mercredi 8 mars 2023

Dick, Von Neumann et les automates autoréplicatifs

 

C’est au mois d’Octobre 1954 que Philip K. Dick achève la rédaction de la nouvelle « Autofac » qui sera publiée dans Galaxie Science-Fiction en Novembre 1955 et dans sa première déclinaison française en 1956 sous le titre «Le Règne des robots» (1). Elle raconte la révolte de quelques survivants contre les machines au lendemain d’un conflit nucléaire planétaire. Anticipant l’apocalypse, les dirigeants avaient conçu cinq ans auparavant « un réseau mondial de fabriques automatisées - ou autofab - » afin d’assurer la survie de l’espèce humaine ou du moins ce qu’il en resterait. Le conflit terminé, les usines continuent imperturbablement leur labeur, fournissant les mêmes denrées, objets utiles ou inutiles, s’autoréparant et se dupliquant. Laurent Queyssi, grand ordonnateur de l’intégrale des nouvelles chez Quarto souligne au passage la dénonciation par l’auteur du gaspillage des ressources naturelles, thème novateur pour l’époque. Le récit témoigne aussi de sa hantise des machines dominatrices, des copies et simulacres. N’étant pas insensible aux idées marxistes, l’écrivain a peut-être exprimé également une forme de rejet du capitalisme.

  

Mais où Philip K. Dick a t-il puisé cette idée d’automates qui s’auto-reproduisent ? Le concept a par la suite inspiré les auteurs et scénaristes de science-fiction. Citons pêle-mêle, Mécasme de John T. Sladek, 2010 : Odyssée deux d’Arthur Clarke, les Réplicateurs de Stargate SG-1, La musique du sang de Greg Egan etc. A l’origine de ce vertige technologique, un immense savant de la première moitié du XXème siècle, John Von Neumann. A peu près inconnu du grand public aujourd’hui, ses extraordinaires aptitudes mathématiques l’ont placé au cœur des plus grands travaux et évènements scientifiques d’alors et en ont fait un homme d’influence dans les plus hautes sphères politiques et militaires américaines. Juif hongrois il a enseigné à Göttingen avant de fuir l’Allemagne pour gagner Princeton aux Etats-Unis. Ses contributions majeures couvrent des domaines aussi variés que la théorie des ensembles (Die Axiomatisierung der Mengenleher), la mécanique quantique (Fondements mathématiques de la mécanique quantique), la participation au projet Manhattan, la naissance de l’ordinateur (ENAC, EDVAC, IAS), la théorie des jeux avec l’invention du minimax (De la théorie des jeux de société), suivi de Théorie des jeux rédigé avec Oskar Morgenstein qui en décline l’application aux sciences économiques. Les experts en stratégie nucléaire de la RAND y trouvèrent leur compte de même qu’un certain John Badham dans le film Wargames.

  

Le dernier ouvrage auquel s’attela Von Neumann, Theory of Self-Reproducing Automata ne fut publié qu’en 1966, bien des années après le décès du scientifique emporté par un cancer en 1957. Incroyablement, les premiers vulgarisateurs de ses travaux furent P.K Dick avec « Autofac », rédigé en 1954, publié en 1955 et John George Kemeny (un des inventeurs du langage BASIC) dans un article « Man viewed as a machine » paru en 1955 dans la revue Scientific American. (2) Inspiré par la machine universelle de Turing, Von Neumann conçut plusieurs modèles cinématiques d’autoréplication qui inspirèrent Conway et son Jeu de la vie. Mieux, cinq ans avant la découverte de la structure de l’ADN, il identifia les briques fondamentales de toute réplication mécanique ou biologique : un jeu d’instructions pour la reproduction, un atelier de fabrication, une unité capable de copier et de transmettre le jeu d’instructions à l’entité fille. Son dernier acte mathématique fut une conversion au catholicisme dictée par le Pari de Pascal. Quant à Philip K. Dick, il entama à partir de 1955, une année charnière, ses débuts de romancier. (3) Son « Autofac » inspira peut-être les Dyson et autres Freitas dans l'idée d'une conquête spatiale réalisée par des automates réplicatifs.

  

Remerciements au site CSF

  

 

 

(1)   P.K Dick Nouvelles complètes II Quarto, page 284.

(2)   John Von Neumann, l’homme qui venait du futur - Ananyo Bhattacharya – quanto

(3)   P.K Dick Nouvelles complètes II Quarto(Laurent Queyssi)


112 commentaires:

Christiane a dit…

Passionnant ce retour aux cogitations de John von Neumann par la science-fiction.
Répondre à la définition du vivant par la possibilité de se dupliquer soi-même... Il y a sur Arte une série mathématique passionnante et les recherches d'une mathématicienne iranienne qui a eu la médaille Field puis est partie aux Etats Unis continuer ses recherches et connaître le bonheur. Elle aussi travaillait sur la duplication à l'infini et sur les enlèvements de lignes en spirales qui ne reviennent pas à leur origine.
Vaste songerie.
Mon regret c'est que John von Neumann ait découvert que la bombe atomique devait exploser avant de toucher le sol pour faire le maximum de morts et de dégâts.
Ces savants donnent parfois la main au diable...
Heureuse de lire ce billet où l'imaginaire prend racine sur la science.
Philip K Dick, un auteur intéressant.
Je reviens d'une marche sous la pluie - avec imper et parapluie. Il fait doux. J'aime le bruit de la pluie sur les trottoirs et les toits. La terre boit. Elle a soif. Merci le vigilant.

Christiane a dit…

https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021426/voyages-au-pays-des-maths/

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Christiane a dit…

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/07/15/la-mathematicienne-iranienne-maryam-mirzakhani-est-morte_5160989_3382.html

Christiane a dit…

Dans Ubik, Joe Chip tentait de donner un sens à deux messages contradictoires de Runciter, l'un déclarant qu'il était vivant et qu'eux étaient morts, et un autre message qui aurait été enregistré par lui de son vivant.et donc qu'il était mort.
Je me souviens de sa femme mi-morte, mi-vivante et de lui ,communiquant avec elle. J'en avais ri . J'aime me moquer de ce qui me fait peur, comme les gosses. Mais il était dingue et chouette ce roman .
Vous m'invitez à me battre contre ma raison avec vos livres abracadabra. J'adore être ainsi déstabilisée.
Mais comme j'aime la longue fidélité de Passou envers Kafka qui a frôlé la science-fiction dans ses romans. mais qui souffrait tellement en écrivant...

Anonyme a dit…

coucou.

Loin de moi l'idée de faire mon embêtante (quoi que...), mais la nouvelle s'appelle vraiment "Autofac" (en VO) et a aussi porté ce titre en VF (quand elle a changé de titre pour la parution dans Marginal (& la GASF).
Bien sûr la première parution est dans Galaxy (US mais aussi GB) et la première parution en VF date en fait d'Aout 1956 (in 1GA #33) sous le titre "Le règne des robots".
Pour être complète, le manuscrit sera reçu par l'agent de Dick le 11-10-1954.
S'Anonyme

Soleil vert a dit…

Corrigé, merci :)

Christiane a dit…



J'avais écrit ces mots le 4 mars sous le billet précédent.
Une pensée en avance sur cette problématique de P.K. Dick...
"Ce qui est bien dans la répétition c'est qu'un court instant on est dans l'à -venir. Tout se superpose très exactement sauf introduction du hasard."

Soleil vert a dit…

Un SF encore et je retourne à Fante
PS : connaissez vous "Fin de partie" de Beckett ?

