jeudi 19 novembre 2020

La terre est une idée

 

James Blish - La terre est une idée - Denoël - Présence du futur

 

 


Quelques siècles après les évènements décrits dans Les villes nomades, la cité de John Amalfi débarque sur la planète Utopie. Le Maire est assisté d’un nouveau gouverneur, l’ancien, Chris DeFord, ayant été désavoué puis exécuté par « Les Pères de la Cité », c'est-à-dire les IA. Les humains dirigent les villes, mais les ordinateurs disposent d’un droit de révocation des autorités. Qu’à cela ne tienne comme on le verra plus tard dans l’intrigue, on peut toujours les débrancher ! Si les affaires commerciales prennent un tour favorable en revanche le conflit séculaire qui oppose la démocratique Utopie à l’autocratique Gort, ultime rejeton de l'empire Hrunta, oblige la cité de New-York à fuir dans la Fissure un immense vide intersidéral au cœur de la Voie Lactée.

 

Les auteurs de l’âge d’or ça ose tout et c’est en partie pour cela qu’on les aime bien. Quelque part au sein de la Fissure les nomades débarquent sur la planète Hé. Des peuples s’y affrontent au sein d'une jungle envahissante. Qu’importe, les experts d’Amalfi s’attellent au problème. Un changement climatique devrait remédier à tout cela. Il suffit de modifier l’axe de rotation de Hé ! Le gouverneur, privé de l’aide des ordinateurs débranchés par le Maire lance le processus et la planète, protégée par le champ de force du tournebouloche  gyrovortex, est catapultée à une vitesse ultra-luminique en direction d’Andromède ! Détail négligeable au regard de l’atteinte de l’objectif puisque la nuit sidérable anéantira toute végétation… Peu à peu cependant le système économique de la Galaxie s’écroule, affamant les villes nomades. A l’autre bout de la Voie Lactée, un maire propose alors de rejoindre la Terre.

 

Supérieur aux deux premiers volumes, La terre est une idée résume à lui tout seul la séduction et les limites d’une science-fiction classique. Epopée délirante, space-opera galactique, action à tout casser, stratégies machiavéliques, personnages masculins surhumains. A l’image d’Aux hommes les étoiles, Blish soigne particulièrement les figures féminines. Passons sur l’arrivée à New-York de Dee l’ambassadrice de la planète Utopie. Un froid s’installe dans l’assistance peu habituée à voir une représentante du sexe faible nommée à un haut poste de responsabilité. Par contre l’irruption de la gente féminine « indigène » de la planète Hé dépasse tout ce que j’ai pu lire en matière de misogynie chez les contemporains de l’auteur d’Un cas de conscience. Amalfi y salue une délégation venue l’accueillir. Elle est composée d’enfants, d’hommes et d’un groupe de femmes nues et griffues enfermées dans une cage trainée par deux lézards. L’odeur de fauve qui s’en dégage est telle que le maire les envoie à la douche !

 

Reste un très beau titre, sujet à interrogation. Quel principe gouverne l’Humanité ? L’inhumanité, l’intolérance, la guerre … ? La Terre est une énigme.



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