samedi 14 juin 2025

Défense d’extinction

Ray Nayler - Défense d’extinction  - Le Bélial’ - Une heure lumière

 

                                                                                                     


Mettant à profit leurs derniers acquis en matière d’ingénierie génétique et les découvertes des fossiles dans le permafrost sibérien un groupe de scientifiques fait ressurgir de la préhistoire, les mammouths. Au-delà de l’exploit technique, l’entreprise s’apparente à un geste désespéré. Dans le monde à peine futuriste imaginé par Ray Nayler, les éléphants sauvages africains et asiatiques ont disparu de la Terre, victimes du marché de l’ivoire. L’avidité meurtrière des braconniers n’a pas épargné les zoos et seuls quelques individus dument gardés subsistent.


L’idée est donc venue d’implanter leurs ancêtres dans la taïga russe, dans l’espoir que l’étendue du territoire entravera les efforts des tueurs. Cependant, n’étant pas guidé par l’expérience de générations antérieures le premier troupeau semble voué à une lente extinction. Une seule personne aurait pu détenir la clef de la situation. Mais l’éthologue Damira Khismatullina, la Diane Fossey des éléphants, a été assassinée au Kenya. Le docteur Asnalov a alors une idée folle, intégrer une sauvegarde de la conscience de la jeune femme dans le corps d’un de ces animaux.

 

Bien que l’auteur cite principalement Rudyard Kipling (The Elephant’s Child) au nombre de ses allégeances purement fictionnelles, l’ombre de Mick Resnick (Ivoire, Projet Miracle) plane sur ce très beau récit à l’émotion contenue. Nayler creuse son propre sillon, dressant le panorama d’une humanité avide, égoïste, pieds et poings liés à la satisfaction immédiate. S’y ajoutent le trouble, la solitude des esprits, mais aussi la détermination, hantises d’autres textes, illustrés ici par le personnage de Damira Khismatullina. Reprenant la technique de sauts temporels narratifs du film Premier contact tiré d’une nouvelle de Ted Chiang, Nayler retrace son existence, petite fille isolée entre un père absent et une mère abrutie par un quotidien misérable. Le salut, la vocation viendront de l’oncle Timur voyageur et conteur.

 

La rencontre entre la matriarche des mammouths et le jeune Sviatoslav embarqué plus ou moins contre son gré dans une bande de braconniers russes alcoolisés illumine un instant ces sombres péripéties. La scène rappellera à quelques lecteurs de La Guerre du Feu, l’alliance conclue entre Naoh et les grands mammifères laineux. Pure rêverie de l’académicien Goncourt, car on le sait désormais, la disparition de la Mégafaune préhistorique coïncide avec l’expansion humaine. En fait Défense d’extinction raconte la fin des Alliances. Assurément, en ce qui me concerne, un des trois meilleurs UHL, aux côtés de Le Fini des mers et d' Un pont sur la brume.

 

« Bientôt, elle le sait, les murs s’effaceront. La fenêtre disparaitra dans le néant, la maison se dissipera dans l’obscurité. Et le lit, et le tapis cloué au mur, et la jungle abstraite des feuilles du papier peint, et la voix de son oncle.

Il n’y aura que la neige, le mouvement éternel du groupe, la chaleur des vibrations de ses compagnons dans la terre qui se propage à travers ses os. »


36 commentaires:

Christiane a dit…

Le Transsibérien est à quai... Un voyage de nuit à la rencontre des éléphants. Merci, S.V.

Ed a dit…

Savez-vous au moins pourquoi les mammouths ont disparu ? Parce qu'il n'y avait plus de papouths ! (désolée)

Anonyme a dit…

Mouahhh SV

Christiane a dit…

Cette documentation fictionnelle par laquelle commence le roman me plonge dans la réalité de l'extinction des éléphants d'Afrique et d'Asie, telle qu'elle pourrait advenir. Nous avons perdu tant d'animaux par tueries injustifiables. Ces scènes violentes, sanguinaires sont nécessaires.
Donc un passage d'une gravité exceptionnelle qui laisse place à un trouble du temps.
La mort de l'héroïne, Damira, précéde son existence. Damira...