Christiane a dit…

Fin de partie... 2011. Théâtre de la Madeleine. Françon
Le temps passe et ne passe pas. Tout dans la répétition des gestes, des paroles pour s'occuper pendant que le temps passe. Une sorte de dystopie. Un monde qu'on ne peut situer. Quatre personnages en débris. Deux poubelles pour les parents cul-de-jatte. Ham...Clov... C'est burlesque et terrible comme le décor nu et gris. Comme les lumières blafardes.
J'avais aimé, comme La dernière bande, comme En attendant Godot.
Beau rappel...
Votre parcours sinueux et lent créé un décor de livre qui n'a pas encore été écrit...

Christiane a dit…

Vous êtes fort !

Anonyme a dit…

Toujours Francon, 2023, à la Scala!

Anonyme a dit…

Francon avec cédille SVP!

Anonyme a dit…

S’il fallait compter tous les savants qui ont participé au Projet Manhattan…MC

Christiane a dit…


Oui la mise en scène d'Alain Françon est extraordinaire.
Vous vous rappelez ?

"Fini, c'est fini, ça va finir, c'est peut-être fini." Ainsi commence la pièce. Hamm, terrible, assis sur son trône. châtelain, je crois.
Pour le projet Manhattan, un ou plusieurs, c'est une oeuvre de mort...

Christiane a dit…

Jean-Quentin Châtelain, Michel Robin et Serge Merlin

Anonyme a dit…

Est-ce la meme? Pas vu celle de 2011.

Anonyme a dit…

Dans le Journal des Arts contribution plus qu’intéressante à l’art pariétal et à sa compréhension par Jean-Loic Le Quellec, p 20-21.

Christiane a dit…

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-science-cqfd/grand-entretien-avec-jean-loic-le-quellec-5903629

Christiane a dit…

Jean-Loic Le Quellec est intéressant mais parle trop vite. L'auditeur n'a pas le temps de réfléchir.
Néanmoins, sa démarche nous invite à aborder ces traces à travers une analyse scientifique possible : comment peut-on analyser une séquence graphique venue du fond des âges ? Comment bâtir une théorie ? Comment la réfuter, voire la refuser ?
Autre mise au point. On ne peut parler d'art préhistorique ce qui serait présupposer un esthétisme. Plutôt d'un artefact, doit un vestige archéologique.
Enfin, le plus étonnant : le mythe de l'émergence d'une caverne originelle. Homme et bêtes auraient d'abord vécu sous terre et seraient peu à peu sortis des grottes. Une recherche dans les contes des origines de différents continents gardent l'empreinte de cet imaginaire présentant des êtres hybrides mi-hommes, mi- bêtes.
Il est difficilement concevable que des hommes aient vécu dans le fond des grottes, sombre et inhospitalier. Pourquoi, pour qui, ont-ils peint ou gravé ces animaux, ces bipèdes, ces formes géométriques ?
Ce mythe de retrouve dans la science-fiction quant à l'invention de créatures hybrides.
Les robots, là dedans ?

Christiane a dit…

Fin de partie... En 2013 à l'Odéon, toujours Alain Françon. Mais d'autres metteurs en scène aussi.

Christiane a dit…

Les androïdes ont-ils une âme ? P.K. Dick cultive une certaine ambiguïté dans ses romans. Certains de ses personnages humains indifférents aux sentiments ressemblent à des machine mais certains androïdes ont une âme, expriment des sentiments ( Blade Runner).

Christiane a dit…

Je retourne vers l'essai de Marie José Mondain ("Homo spectator") qui a réfléchi brillamment sur les mêmes traces.
P.63
"Si l'on pouvait demander à l'homme de la grotte Chauvet ce qu'est la condition d'homme , peut-être pourrait-il répondre : Je suis celui qui, s'étant perdu de vue, a désiré voir dans la trace de son absence le regard d'un autre d'où sa présence va surgir. Je suis celui qui est sorti d'un temps qui le tuait pour inaugurer une histoire qui le ferait vivre au-delà de sa mortalité."

Christiane a dit…

Et quand elle scrute les mains positives et négatives de la grotte Chauvet, elle écrit p.72 : "entre deux semblances, positive et négative, celle du plein et celle de la vacuité, c'est toujours le retrait qui donne naissance au sujet du regard créateur du spectacle des signes. Deux signes d'une même main se mettent en rapport contraire à une même invisibilité. Le plein de l'empreinte s'adresse au vide de la trace pour y faire voir la dissemblance (...) "
Pour nous c'est vaincre une peur face aux ténèbres et face au réel.
P.84, elle cite la première phrase du "Voyage au bout de la nuit" de L.F.Celine : "Ça a commencé comme ça." Pour interroger ce "comme" qui ouvre le semblant.
Presque un écho à Beckett : "Fini, c'est fini, ça va finir, c'est peut-être fini."
Tout disparaît dans l'enchevêtrement de la guerre, des guerres, de la haine.
La peur nous entraîne vers l'anticipation, dans l'arrêt du temps où vers des anticipations cauchemardesques.
Beckett qu'elle cite alors dans "L'image" : "c'est fini c'est fait ça s'éteint la scène reste vide... Je me rends compte que je souris encore ce n'est plus la peine depuis longtemps la langue ressort va dans la boue je reste comme ça..."
comme une leçon de ténèbres...
Et elle termine cette première partie, p.121, par une citation de Musil ("L'homme sans qualités") : "comme si l'on avait dépassé le but ou comme si l'on se fut trompé de voie. Un beau jour, en tempête, un besoin vous envahit : descendre ! sauter du train !"

Anonyme a dit…

Un peu trop mondain pour moi, cette Dame, ou avez-vous choisi un patchwork de citations plus ou moins organisées ?!

Christiane a dit…

J'ai choisi un patchwork de citations plus ou moins organisées de cette première partie. (Il n'y a rien d'absurde d'en passer par le désastre du XXe siècle pour répondre aux ténèbres des grottes du paléolithique et ces étranges mains de la groote de Chauvet. Positif, négatif, vide, plein, silence parole.)
Je suis le cheminement de Soleil vert Musil, Céline, Beckett, science-fiction avec P.K.Dick que je croise avec le vôtre (Jean-Loic Le Quellec et "l'art" pariétal et la caverne originelle).
Je ne la trouve pas mondaine Marie José Mondzain (mon téléphone a avalé le z !)

Christiane a dit…

Si cela vous dit, cher M.C. voilà pour faire connaissance ...
https://remue.net/Homo-spectator-de-Marie-Jose-Mondzain

Christiane a dit…

"Disons que sur l'échiquier - notre univers espace-temps - le contre-joueur de l'ombre instaure une situation réelle en déplaçant une pièce. Étant donné qu'il est le joueur de ténèbres, ses plans produisent ce que nous ressentons comme le mal."
P.K. Dick à propos de son roman "Substance mort"

cité par Éric Naulleau dans son article "Philip K. Dick, écrivain chrétien" pour la revue trimestrielle "Atelier du roman - juin 2021.

