qui est posée.
C'est vrai que ce roman , "La vieillesse de l’Axolotl", est un peu long mais il y a dans l'errance de cet enfant quelque chose de très pur, une recherche de liberté et d'humanisme.
Vous voyez, ce n'est pas simple. Il se tisse des liens imprévisibles entre ces fictions.
Mais j'aime tant être ici.
Quand vous avez écrit ce commentaire, j'étais en train d'effacer mes commentaires sous le billet précédent, trouvant que le dialogue avec MC sur les religions prenait trop d'espace. Une impression de squatter un blog qui m'est cher.
(Et je ne sais toujours pas si ce si beau texte poétique enfoui dans les commentaires était de Soleil vert ou pas...)

Christiane a dit…

J'ai repris le roman "Hérétiques" de Leonardo Padura . Je continue de voir des ressemblances entre Greg, le héros du livre "La Vieillesse de l’Axolotl" et ce Joseph Kaminsky qui, en plein cœur du péril, "mit en pratique l'essence de la sagesse israélite et, au passage,donna à son neveu une importante leçon : quand l'homme est confronté à un malheur, il doit prier comme si l'aide ne pouvait venir que de la Providence, mais en même temps il doit agir comme si de lui seul dépendait le remède au malheur."
En sortant de la synagogue, les Kaminsky retournèrent au quai avec un regain d'espoir et observèrent chacun des fonctionnaires du service d'immigration et les policiers (...) " Lequel d'entre eux serait porteur du permis de séjour pour Isaiad, Esther et Judith ? L'oncle Joseph pariait sur tous à la fois (...) grâce à l'héritage laissé par le supposé peintre séfarade apparu, Dieu seul savait pourquoi, dans les plaines de la Petite Russie avec un portrait du Jésus chrétien dans sa besace."
Et après la traversée de la peur, de la détresse pour les passagers du Sant Louis, Daniel Kaminsky , "à peine âgé de neuf ans, cessa d'être un enfant (...). Ce jour-là on lui avait volé la naïveté et la faculté de croire sans laquelle lettre humain perd l'innocence de l'enfance."
Ce roman me porte toujours vers la page suivante, J J-J.
Tous les êtres humains n'ont pas encore etey exterminés comme dans la fiction de Jacek Ducaj.

Christiane a dit…

l'être humain

Christiane a dit…

le Saint Louis

Christiane a dit…

L'évolution des Kaminsky est passionnante maintenant qu'une partie de la famille a été assassinée par les nazis.
"Tandis que Joseph de radicalisait, se rendait plus souvent à la synagogue, consacrait davantage d'heures aux prières et réclamait la venue du Messie et la fin des temps, Daniel, de plus en plus apte à analyser et à comprendre ce qui se passait, ce qu'avait été et ce que pourrait être sa vie, devenait plus sceptique, mécréant, irrespectueux, rebelle devant un supposé dessein divin si débordant de cruauté. Il devenait en même temps plus cubain et moins juif. (...) Aussi, à dix-douze ans, l'enfant apprit-il l'art de vivre avec deux visages qui lui serait si utile tout au long de sa vie."

Anonyme a dit…

Bravo Christiane pour cette analyse.
Oui il y a plusieurs sauts temporels dans ce roman ,lu il y a quelques années.
J’avais trouvé que c’était une réflexion sur les exilés et les hérétiques qui se confondent.
Une réflexion sur cette diaspora à Cuba qui devient de plus en plus cubaine.
Et ce tableau de Rembrantd ou un juif a servi de modèle pour un portrait de Jésus et qui devient un paria pour les siens, une sorte de hérésie. Le judaïsme interdisant l’idolâtrie.

Comment concilier la religion avec la passion pour l’art.. Un bon roman pour moi .

Libraire

Christiane a dit…

Merci, libraire. Oui, c'est un bon roman.

