dimanche 23 juin 2024

Le Chemin de l’Espace

Robert Silverberg - Le Chemin de l’Espace - Le Bélial’ Pulps

 

 


Le Chemin de l’Espace est un fix-up composé de cinq nouvelles parues entre 1965 et 1966 et compilées en volume en 1967 sous le titre To Open the Sky. Les quatre premières furent publiées dans la revue française Galaxie 2eme série. La cinquième resta introuvable en VF, sauf erreur ; les lecteurs la découvrirent en 1983 chez J’ai Lu, dans la traduction du roman de 1967. Le Bélial, sous la direction de Pierre-Paul Durastanti en offre aujourd’hui une nouvelle version corrigée par ses soins et enrichie d’une préface de Robert Silverberg. On y apprend que l’idée du récit remonte aux années 50. Sa rédaction démarra en 1964 sous l’impulsion d’un Frederick Pohl décidé à laisser les coudées franches à un écrivain avide de renouveau. Ainsi démarre l’arc narratif d’une œuvre plus personnelle qui s’étendra, malgré une autre interruption, du « Feu bleu » au … Glissement vers le bleu.

  

Conformément à un prédicat d’André Malraux, le XXIe siècle et le suivant, sont devenus religieux. Les dix ou douze milliards d’habitants qui peuplent la Terre étouffent. La « Fraternité de la radiation immanente » dont la catéchèse se résume à un salmigondis scientifique, leur promet la vie éternelle en ce monde. Dans ses temples, les fidèles ne se prosternent pas devant un crucifix, mais devant un réacteur nucléaire au cobalt 60 qui émet une lueur bleutée. D’autres humains ont tenté une échappatoire à l’enfer terrien en colonisant Mars et Vénus. Sur celle-ci s’est développée une fraction religieuse dissidente de La Fraternité, Les Harmonistes.

 

Le roman débute par la visite d’un plénipotentiaire Martien venu se distraire des rigueurs de la vie sur la planète rouge en force beuveries. Une scène dont s'inspirera d’ailleurs Silverberg dans un chapitre de Roma Aeterna. Kirby, qui s’efforce de tempérer les emportements vineux de son hôte dans un temple de la Fraternité, découvre ses rites et en deviendra à son corps défendant un des principaux piliers. Le second chapitre raconte les efforts de Mondschein, un jeune « Frère », pour pénétrer dans le laboratoire de Santa Fe où s’élaborent les secrets de l’immortalité. Exilé finalement sur Venus il basculera dans l’Hérésie. Une lutte d’influence s’établit alors entre les deux courants religieux, lutte dont Vorst le fondateur de La Fraternité détient seul les clefs de l’enjeu final et alimentée par des personnages récurrents dont la longévité exceptionnelle leur confère une présence mythique.

  

Le titre du roman donne une vision assez juste du contenu de l’œuvre de Robert Silverberg. Sous l’emprise de contraintes de toutes sortes, environnementales, sociétales ou spirituelles, les personnages de ses romans s’efforcent de trouver un chemin de liberté. Certains échouent (Les Monades Urbaines, La Face des Eaux), sont déportés dans le Cambrien, d’autres découvrent un Univers (Les Profondeurs de la Terre, Ciel brûlant de minuit, « Voué aux ténèbres », « La Maison en Os », « Thèbes aux cent portes »). Noel Vorst, le Fondateur, l’homme « aux plans derrière les plans » ressemble à d’autres oligarques, Krug de La Tour de verre, Gengis II Mao IV Khan de Shadrak dans la fournaise. S’il leur attribue un rôle prééminent Silverberg s’en débarrasse en les expédiant dans les étoiles ou en les réduisant au silence. Saluons Le Chemin de l’Espace, bon et plaisant roman où dans les interstices d’une architecture façon Asimov ou Blish se glisse le prélude des chants futurs de l’auteur de L’ oreille interne.

