mardi 8 avril 2025

La Vie secrète des robots

Suzanne Palmer - La Vie secrète des robots - Le Bélial’

 

 

[Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre d’un service de presse. Que le Bélial’ en soit remercié]

 

Inlassables explorateurs de la production anglo-saxonne de littérature de l’imaginaire, Ellen Herzfeld et Dominique Martel proposent un recueil inédit (sans équivalent américain) de treize nouvelles de science-fiction d’une autrice peu connue de nos contrées, Suzanne Palmer. Informaticienne installée dans le Massachusetts elle a notamment publié ses textes dans la revue Asimov’s ce qui prouve que cette vénérable institution contribue encore à la découverte de nouveaux talents. Les récits présentés par les « 42 » s’étalent sur une dizaine d’années.

 

Comme l’indique le titre la thématique tourne autour des robots, désignés parfois comme bots encore que ce dernier terme désigne aussi une routine informatique. Alors que le développement et l’intrusion de l’Intelligence Artificielle et de ses agents conversationnels suscitent actuellement quelques interrogations voire inquiétudes, la science-fiction fait ressurgir les bipèdes mécaniques inventés par  Karel Čapek et popularisés par Isaac Asimov. Curieusement qu’il s’agisse du « Father » de Ray Nailer , de El-Jarline de Catherine Dufour, des créatures de Suzanne Palmer, ils incarnent des figures de bienveillance ou d’espièglerie sous le saint patronage de Jenkins. L’autrice explore aussi d’autres registres : vaisseaux perdus, peuples colonisés et menacés d’extinction. Sans pousser aux limites du genre comme Rich Larson ou Greg Egan elle pose un regard de compassion sur les êtres et les choses, forcément attachant.

  

« La Vie secrète des bots » (Hugo 2018)

 

Agent de nettoyage dans un navire spatial sorti du rebut, Bot 9 est réactivé pour chasser un parasite mi-rat, mi-cafard. Quelques routines mal ficelées ont doté « 9 » d’une faculté d’improvisation dont Vaisseau, le logiciel-mère en charge de la navigation en l’absence de l’équipage humain en stase, s’accommode assez mal. Pourtant la petite créature mécanique va découvrir un sacré pot aux roses. Barré et plaisant, dans la lignée de WALL-E.

 

« Vol de retour »

 

Fari travaille dans les mines de l’Espace. Elle fore des astéroïdes contenant des minéraux activement recherchés par son monde natal. Son monde c’est une théocratie patriarcale et Fari ne doit qu’à ses talents exceptionnels de ne pas subir le sort des femmes prostituées de la station spatiale. Texte fort et implacable où l’héroïne dans la peau d’une Ellen Ripley affronte ses congénères masculins aussi monstrueux que les bestioles de Ridley Scott.

 

 « Joe 33 % » 

  

Joe, soldat malchanceux d’un conflit perdu à l’avance n’arrête pas de faire des allers-retours à l’hôpital militaire. Résultat, un tiers de son corps est constitué de prothèses et d’organes synthétiques. Les implants en question contiennent une puce intelligente. Devant l’incurie de Joe, ils décident de passer à l’action. Hilarante, cette fiction nous rappelle au bon souvenir de Fredric Brown.

 


« Dix poèmes pour les mossums, un pour l’homme » 

  

Un poète tente de se ressourcer sur une planète étrangère. L’intention est louable, le résultat mitigé, les poèmes ratés. En plus d’un demi-siècle de tentative de versification des auteurs de SF, le bilan qualitatif en la matière se réduit à  :

 

« Nous pourrissons sur pied dans les fanges de Vénus,
Nous vomissons nos tripes dans son souffle putride.
Dans sa jungle inondée, oui, même son humus
Grouille et pullule d'une vie qui nous glace et nous vide.


Nous avons exploré l'espace et ses confins,
Et jaugé la valeur de la moindre poussière.
A présent regagnons le foyer des humains,
Les fraîches et les vertes collines de la Terre.


Prions pour réussir l'ultime atterrissage
Sur le beau globe bleu où nous sommes nés naguère.
Puissent nos yeux revoir le ciel et les nuages
Et les fraîches et vertes collines de la Terre
 ». 

Robert Heinlein 

 

« Je demande à l’air froid, au Soleil de Novembre : 

   dites-moi donc le mot qui m’ouvrira les portes.

   Le vent répond : « Partir », 

   Le soleil : « Souvenir ». »

Samuel R. Delany

 

 

Et la poésie d’Ursula Le Guin, dont voici un magnifique exemple repéré par la noosfere :

 

« Dans la forêt, le grand arbre se consume doucement

dressé dans le léger creux de la neige

que fait fondre autour de lui la chaleur subtile et tenace

de son être et de sa volonté d’être

racines, tronc, feuilles, et de connaître

la terre noire, le soleil éclatant, la caresse du vent, le chant de l’oiseau.

