Michel Demuth - Les Galaxiales - Le
Bélial’- Kvasar
On n’y croyait
plus. Votre humble serviteur en tout cas. Mais Richard Comballot, grand
architecte du projet et dernier maillon d’une chaine amicale d’auteurs et d’éditeurs
français qui exhortèrent Michel Demuth à boucler son grand œuvre, n’a jamais lâché
prise. Un coup de foudre pour les écrits du traducteur de Dune qui remonte au début du deuxième millénaire. Avant d’attaquer la face
Nord de l’Intégrale, Comballot publia en 2010 un best of des meilleurs récits
hors du fameux cycle, A l’est du Cygne. Les Galaxiales quant à elles
présentaient à la fois une difficulté et un défi. A son décès en 2006, l’auteur
laissait un recueil inachevé mais doté d’un canevas d’ensemble, les grandes lignes d’une Histoire du futur s’étendant jusqu’à l’an
4000. Restaient à trouver les canuts chargés de tisser les ultimes onze
histoires. Hélas, certains disparurent, d’autres renoncèrent. Enfin, à l’ultime
appel du cor répondirent présent Jacques Barberi, Ugo Bellagamba, Olivier
Bérenval, Richard Canal, Jean-Jacques Girardot, Christian Léourier, Colin
Marchika, Dominique Warfa et Joëlle Wintrebert. Grâces leur soit rendues d’avoir
contribué à l’achèvement d’un édifice qui est autant le mémorial de Michel
Demuth qu’un monument dédié à la science-fiction française.
Les nouvelles s’inscrivent sur une toile de fond d’expansion
spatiale qui voit l’Humanité s’installer dans le système solaire puis atteindre
Sirius, Rigel et au-delà le groupe d’Orion. Cette échappée est facilitée par l’invention
d’un moyen de déplacement instantané, la Transmission, à laquelle est associée
une Guilde religieuse. Des transformations politiques et sociales accompagnent
cette mouvance. En France, dans les années 2000 une autocratie monarchique
vient renverser une république néosocialiste. Un conflit avec l’Europe y met fin.
Le siècle suivant voit une Mars indépendante renverser la nouvelle hégémonie européenne
puis pacifienne. Une centaine d’années plus tard c’est au tour de Vénus de mettre
fin à la domination martienne. La dissémination croissante de la population
humaine favorise la création d’empires lointains culminant avec le contact d’Entités
étrangères toutes puissantes (« Dans les cryptes du Toucan »).
Michel Demuth et Philippe Druillet |
L’irruption de la new-wave le trouble. Comment renouveler le
genre et ses ferrailleries de combats de vaisseaux spatiaux à la manière d’un
Samuel Delany et de ses Nova et Babel-17 ? Plus qu’Heinlein,
le grand modèle demeure Cordwainer Smith et Les Seigneurs de l’instrumentalité.
Il faut bien dire que dans la panoplie des atrocités « La planète
Shayol » domine le « Mantes - Voyage par les prés et les bois
de France » de Demuth. Ayant rejoint un autre espace-temps créatif il
propose dès lors des Bateaux ivres en prose, des voyages au sein de l’altérité
comme le très « Dogsonien » « L’ile aux Alices ».
Les héritiers bifurquent entre hommages et explorations. « Aux
forêts de Céziandre » d’Olivier Bérenval et Richard Canal se souvient remarquablement
des Myèches d’« Aphrodite 2080 », « Les hommes-sœurs »
de Dominique Warfa emprunte les pas d’Ursula Le Guin. Le très beau « Herbe-feu »
de Joelle Wintrebert montre un adepte de La Guilde confronté à ses ambiguïtés. « Je
te vaporise » de Colin Marchika raconte la vengeance de l’oiseau
BOUM-BOUM contre ses massacreurs humains. Christian Léourier poursuit le cycle
avec « Soleil rouge soleil blanc » : un incident de transmission propulse des
membres de La Guilde dans un infini et un temps autre conçus par de mystérieuses
entités. L'histoire évoque 2001 de Clarke et « Voués aux ténèbres »
de Silverberg.
Ce ne sont là que quelques-uns des trente textes proposés par
Le Bélial. La couverture de Philippe Druillet colorisée par Nicolas Fructus
magnifie l’ensemble et en fait un ouvrage de référence pour les amateurs de
science-fiction et les bibliophiles.
