dimanche 13 décembre 2015

Manga : Le chien gardien d’étoiles (Enfances)



Takashi Murakami - Le chien gardien d’étoiles (Enfances) - Éditions Sarbacane





Publié sur la lancée du succès du Chien gardien d’étoiles, Enfances a été traduit en France en 2014. Il constitue la suite de cette histoire touchante, qui à travers des personnages vagabonds, balayait les thèmes universels de l’amitié, de la mort, de l’acceptation d’un destin cruel. Les tournesols de la précédente couverture ont laissé place à des cerisiers en fleurs ce qui laisse augurer de scénarii et d’horizons plus légers.

L’argument de départ est des plus simple. Le chien Happy possédait une sœur jumelle. Leur histoire commune débute dans une boite en carton laissée dans une rue. La famille de « Papa » récupère le chiot, tandis que la petite chienne de santé fragile manque de mourir, avant d’être sauvée par une vieille dame. Elle suivra un chemin aux antipodes de celui de son frère. Un second récit met en scène une vieille connaissance du précédent album, le jeune vagabond Tetsuo. Sa route avait croisé celle de « Papa » et d’Happy. Il avait partagé un temps leur existence, avant de s’enfuir en volant des papiers et de l’argent. Tetsuo, abandonné par une mère inconséquente, vit de menus larcins et chapardages. Son grand-père constitue son dernier lien affectif, et c’est lui qu’il va retrouver à bout de forces en compagnie d’un pug, un chien chinois. Le vieil homme entreprend alors de lui donner une éducation morale et à l’image de M Okutsu, tente de remonter la piste menant à « Papa ». 

Comme souvent chez Takashi Murakami, les survivants se rassemblent autour de souvenirs épars et donnent un sens à leur vie en luttant dignement contre l’oubli et le sort contraire. A l’inverse du  beau et cruel volume précédent, Enfances est d’abord le manga de la réhabilitation. A cet effet de multiples séquences rappellent l’odyssée du Chien gardien d’étoiles.  Tous les personnages participent consciemment ou non au travail de mémoire, de même que tous les chiens portent le nom d’Happy.

Sous ses apparences de manga seinen virant au shonen,  Enfances relate aussi l’existence des laissés pour compte de la croissance japonaise : personnes âgées, enfants abandonnés, familles détruites. Moins direct qu’un Fukutani, Murakami dénonce néanmoins la perte des valeurs morales du Japon moderne et rappelle les impératifs de solidarité et d’humanité.

Le graphisme moins léché que celui de Jirô Taniguchi évoque celui de nos caricaturistes. Il réserve néanmoins des surprises : examinez la dernière page, on dirait un dessin de Sempé. On se félicitera de la traduction qui respecte autant que faire se peut le travail du mangaka. Un cran en dessous du Chien gardien d’étoiles, Enfances se lit néanmoins avec grand plaisir.

Aucun commentaire: