samedi 29 avril 2023

Des astres et des ombres

George R. R. Martin - Des astres et des ombres - J’ai Lu

 

 


Des astres et des ombres est un recueil de nouvelles de George Martin qui est souvent mis en retrait par rapport aux flamboyants Les rois des sables, Dragon de glace ou Une chanson pour Lya et autres nouvelles. Les textes ont pourtant été rédigés à la même époque, dans les années 70 (1980 pour « Dragon de glace »). A la lecture, même si quelques récits présentent un indéniable intérêt, l’ensemble ne soulève pas l’enthousiasme.

 

Cela avait pourtant bien débuté avec « Tour de cendres » dans une ambiance poétique caractéristique des écrits courts de Martin. Isolé sur une planète étrangère, un homme voit débarquer son ex accompagné de son nouveau compagnon. Il caresse un moment l’idée de la reconquérir, thème d’une pièce de théâtre Le canard à l’orange de William Douglas-Home. “Tour de cendres” raconte avant tout l’histoire d’un homme piégé par ses rêves et c’est superbe. La chute s’avère d’autant plus lourde avec « Saint Georges ou Don Quichotte », histoire de la tentative d’un riche industriel évincé de son entreprise, de concurrencer américains et russes dans un projet d’expédition spatiale vers Jupiter. Le final raté aurait du être confié à Robert Heinlein. Mais est-ce que ça en valait la peine ? Tout au plus remarque-t-on le thème de la confrontation douloureuse avec le réel, caractéristique des œuvres de Martin. Ecrit en collaboration avec Howard Waldrop, un auteur honorable et oublié, « La bataille des eaux-glauques » déploie le récit d’un affrontement entre un écosystème alien et un avant-poste humain. Texte classique mais ne déméritant pas, rappelant Bios de Robert Charles Wilson. Je n’ai pas adhéré à « Un luth constellé de mélancolie », rencontre romantique entre un Dieu-ménestrel et une Voyageuse « d’entre les mondes ». Une poésie sans substance. Justement, quand on n’a rien à raconter, les poèmes doivent se substituer à la prose. Dans « La nuit des vampyres », les U.S.A affrontent un groupe terroriste. Mais qui manipule qui et dans quel intérêt ? Une fiction honorable sans plus. Un homme fuit ses démons : telle est l’intrigue de « Les fugitifs ». Sur le même thème, l’adaptation ciné de Philippe de Broca des Tribulations d’un chinois en Chine m’avait plu davantage. Dennison dirige une équipe de manœuvres dans un astroport. Un travail de nuit éreintant consistant à charger, et décharger des vaisseaux venus de tous les coins de univers. Parmi ses collaborateurs un étudiant intérimaire qui baille aux étoiles.  Le double regard de Martin, celui d’un homme qui se penche sur sa jeunesse fait mouche dans « Equipe de nuit ». Passons sur le dégoulinant « … pour revivre un instant » et hurlons notre déception à la lecture de « sept fois, sept fois l’homme, jamais ! » pour son final incompréhensible. Une réflexion sur le Mal inaboutie sur fond d’affrontement entre deux espèces extraterrestres l’une vénérant un Dieu de colère et de sang, l’autre pacifique.

  

Que retenir de ce recueil ? Sans réserve, « Tour de cendres » et dans une moindre mesure « Equipe de nuit », voire « La bataille des eaux-glauques ». Les nouvelles et les romans dit-on, n’opèrent pas dans le même registre et visent des objectifs différents. Mais les premières ressemblent parfois à des galops d’essai. C’est ce qu’on conclura pour se consoler de la lecture Des astres et des ombres.

 

11 commentaires:

Christiane a dit…

Puisque seul "Tour de cendre" semble surgir de ce puzzle éclaté, pourriez-vous évoquer plus longuement le charme de cette nouvelle.
J'ai beaucoup aimé le titre de votre billet "Des astres et des ombres". On plonge direct dans les nuits étoilées de Van Gogh.

Christiane a dit…

Tour de cendre... masculin... comme "un" tour de magie où les cartes semblent brûler pour réapparaître un peu plus tard dans la main du magicien.
Ainsi des personnages que l'on croyait disparus que la fiction fait réapparaître.

Soleil vert a dit…

Bon 1er Mai Christiane.
Et maintenant place au nageur !

Christiane a dit…

Avec joie ! Et bonheur de mai aussi pour vous.

Christiane a dit…

...et gravité...

Anonyme a dit…

Il doit il y avoir un autre recueil de Martin, paru en France vers 1978, et pas déshonorant quand on le lit sans les Royaumes, ou me trompé-je ? MC

Christiane a dit…

MC, vous vous faites rare... Joie de vous lire.

Soleil vert a dit…

MC suivez le bleu !
Nakache : article terminé, avec une surprise.
Publication dans la journée

Christiane a dit…

J'attends cette ouverture sur la nuit etoilée du Nageur.
Tournoiement de bleus mais aussi...
Tour de cendre... tour de magie où les cartes ont brûlé pour réapparaître un jour dans la main d'un magicien.
Ainsi des personnes que l'on croyait disparues que la fiction fait réapparaître.
Le Nageur... Pierre Assouline.

Christiane a dit…

Page 202 :
"Deux jeunes mortes sans sépulture dans un ciel de cendres."
Jarretey là citations et commentaires sur ce magnifique livre.

Christiane a dit…

J'arrête là