(Surprise de me trouver dans un Transsibérien, L'Express du dix-neuvième siècle fictif pour contempler par la fenêtre "l'infini des forêts russes défilant dans la nuit au rythme apaisant des rails ". Jamais , je crois, un roman n'avait projeté son écriture dans une de mes méditations. Je me retrouve, étonnée, sous la verrière bleue de Monet évoquée sous le billet précédent. Même les grincements du train sont évoqués... Sauf qu'on se trouve dans une chambre qui tangue.)

Damira, donc... ne voit "aucun foutu rapport entre le dix-neuvième siècle et l'âge de glace." Elle émerge d'un sommeil paralysant, incapable de localiser son corps. Où est-elle ? Quand est-elle ? Que lui est-il arrivé ?
La steppe des mammouths... Un lieu qui fait surgir fes souvenirs. Un monde où tout est possible, s'ouvre.
Ainsi elle perçoit des voix sans les entendre, "comme si elles s'inscrivaient dans son esprit, dans sa conscience."
Elle peut communiquer mystérieusement avec la voix du Dr Aslanov :
"- Où est ici ? Quand est aujourd'hui ?"
Il lui rappelle sa lutte contre les braconniers pour sauver les derniers éléphants sauvages d'Afrique.

A ce moment du récit Ray Nayler introduit une fine et possible introspection. Damira va coïncider avec une version antérieure d'elle-même à condition qu'elle sorte de la confusion de son raisonnement, de l'éparpillement de sa pensée.
Elle comprend que ces savants ont téléchargé sa conscience avant qu'elle ne soit assassinée... un siècle auparavant...

Ainsi la plus grande spécialiste du comportement des éléphants à l'état sauvage va pouvoir, traversant six millions d'années, entrer en communication avec ces mammouths dont on a reconstruit le génome, séquencé fragment par fragment.
Il a fallu trouver une terre pour eux, la dernière steppe des mammouths en Sibérie où ils peuvent demeurer en sécurité.
Sauf qu'ils meurent, désorientés.
Comment sauver ces animaux de l'extinction qui les guette ?
Sera-t-elle leur matriarche ? Serait-il possible qu'ils transfèrent son esprit dans l'un des leurs ?

Quelle belle fiction. Je suis dans une bulle parfaitement ronde, immobile, fascinée. J'attends. J'attends que Ray Nayler écrive la suite de cette histoire, sans résistance.

Anonyme a dit…

Je le note. Quelle infamie cette chasse aux éléphants. Me rappelle tristement un certain roi posant fièrement devant son trophée. Oui comment sauver ces animaux,c’est certainement un beau texte de Ray Nayler

Christiane a dit…

C'est un très beau texte mais aussi une aventure hautement imaginaire. De la ... science-fiction...

Christiane a dit…

Ajoutons les baleines, les thons, les fauves, les oiseaux marins enlisés dans le mazout, les pêches avec des filets qui raclent les fonds.... Les grands singes évoqués par SV...

Christiane a dit…

Cette question que se posent les scientifiques qui lui ont demandé cette mutation entre l'être humain et les mammouths les conduit à penser ceci :
"Qu'est-elle devenue, là-bas, après toutes ces saisons passées à se muer en ce qu'elle est désormais ? A les guider ? A les sauver ?"
Oui, que faut-il pour qu'une copie de mammouth devienne un mammouth ? "Que faut-il pour qu'ils apprennent à vivre là où ils sont faits pour vivre ?'" Il fallait Damira...
"Était-ce vraiment possible ? Y avait-il, dans la steppe, quelqu'un qui s'appelait Damira parmi les mammouths ? Un esprit ayant été un jour dans un corps humain et qui, maintenant... était l'un d'entre eux ?"