Christiane a dit…

J J-J, page 111. C'est épatant. Le tableau de Rembrandt avec sa double filiation semble refléter l'evolution de Daniel.
Tout se passe bien au mieux du possible.
D'abord son oncle, furieux le met à la porte pour cause d'hérésie. Daniel trouve un travail, un abri, une jeune fille à aimer.
Puis, surprise ! un grand dialogue apaisé réunit le neveu et l'oncle qui dit respecter son choix même s'ils en est attristé.
Daniel d'abord athée va cheminer mystérieusement vers une conversion catholique. Comme si ce visage de jeune juif peint par Rembrandt et représentant Jésus projetait sur sa vie sa lumière.
C'est très beau.
D'autant plus beau que le tableau a disparu depuis de nombreuses années.
Daniel le cherche. C'est pour cela qu'il est chez le détective pour trouver de l'aide.
Le mystère de cette peinture, de ce visage est comme un palimpseste qui affleure sous le destin de cette famille comme une rivière souterraine.

Christiane a dit…

Mais je me suis trompée, ce n'est pas Daniel mais Elias, son fils, devenu juif car sa mère avait fini par se convertir au judaïsme qui s'est présenté chez le ex-policier reconverti dans le commerce de livres anciens Mario Conde pour lui raconter "le roman d'un juif, acharné à cesser de l'être... Converti pour épouser dans un mariage catholique Marta Arnaez.
Donc, je récapitule : Un premier massacre des juifs de Pologne entre 1648 et 1654, et l'apparition du tableau de Rembrandt.
Puis la Shoah, la tentative d'exil à Cuba, l'assassinat des parents de Daniel à Auschwitz. L'athéisme de Daniel, sa conversion, son mariage catholique.
Puis, 2007. Apparition de Elias Kaminsky, peintre, chez Mario Conde, à Cuba. C'est le fils de Daniel Kaminsky.. C'est le début du roman. Il cherche un tableau de Rembrandt à... Cuba... Et pour prouver ses dires il sort une photo de famille où l'on voit la fameux tableau. Il raconte à Mario Conde l'histoire de son père, de l'oncle Joseph. Page 126. Je fais une pause.

Christiane a dit…

Dans le billet explorant le roman "La Vieillesse de l’Axolotl" je lis : "Une des sauvegardes de Greg, informaticien et héros du livre La Vieillesse de l’Axolotl, atterrit ainsi intact dans un serveur de Vladivostok. Comme d’autres, profitant de l’internet des objets, il parvient à se télécharger dans d’autres serveurs et même intégrer des robots militaires."
Dans le roman "Hérétiques ", il y a aussi une multiplication des personnages, par la filiation.
La seule donnée invariable est ce visage peint par Rembrandt. Mais ce visage est double, exprimant une modification de l'identité du jeune homme juif qui, dans l'histoire des religions devient la souche du christianisme. Deux Dieux en un. Deux religions en une. Un Messie attendu pour les uns, un Messie arrivé pour les autres.
De plus, pour Daniel Kaminsky et son fils Elias, il y a inversion de la religion d'origine par conversion. Le père, né
juif, devient catholique. Le fils né catholique devient juif par la conversion de sa mère née catholique, convertie au judaïsme. C'est un roman très mathématique jouant sur les effets de miroir permis par cet imbroglio entre judaïsme et christianisme. Jésus était juif... sa mère aussi. Son père c'est plus compliqué... Joseph, le charpentier pour les Protestants, Dieu pour les chrétiens.
Rembrandt a plongé dans ce mystère en laissant des représentations du Christ profondément humaines, douces, mélancoliques, comme éclairées par un mystère de filiation pas ordinaire et travaillées par l'intuition d'une mort annoncée.

Quant à Greg, comme le dit Soleil vert, les cinquante dernières pages sont magnifiques.
"Il devrait rester en léthargie toute une année, donc il ne se pose pas de questions, il se laisse simplement emporter par le courant du temps, le courant du rêve, incapable de distinguer désormais les métropoles rayonnantes, (...) les dunes murmurent à la lune, le sable se soulève en tornades, (...) paysages surnaturels de la Vie sans la vie. (...)
L'horloge joyeuse du néant bat le temps."
Deux éternités, donc.