47 commentaires:

Christiane a dit…

Je viens de lire l'introduction. C'est passionnant de connaître les dialogues difficiles de Silverberg avec son éditeur, chacun ayant une vision différente de ce qui pourrait être précisé dans le premier état de la Nouvelle.
Il donne aussi à ressentir le regard des "littéraires", un peu méprisant, sur le genre science-fiction dans les années 60.
C'était un des thèmes de l'émission de "Mauvais genre" (F.Angelier - France culture), aujourd'hui.
Le cinéma dans ce domaine a provoqué davantage l'intérêt du public que le livre, les revues de bandes dessinées, aussi.
Où se tient la difficulté ? Peut-être au niveau de l'image, du son difficiles parfois à faire coïncider avec l'histoire racontée. Alors que dans le cinéma, tout concourt à fasciner le spectateur : images, sons, l'infini de l'espace, les étoiles, les engins spatiaux, les musiques, ces paysages inconnus, les personnages.
Ainsi, quand je revois le Lem se poser sur la Lune, cette matière presque poudreuse du sol, la terre vue de la Lune, que j'entends la respiration des astronautes, leurs voix étouffées, haletantes, je suis déjà conquise.
Je trouve rarement cette émotion quand j'entre dans un roman de science fiction.
Je vais tenter celui-ci et je vous dirai.

Anonyme a dit…

Angelier, capable de parler de Massignon. Comme de Sf est un des seuls pour lequel je m’offre encore le supplément Littéraire du Monde. C’est aussi un excellent conférencier…

Christiane a dit…

Mais ce dialogue étincelant était d'un tel niveau avec Pierre Gilles Pelissier que j'ai eu beaucoup de mal à suivre ! Il s'agissait de présenter son étude "s'inspirant des principes de la thermodynamique, partant du primat de l'énergie et de sa prééminence historique, il mène, de la littérature au cinéma, du XIXe au XXIe siècle, une analyse tout azimut des fictions dystopiques"

Pierre-Gilles Pélissier, "Science politique fiction, Essai d'économie générale des contre-utopies de 1846 (Le Monde tel qu'il sera) à nos jours (Les Furtifs) éditions Honoré Champion"

Christiane a dit…

C'est une étrange émission menée à la manière d’un club anglais. Des chroniqueurs toujours étonnants, parfois transgressifs. Elle présente, avec des extraits à l’appui, « l’actualité de tous les genres" de toutes les disciplines pour permettre, dit-il , à l’imaginaire de "pâturer tout son soûl » : polar, fantastique, science-fiction, western, romans érotiques, bandes-dessinées… Des genres qui réunissent bien souvent un même public fidèle .... Qui jubilé !
Celle de ce dimanche portant sur la science-fiction était étonnante mais difficile. J'ai mis le lien sous le billet précédent, si ça vous dit.

Christiane a dit…

qui jubile

Soleil vert a dit…

>Je trouve rarement cette émotion quand j'entre dans un roman de science fiction.

La première sensation que je recherche dans un texte de science-fiction est celle du vertige. Bien sûr, quand l'émotion est présente, elle ajoute une dimension incomparable au récit.
Peut-être est ce pour moi une façon de m'abstraire de réalités douloureuses ?

Christiane a dit…

Le vertige... Oui, je comprends... Je l'ai éprouvé en lisant , entre autres , cet extrait du "Monde d'hier" de Stefan Zweig que j'ai mis en ligne. Quand on touche du doigt la création avec des mots qui transpercent comme une flèche, alors, le temps s'arrête. Les mots élucident un mystère.

Là ,j'ai commencé la première nouvelle de Silverberg. Bien aimé l'introduction. Ai été abasourdie par la prière insolite qui ouvre le livre.
Après, pour l'instant, rien ne me donne le vertige sauf peut-être si j'étais tout en haut de cet immeuble de verre, immense.
Mais très vite , retour sur terre où tout est pourri, abandonné, sale.
Un dialogue entre un martien et un homme las.... On verra...
Est-ce cette nouvelle qui vous a fait penser à Modiano ?

Christiane a dit…

Vous écrivez : "Peut-être est ce pour moi une façon de m'abstraire de réalités douloureuses ?"
Oui, c'est difficile... Hier ça a débordé. Je n'ai pu m'empêcher de laisser les mots se poser sur votre blog. Ce n'était pas le lieu mais ça faisait tellement mal. Surtout si c'est trop, n'hésitez pas à supprimer le commentaire mais j'ai confiance, ici.