Sans racine, sans répit, êtres au sang tiède,

nous brûlons de ce brasier qui nous rend

aveugles à ce haut frère lent, feu de vie aussi vigoureux

aujourd’hui que dans la jeune pousse il y a deux siècles »

 

 « Scinque numéro trente-neuf »

 

Seul rescapé d’une mission d’exploration d’une exoplanète qui a tourné au désastre, le robot Kadey poursuit l’inventaire de son écosystème tout en se livrant à quelques expérimentations. C’est un beau texte, dans cette veine d’étrangeté qu’ont si bien rendu certains auteurs comme Greg Bear dans Héritage. Le dénouement laisse un peu perplexe.

 


« Ramener Icare » 

 

Un vaisseau cargo fait un détour pour une opération de sauvetage. Les navigants extraient d’une capsule de sauvetage un adolescent inconscient et le déposent dans une station spatiale. Le message final d’empathie ne cadre pas avec ce qui précède. Par contre la station spatiale et sa communauté un peu hippie fourniraient un bon worldbuilding et un bon point de départ pour un autre récit.

 


« La Boîte de tristesse »

 

« Tu ne te sens pas pris au piège là-dedans ?

-          TU NE TE SENS PAS PRIS AU PIEGE LA-DEHORS ? »

 

Dans un monde en guerre, un petit garçon chipe à son inventeur de père une petite boite. Quand on appuie sur l’interrupteur le couvercle s’ouvre, un œil bleu s’allume et un bras minuscule appuie sur le bouton puis se rétracte avant la fermeture du couvercle. L’IA et l’enfant vont progressivement sortir de leur coquille et s’apprivoiser. Une belle nouvelle dans la lignée de celles d'Harlan Ellison.

 

 

« Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne »

 

Une femme revit à de multiples reprises un épisode de sa vie antérieure, là encore dans un contexte délétère. Chaque version diffère de la précédente. J’emprunte à Apophis son analogie avec Mes vrais enfants de Jo Walton. Expérimental et séduisant.

 

« Tomber du bord du monde ( Asimov's, prix des lecteurs 2023) »

 

Encore une histoire de sauvetage mais plus élaborée que « Ramener Icare ». Des astronautes tentent de sauver les occupants d’une épave. Une espèce de cocon enveloppe le vaisseau accidenté lors d’un saut spatial, et une lance de lumière le traverse. La narration suit les efforts des sauveteurs et le dialogue du couple prisonnier, occupé semble-t-il à des travaux … de jardinage et indifférent à ce qui se passe à l’extérieur. Deux espace-temps irréconciliables jusqu’à ce que l’on comprenne d’une part que la portion de récit dévolue à Gabe et Elis est subdivisée entre l’avant et l’après catastrophe et qu’un tiers invisible tente de sauver ce qui peut l’être. Construction complexe, émotion, tout concourt à la réussite de « Tomber au bord du monde ».

  


« R.U.R.-8 ? »

 

Il s’agit d’une micro-pièce de théâtre mettant en scène trois robots. Une parodie de En attendant Godot ? Plutôt un hommage à Karel Čapek, inventeur du mot robot. Anecdotique.

 


« Le Plafond est ciel » 

 

Dans une épouvantable société future où la survie est la première des exigences, où les impotents sont éliminés, obtenir un CDI relève du Graal. Lorsqu’on propose à Phill d’assister à une séance de présentation d’un job d’installation de plateforme minière sur la planète Fadsji, il saisit l’occasion. Mais un moine autochtone vient perturber ses plans. Très belle fiction sur le thème des exo civilisations menacées, transposition de l’histoire des colonisations.

J’en profiterai pour rendre hommage au travail de Pierre-Paul Durastanti. J’ai souligné autrefois combien le langage (et la linguistique) étaient un des terrains de jeu préférés des écrivains d’anticipation. Il faudrait ajouter quelques lignes ou pages sur la création de néologismes, travaux auxquels participent les traducteurs. Le lieu de résidence de Phill est ici un cagivie, mot dérivé de cagibi, local de petite dimension à usage de rangement (cnrtl). Cagivie renvoie alors à un espace de non-vie, inhabitable. Sept lettres suffisent à contextualiser l’histoire là ou un Zola ou un Balzac y auraient consacré un paragraphe, une page. Privilège de la science-fiction …


« Peintre d’arbres » 

 

Dans une thématique semblable à la narration précédente, Suzanne Palmer raconte la disparition d’une espèce extra-terrestre intelligente et inoffensive, sous les coups de butoir d’un autre peuple (le nôtre ?) résolu à « aller de l’avant », pas forcément agressif mais décidé à ne pas investir dans les causes jugées perdues d’avance. Dans le registre d’Ursula Le Guin, la brièveté du texte est inversement proportionnelle à l’émotion ressentie à sa lecture.