Christiane a dit…

Arrivée à la page 133, doit seulement 18% du livre, je partage l'impatience de Condé qui attend le moment "où apparaîtrait enfin la conjoncture cachée dans le passé, qu'il était théoriquement chargé d'élucider (...) née de l'interminable entrée en matière qu'il lui avait infligée."
J J-J a raison : trop de delayage comme le chapitre précédent où l'on découvre la passion pour le baseball de Daniel K. et l'échange du père et fils, sans esprit, sur le bonheur. Heureusement, Mario Conde est un personnage truculent, cinquante-quatre ans, un peu paresseux, avide de rhum, bagarreur, vendant des vieux livres d'occasion pour assurer sa subsistance, aimant les longues siestes "seule activité décente à laquelle un Havanais digne de ce nom pouvait se consacrer avec cette chaleur" !
Un contre-emploi bien agréable dans ce long roman.
Reste le tableau à retrouver et comprendre pour quelles raisons Elias est venu à Cuba pour cela.

Christiane a dit…

soit

Christiane a dit…

Mais dans le chapitre 10, un beau regard sur la vie et l'oeuvre de Rembrandt jusqu'à ce portrait.

Christiane a dit…

Allons, donc, chapitre 11, Daniel Kaminsky, en juillet 1959, à Miami, récupéra sa kippa, son talith et les principes de sa religion. Marta suivra.
Les héros Kaminsky de Leonardo Padura changent de religion très souvent dans son roman ! Conversions, reconversions . C'est une religiosité très décontractée !

Christiane a dit…

Le roman tourne au feuilleton, fait dajouts de suspensions afin d’attiser la curiosité et l’envie de connaître la clé de l'histoire.
Des crimes sont soupoudrés, des vengeances, des disparitions...
J'aimais bien les chapitres du début, là j'ai l'impression de lire Eugène Sue....

Christiane a dit…

C'est en fin de compte, trois romans en un : Le livre de Daniel - que j'ai beaucoup aimé, et deux autres livres. Celui d'Elias, puis celui de Judith. Donc trois hérétiques, épris de liberté, des références bibliques, et le sort des juifs malmenés dans trois époques bien différentes.
Plus de 600 pages à l'arrivée.... auxquelles s'ajoute la vie de Rembrandt et beaucoup de réflexions philosophiques sur Dieu, la foi, les religions, la liberté, la mort.... Une belle écriture mais je garde les livres deux et trois pour plus tard.

Christiane a dit…

J'ai oublié, au fil des pages une belle connaissance de Cuba, de la vie du peuple. C'est une écriture foisonnante, riche, colorée qui convient bien à cette tension.

Anonyme a dit…

Intéressant , mais inévitable que .. le portrait du Christ de Rembrandt soit un jeune juif, En allant plus loin, Les Provinces Unies de l’époque évoquent par leur peinture une relative coexistence des deux mondes. On rappellera que, symétriquement, Rembrandt a aussi peint des tableaux de Rabbins, et magnifiques…. MC

Christiane a dit…

Oui, c'est possible. Personne ne dit le contraire. C'est un modèle qui a posé pour Rembrandt.
Ce qui est plus surprenant c'est la présence de ce tableau dans une famille juive orthodoxe à cette époque. Tableau représentant le visage de Jésus.
On pourrait penser que ce tableau est gardé pour sa valeur marchande et qu'il a été il a été transmis de génération en génération pour cette raison.
On le retrouve des années plus tard servant de décor à une photo de groupe de cette même famille , juste avant l'exil qui mènera cette famille qui fuit le nazisme à Cuba
C'est cette photo qui est présentée à Mario Conde au début du roman comme preuve que le tableau proposé en vente à Londres était bien dans la famille de cet homme, arrière petit fils de celui qui a reçu le tableau en remerciement de soins donnés .
Donc aucun problème pour Rembrandt mais symbole très fort dans cette famille où , à part le grand-père, les membres de la famille iront de conversion en reconversion entre les deux religions en passant par "l'hérésie", et l'athéisme.
Mais il n'y aura pas que Daniel Kaminsky considéré comme hérétique, deux autres personnages du roman porteront haut et fort cette liberté de penser, de remettre en cause les formes d'une religion, de s'affirmer dans des positions fortes et incomprises de leur entourage. D'où le titre au pluriel. Il est possible que ces trois destins se croisent dans le temps du roman. J'ai fait une halte après la première histoire, celle de la famille Kaminsky. Je pense que dans la quatrième partie, plus brève, on reviendra au "voyage" du tableau et à ce petit-fils, Elias Kaminsky , maintenant père et marié. Daniel et sa femme seront morts comme le grand-père et autres membres de la famille.
Par ailleurs ce personnage de Mario Conde semble avoir déjà traversé d'autres romans de Leonardo Padura.