Anonyme a dit…

Ronald Hugh Morrieson , lui, démarre comme un polar et se poursuit en chronique d’enfance. Faut-il lire son Épouvantail? Après les cent premières pages, on pense que oui…. MC

Anonyme a dit…

Assassinee « un siècle auparavant, » mais communiquant apres résurrection sur six. millions d’ années près? Pourquoi non ? MC

Christiane a dit…

Parce qu'elle devient dans le mammouth une pensée humaine. Ce n'est pas une réincarnation. Je ne sais comment approcher cette double existence être pensant moitié humain, moitié animal. Un peu comme certaines déités hindoues
Le but étant qu'elle éduque ces éléphants perdus pour qu'ils survivent. Cette renaissance plutôt que résurrection lui permet de revivre son enfance de revoir vivants ses amis qui sont morts mais aussi de sentir le monde comme un éléphant. Étrange et délicieux ce petit pas de côté.

Christiane a dit…

C'est passionnant cette exploration de l'inconscient dans cette fiction de Ray Nayler. Cette indécision entre l'homme et l'animal , cette possibilité d'une affection parfois plus intense que celle qui nous lie à un humain. Le langage est source de malentendus. Il n'y a pas cet écueil avec un animal. Je pense au Grand Bleu , ce film étrange ou un homme choisit de rejoindre les dauphins au fond de la mer. Jean Marc Barr est extraordinaire dans ce rôle. Également à ce poème que SV a écrit pour son chat, aux fadaises adorables que Jazzi accumule pour sa petite chienne récemment adoptée. Au roman Loup que SV nous avait fait découvrir. Cet enfant qui luttait contre le loup qui prenait possession de son être.
Ici, en plus, il y a deux alertes : l'extinction de certains animaux et la montée d'un tyran qui jouit du Mal et de faire mal.
C'est un beau roman qui vient nous capturer et nous entraîne dans un monde où tout est possible. Quand je le lis, je suis ailleurs, flottant entre le texte et mes interrogations. Je reste, immobile, le livre entre les mains, en attente....

Christiane a dit…

Début du chapitre 14, page 95 pour Ed qui aime rire comme dans ce premier commentaire.
"En des temps très lointains, l'éléphant, ô ma chère aimée, n'avait pas de trompe. Il n'avait qu'un petit nez noirâtre, gros comme une botte, qu'il pouvait balancer d'un côté et de l'autre, mais il ne pouvait s'en servir pour attraper des objets. Mais il y avait une éléphante - une nouvelle éléphante - une enfant d'éléphant - d'une insatiable curiosité, ce qui signifie qu'elle posait sans cesse des questions. "
Damira est de nouveau auprès de l'oncle Timur qui lui fait la lecture...."
Il y a ainsi des contes de Kipling qui rôdent dans ce roman.

Christiane a dit…

Et maintenant pour MC qui pose aussi beaucoup de questions.
"Cette Damira, cet être qui se souvient, n'est rien d'autre que la cartographie du e femme disparue depuis longtemps - une mappemonde repliée sous une. Ouvelle forme pour s'adapter à l'esprit et aux tendons, au squelette massif et at l'appareil sensoriel d'un mammouth. Cette Damira qui se souvient est authentique. (...)
Je suis changée, c'est vrai. Et même ces souvenirs sont modifiés par ce que je suis devenue. Mais je suis là. (...) Nous venons de notre propre passé...."
A ce stade du roman, je me demande quelle forme de vie elle va choisir en équilibre encore entre son passé d'humain et son présent de mammouth ?

Christiane a dit…

La brièveté du roman m'a surprise. On sent que Ray Nayler n'avait pas envie d'un épilogue. Tout reste possible.
Le fait que des voix se croisent sans se rencontrer au gré des chapitres, permet d'opposer des points de vue. Quelle est la finalité de cette "résurrection" des Mammouths ? A qui est-elle utile ? Comment arrêter les massacres d'animaux sauvages ?
Ce regard porté sur la planète Terre est lucide, terrible. La fiction surréaliste mise en place ouvre des perspectives étonnantes entre deux mondes, animal et humain, pas toujours faits pour se rencontrer. la science-fiction, les littératures de l'imaginaire accentueront dramatiquement ou non cette évolution telle que nous pouvons l'imaginer quitte à éradiquer l'espèce humaine et la remplacer par autre chose de vivant ou non.
Un beau livre, bien choisi. Je vais lire celui qui est en lien "Le Fini des mers".