Christiane a dit…

Dates et œuvres. (.p.79. même revue)
1971 - 1972
C'est la période la plus noire. Dick ouvre sa maison à tous les drogués, hippies ou junkies de passage. Il se drogue jusqu'au délire. Tente en vain de se faire interner en hôpital psychiatrique. En 1971, il trouve sa maison saccagée et son armoire-classeur, où il conservait ses "trésors", détruite. Sa plainte en justice reste sans suite. Dick essaie de s'installer à Vancouver sans succès. Tentative de suicide. Il se fait interner à X-Kalay, un centre de désintoxication pour heroïnomanes. Il fait la connaissance de Tessa Busby et se met de nouveau à écrire.
1973 - 1982
Dick commence à être reconnu. En 1974, il est nommé pour le prix Nobel et le prix Hugo. "Substance mort", rédigé en 1975, sort en 1977. Il donne des conférences dont une en France, où il est l'invité d'honneur du deuxième festival international de science-fiction de Metz, en 1977. Il parle souvent de ses expériences semi-mystiques et il a des discussions théologico-philosophiques avec son entourage. D'où "La Trilogie divine" et le volumineuse "Exégèse" (plus de 8000 pages).
Il meurt le 2 mars 1982 d'une défaillance cardiaque, quelques jours avant la sortie du film "Blade Runner", de Ridley Scott, tiré de son roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? "

Christiane a dit…

Même revue, p. 14, une autre citation de P.K.Dick .(on dirait du Beckett ! )
"Je vais vous révéler un secret : j'aime créer des univers qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours. J'aime les voir se désintégrer, et j'aime voir ce que font les personnages du roman lorsqu'ils sont confrontés à un tel problème. " ("Si ce monde vous déplaît... Et autres essais")

Christiane a dit…

Cette remarque de Marie José Mandzin à propos de l'homme de la grotte Chauvet : "Je suis celui qui, s'étant perdu de vue, a désiré voir dans la trace de son absence le regard d'un autre d'où sa présence va surgir. Je suis celui qui est sorti d'un temps qui le tuait pour inaugurer une histoire qui le ferait vivre au-delà de sa mortalité."
pourrait, maintenant que la connais, s'appliquer à la vie de Philip K. Dick la chute (ce temps qui le tuait : Drogue - tentative de suicide -) puis ce temps où "sa présence va surgir" (désintoxication- rencontre - retour à l'écriture) dans un domaine, la science-fiction "qui le fera vivre au-delà de sa mortalité"...
Tout se lie au-delà des apparences entre votre billet, Soleil vert, et le jeu des commentaires qui ressemble au puzzle des mathématiciens.

Christiane a dit…

Ou écrits mystiques ou ce terrible dernier Roman concernant les drogués "Distance mort".

Christiane a dit…

Qu'en est-il du roman "Le Maître du haut château" qui lui a valu le prix Hugo ?

Anonyme a dit…

Pas très bon à mon sens. L’uchronie est timide et à vieilli. Peut-être faut-il y voir le poids de l’imaginaire, et pour l’auteur lui-même, de la génération qui a gagné la guerre, et la difficulté de remettre en cause ce présent là. Mais pas un grand K Dick, sûrement pas. On peut passer à côté…

Anonyme a dit…

Ce serait meme charitable…

Christiane a dit…

Merci, M.C. Alors, comment expliquer ce prix Hugo ?

Soleil vert a dit…

Qu'en est-il du roman "Le Maître du haut château" qui lui a valu le prix Hugo ?

C'est néanmoins un des meilleurs ouvrages de Dick. Une uchronie où la seconde guerre mondiale aurait été gagnée par les forces de l'Axe.

Christiane a dit…

C'est un peu ce que j'ai compris en lisant différentes présentations du roman.
On peut se demander ce que le monde serait devenu si ces forces du mal l'avaient emporté.
Mais j'ai compris aussi qu'il y avait un roman dans le roman donnant force aux mythes plus qu'aux stratégies des états majors.
Philip K. Dick n'a cessé d'interroger le mal et la mort. Ses fictions sont plus qu'un jeu de semblances, de superpositions de situations contradictoires.
Il semble s'être acharné pour trouver une issue.
(presque un écho à Beckett : "Fini, c'est fini, ça va finir, c'est peut-être fini.")
Vous souvenez-vous, dans "L'homme sans qualités" de Musil, quand Arnheim dit au général Stumm : "Vous n'êtes pas seulement autrichien, mais officier, vous me comprendrez : la politique, l'honneur, la guerre, l'art, tout ce qu'il y a de décisif dans la vie se produit au-delà de l'intelligence rationnelle. La grandeur de l'homme prend racine dans l'irrationnel ."
Ulrich et Diotime observent et Ulrich dit : "(...) Même dans un laboratoire, les choses ne se présentent jamais comme elles le doivent. Elles divergent dans tous les sens, sans aucun ordre, et c'est une sorte de fiction..."
Diotime, elle, cherche l'infini et l'illimité. (tome1/2/114)
Merci pour votre intervention.
J'ai déroulé les prix Hugo de la science-fiction. Quatre fois pour des cibles différentes , Philip K Dick à été choisi.
Donc, d'autres lecteurs ont aussi lu et apprécié ce roman.
Je crois que je vais le lire pour voir comment je comprends ce roman.
P.K.Dick a une vie mouvementée, difficile, douloureuse. Heureusement que l'écriture était là même si les textes mystiques dans leur démesure ressemblent pour la fin de sa vie à un paysage fictif où il se perd.
Je continue à suivre votre sillage dans tous ces livres lus. Même si je continue d'autres explorations.

Christiane a dit…

Et pour en revenir à Beckett dans "Malone meurt", ce gisant qui va mourir et qui écrit tout ce qui le traverse ou dans "Molloy" qui dit parler au présent, "que c'est facile de parler au présent, quand il s'agit du passé.
C'est le présent mythologique, n'y faites pas attention, ajoute-t-il.
Mais le passé peut sortir du temps et envahir le présent.
"Je suis davantage celui qui découvre que celui qui narre.' c'est ainsi que le personnage est pris dans sa narration.
Et Philip K Dick.

Christiane a dit…

M.C.,
je reviens à Jean Loïc Le Quellec et son mythe de l'émergence de l'humanité d'une caverne originelle. Hommes et bêtes auraient d'abord vécu sous terre et seraient peu à peu sortis des grottes sous des formes hybrides (insectes, vers, lézards....).
Or, P.K.Dick dans une nouvelle (évoquée par S.V) "La vérité avant-dernière" imagine un monde antagoniste à ce monde mais lui ressemblant.
Une caverne encore où des humains entassés survivent pensant que la terre a été dévastée par la guerre et que l'air y est irrespirable.
Mais rien n'est vrai. Une élite richissime vit à l'extérieur sur la terre et profite égoïstement de ses privilèges.
Des évadés vivent sous surveillance, confinés dans des camps appelés fourmilières, gardés par des robots.
Là intervient un personnage qui va percer le mur qui les enferme pour aller sauver ceux du monde d'en-bas. Dick le décrit comme un insecte qui s'accroche aux parois du tunnel, une espèce de scarabée qui se fraie un chemin dans la terre, une bestiole...
Dick semble nous dire par cette fiction que la parole politique, ici, définit la réalité. Pour Beckett même démarche mais métaphysique. Pour les deux la société vit dans le mensonge à coups de lavages de cerveau ou de violence physique.
L'Imaginaire de Dick rejoint,inversé, celui de Jean Loïc Le Quellec.
PS : j'ai commandé "Le Maître du Haut Château". Vous n'avez pas donné les raisons vous conduisant à juger ce roman dune façon si défavorable...
Un monde de métamorphoses.

Anonyme a dit…

J’ai lu cette nouvelle effectivement très prenante ou passé on ne sait pourquoi, transformé en prison, le Gouffre de Padirac!. Pour le reste, et le Maître, une fois qu’on a dit que l’Axe a gagné, on est surpris de la discrétion avec laquelle cette idée est exploitée. En regard de Joe Walton sur le même sujet, c’est pour le moins pauvre. Peut-être était-ce inévitable en son temps.