1 - Richard COMBALLOT, Le
Jeune Homme et les Étoiles…, introduction
2 - Serge LEHMAN, La Classe américaine, préface
3 - L'Été étranger, nouvelle
4 - Les Grands Équipages de lumière, nouvelle
5 - Gamma-Sud, nouvelle
6 - Mantes – Voyage par les prés et les bois de
France, nouvelle
7 - Le Fief du félon, nouvelle
8 - Un rivage bleu, nouvelle
9 - Aphrodite 2080, nouvelle
10 - Les Tambours d'Australie, nouvelle
11 - Haine-Lune, nouvelle
12 - Relais sur Évidence, nouvelle
13 - Le Bataillon-Légende, nouvelle
14 - Castelgéa, nouvelle
15 - Contact en nadir, nouvelle
16 - L'Arbre de fureur, nouvelle
17 - La Course de l'oiseau Boum-Boum, nouvelle
18 - L'Île aux Alices, nouvelle
19 - Elle était cruelle…, nouvelle
20 - Ugo BELLAGAMBA & Michel DEMUTH, Chanson
pour givrer le temps, nouvelle
21 - Christian LÉOURIER, Soleil rouge, soleil
blanc, nouvelle
22 - Colin MARCHIKA, Je te vaporise, nouvelle
23 - Olivier BÉRENVAL & Richard CANAL, Aux
forêts de Céziandre, nouvelle
24 - Joëlle WINTREBERT, Herbe Feu, nouvelle
25 - Christian LÉOURIER, Chasse en Syrénie,
nouvelle
26 - Les Médiateurs m'ont envoyé, nouvelle
27 - Dominique WARFA, Les Hommes-Sœurs
d'Hermonville, nouvelle
28 - Ugo BELLAGAMBA, Sénémyane, nouvelle
29 - Dominique WARFA, L'Homme en armes et l'âme en
peine, nouvelle
30 - Jean-Jacques GIRARDOT, Dans les cryptes du
Toucan, nouvelle
31 - Yragaël ou la Fin des temps, nouvelle
32 - Jacques BARBÉRI, Le Sceau de Syoïse, nouvelle
37 commentaires:
C'est le bon moment pour lire cette présentation des Galaxiales, si riche. Ne connaissant aucun des ouvrages que vous citez comme des références, je les lis dans le désordre, sans idée préconçue, alternant les nouvelles qu'il a signées et celles écrites par ses amis pour terminer ce voyage dont il avait dressé le plan chronologique. Il restait une vingtaine de nouvelles à produire. Cette continuité est magnifique. Votre billet clarifie tout cela. Merci.
Pour en revenir à celles de Michel Demuth , elles m'ont désarçonnée sauf "L'été étranger", la première, fascinante, - dont vous avez eu la gentillesse d'expliciter la présence de la tombe vide que je ne comprenais pas. Puis ont suivi d'autres lectures , d'autres nouvelles. Parfois, je ne les trouvais pas abouties. Je n'arrivais pas à m'intéresser à ces personnages. Je trouvais l'auteur trop accroché à l'étrangeté du décor, à la présence d'entités maléfiques. La reprise de lieux géographiques français trop superficielle. Il a fallu que j'arrive à "Haine-Lune" pour oublier la déception de "L'oiseau Boum-Boum" vraiment écrite pour de jeunes adolescents. (La reprise par Joëlle Wintrebert, "Herbe Feu" a donné un sens à la courte nouvelle de Michel Demuth.)
"Haine-Lune" ressemble un peu à "L'été étranger" par le fait que le héros, troublé, dans son psychisme, projette sur les êtres rencontres des monstres qui habitent seulement son imagination et devient par cela dangereux quand il se sent en danger. D'autant que lui aussi croit être le dernier véritable humain de ce monde. On entre presque dans le domaine de la psychiatrie.
Maintenant, ayant un peu dépassé mes réticences, je continue la lecture des nouvelles, m'habituant peu à peu à la vision pessimiste du destin des hommes fuyant une Terre livrée aux dictatures, aux trusts.
Par contre je n'aime pas du tout cette façon de nommer leurs groupes "L'église de l'expansion" et ces noms à rallonge évoquant des noms de saints donnés aux planètes où aux personnages. Avait-il un problème avec une vocation contrariée, Michel Demuth ? Dans ses nouvelles des religions nouvelles apparaissent, de nouvelles maladies aussi et des guerres à n'en plus finir !
