Jacek Dukaj - La Vieillesse
de l’Axolotl - Rivages
Une espèce d’onde neutronique venue de l’espace détruit
toute vie sur Terre en vingt-quatre heures. Quelques humains ayant la
technologie adéquate à portée de main au bon moment parviennent à scanner leur
esprit et basculer dans une vie numérique. Une des sauvegardes de Greg,
informaticien et héros du livre La Vieillesse de l’Axolotl, atterrit ainsi
intact dans un serveur de Vladivostok. Comme d’autres, profitant de l’internet
des objets, il parvient à se télécharger dans d’autres serveurs et même
intégrer des robots militaires.
Le roman du polonais Jacek Dukaj conjugue les thèmes de
l’apocalypse et du cyberpunk, dans une filiation à rechercher plutôt du côté de
Schismatrice + de Bruce Sterling que Neuromancien de William
Gibson. C’est sa première publication en France, chez « Rivages » (Payot), une collection ouverte à tous les horizons, à qui nous
devons la bonne surprise de L’Ile de silicium. La nouvelle Humanité
imaginée par Jacek Dukaj s’oriente dans
deux directions, le projet Génésis des B&B et ses successeurs, visant à recréer
une vie organique, et la branche dite « Heavy Métal » résolue à
approfondir l’expérience digitale.
Peu à peu « mechas » et « transformers »
reproduisent les schèmes de comportement de leur existence antérieure. Des
guildes surgissent et les antagonismes avec. Une espèce de nostalgie aussi,
témoin le programme Morpheus, un générateur de rêves auquel a de plus en plus
recours Greg. Les survivants communiquent par « emot » (émoticônes
ou émojis) mimant des soirées bars et des ingestions d’alcool inexistant.
Au fil des éons, car qu’est-ce que le temps pour ces créatures mécanisées, les
projets se délitent, une forme de résignation s’installe.
C’est en lisant les cinquante dernières pages que surgit - comme
la vérité au fond du puit, pour reprendre une expression de Démocrite - le
dénouement sur la destinée ultime, le drame de cette post humanité. Dukaj est
passé à côté d’un grand roman, a côté de ce que qui aurait être la face noire
du roman précité de Sterling, un nouveau Demain les chiens, au voisinage
de La forêt sombre de Liu Cixin. En cause non
pas le jargon cyberpunk, mais d’énormes raccourcis ; telle l’apparition de
ce garçon, Indy, deus ex machina issu des mains de Vincent Cho alors que la
recréation d’un biosystème relève du miracle. Qui sont les robots Father et
Jenkins de cet enfant ? Qu’ont ou que n’ont pas réalisé ses successeurs dont on n'entend plus parler et dont l’un au moins s’est à son tour numérisé ?
8 commentaires:
Elle est intéressante l'illustration.
Plusieurs reprises : La Création de l'homme par Dieu ( Michel Ange - Chapelle Sixtine) Mais aussi la pomme, symbole, source de connaissance qui chassa l'homme du Jardin d"Eden, ici offerte par un robot ( le mécha) qui serait le tentateur ? La citation du début du billet et celle sous l'image le situent comme un Dieu fatigué et rouillé.
Le titre contient le mot "vieillesse".
Par ailleurs, ni Adam ni Eve mais un enfant... qui a deux robots dont un se nomme Father !
Tout cela dans le vaisseau de Soleil vert. Se téléporter avant la mort, quelle drôle d'idée...
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cr%C3%A9ation_d%27Adam_(Michel-Ange)
Pour la fresque et la citation
https://images.app.goo.gl/uTBuHPFtS5arUTnf6
Si je puis dire, il y a quelque chose de Latium là-dedans, sauf que dans Latium, la métamorphose est déjà vraisemblablement organisée…
MC
Latium, de Lucazeau. MC
Pas mal ! C'est l'inverse de ce que les écrivains de SF imaginaient au vingtième siècle. Les êtres humains ont totalement disparu. Il ne reste plus que des robots, intelligence artificielle, qui tentent de survivre et espèrent un jour retrouver des êtres humains. Ils reçoivent un signal venu de l'espace et s'interrogent....
Il semble que l'auteur épris de philosophie s'en est donnée à cœur joie.
Quelques humains semblent avoir survécu dans le roman de Jacek Dukaj ....
MC, je vous ai répondu sous le billet précédent.
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