Christiane a dit…

Vous aimez bien les fictions de Jo Walton.
Et le gouffre de Padirac.
Pour la discrétion de la démonstration de Dick dans "Le maître du haut château" c'est trop tôt. Je vous dirai quand j'aurai lu le roman.
Dans les années 60 , P.K. Dick était plus reconnu en France qu'aux Etats unis où la science-fiction était considérée comme une lecture réservée aux adolescents. Quant à ces premiers romans, hors science-fiction, on n'en parle plus. Je suis heureuse de savoir qu'il est maintenant apprécié à sa juste valeur surtout depuis que le cinéma s'est emparé de son imaginaire.
Ne pas avoir lu beaucoup de SF me donne une totale liberté de regard sur ces nouvelles et romans. (Juste pour bagages mes autres lectures. Ici fort présentés dans les références de Soleil vert).
Une Marie Curry est apparue sur la RdL. J'aime sa pensée. Pour le reste c'est souvent assez boueux et glissant quand les hommes ont envie de se battre.

Christiane a dit…

Les films adapté des romans de P.K.Dick que j'ai vus et appréciés : Blade Runner (Ridley Scott), Total Recall (Paul Verhoeven), Minority Report (Steven Spielberg).
Et j'ai l'intention de regarder la série Le maître du haut château (Ridley Scott )

Christiane a dit…

s

Anonyme a dit…

J’ ai pris Joe Walton comme j’aurais pris un autre exemple. Il se trouve. Qu’il. Colle chronologiquement. Mais je n’ignore pas qu’on peut lui trouver des faiblesses.( troisième tome Un peu trop british. Ce qui m’intéresse, c’est le traitement de l’uchronie, pas la personnalité de Walton.

Christiane a dit…

Vous êtes incroyable, M.C. un vrai personnage de science-fiction. Et votre code secret qui ne répond plus et vous oblige à fréquenter les cybercafés, où en êtes-vous ? Que vous êtes drôle ! mais avec ce chic anglais assez pince dans rire. Entre vos essais du XVIIe, voire XVIIIe, vos uchronies, vos batailles échevelées avec CT où Alexia, vos expos de peinture, votre poésie classique, s'il fallait vous inventer il faudrait que P.K.Dick revienne de ce monde flou entre vie et mort pour dire de vous les semblances trompe-l'œil. Surtout ne changez pas, vous êtes délicieusement imparfait, crispant ou tellement attachant selon les heures et les jours.

Christiane a dit…

J'ai hâte de découvrir "La Sauterelle pèse lourd", ce roman caché dans le roman , rédigé par Hawthorne Abendsen, celui où les Alliés ont terrassé le nazisme, où la guerre cesse... pour un temps. Un monde où le reflet uchronique devrait se fragmenter emportant ses horreurs et ses fous. Ce roman m'intrigue, comme un cauchemar dont il faut se réveiller. Mais à vous lire entre les lignes je sais qu'il sera lent, déconcertant, coulant comme du sable entre les doigts. que l'intrigue se cassera pour entrer dans une répétition sans fin ( ça c'est cadeau de S.V). que l'auteur hésitera entre le je des personnages et les ils où elles du narrateur puisqu'on l'annonce polyphonique.
N'empêche que comme pour "L'homme sans talents" l'auteur sort d'une crise grave de confiance en lui, d'un séjour en HP. Je vais le lire dans la nouvelle traduction de Michelle Chartier pour "J'ai lu", augmenté de deux chapitres inédits d'une suite inachevée. "Après le haut château"... une suite que P.K.Dick a entamé en 1964, abandonnée car il était effrayé à l'idée de devoir encore retrouver les nazi...

Anonyme a dit…

Pour vous, d’un poète inattendu sous la plume de votre serviteur ; «  le livre est un grand arbre échappe des tombeaux » Le même qui, curieusement, donne ses lettres de noblesse au Harfang des Indes Noires, espèce , je le crains, spécifiquement vernienne! )«  Deux grandes ailes de harfang/Sur son cou tressaillent dans l’ombre ») ça c’est pour SV

Christiane a dit…

C'est exactement cela, depuis toujours. Sur leurs ailes je vole.
Mon dieu, que c'est beau et vrai.

Anonyme a dit…

Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est de Jarry!

Christiane a dit…


Les minutes de sable mémorial / Alfred Jarry

"Écoutez ! La Nuit froisse son manteau. Quelque chose vient crier sur la vitre. Rideaux inquiets, ébouriffez vite vos ailes de plume sur la vitre glauque. Veilleuse mourante, sombre dans la coupe aux flots d’huile fauve."

Merci pour la découverte de ce texte somptueux

Anonyme a dit…

Ça lui arrive parfois. Souvent meme.Mais on sent aussi dans la prose la présence de
«  mon ami le Montevideen » , c’est dans le texte, alias Lautreamont. Influence revendiquée qui n’ a pas dû dépasser les happy few de l’époque.Tant de crapauds séraphiques , de hiboux au chants de rossignol, montrent assez que Maldoror a été lu, et Gracq ajouterait que les deux poètes en commun l’internat.

Christiane a dit…

Oui, c'est très étonnant cette poésie d'Alfred Jarry. Mais vous avez su nous offrir et l'arbre et le harfang des neiges. Assez pour ouvrir la porte des rêves.

Christiane a dit…

Oui, Jules Verne n'est pas loin qui aurait saisi le harfang noir en plein vol....

Christiane a dit…

Nelly et sa chouette harfang
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nell_(Les_Indes_noires)

Christiane a dit…

Le graveur c'est Jules Ferat https://wikimonde.com/article/Jules_F%C3%A9rat

Anonyme a dit…

Eh oui! Avec Les Indes Noires on est à mi chemin du conte fantastique explique, et d’une sorte de SF ( discrète et rationnelle!).Quelque chose comme les Mines de Falun, d’ Hoffmann, rationalisées par l’économie victorienne, avec un zeste de romantisme écossais. Du Walter Scott moderne. Et on sait que Scott n’aimait pas le fantastique .il était était folkloriste, mais rationnel comme le prouve son Histoire de la Sorcellerie ou ses contes ou le fantastique est parodie. Cela n’empêche pas des réminiscences dans le récit de la Dame du Lac, spécialement lorsque le Lac Katherine se déverse dans la mine, mais elles sont elles-mêmes parodiques ( «  il semblait que la Dame du Lac n’eut plus assez d’eau pour ses mignons petits pieds « ) Mais dans la scène du Harfang, lorsque Silfax paraît sur le lac souterrain et lance la mèche destinée à enflammer le grisou, le lecteur marche à fond! MC

Christiane a dit…

"- Non, Harry, répondit Nell. Je pensais seulement que les ténèbres sont belles aussi. Si tu savais tout ce qu’y voient des yeux habitués à leur profondeur ! Il y a des ombres qui passent et qu’on aimerait à suivre dans leur vol ! Parfois, ce sont des cercles qui s’entrecroisent devant le regard et dont on ne voudrait plus sortir ! Il existe, au fond de la houillère, des trous noirs, pleins de vagues lumières. Et puis, on entend des bruits qui vous parlent. Vois-tu, Harry, il faut avoir vécu là pour comprendre ce que je ressens, ce que je ne puis t’exprimer ! "

Quelle poésie dans cette perception dans le noir. Un savoir qui rapproche Nell de l'oiseau de nuit. Une sorte de divinité de la nuit de la terre. En même temps pure et innocente comme une enfant sauvage.
Et quand on lui demande depuis combien de jours elle était au fond de la houillère, elle ne peut répondre car le mot "jour" ne. fait pas partie de son expérience. Elle répond par la sensation de faim : depuis... depuis.. depuis.... Rien après la préposition. que le mystère...
Prodigieuse imagination de Verne. Une enfant nyctalope, protégée par un vieillard jaloux qui l'abandonnera, le vieux Silfax.