Une histoire qui s'étend sur deux millénaires racontant l'expansion humaine dans l'espace. Dans sa préface Richard Comballot évoque un space-opéra flamboyant aux résonances épiques et poétiques, une politique fiction.
Serge Lehman éclaire bien la saga hétérogène à cause des pauses et le retour des personnages récurrents.
Une lecture enrichissante.
Merci Christiane (MC aussi).
C'est rare de voir des familiers de littérature générale faire autant de pas vers la littérature de genre.
C’est assez classique ces églises. Du Projet Vatican XXVII de Heinlein pour ces robots ( aussi un auteur qui a conçu comme Demuth une fresque historique qu’il s’est efforcé de réaliser) à Frank Herbert et ses Sœurs du Bene Gesserit,pour se limiter à ce culte là dans Dune. Existe aussi , même référence,une Bible Catholique Orange. Mais cela n’exclut pas l’humour, entre ces robots qui apprécient par dessus tout l’autorité, et les exergues de Dune. Ça retombe un peu vers le milieu des années 1960, pour revenir. Mais rassurez-vous, c’est plus humoristique qu’autre chose! MC
J'ai découvert encore autre chose de déroutant. C'est dans une nouvelle très courte : "un rivage bleu". Il y est question d'un labyrinthe et d'un enfant Hyéronimus. Un enfant qui est envoyé dans une mission dangereuse sur une autre planète. Un enfant taraudé par le désir d'une femme. Donc peut-être un adulte qui se souvient de son enfance au point de s'y perdre. Un retour du subconscient. Il semble que le songe qu'il traverse lui offre les données de sa vie passée mais il y a dissociation entre le corps et l'esprit, l'esprit en retard sur le corps sous l'effet de labyrinthe.
Dans cette histoire l'enfant s'amuse à rebondir sur une surface qu'il ne sait nommer. Il découvre la moitié de Terre suspendue au-dessus de la lune. ( Très belle inversion)
Quand il tombe de la trappe ouverte, une averse de jouets colorés et de marionnettes tombent avec lui. Heureux, il joue.
Mais on lui parle comme à un adulte. On l'appelle Frère Hyéronimus.
Il prie, récitant une litanie : "Homme-saint, Homme-Roi, Empereur des Terres".
(Le bleu de cette nouvelle déconcerterait Michel Pastoureau !)
Son père lui parle, puis il est mort. Mais lui ne se souvient pas avoir appris sa mort. Idem pour la
mère..
Il se souvient qu'il a été un adolescent.
Un tuyau où il peut se réfugier le protège.
Donc il est question de l'Eglise de l'Expansion dont il est dit qu'elle n'est pas l'inquisition, ni aucun gouvernement du XXe siècle.
Plein de moines autour de lui.
Ils sont dans la Galaxie.
Oui, Soleil vert c'est une exploration qui est différente de celle qu'on peut mener dans la littérature générale.
Un univers divagant proche des recherches de certains portes contemporains (Michel Butor) . Un lieu où tout est possible au niveau du langage, de l'incohérence, des images, des êtres rencontrés.
Ça demande un rude effort mais on y gagne une certaine liberté de création comme d'aborder dans le monde de l'art contemporain où on isole un caractère pour ne considérer que ce caractère (Mondrian, Kandinsky, Picasso...). Des œuvres qui nous obligent à réfléchir quant à la nature de la réalité. Des écrivains aussi comme Joyce, Beckett..
Les matériaux dont se servent les écrivains de la SF sont déjà dotés de signification. Ce sont des mots. Mais ils en infléchissent le sens en modulant le temps et l'espace. Décoller les mots, la pensée par abstraction.
MC se dit anthropologue. Son regard décalé lui permet de témoigner de l'immense poésie de deux pièces de Claudel, bien snobées sur un blog voisin. Je pense aux réflexions de Lévi-Strauss qui cherchait des codes dans le langage, des structures impliquant de nouvelles articulations.
Je suis attentive en lisant ces romans ou nouvelles de la science-fiction.
Vous voyez, dans cette nouvelle, le bleu ne veut pas dire le ciel, ni l'eau. Idem pour les autres couleurs, pour les matières.
Bonsoir.