Christiane a dit…

formes / dogmes

Christiane a dit…

J'ai oublié. C'est rare que vos commentaires commencent par le mot intéressant. Je note !

J'ai grignoté un peu la suite du roman. Il est possible que ce jeune juif qui a servi de modèle à Rembrandt soit le deuxième hérétique....

Christiane a dit…

Libraire écrit : "Et ce tableau de Rembrantd ou un juif a servi de modèle pour un portrait de Jésus et qui devient un paria pour les siens, une sorte de hérésie. "
Eh bien voilà !

Anonyme a dit…

exact, Ch. Mario Conde est son personnage fétiche récurrent, fil conducteur de ses enquêtes et de ses romans.
https://booknode.com/serie/mario-conde
Vous sentez bien la fin du bouquin de Padura... Bravo. (JJJ)

Christiane a dit…

Bonjour, JJ-J. Merci.
Toutes vos interventions m'ont incité à reprendre la lecture de cet énorme roman. Un peu trop de digressions m'avaient perturbée.
Merci pour le renseignement concernant Mario Conde. Personnage attachant.
Sur la marelle de l'intrigue, je vais aborder à l'histoire de ce deuxième hérétique...

Christiane a dit…

J'aime que Mario Conde clôt cette première partie par le monologue du film "Blade Runner",
("J'ai vu les choses que vous, humains, ne pourriez croire. J'ai vu des vaisseaux en flammes sur le baudrier d'Orion. J'ai vu des rayons cosmiques scintiller près de la Porte de Tannhäuser. Mais tous ces moments de perdront dans le temps comme les larmes sous la pluie.") avant de tirer nu dans la mer, dans cesser de regarder le soleil.
Voici donc le Livre d'Elias. Page 260.
Nous sommes "an 5403 de la création du monde, 1643 de l'arrêt commune.

Elias Ambrosius Montalbo de Avila " marche, "de la neige jusqu'aux chevilles (...) se remémorant la dramatique histoire de son grand-père Benjamin ainsi que les leçons de son turbulent professeur, le haham Ben Israël."
Il a hâte de se battre "pour la vie qu'il voulait mener et d'exercer son libre arbitre."
Amsterdam..


Christiane a dit…

avant d'entrer nu.

Christiane a dit…

haham ? Mal lu car écrit avec des caractères spéciaux semble être : "Hakham (hébreu : תלמיד חכם « Disciple de Sage ») est un titre d’origine talmudique désignant à l’origine un érudit en matières juives qui n’a pas encore été fait rabbin. "

Christiane a dit…

Ah, c'est très bien cette deuxième partie. On approche "La ronde de nuit" de Rembrandt, son atelier avec ce jeune Elias Ambrosius qui peint en cachette, sa religion le lui interdisant.
La rencontre devrait être formidablement intéressante.

Christiane a dit…

C'est exactement ce que vous dîtes, MC.
Page 285
"(...) Une communauté bouillonnante pour laquelle la jouissance de la liberté des idées et des credo avait été établie comme le bien le plus précieux auquel avaient droit tous les habitants de la ville, y compris les enfants d'Israël : les juifs avaient de bonnes raisons, non seulement de voir en elle une Nouvelle Jérusalem, mais de l'appeler Makom, "le bon lieu" où ils avaient trouvé l'acceptation de leurs coutumes et de leur foi et, avec elle, la paix nécessaire pour vivre leur vie, une paix perdue presque partout ailleurs dans le monde connu."

Christiane a dit…

Ainsi approche le temps où ce jeune peintre , Élias, désire être accepté dans l'atelier du "Maître" pour apprendre . Tout devient si fluide.
On dirait que Padura habite son roman avec plénitude. L'écriture déroule et entrecroise ces temps, ces pages de vie, ces personnages.
Élias Ambrosius est habile, il sait convaincre son intercesseur : " La Torah nous interdit d'adorer de fausses idoles, c'est même un des trois préceptes inviolables et c'est pourquoi elle condamne le fait de représenter des hommes et des animaux, ou de les adorer dans les temples et les maisons... Mais elle ne parle pas de l'acte par lequel on apprend à le faire : et moi je veux juste que vous m'aidiez à apprendre avec le Maître.... Allez-vous m'aider où me dénoncer ?"

