samedi 21 novembre 2020

Un coup de cymbales

 

James Blish - Un coup de cymbales - Denoël - Présence du futur

 

 


Avait-il le sentiment d’être submergé par son projet, ou était-il simplement désireux de passer à autre chose ? La courte préface de l'ultime opus du Cycle des villes nomades  ne répond pas à toutes ces interrogations. Quoiqu’il en soit James Blish modifie la conclusion prévue dans la chronologie initiale, condense l’épisode de la Toile d’Hercule à un entrefilet et bâcle son épilogue à l’aide d’un tour de passe-passe. « Nous n’avons pas eu le temps d’apprendre tout ce que nous voulions connaître. » Quel contraste avec l’épigraphe « Et la mort n’aura pas d’empire » d’Aux hommes les étoiles !

 

Au bout de leur course les habitants de la cité de New-York emmenés par John Amalfi échouent sur Nouvelle-Terre, au sein du Nuage de Magellan. L’abandon de la vie de nomade satisfait tout le monde sauf le Maire. De surprenants évènements vont le remettre en selle. Au premier chef, le retour de la planète vagabonde Hé. Guidée par de puissants gyrovortex elle interrompt sa course vers Andromède pour communiquer une mauvaise nouvelle : un univers d’antimatière va anéantir la Création.

 

Demètre Iokamidis avait subtilement remarqué en 1968 que le prologue faisant état d’un livre postérieur aux évènements relatés dans Un coup de cymbale, induisait la possibilité d’une suite du Cycle. On sait désormais que ce ne fut pas le cas. Cette chronique d’une mort annoncée qui donc n’en est pas une, fait l’objet de développements inégaux. Le lecteur endure une purée d’explications scientifiques multidisciplinaires (espace d’Hilbert, hypothèse de Vigo, courbe de Pearl…) et quelques hérésies : le centre metagalactique n’existe pas (l’Univers n’a pas de centre). L’épisode de la révolte des Guerriers de Dieu ne soulève pas non plus l’enthousiasme, restent quelques petits récits comme le triangle amoureux Amalfi-Dee-Hazleton.

  

Quand la littérature blanche fait disparaître ses héros, la science-fiction se débarrasse de l’Univers. Le final rappelle d’ailleurs celui des Armureries d'Isher. « Il ne serait pas témoin de la naissance des planètes. Mais il contribuerait à leur genèse ». L’ambiance crépusculaire et le style élégant de Blish laissaient tout de même augurer d’autre chose.


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