Christiane a dit…

Dites , Soleil vert, ce Vorst, n'est-il pas un gourou installant une secte mystico-droguée ?
Qu'est-ce que c'est que cette marmelade mêlant catholicisme, bouddhisme, hindouisme pour des adeptes pâmés devant un réacteur nucléaire ? Tout ça pour atteindre les étoiles. par une communion des esprits, avec comme argument d'adhésion l'immortalité.
Ce phare bleu, le temple vorster, est bien décevant et le lieu où s'envoient en l'air tous ces demeurés se nomme la reniflerie... Que c'est laid !
Cinquante pages nauséeuses qui m'évoquent la secte du Temple solaire et ce massacre des adeptes dociles complètement assouvis par leur gourou.
La vision de femme qui apparaît remodelée au bistouri est grotesque avec ses conques irisées.
Totale ineptie que cette fraternité de la radiation immanente et des lueurs bleutées.
Bon, je passe à la deuxième , "Les guerriers de lumière". Pas de vertige et pas de Modiano.

Christiane a dit…

La couverture du livre, reproduite ici, est très belle.

Christiane a dit…

Ah, mais c'est la même histoire qui continue et semble traverser de longues périodes.
Je me sens à l'étroit dans cet univers. Je vais retourner au "Monde d'hier" de Stefan Zweig.
Mais avant, envie de marcher dans le parc, d'écouter le vent dans les arbres et les oiseaux. Envie d'oublier cette période préélectorale attisée de haines et de jalousies.

Un poème que j'aime :

"Les oiseaux qui fendent le ciel
N'ont qu'un chant pour cicatriser le jour
Et par les blessures entrouvertes
S'échappent la lumière et les hommes
Qui sommeillent avec les nuages."
1979 - Fragments de ma demeure.
Jean-Louis Peyre

Christiane a dit…

Joie, les pelouses sont tondues. Une odeur d'herbes froissées enveloppe l'air très doux. Un oiseau paille. Un jardinier nettoie un parterre de fleurs, calmement. De très jeunes enfants de lancent dans des petites courses maladroites des grands passent , téléphone à l'oreille.
Pourquoi le ciel est bleu ? De grandes ombres au pied des arbres. Des oiseaux gourmands jouissent l'herbe
. Un marcheur solitaire passe, sac au dos.
Si je devais écrire une page de fiction, elle naîtrait là, dans ce souffle d'air. Un murmure, peut-être différent des gazouillis de la gent ailée. Une voix venue du passé. Une mélopée chantée près d'un enfant mais pas pour l'enfant. Une voix. Est-ce que tout a commencé par la voix ? Une voix pour fonder la parole, les légendes, les mythes. Plus tard on trouvera les hommes et les dieux qui habiteront ces récits.
Des mots qui iraient avec cette couverture splendide du Chemin de l'espace..

Christiane a dit…

piaille - fouissent

Christiane a dit…

Un oiseau paille... Une nouvelle façon d'être oiseau..

Des oiseaux gourmands jouissent l'herbe... Oui, plaisirs confondus de l'herbe et de l'oiseau.

Christiane a dit…

J'ai bien aimé le dernier chapitre, "Le ciel ouvert". Même s'il est totalement christique. Mais le départ de cette capsule pour un espace indéfinissable, hors du système solaire,, (plutôt sa disparition : "elle était là, elle n'est plus là !"), la capitulation du vieux chef Vorst est émouvante.
Donc la terre, son destin est remis dans des mains plus modestes. Toujours cette quête d'un autre espace pour survivre.
Mais que ce roman est pesant avec ce poids de religiosité.
Je ne regrette pas les chapitres que je n'ai pas lus. Le dernier me suffit, fort bien écrit du reste.
Drôle du livre.... Bizarre, bizarre aurait dit Jouvet....

Christiane a dit…

Dans un essai de Roberto Calasso "Les noces de Cadmos et Harmonie" ( traduit de l'italien par JP. Manganaro), j'avais souligné cette phrase : "Toute époque vit, sans le savoir, le rêve de celle qui l'a précédée."
Toute ma quête de lecture est là, non d'imaginer des lendemains qui souvent déchantent dans les romans de science-fiction, mais au contraire m'enfoncer dans le passé aussi infini que l'avenir pour trouver l'éclosion de ces rêves quand ils ne sont encore que des rêves.
Ainsi dans ce dernier chapitre du roman de Silverberg, parce que le vieux mage a décidé de partir, je remonte jusqu'à son premier rêve, cette noria étoilée des rêves des hommes qui l'ont précédé sur cette terre exsangue, cette envie de bleu vénusien.
Je l'imagine enfant, allongé sur le dos dans l'herbe odorante, pressentant qu'un rêve est en train de naître en lui , rêve qui vient de plus loin, rêve dont il sera le passager le temps d'une vie.