Merci, MC, pour votre regard sur les Églises de la SF. ( C'est donc mieux qu'à Rome !)
poète
MC,
à lire votre dernière remarque sur les fresques chronologiques et les Églises de la science-fiction , et les analyses de SV. on entre dans un domaine mathématique dont les combinaisons sont multiples. Une création littéraire qui cherche à constituer des règles. Des éléments premiers puis la combinatoire de ces éléments.
Les principaux éléments seraient le futur et l'exploration de l'espace par les survivants de la race humaine.
On entre dans un monde abstrait souvent froid où la question est de fuir le danger, la mort. Des enjeux de luttes donc des armes sophistiquées, des vaisseaux intergalactiques, des planètes pas toujours accueillantes, des droïdes...
Qu'on est bien sur Terre !
La science-fiction ? Une oeuvre cubiste....
A ce monde lointain des galaxies, n'oppose la paix du soir près de la lampe. Échange de douceurs. Cocon intérieur du rêve. Descendre, marche après marché, l'escalier de l'être. Le temps est alors la transversale de tous les possibles car "nous sommes où nous ne sommes pas" écrivait Pierre -Jean Jouve (Lyrique)
(Désolée pour la poésie, MC, je ne peux pas m'en empêcher !)
j'oppose
Ah, merci, relisant votre billet, je ne peux que rafraîchir mes souvenirs. Cette histoire d'oiseau un peu simplette de L'oiseau Boum-Boum trouve un sens dans la suite écrite par Colin Marchika sous le titre "Je te vaporise", plus intéressante.
Quant à la si belle nouvelle de Joëlle Wintrebert, "Herbe Feu", relisant mes notes sous le billet précédent, je retrouve le charme de cette histoire.
Heinlein a simplement pose les bases d’une chronologie ( XX eme XXI eme? ) sans d’ailleurs s’astreindre toujours à la suivre. Il est un petit roman de lui que je conseille vivement moins pour la SF que pour la satire politique,c’est Étoile Double. Je crois l’avoir relu plusieurs fois…
Dans le principe, ce n’est pas très différent du plan-guide, inachevé lui aussi, de Balzac pour la Comédie Humaine, il faut un dessein pour que le lecteur sache ou il va… Bien à vous. MC
J'écrivais donc : Très belle variation de Joëlle Wintrebert dans la suite des Galaxiales. "Herbe feu".
Le feu de saint-Elme l'a inspirée. Et un retour à une vie bucolique sur la planète Saint-Elme est pour Gregor un enchantement. Ser Maya Angeline, botaniste, l'accueille ainsi que Ser Ricardo Reeves qui travaille au labo avec elle. Cette cité troglodyte d'un blanc étincelant entourée d'une jungle exubérante se laisse traverser par une bulle qui les transporte le long de tunnels recouverts de calcédoine.
Place arborée, jasmin odorant, vigne, enfants rieurs, oiseaux bleus, fontaines d'eau pure , mer Mandarine.... Et l'herbe feu.
Voilà une halte lumineuse.
L'orage de saint-Elme apporte sa féérie et la moisson future naîtra du foudroiement.
La mâcher ouvre aux souvenirs d'une lointaine enfance pour Gregor et lui donne l'impression de flotter dans l'espace. Désir d'habiter ce pays d'utopie...
Me relisant, je la retrouve. C'est bien de prendre des notes dans ce livre où les nouvelles si différentes et nombreuses se succèdent.
Les titres ne donnent pas toujours un sens à la nouvelle qui suivra.
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Christiane1 décembre 2022 à 23:16
Ser Maya / ainsi que Ser Ricardo - qui les transporte - apporte
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MC,
Vous écrivez à l'instant : "Dans le principe, ce n’est pas très différent du plan-guide, inachevé lui aussi, de Balzac pour la Comédie Humaine, il faut un dessein pour que le lecteur sache où il va… "
Soleil vert par ce billet et ses commentaires sous le billet précédent donne une architecture à ces Galaxiales. Cette expansion des voyageurs de l'espace, fuyant la Terre, portés par leur désir de découverte et celui d'implanter leur structure politique dans cette "Histoire du futur s’étendant jusqu’à l’an 4000. "
Un palimpseste qui rappelle la découverte du nouveau monde au temps des caravelles.
Mais ici des androïdes, des entités parfois maléfiques ou autres créatures surgissantes remplacent les peuples des Amériques.