Christiane a dit…

Le harfang de Silfax devient un des personnages du roman "Les Indes Noires" de Jules Verne. Il est mystérieux, protecteur, majestueux. Un personnage presque chamanique.
Oui, "dans la scène du Harfang, lorsque Silfax paraît sur le lac souterrain et lance la mèche destinée à enflammer le grisou, le lecteur marche à fond !"
Et Jarry devient vernien quand il évoque l'oiseau que vous avez offert à Soleil vert, le chanceux :
"Deux grandes ailes de harfang/Sur son cou tressaillent dans l’ombre »
Les plumes de la nuit s'en viennent du sommeil proche. Bonne nuit, poète.

Christiane a dit…

"Il me semblait déjà avoir vécu cette scène dans une autre vie"...
Et pourtant l'histoire racontée par Paul Edel se passe de nos jours. Un homme pense à la femme aimée qui va s'envoler pour jouer dans un concert sans lui.
Et puis ce rassemblement près de la gare routière où tous les cars éteints sont maintenant à l'arrêt. Un meeting se prépare et le récit bascule non vers le souvenir d'un passé militant et révolutionnaire mais vers l'isolement de l'étudiant au milieu de ses partitions .
Il atteint alors le cœur du souvenir, troublé.
Dans le "Bar des flots noirs", Olivier Rolin écrivait : "Les choses vont ainsi : marchent, glissent, dansent, s'éclipsent, hanchent, déhanchent, chaloupent, roulent, volent, succession d'images dans la nuit, discrètes, éclatantes, qu'on oubliera jamais."
Une épreuve de vérité pour visiter le temps retrouvé. Le retour du refoulé comme à son insu.
C'est un très beau texte qui étrangement me touche par sa capacité de communiquer cette expérience singulière et mélancolique..
Peut-on répéter sa vie en imagination, comme une histoire, malgré les metamorphoses ? Le temps a passé pour lui aussi et pour elle.
Écrire est sa chance. Une fiction qui charrie des éclats d'autobiographie.

Christiane a dit…

"Ils avaient tous des tenues de chantier , certains portaient des gamelles ou des sacs à dos. Ils me fixèrent ou plutôt fixèrent surpris et désapprobateurs ma veste de lin et ma chemisette rouge bien repassée ."
C'est ce regard désapprobateur qui une nouvelle fois l'exclut du groupe. Petit pincement au cœur.

Christiane a dit…

"Oui, je me sentis inutile, protégé mais aussi prisonnier dans ma bulle musicale et artistique."
C'est un texte diabolique pétri d'une jubilation fulgurante où l'écrivain fabrique une marionnette qu'il présente comme lui-même pour de libérer d'une culpabilité. Une prise d'otage.
Deux vides. Deux absences.

Anonyme a dit…

La critique homophile avait
En son temps fait un sort à Jules Verne, coupable de ne pas avoir peint de femme crédible. Il me semble que Nell, non pas meme si, mais parce qu’elle est muette, est dans le genre une reussite. Le roman inverse les pôles : un harfang minier, un génie ctonien , et malfaisant, une jeune muette rendue à la lumière et à la parole par l’amour. Il y a de l’ Eurydice là-dedans…MC

Christiane a dit…

Oui

Christiane a dit…

Vous vous posez de drôles de questions. Je n'avais jamais pensé qu'elles manquaient car lorsqu'on lit ses romans on endosse la personnalité des personnages, toujours intrépides, souvent plongés dans un monde surnaturel.
Mais le mythe d'Euridyce est très beau dans le personnage de Nell.

Christiane a dit…

A vrai dire, il n'y a pas de différences pour l'action qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. Face au péril, il faut être inventif, avoir du coeur et du sang froid.le temps des amours c'est plus tard et il bâclé les fins et je le comprends.
Ainsi Ulysse et Pénélope. N'at-il

Christiane a dit…

Ainsi Ulysse et Pénélope. N'a-t-il pas la nostalgie de ses voyages et elle, est-elle comblée par son retour définitif ? C'était le manque et le désir de se retrouver qui les animait. Vieillir ensemble ? Je n'y ai jamais pensé, non plus.
Ma prof de dessin au collège me disait que je ne créais pas comme une fille. Ça me rassurait. Les fleurs, ce n'était ma recherche que lorsque j'en faisais des études botaniques.
Toutefois, quelques grandes personnalités féminines, peintres, musiciennes, écrivains sont de solides références.
Pour les romans aux forts personnages de femmes, je ne les chercherai pas dans Jules Verne. Il a d'autres qualités.
Sacré, M.C., votre planète est très surprenante...

Christiane a dit…

Ce qui n'est plus un hasard, M.C., c'est que, à nouveau nous sommes par "Les Indes noires" dans une sorte de grotte, immense, un monde souterrain où vivent ces mineurs et leur famille. Un labyrinthe avec une structure d'alvéoles. Ils semblent vivre sous terre comme dans la nouvelle de P.K.Dick que nous évoquions, comme dans les études du monde des cavernes du paléolithique.
Décidément notre conversation se plaît dans ces lieux symboliques.
Si Soleil vert n'intervient pas avec une nouvelle chronique nous allons nous installer dans ce monde !
Là le vieux pénitent aidé de son harfang avance le feu à la main pour provoquer des petites explosions de grisou.
Nell est surnaturelle dans ce monde souterrain, protégée par l'oiseau.
Tout le début du roman est un précis scientifique expliquant la formation du charbon. Il faut attendre pour que le mystère s'empare du lieu. La fin est décevante. Nell est plus belle dans son monde d'encre noire même si lors de sa première sortie c'est la nuit éclairée par la lune et les étoiles.

Soleil vert a dit…

Ma prochaine chronique SF devrait bifurquer vers Beckett hé hé
Je note Les Indes noires du vieux Jules

Christiane a dit…

Je m'en réjouis d'avance même si je passe des bons moments à ouvrir des livres avec M.C.
Beckett... Un rêve d'écriture à trouer le silence. Vous êtes extra !

Christiane a dit…


Ça c'est un beau cadeau. Merci.

Jean Langoncet dit: à
@Another Girl Another Planet

« Philip K. Dick et Tessa Busby, à l’été 72, dans le comté d’Orange en Californie. À cette époque, le corps de Dick est un « shaker à cocktails chimiques ». Il est dépressif. Il n’arrive plus à écrire. Ils se marient en 73. Il a alors 45 ans, elle à peine 20. »
https://pbs.twimg.com/media/FqzsIvyXwAE6OEV?format=jpg&name=small

Bonne soirée aux rêveurs

Christiane a dit…

Gabriele Frasca, écrit dans la revue "Atelier du roman" à propos de Philip K.Dick un long article dont voici quelques lignes.

"De ces années 1960, Dick percevait encore, inconsciemment, les horreurs de la Grande Guerre, de la Grippe espagnole, de la crise de 1929 et de cette Amérique à la fois misérable et cruelle qui ne pouvait garantir l'aide médicale nécessaire à deux jumeaux prématurés, laissant la loi du plus fort décider qui survivrait. Toute sa vie durant, Phil ne se pardonna jamais d'avoir survécu à Jane, sa sœur. (...)

Phil n'avait plus de doute : une faille était apparue à travers laquelle un autre monde pouvait s'introduire, et recouvrir peu à peu le premier, pour le transformer à jamais. La société qu'il allait décrire dans "Le Maître du Haut Château " (...) qui aurait été écrit grâce aux souvenirs d'une de ses autres vies, présente, elle aussi. Dick était un cas clinique avéré. (..)