Anonyme a dit…

«  le vieux mage a décidé de partir ». Ces mots évoquent les adieux de Prospero dans la Tempête. Je me permets d’attirer votre attention sur le jeu des américains avec l’ Ecriture. Un parallèle avec la Bible Catholique Orange, citée en exergue de Dune, pourrait être éclairant en ce qu’il n’est pas à prendre nécessairement au premier degré…. MC

Christiane a dit…

C'est très initiatique de vous suivre, Soleil vert. Plus vous explorez les mondes du futur, plus je m'enfonce dans les vertiges des voix passées. Deux mondes en regard....

Christiane a dit…

Je vais chercher. En attendant, me souvenant de notre long dialogue sur La Fin de Satan, ce poème extraordinaire de Victor Hugo, je m'étonne sur le blog voisin qu'il soit tant méconnu.

Christiane a dit…

La Bible orange dans Dune de Frank Herbert. Ce livre fictif. Oui, je me souviens. L’important, était de trouver un texte sacré rassemblant l'esprit de toutes les religions.
Cette Bible Orange rassemble de nombreux textes de la Bible, à peine changés, auxquels il ajoute des citations d'autres religions de la Terre empruntés aux religions anciennes, de la Chrétienté Mahayana, de l'Islam et des traditions Bouddhiques.
Frank Herbert ne voulait-il pas démontrer la vanité de ce désir de contrôle par les textes religieux ?
Oui, le rapprochement est possible avec le roman de Silverberg.

Christiane a dit…

Dès qu'on saisit la trame d'un de ces romans de science-fiction, il s'élargit. C'est comme un éventail aux plis nombreux laissant place aux variantes mais c'est une même étoffe de songes. Chaque esquisse a son problème , pas toujours sa solution.
Aussi, je les visite parfois en prenant des sens interdits, en commençant par la fin. Je les parcours à saute- chapitre. Je les grappille. Lire, ici, c'est un peu ouvrir votre journal de bord, votre carnet de fouilles, Soleil vert.
L'autrefois, est présent, en pointillé dans d'autres romans qui eux ne sont pas de science-fiction .
Mais comme Narcejac, vous semblez vous en moquer. Comme lui, vous pourriez écrire : "La solution n'est rien. Ce qui compte, c'est l'angoisse, la traque. "
Parfois je reviens vers un roman dont je n'ai pas épuisé la lecture complète. Une arrière -vie en reste.

Mais les histoires m'importent peu.
Ce qui me plaît c'est la volupté de lire, de peser les mots. C'est approcher par ces écritures la souffrance de l'homme, ses doutes, des hésitations, la façon dont il succombe au destin ou s'en délivre, quand il manque de courage. La réalité sensible d'un visage, d'un corps, d'un gedte, aussi.
Ainsi ce Vorst m'intéresse quand il abandonne sa superbe, sa force, quand il entre dans la tentation de s'effacer.
Et la forme, la structure des oeuvres, parfois si subtile. Une matière plastique comme dans les mains de Rodin.
Pour les dialogues , il faut qu'ils soient bons sinon je m'ennuie. Un fil ténu qui peut se briser.
Je me souviens d'un vertige au musée des manuscrits face à certaines écritures d'écrivains qui m'ont fondée. Des pages qu'heureusement on ne pouvait toucher. Des manuscrits dans leur état primitif avec leurs ratures, leurs annotations, leur désordre confus. Je ne connais pas de plus grand trouble.
Mélanger la réalité et la fiction, le grand pouvoir des romanciers, ces écrivains du souvenir... des atmosphères... Flux et reflux de la mémoire de mes lectures..

Christiane a dit…

Je me réfère au livre de Raphaël Ligier pour écrire "chrétienté Mahayana".

"Le christianisme est un bouddhisme gréco-juif.» Telle est l'hypothèse audacieuse que risque Raphaël Liogier, enseignant à l'Institut d'études politiques à Paris et chercheur à l'Observatoire du religieux de l'Université d'Aix-Marseille III, dans son livre "Jésus, Bouddha d'Occident".

Christiane a dit…

Ce livre de Zweig, "Le monde d'hier" est vraiment remarquable. Il sait avec virtuosité suggérer cet endormissement euphorique des vingt premières années du vingtième siècle en Europe et laisser sentir venir les terribles années qui s'annoncent.
Comme vous avez eu raison d'évoquer ce très grand livre qui n'est pas sans éclairer ce début du vingt-et-unième siècle.