 

 « Les Bots de l’arche perdue » (Hugo 2022)

 

Le récit de « Les Bots de l’arche perdue » se déroule soixante huit ans après les évènements décrits dans « La Vie secrète des bots ». Le navire spatial s’apprête à retourner au bercail. Vaisseau fait une nouvelle fois appel aux services de Bot 9. D’une part le dernier saut est conditionné par les tauliers du secteur, les « Ysmi » à la présence d’un être humain, d’autre part les bots d’entretien sont devenus incontrôlables. Il faut donc sortir de stase quelques membres d’équipage et aider Vaisseau à reprendre le contrôle de la situation. Comme précédemment le texte ne manque pas d’humour et justifie le prix obtenu.

 

 

Pour conclure, on s’inspirera des mots d’ Ellen Herzfeld et Dominique Martel sur le travail de Suzanne Palmer : une large palette, une attention portée aux créatures les plus humbles, un regard de compassion porté sur les vivants. Un vrai plaisir de lecture.

146 commentaires:

Christiane a dit…

Un nouveau livre plein de rêveries d'un futur imaginaire dont la constante est "une attention portée aux créatures les plus humbles, un regard de compassion porté sur les vivants. "
Suzanne Palmer... Hâte de découvrir son monde.

Anonyme a dit…

Que vient faire ici une parodie de Godot? Et est-elle bonne, au moins?

Anonyme a dit…

(Petite parenthèse sur la Bastille a la toute fin de la Fin de Satan pour rectifier un point. cf Ma Cabane de Moine)

Christiane a dit…

Référence très judicieuse.
Trois personnages se parlent, des robots, un homme. Ils semblent abandonnés dans une décharge.
Exemple de réparties :
"Quist : Que faire d'autre que perdre notre temps ?
.......
Rozum : J'ai une tâche : attendre ici que tout arrive à sa fin.
.....
Homme : Allez-vous-en. Je fais l'expérience de la mort.
Stout :Pourquoi voulez-vous être mort ?
Homme : J'avais juste envie d'essayer. Je m'ennuie."

C'est très réussi. L'histoire n'avance pas. Ils parlent et ne savent pas pourquoi ils parlent. Dialogues interminables , inutiles. Théâtre immobile.
Vraiment, ils rappellent les personnages de "En attendant Godot". Vladimir, Estragon. Une visite aussi : Pozzo et Lucky. Ils attendent un improbable secours. A qui parler ? A l'autre... par ennui.
Deux petites comédies qui se répondent.

Christiane a dit…

Oui, j'ai compris. Mais c'est loin... J'avais d'ailleurs effacé plein de mes commentaires. Je trouvais qu'on s'éloignait trop de ce très beau livre présenté par Soleil vert. : "Ma cabane de Moine".

Christiane a dit…

La fin de la nouvelle un peu moins mais le début est sidérant, la forme aussi : trois actes, très brefs. Et l'errance, l'ennui, une sorte de déliquescence.

Anonyme a dit…

J'ai remarqué! Je préfère rectifier mes bêtises. En deux mots, je n'ai pas tenu compte de ce que l'épisode Bastille arrive après l'impossible réconciliation entre Satan et sa Fille (" Va!") Hugo a peut-être reculé devant ce fantastique Républicain ou Liberté ne peut qu'apparaitre et peut-etre donner ce qui serait une leçon d Histoire à Dieu...Ce pourquoi la Prise de la Bastille n'est pas écrite, et le projet tout entier de la FDS se trouve compromis.

Christiane a dit…

Je viens de relire les 556 vers de la fin de Satan. A la fin , la Bastille est detruite. Le salut vient par l'autre fille de Satan, l'Ange Liberté, créé par Dieu avec une de ses plumes. Elle volera au secours des hommes au contraire d'Isis.
La Bastille prise et détruite, Satan est, à la fin, tiré des ténèbres par Dieu et pardonné en retrouvant son identité de Lucifer, invité à regagner la lumière.
Je n'ai vu nulle part que Satan la rejette. Le "Va" est au contraire une délivrance, un chemin ouvert

Anonyme a dit…

C'est ce que je vous disais! Donc la Bastille aurait été le premier miracle positif de cette théogonie Liberté-Satan-Dieu. Et, par apocatastase, Satan eut été définitivement rédimé! Ce qui rend du même coup, en dehors des fragments connus, le poème globalement inécrivable pour Hugo. Lequel ne peut concevoir un Dieu égal à son propre jaillissement créateur!