Qu'une demi-intoxication aux amphétamines puisse provoquer des hallucinations, c'est désormais un fait établi. Et Dick s'était gavé desdits médicaments, alors en vente libre, depuis la moitié des années 1950, lorsque sa vocation pour l'écriture était devenue irrépressible. Rien d'étrange, en ce temps-là.. La connexion entre amphétamines et machine à écrire peut être considérée comme la base de toute la littérature américaine valable de cette époque. Sans oublier la quantité de benzédrine qui circulait dans l'armée depuis la Seconde Guerre mondiale (...)

Aussi, lorsque Dick avait été contraint de renoncer à la carrière d'écrivain mainstream à cause des refus répétés de ses manuscrits par les maisons d'édition, et qu'il avait dû se replier sur les récits de science-fiction, généralement payés une misère, il avait augmenté les doses.
Il tapait à la machine à une vitesse sidérante. (..) Il serait tout-à-fait vain de chercher dans sa production un style un peu plus élaboré que le rythme jazz de sa machine à écrire.

Si Philip K Dick avait survécu à la série d'infarctus qui l'acheva le 2 mars 1982, et s'il avait pu assister à la chute du Mur (ce même Mur dont l'érection l'avait poussé à écrire la dystopie du "Maître du Haut Château", qui sait s'il n'aurait pas été convaincu par sa propre théorie ?"

Anonyme a dit…

Exact pour la Benzedrine, omniprésente chez Ellroy dans son cycle sur la Guerre ( Perfidia) et pour les autres diableries chimiques, voir la biographie dé Marylin Monroe. Pour Verne , je ne me pose pas de drôles de questions, je remarque seulement que les plus présentes des heroines
´sont muettes( Nell) folles ( Lady Munroe dans la Maison à vapeur), ou mortes, ( la Stilla dans le château des Carpates). Il y a à mon avis un réemploi des stéréotypes romantiques, qui ne recule pas devant le melo façon Matthias Sandorff,sorte de Monte Cristo sans Mercedes, mais où Haydee se révèlerait la fille du héros éponyme, avec un personnage de « mère courage » en la personne de Madame Bathory. Un Monté Cristo au fait de la technique moderne de son temps : sous-marin de poche, etc

Christiane a dit…

Muettes...
Peut-être trouvait il les femmes un peu bavardes. Quelle idée !

Christiane a dit…

Vous allez évoquer Beckett. Quelle aventure...

Les villes supportent difficilement la grève des éboueurs.
Poubelles pleines, débordantes sur les trottoirs.

Dans le théâtre de Beckett ce sont les vieux parents de Hamm qui sont a la poubelle ("Fin de partie").

Pour faire le lien, cet extrait d'une très belle méditation de Fleischer (pour l'Expo Beckett au Centre Pompidou.)

"(...) A première vue, la poubelle est destinée à tout recevoir, sauf un occupant, même si celui-ci est son propriétaire. On peut jeter toutes sortes de choses à la poubelle, par sentiment de leur inutilité, par volonté de faire le ménage, par mesure d'hygiène, pour faire le vide, par dépit, par désespoir (...) Le détenteur d'une poubelle la remplit, la dort, la rentre... D'autres ramassent les poubelles, les vident. Ce que l'on jette à la poubelle est ce que l'on ne reconnaît plus, ce dont on ne veut plus être le propriétaire, le responsable, que l'on préfère vrenvoyer à l'anonymat collectif, une sorte de cadavre dans tête, méconnaissable, voué à la fosse commune. Se mettre à la poubelle, cela signifierait-il ne plus de reconnaître soi-même, s'abandonner comme son propre déchet, sa propre ordure, avec l'espoir d'un enlèvement par les services de la voirie, ceux qu'on appelle les éboueurs et à qui on donne des étrennes en fin d'année ?
(...)

Quoi qu'elle contienne, dans quelque quartier de quelque ville qu'elle se trouve, une poubelle sent toujours la poubelle.
Pourtant, dans certaines poubelles en provenance des opulents, les indigents peuvent encore trouver matière à sauvegarder et à prolongation de la consommation : on appelle cela "faire les poubelles", comme on dirait "faire les magasins" où "faire les poches". Car la part des choses n'est pas la même chez les riches et les pauvres et la matière, une première fois épuisée, déqualifié et jugée bonne pour la poubelle par les uns, peut encore offrir des ressources pour le autres (...).

La poubelle dit clairement que la vie sur terre est un moment de transit qui, des le début, des la naissance, est déjà proche de sa fin. (...)

Il y a bien longtemps, alors que j'étais un étudiant mû par les ambitions de la jeunesse, j'ai vu sur scène, au théâtre, Roger Blin et ses comparses dans les poubelles qu'avait prévues pour eux une pièce de Samuel Beckett, et je me suis dit alors qu'il y aurait toujours, en cas d'échec ou de malheur dans mon existence, cet asile, cette fin de partie possible."

Christiane a dit…

Alain Fleischer a réalisé "L'image dans le noir des mots", installation avec vidéo-projection d'après Samuel Beckett "Comment c'est"( Edition de Minuit).
(pas Richard Fleischer qui a réalisé Vingt mille lieues sous les mers... et Soleil vert....)

Anonyme a dit…

Faute d’installation, une promenade sur le Boulevard des Italiens et rue Vivienne confronte Le Parisien moyen à des tumulus d’ordures et de poubelles debordantes en place depuis plusieurs jours . Point n’ est besoin d’invoquer Beckett pour cela

Anonyme a dit…

L’ordinateur KDickien s’est remis à fonctionner hier, la peur du réparateur appelé entre temps, sans doute ! Mais il n’exha

Anonyme a dit…

N’échappera pas à une bonne révision, non mais! MC

Christiane a dit…

Ravie que vous ayez accès à nouveau à vos recherches.
Pour les poubelles, voir ces montagnes de détritus fait réfléchir. Ce que nous ne faisons pas quand tout va bien.
Quand j'habitais Saint Ouen, un camp de Roms s'était installé sur un terrain proche de l'usine qui brûlait les déchets. Presque à l'extérieur de la ville.
Juste avant leur expulsion, ils ont invité les habitants à une fête.
J'y suis allée avant la fête, beaucoup parlé et même joué à la marelle avec les enfants, puis bavardé avec quelques parents. Leurs roulottes et cabanes étaient entourées de tas d'immondices qui n'étaient pas de leur fait.
Les enfants jouaient dans ce décor beckettien envahi par les fumées des incinérateurs quand le vent tournait. Une association a offert l'après-midi un spectacle à ces enfants. Ils étaient heureux. Les mères n'arrêtaient pas de balayer de laver en pleine absurdité. Les hommes assis dans des fauteuils de toile observaient ou bricolé des voitures. Une gamine arrivait à ecrire son prénom en lettres bâton. Elle en était très fière. L'association envoyait des bénévoles pour tenter de scolariser un peu les enfants entre deux migrations. Une goutte d'eau dans la mer.
Ils n'auraient pas eu besoin de poubelles car le camp offrait ses déchets à perte de vue. Mais il y avait un contener a la sortie du camp....
Un photographe du Parisien est passé... Il y avait peu d'audoniens qui avaient répondu à l'invitation.
Le lendemain les bulldozers ont fini de nettoyer le milieu du terrain. Les familles étaient parties pendant la nuit...

MC a dit…

Un livre de vulgarisation très récent qui n'ambitionne pas plus, mais nous place dans les conditions de l'Uchronie du Maitre du Haut Chateau: L'Aigle et le Léopard, Les Liaisons dangereuses entre l'Angleterre et le Troisième Reich, d'Eric Branca. "Jamais tant de de choses ne tinrent à si peu" disait je crois Churchill.