Ces écrivains de la science-fiction emportent dans leurs romans toutes les choses qu'ils ont aimées dans notre Histoire. Fascination mystérieuse pour des évènements qui avaient pris place dans leur existence et en avaient parfois altéré le cours comme les guerres ou autres atrocités.
Ils traduisent dans leurs œuvres un sentiment d'inadéquation avec leur vie ou notre époque et ses soubresauts.
Heureux les grands lecteurs qui, dans le foisonnement de ces romans et nouvelles, font surgir les projets des auteurs, la pensée qui les initia. Eux aussi sont des architectes de ces structures cachées .
Qu'y a-t-il au fond du Sans fond de l'espace face au futur béant au-delà de l'horizon et des étoiles ?
Le chœur tragique de la science-fiction succède à celui d'Eschyle...
Je commence une autre nouvelle de Michel Demuth, "Le fief du félon" (2063).
Je me sens bien dans cette écriture encore nouvelle. Ce Clément Hornmann revenant de batailles, semble-t-il , contre les Nouvelles-Monarchies, et trouvant sa maison dévastée et un vieil homme l'occupant.
Un poème de lui en ouverture. La Provence comme cadre. La vieille Terre au début de l'Expansion.
Très très bien écrite, cette nouvelle commence par un paysage charbonneux, calciné. Le cheval est fourbu, le cavalier aussi. Une épaisseur psychologique bienvenue.
Un poème de lui ouvre la nouvelle...
Le dialogue avec le vieux vagabond qui squatte le domaine donne accès aux années passées.
Bien, que de bons signes ! Je vous quitte et je lis.
A la question du vieil homme : "- Vous êtes vraiment Clément Hornmann, le "Barde de la Résistance"? , Celui répond - Je ne crois pas que ma poésie doit encore lue..."
Ça me rappelle quelqu'un qui a caché son espace poétique tout en bas de son blog, un drôle de "mec". ..
A lire cette nouvelle , me voici regardant "Les Aventures de Robin des Bois " un film, celui , mon préféré, réalisé par Michael Curtiz et William Keighley, en 1938.
Avec l'un des couples mythiques de l'époque : Errol Flynn et Olivia de Havilland.
Pour l'instant, pas de femme dans cette nouvelle....
Las, le vieux Seyron n'est pas le serviteur de Robin, et Clément Hornmann n'est pas Robin. L'électronique a remplacé les torches mais l'eau du puits est toujours fraîche. On parle du lancement du Samothrace vers Neptune....
Eh bien quelle histoire ! Je n'ai bien sûr rien compris à ce qui motive la haine de ces deux hommes, l'un envers l'autre, rien compris à ces guerres mais c'est un récit haletant, bien écrit.
Quelle saga !
L'heure de la pause café arrive et ce n'est pas celui offert par Seyron à Hornmann !
(Néanmoins, il connaissait ce poème qui ouvre la nouvelle.)
Très belles atmosphères de paysages et de la maison à moitié détruite et dévastée. Une armoire branlante a gardé cette odeur de cire. J'ai pensé à votre poème paru dans "Les voiles d'encre".
"C'est une vieille armoire pleine de tendresse et de lavande..."
Suivaient les voix anciennes, le silence, les craquements du bois, les vies pliées avec les draps, et Dylan Thomas sous les branches des pommiers....
Ce poème de Dylan Thomas qu'on entend dans "Interstellar" de C. Nollan, accompagnerait bien aussi Les Galaxiales:
"Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day;
Rage, rage against the dying of the light.
Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.
Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.
Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieved it on its way,
Do not go gentle into that good night.
Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay,
Rage, rage against the dying of the light.
And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light."
(Sous réserve cette traduction trouveet sur internet)
"N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.
Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en une verte baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière."
C.Nolan
Je ne visais que la chronologie d’un Heinlein ou de tel autre. C’est une armature, après, l’auteur en prend ou en laisse, et le lecteur aussi! Mais lisez-donc Étoile Double! C’est sans prétention et on passe un bon moment! Depuis, la réalité a d’ailleurs rattrapé la fiction, et on a vu des acteurs devenir présidents….
Merci. Bonne idée. Je verrai cela demain.