Christiane a dit…

"...Aux premières loges, un petit garçon sans doute mutant, voit le monde partir à vau l’eau. Le sien est déjà un enfer. Adepte de l’école buissonnière et abonné à la maltraitance paternelle,.."
"Le Fini des mers"....

Christiane a dit…

"Le fini des mers", novella du regretté Gardner Dozois, sent bon son 1973, avec ses réminiscences de guerre froide et ses IA rebelles. La création du personnage de Tommy Nolan apporte néanmoins un peu de fraicheur. L’auteur restitue à merveille la perception de l’univers adulte par les yeux d’un enfant, son quotidien, ses jeux, la lente destruction d’un foyer familial et la montée de l'horreur..."
Chronique de Soleil vert en lien.

Anonyme a dit…

Oui les troupes de cirque, par exemple la troupe Circafrica,a choisi de travailler avec des éléphants animatroniques,automatisés, laissant les vrais éléphants en liberté . C’est super.

Libraire

Anonyme a dit…

Cirkafrika

Christiane a dit…

Comme les marionnettes géantes qui ont arpenté les rues de Toulouse durant les 26 et 27 octobre, derniers. Hautes de 10 à 14 mètres et pesant plusieurs tonnes. Elles étaient animées par une équipe de techniciens doués. Ma fille qui y assistait avait pris quelques photos.
Oui, votre exemple pour le cirque a fait quelques adeptes, je crois.

Anonyme a dit…

Vais-je devoir suspendre mon feuilleton estival ? (@ jzmn)
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Que nenni, nous lisons en vacances avec bien du plaisir les aventures quotidiennes de Vitia sur d'autres chaines. La RDL, dévastée ces derniers temps par un seul internaute punck, et quasi désertée, en dehors de quelques émouchets, s'en remettra peut-être à l'automne. Les chaines de Soleil Vert et de Léon Edel sont d'excellents substituts, largement suffisants aux repos estivaux. Surtout quand on a entrepris de relire sérieusement le prolifique et esthétisant Henry James, ce romancier fin de siècle très profond, au for intérieur hyper contrôlé et cadenassé, loin d'avoir livré tous ses secrets d'écriture (Jean-Jacques J.)

Christiane a dit…

Bonheur de relire JJJ toujours aussi espiègle. Vita.... Un amour inconditionnel, semble-t-il....

Anonyme a dit…

Des éléphants automatisés! Ou ne va pas se nicher la bonne conscience de l’homme blanc!!! MC

Christiane a dit…

Ou un désir d'imitation. Un automate géant. .. Une création artistique...
Vous, par contre, on ne pourrait pas vous imiter puisque les robots ne peuvent qu'offrir que ce que l'intelligence humaine a déjà pensé. Vos raisonnements sont souvent imprévisibles teintés d'ironie ou d'étonnement. Vous avez le regard d'un extraterrestre découvrant les terriens avec l'œil redoutable de Voltaire !

Christiane a dit…

Je fais connaissance avec Tommy Nolan, le saute-flaques du roman de Gardner Dozois " Le fini des mers". C'est bien écrit, très engageant. Merci pour le lien. J'aime beaucoup cette collection (Une heure-lumière ) de chez Le Belial et la couverture. (Aurélien Police est très doué.)
Je lis un peu son histoire ( un chapitre sur deux), pour m'habituer puis je reviendrai aux Visiteurs....

Anonyme a dit…

Il arrive que Voltaire écrive des choses sensées, dont Micromegas et son formidable début! MC

Christiane a dit…

Vous lisez dans mes pensées !

Christiane a dit…

Premières lignes du délicieux roman de Gardner Dozois :
"Un jour, ils débarquèrent, comme tout le monde l'avait prévu. Tombés d'un ciel bleu candide par une froide et belle journée de novembre , ils étaient quatre, quatre vaisseaux extraterrestres à la dérive tels les premiers flocons de la neige qui menaçait déjà depuis une semaine."

Un peu comme dans "Premier contact"...