Christiane a dit…

Très bon conseil de lecture. Je n'ose imaginer que ce partage du monde ait eu lieu... Dans "Le Maître du Haut château" c'est assez insupportable de progresser dans ce roman même si l'on sait que c'est une fiction car la cruauté et les imaginations putrides du nazisme ont un côté plausible. S'ils avaient gagné la guerre que serait devenu le monde ? Et ces relents de par le monde des rêves de domination nazie.... C'est éprouvant, pire que la science-fiction habituelle car si près des déraillements possibles d'hommes sans conscience. Avec les japonais en plus c'est double ration d'inquiétantes prémonitions de Philip K Dick.
On retrouve cette jubilation dans les actes de Poutine qui semble aimer cet orage de feu et de sang qu'il fait éclater sur l'Ukraine. La haine de certains dictateurs peut encore ébranler le monde....
Bon, il est trop tôt pour se lever. J'aime que l'aube et les oiseaux donnent le signal d'une journée qui commence. Là c'est encore le domaine des oiseaux nocturnes. Le peuple de la nuit...

Christiane a dit…

L'essai sur vous évoquez me rappelle un passage du film "Les Vestiges du jour" de James Ivory. Un repas étrange s'y déroule réunissant Lord Darlington, quelques aristocrates financiers qui veulent l'entraîner à traiter avec le IIIe Reich. Passage qui m'avait mise mal at l'aise. Je le trouvais incongru, inquiétant.
Puis le majordome Stevens (magnifique personnage) partait en voyage vers un amour perdu et le spectateur basculait vers son idylle perdue avec Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il n'avait su retenir.
Film étrange, mélancolique et beau , construit à partir du roman du grand Kazuo Ishiguro.

Christiane a dit…

Je me souviens plus d'Emma Thompson si tendre , contenant ses sentiments, de son visage émouvant. Parfaite dans le rôle de Miss Kenton et d'Anthony Hopkins dans un de ses plus beaux rôles. C'était la suite de "Retour à Howards End" du même James Ivory.


Christiane a dit…

Ce repas à Darlington Hall c'était en 1923 une esquisse de conférence qui provoquerait une révision du traité de Versailles. ..

Christiane a dit…

Mais dans le film en 1935...

Christiane a dit…

Philip K Dick réinterprète l'Histoire avec des personnages fantomatiques qui arrivent, disparaissent, reviennent, qu'une fiction mettrait en réserve pour un épilogue réconfortant.
Je suppose que l'essai d'Éric Branca a aussi ses fantômes, ceux que l'Histoire a gommés quand la victoire des Alliés a mis fin au nazisme.
Soleil vert a annoncé son désir de revenir à Beckett.
N'est-ce pas un allemand, Adorno, qui évoque l'impossibilité d'écrire un poème après Auschwitz comme si écrire aller outrager la souffrance ?
Beckett, l'Irlandais, ne va-t-il pas relever le défi ? Retrouver le visage hagard de l'homme après ce désastre ? Leurs mots pleins de trous deviennent des bégaiements, des ombres tremblantes du langage, pleins de débris, d'insanités.
Ses personnages habitent les décharges boueuses, les poubelles, les asiles de fous, des pièces nues, sombres et froides. Des survivants stagnant dans une attente sans objet sur une terre inhabitée... Parfois juste un dictaphone..
Une écriture magnifique de l'épuisement.

Anonyme a dit…

Il a un autre nom, mais ledit Darlington est précisément évoqué dans l’essai au tout début du chapitre IV. « tout est authentique », non, il ne se trouve pas ici de diplomate de profession pour faire la leçon à ce cercle d’ amateurs. Sont bien vues ailleurs les racines aristocratiques du nazisme à l’anglaise pour laet la dérive d’un Mosley. Tout cela existait déjà ailleurs mais a le mérite de la synthèse, au point de faire se voisiner des auteurs qui ne se supporteraient pas dans le même salon…

Christiane a dit…

Avançant difficilement dans "Le Maître du Haut Château", une question : ce qui semble avoir lieu a-t-il vraiment eu lieu ? Le crime reste béant... Les scènes qui se succèdent prennent une force d'existence sans qu'elles n'aient été accomplies dans le réel.
Un texte remonte peu à peu dans la matière de ce roman comme un palimpseste : celui de l'Histoire. Dick souffre, il se débat pour écrire. Une sorte de délire révélateur.. il faut qu'il invente une sortie du cauchemar.
Écrivant ce roman il est lui et plusieurs autres. Sait-il où commence l'autre ?
Comme ce doit être infernal d'être romancier...
Arrive-t-il à séparer son écriture de la réalité ?
Il déchire le temps en deux et semble être dans un vide au milieu dont seule l'écriture sera une issue.
Je comprends qu'il a abandonné la suite possible du roman.
C'est bien qu'Éric Branca parle de ce roman ou de ce film.

Anonyme a dit…

Un peu longuet ce rappel de la vie de Churchill depuis 1900, et on soupçonne l’auteur de ne pas avoir relu tout ce qu’il a brasse. Des références comme Kirshaw, Hubris, 406 pages , Némésis, 700 pages ( sans la page dont il est question !) paraissent peu maniables. D’autres sont complètes, mais pas toutes. Un passage d’une source aussi contestable que les Memoires de Speer est critique, mais pas les autres. « Ouvrage lumineux » pour le Hitler de Delpla est particulièrement mal choisi.Nonque l’ouvrage soit mauvais, on le tient pour sérieux, mais lumineux est le dernier adjectif à choisir ici. Les travaux accusatoires de Lacroix-Riz sont mis sur le même plan.

Christiane a dit…

Oh là là, ce livre a l'air énorme et sérieux et bavard. J'y opposé la légèreté des mimosas de Bonnard, le silence des Rothko, les sombres et épurées dernières toiles de Bram van Velde, la grâce d'un Botticelli, l'espièglerie d'un Chagall, la pureté du trait Matisse. J'y associe le désespoir d'un Schiele ou les torsions d'un Giacometti.
Écrire...
Lire...
Et le silence de Beckett. Le temps explosé d'un Joyce.

Christiane a dit…

Enfin un peu de paix et de beauté page 144.
"Le Tao laisse d'abord entrer la lumière, puis l'obscurité. Il provoque les interactions entre les deux forces originelles de façon à susciter le renouveau. C'est ce qui l'empêche de s'épuiser. L'univers ne s'éteindra jamais, parce que, quand l'obscurité semble avoir tout dévoré, quand elle semble absolument transcendante, de nouvelles graines de lumière renaissent Au cœur des profondeurs. Lorsque la graine tombe, elle rencontre la terre, l'humus. Puis, enfouie, elle naît à la vie."

Christiane a dit…

Ah, enfin, les personnages répondent à mes questions !
"- Je vois que vous lisez "Le Poids de la sauterelle". C'est un roman policier ?
- Non, ce n'est pas du policier, répondit Paul en le regardant feuilleter le livre. Au contraire. Une forme intéressante de fiction, possible dans le champ de la science-fiction.
- Pas du tout, contra Betty. Aucune trace de science. Ce n'est pas dans l'avenir. La science-fiction s'interesse

Christiane a dit…

(suite)
La science-fiction s'intéresse à l'avenir, surtout quand la science a plus évolué que celle de maintenant. Ce livre ne remplit aucune des deux conditions.
- Mais il traite d'un présent alternatif, s'obstina Paul. Comme beaucoup de romans de science-fiction."

Christiane a dit…

Un présent alternatif ?
Oui, une distorsion dans l'une ou l'autre des deux directions : passé ou avenir.