Traduction de Line Audin :
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit
"N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
La vieillesse devrait s’embraser, se déchaîner face au jour qui s’achève ;
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
Même si sur sa fin l’homme sage sait que l’obscurité est méritée,
Parce que ses mots n’ont fendu nul éclair il
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
L’homme bon, près de la vague ultime, pleurant
Sur ses frêles exploits dont l’éclat aurait dansé sur une verte baie,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
L’homme insoumis qui s’empare du soleil en plein vol et le chante,
Apprenant, trop tard, qu’il l’a peiné dans sa course,
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
L’homme grave, qui, agonisant, voit, vision aveuglante
Que l’œil aveugle pourrait flamboyer tel un météore et se réjouir,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
Et toi, mon père, là-bas sur ce triste promontoire,
Maudis-moi, bénis-moi maintenant de tes larmes de colère, je t’en supplie.
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt."
Interstellar suscite une querelle des Anciens et des Modernes entre les tenants de 2001 Odyssée de l’Espace, et lui-même, ce qui se comprend assez bien…
Oui, oui, mais c'était l'occasion de lier poésie et science-fiction.
Dylan Thomas est un poète que j'apprécie - hélas traduit.
Retour au "Fief du félon".
Ce qui me gène c'est encore une fois comment la mort, la destruction est justifiée par la survie d'une population sur une autre.
Un pouvoir centré sur la mort et non sur la vie. En même temps que l'approche d'une apocalypse.
Une mythologie, avec le retour du héros, médiévale mais aussi rappelant les mécanismes du nazisme : triomphe d'une race sur les autres.
Thème retrouvé dans d'autres nouvelles et romans SF.
Toujours dans les Galaxiales. "Les Tambours d'Australie". La forme narrative permet peu à peu de découvrir le schéma de composition de l'ouvrage, cette construction mentale de Michel Demuth. Un outil de médiation entre le lecteur et la page. On revient en arrière - ou pour moi en avant - pour retrouver les personnages, leur clan comme cette Église de l'expansion, cette dévotion à Saint François, ces armes de guerre, ces vaisseaux, ces planètes... Un périple qui traverse le temps et la Galaxie. Une nouvelle conduit à une autre et on finit par s'habituer à cette saga, à créer un lien entre toutes ces aventures. La curiosité l'emportant, on continue la traversée des Galaxiales. Mais conduit-elle à donner un sens à l'existence ?... Là où il n'y en a pas...
Un travail d'illusionniste ...
Le temps et l'espace infini restent d'une obscurité impénétrable...
De glissement en glissement, ces aventures se répètent de façon obsessionnelle, d'une façon circulaire tout au long de l'ouvrage dans un mélange de réalité et de fiction façonnés par les répercussions d'événements dont il était contemporain face au vide de l'avenir.
La vérité pour lui semble résider dans un ailleurs, une quête pour percer le secret de la mort, de l'effroyable œuvre de
qui traverse notre epoque avant que tout bascule dans l'oubli. Un récit parfois métaphysique.
oeuvre de destruction
Demuth ? Un tisserand qui crée des motifs complexes.
A propos de saint François d'Assise, Christian Bobin lui a consacré un livre "Le très Bas".
Dans les premières pages, ces lignes qui croisent la recherche et l'écriture de Michel Demuth :
"La Bible est le seul livre d'air - un déluge d'encre et de vent. Un livre insensé, égaré dans son sens, aussi perdu dans ses pages que le vent (...). Un livre impossible à tenir entre deux mains calmes pour une lecture sage, lointaine : il s'envolerait aussitôt, éparpillerait le sable de ses phrases entre les doigts. On prend le vent entre ses mains et très vite on s'arrête (...), on dit je m'en tiens là, j'ai tout trouvé,(...)"
"Saint-François-d'Assise. On sait de lui peu de choses et c'est tant mieux. Ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaître. (...) La réponse était dans la Bible, ne faisait qu'un avec le Livre. (...) François d'Assise baignait dans cette parole. (...) Cette parole, d'où elle venait ? Elle planait sur le vide des terres et sur le vide des cœurs, elle rôdait avec le vent dans les déserts. (...) Ce n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour être vivifié par son souffle."
1182, en Italie... Le nouveau-né soupirait dans son sommeil....
Le début d'un bel article... Et un fameux dessin.
https://www.liberation.fr/culture/livres/les-galaxiales-lintegrale-de-michel-demuth-a-bon-port-20221217_ANQ2LM47PFBYFKWESGLV3NVHBI/
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