Anonyme a dit…

Oh, vous savez, tout hugolien s’attend, si j’ose dire, à cette méconnaissance, qu’MS pousse à son sommet! Ce n’est pas très étonnant, au contraire ! Pour le reste, la Bible Catholique Orange ne doit pas être trop prise au sérieux, fonctionnant avec d’autres textes comme Les Dits de la Princesse Irulan, entre autres. Je la vois plus comme un pastiche. Je n’ai pas lu le Bouddha Christique dont la parution m’a échappé. Je ne sais pas si j’y perds grand chose. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Vous avez raison, ce livre repose sur des hypothèses non vérifiables, faute de preuves archéologiques. Raphaël Liogier fait des analogies entre les deux religions pour émettre une hypothèse : y aurait-il un lien philosophique possible entre Jésus et Bouddha ? Ils sont à la fois homme et Dieu, et adeptes de la tolérance et de la non-violence.
Né bien avant le christianisme, le bouddhisme aurait voyagé de l'Inde vers la Méditerranée, en s'imprégnant aussi de la culture grecque qu'Alexandre le Grand avait amenée jusqu'en Inde.
Est-ce de la science-fiction ? Une hypothèse qui aurait plus à Dumézil dont les "Esquisses de mythologie" me ravissent.
Au delà de l'Himalaya il s'en est passé des choses. Soleil vert nous avait présenté un récit de science-fiction qui m'avait ravie : "Les neuf milliards du nom de Dieu", d'Arthur C. Clarke. Une nouvelle poétique qui m'avait amusée mais surtout fait rêver. Éteindre le soleil et les étoiles, ce n'est pas rien. Pauvres moines tibétains !

Anonyme a dit…

Cela me fait penser au récent livre sur les druides de Jean-Louis Bruneaux. Quelques rares preuves, issues de livres grecs disparus, et un immense point d’interrogation car alors le rôle du Druide Divitiacus aurait ete de livrer la Gaule à Cesar, et on se demande bien pourquoi.

Anonyme a dit…

Ajoutons que si l’on suit Renan et son Église Chretienne, la métamorphose du Christ en Dieu est d’un siècle postérieure à son Incarnation. Argument increvable et toujours sujet à caution. Au lieu que Bouddha étant de condition princière, l’adoration a pu se développer plus tôt….

Christiane a dit…

Oui, tout à fait, une littérature de fiction pas plus désagréable qu'un roman de science fiction. A ne pas prendre bien sûr plus au sérieux que la bible orange de "Dune".
Mais pour en revenir à ma réflexion première, je n'aime pas trop les romans bourrés de religiosité, de sectes en tout genre. Que le gourou ici soit un totem nucléaire ne change rien à l'affaire. Je mets à part tant elle est délicieuse, la nouvelle d'Arthur C Clarke.

Christiane a dit…

Argument increvable ! L'expression est très drôle.

Christiane a dit…

Regardant mieux la couverture du roman de Silverberg, je m'aperçois qu'il ne s'agit pas de rochers bleus mais d'un immonde totem surmonté d'une statue hostile. On croirait entrer dans le domaine de Kurtz du roman de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres.
Même folie d'imposer un culte pour dominer et abrutir. Dire que je voyais avant de l'agrandir des rochers sous la lune....

Christiane a dit…

Ah oui... Vous n'aviez pas annoncé un récit de science-fiction évoquant Modiano mais un récit de science-fiction et un écrit de Modiano.
Il faut toujours vous relire, SV, car dans le peu de mots de vos commentaires il est tentant d'ajouter les miens ! C'est un jeu de mots croisés. Quelques lettres induisent un mot et ce n'est pas toujours le bon. Après on doit se débrouiller avec votre silence comme un piéton dans le Fog londonien. Mais plus que Maigret je me sens l'âme de Monet peignant impressions au soleil levant.

Christiane a dit…

L'expression du fugitif... Le soleil est bien au centre de la composition.
Claude Monet a peint cette toile de la chambre de son hôtel sur un quai au Havre. Et vous, Soleil vert, écrivez-vous vos billets et commentaires de votre astronef au fond du web ?