Christiane a dit…

J'ai fini le... "Fini des mers" de Gardner Dozois. Une nouvelle plus qu'un roman. 100 pages. Formidable. Beaucoup, beaucoup aimé.
Belle traduction de Pierre Paul Durastani pour Le Belial.

Anonyme a dit…

Beau début d’après ce que j’en puis juger . MC

Christiane a dit…

La suite est vraiment très réussie, traversée par la présence d'un enfant mal aimé qui aimerait tant entrer en contact avec eux.

Anonyme a dit…

Temps des relectures : Evenson , relu, et déchiffrage de l’ Anatem de Neal Stephenson, lui bcp plus coriace. Parfois, j’ai envie de hurler que je n’y comprends rien. Ce n’est pas toujours faux, mais les deux tomes m’attendent et les lectures doivent être rentabilisées …. MC

Anonyme a dit…

On peut aussi ajouter, en SF pure, Mordillat et Prieur, Jesus contre Jesus! ( Blague, mais figure sur ma table!)…

Christiane a dit…

C'est étrange ce que vous écrivez : "Parfois, j’ai envie de hurler que je n’y comprends rien. "
Figurez-vous, que grâce à x. , je reprends la lecture de quatre récits de "Nescio", -nom de plume d'un auteur néerlandais - ici traduit par Danielle Losman - Jan Hendrik Frederik Grönloh (1882- 1961).
Peu de textes achevés, surtout publiés en revue. Son identité est restée bien cachée.
Donc quatre récits lus il y a 20 ans. Je n'y comprends toujours rien et j'aime toujours autant.
L'auteur a travaillé incognito comme employé dans une compagnie d'import-export faisant commerce de tissus avec les Indes britanniques et à ce titre a beaucoup voyagé.
Il écrivait sur des petits carnets et courait les revues pour que ses textes soient édités sous le nom de "Nescio" (" je ne sais pas" en latin comme le rappelle x.).
Ses textes sont d'une rare beauté, paysages de mer, de canaux (Amsterdam), crépuscules...Ses personnages parfaitement incompréhensibles.
Les quatre récits que je relis : Pique-assiette (qui a donné son nom à l'ouvrage)- Titans en herbe - P'tit Poète - et le troisième texte , très différent "Mene Tekel".
Ces personnages, donc, sont en échec à cause du destin ou à cause de Dieu - enfin ce vagabond nommé comme tel que l'on peut croiser à la gare Centrale bizarrement habillé Un matin d'été vers quatre heures et demie, alors que le soleil se levait avec une canne.
Personnages en échec. Dieu en échec. Écrivain en échec.
C'est un marchand de tableaux de Harlem qui regroupa ces textes et les fit éditer en livre.
Donc c'est beau, envoûtant mais l'intrigue est inexistante. Par contre le décor , les lieux sont fouillés élément par élément. Même le temps météorologique. Et puis le narrateur intervient. Il y a plein d'apartés.
C'était un grand lecteur (Verlaine, Flaubert, Balzac, Zola , Jules Romain, Colette....)

Christiane a dit…

Voici un extrait :
"Un matin d'été vers quatre heures et demie, alors que le soleil se levait dans sa splendeur, il a enjambé le parapet de Waalbrug. Le garde l'a aperçu trop tard. "T'inquiète pas, vieux frère ", avait dit Jami , et il était descendu, le visage tourné vers le nord-est. On ne peut pas dire qu'il a sauté, avait dit l'homme, il est descendu .
Dans sa chambre ils ont trouvé une canne qui avait appartenu à Bavink et au mur six petits billets avec "Nom de Dieu" écrit dessus et avec "Et voilà".
Le fleuve a continué à couler vers l'ouest et les gens ont continué à trimer. Le soleil à son tour continue à se lever et tous les soirs les vieux parents de Japi reçoivent les "Nouvelles du Jour"."

Page 51 - "Le pique-assiette" - Nescio - Gallimard.

Anonyme a dit…

"Evenson , relu, et déchiffrage de l’ Anatem de Neal Stephenson, lui bcp plus coriace."

Me suis pas lancé encore dans ces lectures. SV