Christiane a dit…

Heureux ce roman qui me transporte dans l'atelier de Rembrandt. Tout y est. Astuce d'avoir campé Élias dans ce rôle transparent d'homme à tout faire pour un temps de stage, pourrait-on dire. Balai et chiffons en main, il observe à loisir les apprentis dans l'atelier du Maître et celui-ci aussi , autant dans sa vie familiale près de Titus et la servante fidèle que, pinceau en main, faisant jaillir des couleurs ses personnages.
Je n'oublie pas que ces études de la tête de Jésus sont pour certaines attribuées à Rembrandt et pour d'autres d'élèves de l'atelier du Maître.
Elias se forme tout en regard et en écoute. Il mûrit.
C'est très beau.
Je vous imagine, JJ-J, au milieu des nuages dans votre nulle part, feuilletant ce roman, le lisant souvent, le trouvant un peu long parfois, vous assouplissant, vous réveillant par sursaut quand l'hôtesse vous propose un café ou un rafraîchissement. Une chanson de Charlebois passe, un peu de la nostalgie de Montréal.
Et vous aussi, vous aimez peindre, comme le grand bois bleu dans l'approche d'une toile d'Edward Hopper.
Donc vous devez sentir la justesse du regard d'Elias et la vie bourdonnante d'Amsterdam.
MC, nommant ce roman m'a permis de telles joies même si parfois Padura aurait pu faire plus court. C'est bien. Il me reste plein de pages non lues encore dans le roman. Ces hérétiques me plaisent . Ils me vont à ravir comme écrit MC.

Christiane a dit…

Très intéressante la précision donnée à propos de ce visage du Christ aux études multiples. C'était un travail préalable aux Pèlerins d'Emmaüs.
Donc Rembrandt cherchait à exprimer un mystère inconcevable. "Une flagrante expression d'humanité sur le visage divin (...) il chercherait les profondeurs charnelles de l'homme marqué par la condition transcendante d'être revenu du royaume de la mort pour un bref séjour terrestre, humain, avant d'aller occuper sa place au côté de son Père. "

Élias servant de modèle pour une représentation qui était la plus grande des hérésies pour les patriarches de sa communauté .

Padura est vraiment incroyable dans la structure très complexe de son roman.

Anonyme a dit…

Ce n’est pas inconcevable. C’est le minimum des charges pour qui veut peindre un Dieu-Homme…

Christiane a dit…

Oui, c'est un très beau passage d'autant plus que dans le roman, Rembrandt peint le visage d'Elias et lui demande de faire son autoportrait. Puis il échange les deux portraits offrant celui qu'il a fait et signé à Elias et gardant celui qu'Elias a fait en le signant comme si les deux étaient de lui. Un cadeau de reconnaissance avant qu'ils ne se séparent.
Bien sûr le romancier fera en sorte que ni l'un ni l'autre ne serve de modèle pour les Pèlerins d'Emmaüs ... Ce moment du récit tient du conte...

Christiane a dit…

Donc, imaginez, MC deux tableaux faits en même temps, dans le même atelier, avec les mêmes pigments, le même modèle. Deux toiles signées l'une du nom de Rembrandt l'autre de ses initiales,voyageront dans le monde... Un faux, un vrai... qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau...
Un drame aussi quand le visage d'Elias sera reconnu comme celui qui a servi de modèle au Messie. Là, il sera vraiment considéré comme hérétique par sa communauté et devra fuir Amsterdam...

Christiane a dit…

Je termine donc ce beau roman de Padura, ai amorcé une lecture du nouveau livre chroniqué par Soleil vert et j'ai passé la journée d'hier à lire entièrement avec une extrême émotion un roman autobiographique bouleversant dont je ne peux parler puisqu'il n'est pas encore en librairie.
Ce sont des jours de fièvre propices à oublier une sciatique limitant mes déplacements et une énorme déception me venant d'un blog proche où j'avais tenté un retour....