Christiane a dit…

Modiano disait dans un entretien : "Mon travail principal, c'est de supprimer, de faire des ratures. Quand on parle, on ne peut pas en faire. C'est pour ça que c'est difficile, quelques fois, de s'exprimer. On ne peut pas supprimer, au fur et à mesure, des propos qu'on tient."
Eh bien, j'aime bien les ratures, les suppressions, les revirements possibles dans cet espace commentaires.

Christiane a dit…

Et il ajoutait : "C'est-à-dire que pour passer dans l'imaginaire, il faut avoir en tête des choses précises qu'on peut avoir vues ou fréquentées. A partir de là, cela peut basculer dans l'imaginaire."
C'est cela qui est passionnant dans cette succession de romans et nouvelles que vous analysez : des... miroitements....

Christiane a dit…

Il écrit dans Livret de famille ; "Ma mémoire précédait ma naissance. J’étais sûr, par exemple, d’avoir vécu dans le Paris de l’Occupation puisque je me souvenais de certains personnages de cette époque et de détails infimes et troublants, de ceux qu’aucun livre d’histoire ne mentionne."
Ce Modiano est un bon Champollion.... mais il est sa propre Pierre de Rosette ! Il n'arrête pas de se traduire et c'est passionnant.

Christiane a dit…

Un chemin de lecture menant à un autre, mes lectures font boules de neige ou vol d'un oiseau migrateur..
Vous, SV, vous regardez vos lointains paysages par le hublot des mots...
C'est un blog de migrants !

Christiane a dit…

Pour faire le lien entre ces univers, un passage de son roman "Horizons" :
"Il avait lu, la veille, un roman de science-fiction, "Les Corridors du temps". Des gens étaient amis dans leur jeunesse, mais certains ne vieillissent pas, et quand ils croisent les autres, après quarante ans, ils ne les reconnaissent plus. Et d'ailleurs il ne peut plus y avoir aucun contact entre eux : Ils sont souvent côte à côte, mais chacun dans un corridor du temps différent."

Christiane a dit…

Dans cet ecrit, "Les corridors du temps", Hélène Dorion écrit :

"Au milieu de l’être, le temps dépose ses corridors. Comment vivre ces chemins qui s’interpellent et se croisent comme le font l’arbre et l’oiseau, le désir et le manque, la vie et la mort, ces lieux que tente d’habiter la poésie ? À travers chaque corridor du temps, nous apprenons à marcher vers ce que nous sommes, et qui n’est peut-être qu’un sursaut de la terre qui essaie de disparaître. »

Christiane a dit…

Et dans le même recueil "Les neuf milliards de noms de Dieu"(librairie) de nouvelles de Arthur C CLARKE, une autre nouvelle m'avait passionnée : "Le mur de Ténèbres". Il fallait imaginer un pays bloqué par un immense mur mystérieux . On découvre à la fin que ce mur est le bout de l’univers, sa fin.
"Mirage insensé. (...) Il savait que le Mur ne possédait qu’un seul côté ».
Ah que j'ai pu connaître le vertige avec ce recueil de nouvelles !

Christiane a dit…

Librio

Anonyme a dit…

Sur le rapport au temps,”Pas même le bruit d’un fleuve”de Hélène Dorion est très beau aussi.

Libraire.

Christiane a dit…

Merci, je note !

Christiane a dit…

Oh que c'est beau ce livre d'Hélène Dorion.
Je retrouve , la lisant, ces premiers pas courageux dans l'eau froide de la mer.
"La mer devient une cage d'obscurité."
Ce plein qui soutient...
"Elle ferme les yeux, arrête le mouvement de ses bras, comme pour voir si la bonté de l'eau saura la porter. (...) Allongée sur le dos, les bras en croix, ouverts comme des voiles légères à la surface de l'eau, la tête immergée, Simone n'entend plus que le bruit sourd du monde."
C'est exactement cela...
Quel bonheur cette ecriture mais qu'elle ombre aussi car il y a un vide en elle...
Merci, libraire.

Christiane a dit…

quelle

Anonyme a dit…

J’aime bien Modiano vu comme « une Pierre de Rosette qui n’arrête pas de se traduire en se rectifiant « . C’est Champollion qui doit être content! MC

Christiane a dit…

Aujourd'hui, le quatrième épisode :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/ottla-la-soeur-cherie-hors-du-monde-haissable-8408168

Bloom a raison. Joie de réécouter cette rediffusion. Merveilleux travail de Ruth Zilberman.

Christiane a dit…

Ravie, MC, de vous avoir fait sourire !