Christiane a dit…

Terminé "Le Maître du Château" de Philip K Dick Pas vraiment aimé.
Livre obscur, embrouillé, ,. Beaucoup de noirceur désespérante, de lacheté. Récit qui traine sur 300 pages, interminable. Il faut attendre les dix dernières pages pour trouver un semblant de sens à ce livre dans le livre : Le poids de la sauterelle. Les personnages ne se rencontrent pas. Leur multiplication rend l'histoire très difficile à suivre, d'autant plus que le ton est monotone et froid.. La philosophie du Tao n'est présente qu'en passant . Le climat de l'occupation, le rappel de deuxième guerre mondiale omniprésents et pénibles. Ce qui est interdit (religion juive- handicap physique -) les préjugés raciaux... que de mauvais souvenirs, ici largement étalés. Occupation ou pas, guerre perdue ou gagnée... les gens vivent de la même façon. Seule la conscience et le courage pourraient les réveiller.
Bref, une lecture qui m'a déçue.
J'ai tenté de voir la première série tirée du livre : trop de nazis, de violences, de tortures... J'ai abandonné. Mais l'héroïne est plus attachante. Le rythme plus soutenu. Des bobines de films remplacent le livre caché dans le roman. Enfin, peu de rapport entre le roman et la série.
Quel univers !
Pourquoi le livre a-t-il eu tant de succès jusqu'à être couronne de ce prix Hugo de la science-fiction alors que ce n'est pas vraiment de la science-fiction ?
Je comprends les réserves de M.C. mais je voulais le lire et me faire une idée de cette Amérique sous le joug des hordes nazies et japonaises.

Anonyme a dit…

Oui, il vaut mieux lire Complot contre l’Amerique de Philippe Roth, uchronie réussie: si Lindbergh avait été élu Président des Usa et non Roosevelt?

Christiane a dit…

J'ai préféré Ubik et les trois films cités.
Maintenant, j'attends Beckett et en attendant ...(Godot) des lectures inachevées.
Bonne soirée
Bien aimé le Batman de Nolan (décor histoire mythe)
Cet après-midi un moineau curieux est venu sautiller sur la rambarde du balcon. Quelle légèreté espiègle ! soudain le conte de Michka m'est revenu (Père Castor) avec cet oiseau qui se. cachait dans les trous que les pattes de l'ourson laissaient dans la neige .
J'adorais cet album et le renne de Noël.

Anonyme a dit…

Et l’increvable Conte de la Marguerite, avec les illustrations de Beatrice Appia, alors ? Ce doit être chronologiquement mon plus vieux livre. Et je l’ai toujours…

Christiane a dit…

Alors là, vous m'épatez !

Christiane a dit…


Un autre alpage où la marguerite n'aurait pas retrouver son mouton, celui inventé par F'Murr. ( Sergio l'aimait beaucoup... )

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_G%C3%A9nie_des_alpages

Christiane a dit…

Pour en revenir au Maître du Haut Château. Le roman se termine sur une ambiguïté entre deux mondes car dans les deux de mêlent le bien et le mal, le vrai et le faux. Il n'est même pas demandé à Juliana de devenir héroïque, seulement vraie et vivante.

Dans la série, dont j'ai regardé quelques épisodes, les allers-retours incessants entre les deux mondes, un du passé l'autre d'un présent indéfini , il semble avoir été choisi une autre problématique : pour chaque personnage , ces voyages permettent d'affiner, de réveiller leur conscience, de désirer avoir fait des choix différents.

Christiane a dit…

Dans les deux, roman, série, un jeu (?) de divination, et de divination, le Yi-Kin permet à l'héroïne, Juliana, de transférer son corps et son esprit d'un monde à l’autre et pour d'autres personnages de faire un choix aléatoire dû aux tirages de hasard du jeu (une sorte de Tarot japonais) . Elle devient devient une
sorte d'être fantômatique, perdu entre deux possibles de l’existence. Elle concrétise un vacillement de la conscience face à l'acceptation et la lâcheté des autres habitants face au totalitarisme . Sauf dans cette partie dite neutre entre l'ouest et l'est des Etats Unis où vivent des rebelles à qui elle se joint (seulement dans la série).
Mais l'ambiance de ce roman et de cette création cinématographique m'a été difficile à vivre tant le nazisme l'envahit. Relents d'antisémitisme, de racisme avec leurs lots d'exécutions sommaires, demprisonnements, de tortures, de dressages d'enfants à la philosophie démoniaque du troisième Reich, de symboles.

Christiane a dit…

Pas le Yi King mais le Yi Jing (ou I Ching) pas japonais mais chinois.

Christiane a dit…


L'influence du Yi Jing dans l'écriture du roman Le Maître du haut château :

https://www.dickien.fr/bibliographie/ABCDick/ABCDick/yi-king.php

Christiane a dit…

Je reviens à la fin du roman, bien mystérieuse. Juliana, après avoir tout fait pour sauver l’auteur de "La sauterelle pèse lourd", ce fameux roman censé révéler ce qui s'est réellement passé lors de la deuxième guerre mondiale, rencontre Abendsen. A son etrange question, ( elle lui demande si elle peut consulter l’Oracle afin de savoir pourquoi celui-ci a écrit "La Sauterelle pèse lourd" ) une autre question encore plus étrange lui est adressée .
Et là surprise ! Tout est chamboulé car Abendsen lui demande :
"— Cela veut dire que mon livre est vrai?
— Oui, dit-elle .
— L’Allemagne et le Japon ont perdu la guerre? dit-il , fou de colère.
— Oui. "
Donc c'était un roman. Donc il ne savait rien de ce qui s'était passé.
Et là le lecteur est complètement perdu.
Et ça se termine comme ça : " - C'est la vérité."

Christiane a dit…

Mais si ce roman a été écrit sous l'influence du Yi Jing, cela signifie que le romancier Abendsen était le porte voix de l'oracle qui lui savait la vérité et là il n'est pas étonnant que Jung se soit passionné pour le roman.

Christiane a dit…

Philip K Dick etait ésotériste et croyait à l’existence de secrets cachés derrière le visible. Ce Yi Jing était très important dans sa vie pour prendre des décisions, pour écrire. Il multiplie les faux-semblants dans ses romans. Il doit aimer que ses lecteurs se perdent dans cet imbroglio du vrai et du faux. La fin de ses romans va aussi dans ce sens, laissant des possibles inachevés. Avec lui, la vérité est difficile à atteindre.
C’est aussi dans ce roman le fondement de ces deux régimes totalitaires qui maintiennent la population dans un état de mensonge permanent.

Christiane a dit…

Philip K Dick dans les deux chapitres d'une suite possible au Maître du haut château, (offerts à la fin du roman) donne une piste à ce qui constitue les saisons 2,3 et 4 de la série puisqu'il imagine que le Reichsmarschall SS veut capturer Abendsen pour en savoir un peu plus sur cette porte qui permettrait d'entrer dans l'autre univers, le Nebenwelt et peut-être d'autres mondes..

Christiane a dit…

Bon, j'en ai plus qu'assez de ce roman !!! Sortez-le moi de la tête !!!!

Anonyme a dit…

De sensibilité Esoterisante, oui, Mais ces sensibilités l’ont amené à côtoyer tout à tour les textes chinois comme les gnostiques. D’ou parfois, quand ce n’est pas bien proportionné, cet effet d’indigestion du lecteur déjà signalé…. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Oui, un trop plein où l'histoire perd sa fluidité. Heureuse de sortir de cet inextricable roman pour explorer "Immobilité" de Brian Evenson (Rivages). Quel bon choix de Soleil vert...