John Wyndham - Le Jour des
Triffides - J’ai Lu
Un soir les débris d’une comète accompagnés d’immenses lueurs vertes s’abattent sur la Terre. L’Humanité contemple émerveillée le phénomène cosmique. Le lendemain tous les spectateurs de ce spectacle d’étoiles filantes se réveillent aveugles. Une minorité a échappé à la catastrophe à la faveur de circonstances exceptionnelles. Tel est le cas du biologiste William Masen hospitalisé à la suite d’une attaque d’un Triffide, autre fléau que devront affronter les hommes. En effet des expérimentations sur les huiles végétales ont abouti à la création de fougères vivantes capables de se déplacer et de tuer à l’aide d’une spire, un fouet doté de glande venimeuses.
Dans l’immédiat le chaos s’installe partout dans le monde.
William, qui se fait appeler Bill par sécurité, croise dans Londres des foules
désemparées, perdues. Certains ont réussi à capturer des rescapés et les
forcent à trouver des magasins d’alimentation. Bill sauve une jeune femme des
griffes d’une brute et tous deux recherchent des groupements humains où
subsisterait un semblant de rationalité et qui abriteraient des individus susceptibles
d’élaborer des projets de survie.
Impossible d’échapper au souvenir de La Guerre des Mondes
de Wells en lisant le récit de cette fin du monde provoquée simultanément par
un cataclysme cosmique et l’envahissement de la Terre par des extra-terrestres
que nous aurions par contre involontairement créés. Wyndham laisse même entrevoir
une possible intervention humaine dans l’action destructrice de la comète. La
modernité du Jour des Triffides, texte publié en 1951, tient au procès
en sous-main d’une métaphorique cécité collective. On est loin du « Pays
des aveugles » du même Wells et du Monde aveugle rédigé par
Daniel F. Galouye dix ans plus tard qui décrivent des sociétés d’aveugles
parfaitement organisées.
John Wyndham porte un regard sans concession sur les micro-communautés
censées guider l’Humanité sur les chemins de la survie. Quelques-unes dont
celle de Torrence promeuvent le retour à des seigneuries féodales dans
lesquelles une poignée de voyants régenteraient des non-voyants réduits à l’état
de cerfs, avec injonction aux femmes de procréer. Le final en point d’interrogation
rappelle que le sentier de l’espérance chemine entre le gouffre de la
destruction et celui de la barbarie. A ce titre Le Jour des Triffides
est indémodable.

1 commentaire:
Alors là vous me faites plaisir, Soleil vert. Pour deux raisons. La première : j'ai réussi à agrandir le clavier de mon téléphone portable. Quel confort nouveau pour écrire !
La deuxième c'est le roman que vous avez choisi. Nous l'évoquions il y a peu de temps.
La troisième - comme je ne suis pas logique- c'est que j'ai commencé à le lire. Les dix premières pages me ravissent. On ne sent pas encore le dérèglement à venir, annoncé par le billet. C'est juste un réveil, un matin qui pourrait ressembler aux nôtres. Pourquoi donc ce quidam pense s'être réveillé un dimanche alors qu'il sait que ce jour devrait être un mercredi ? Et en quoi le fait qu'une pendule sonne huit coups est pour lui une preuve ? En quoi le fait qu'il soit hospitalisé lui paraît être une chance ? Et qui plus est, autre chance que ses yeux soient bandés ?
Le billet me souffle la réponse mais avouez que l'affaire est rondement menée !
Un autre mystère : l'absence de bruit. Une impression d'être un dimanche... Pas de bruit de voitures, de grincements de freins, de pétarades de pots d'échappement.
"Ce matin là était différent. Mystérieusement different. - donc inquiétant."
J'aimerais savoir amorcer une histoire de cette façon. Quel talent !
Sur ce, je vais aller dormir. Hâte d'être à demain et de deviner le jour qui vient en écoutant les bruits ou l'absence de bruit. Vous êtes épatant, pas du tout banal dans vos choix !
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