Christiane a dit…

Je ne comprends rien à ce que vous dîtes. Mais ce n'est pas de votre faute. C'est que votre langage est bien compliqué. J'ai lu ce grand et formidable poème de Victor Hugo qui passe par Adam et Ève, Nemrod, Noé ... la Crucifixion, la Bastille. J'en ai retenu qu'au bout du poème la lumière et la bonté gagnent sur les forces de mort et de ténèbres. Si c'est celle de Dieu, tout n'est pas perdu !
C'est très beau, surtout la chute de Satan et cette plume blanche qui devient Liberté. Cet Hugo est grandiose dans ce poème.

Christiane a dit…

J'ai lu la première nouvelle, "La vie secrète des bots".
Ce qui m'a frappée c'est la pensée très élaborée du petit robot. Comme si une intelligence humaine était enfermée dans un corps métallique empli de fonctions électroniques très perfectionnées. On suit ses réactions comme celles d'un être humain plein de prothèses. Ce n'est pas vraiment un robot conçu par des chercheurs ou un inventeur (Mary Shelley le Dr Frankenstein....), la nouvelle nous plonge dans un monde futur où sans que l'on sache comment, ces êtres hybrides mi-humains, mi-robots croisent des survivants vraiment et seulement humains et des androïdes ( comme Robocop, Blade Runner....).
Cela m'invite à réfléchir à la science actuelle surtout dans le domaine de la médecine ou des inventions considérables rendent la vie de grands blessés ou de personnes handicapées, vieillissantes, allégée.
Je pense aux rêves d'intelligence augmentée par des opérations encore imaginaires.
L'homme semble saisi de vieux rêves anciens : l'immortalité, une force décuplée, des robots pour faire la guerre à sa place, des nourritures chimiquement créées pour régler les problèmes de la faim dans le monde.... et tant d'autres idées qui naissent d'un manque, d'une angoisse, de désirs secrets dont la domination ou la fin de la solitude.
Il est vrai , en parlant d'autre chose, que l'ambiance de cette nouvelle est soutenue par la bienveillance, la réflexion mise au service de la paix, que ce vaisseau tout rouillé très
sympathique abrite un petit monde modeste. Autour, l'immensité de l'univers avec parfois une mémoire floue de la Terre.
Ces nouvelles brèves, se lisent facilement loin de patience qu'il faut pour arriver au bout de certains grands romans où il faut s'user à certaines descriptions interminables...
Lire reste une sacrée aventure où nous quittons ce monde, nos soucis, nos habitudes pour entrer dans la pensée d'un autre, se laisser distraire par sa vision du monde.
Certains livres sont aussi faits d'autre chose. On m'a offert récemment un livre que je n'aurais peut-être pas acheté et qui pourtant m'a ravie par sa douceur amusée. C'est "Mère à l'horizon". Jacques Gamblin, cet acteur si fin, qui interprète des personnages un peu lunaires, raconte sa mère vieillissante avec tendresse et humour. (édition Robert Laffont). Une parenthèse enchantée et élégante. Très bouleversante aussi.
Au loin Trump s'amuse à faire peur. Je pense à un film de Chaplin, "Le dictateur".
Je suis bien, ici, Soleil vert.

Christiane a dit…

Surtout quand le dictateur joue avec un ballon en forme de globe terrestre, mais celui-ci explose. Lorsqu’il apprend que la banque lui refuse son crédit ....

Christiane a dit…

Je regarde un film formidable de 1941 d'Howard Hawks : "Boule de feu". Avec Gary Cooper et Barbara Stanwyck et plein de vieux acteurs dont j'ai oublié le nom . Ce sont de vieux célibataires qui essaient pour une encyclopédie de percer les mystères de l'argot. Une danseuse de cabaret recherchée par la police trouvé refuge dans leur petite pension de famille. Son langage charme le professeur et ses sept collègues . C'est extra la rencontre de leur recherche linguistique et le franc-parler de cette charmante aguicheuse. Un traducteur serait le bien venu !

Christiane a dit…

"Vol de retour". D'une violence bienvenue pour cette femme qui se révolte et se venge. Superbe nouvelle.

Christiane a dit…

https://transmettrelecinema.com/film/chaussure-a-son-pied/#mise-en-scene
Un délice ! L'occasion de revoir ce grand comédien, Charles Laughton.
J'apprends qu'il aimait les toiles de Nicolas de Staël bien avant que celui-ci ne soit connu ainsi que celle de Renoir, ce qui est peut-être à l'origine de l'amitié qui le lia à Jean Renoir.
Un homme passionnant qui a bravé son physique ingrat pour en faire une force créatrice. Fameux réalisateur aussi ( La nuit du chasseur).
Ces intermèdes cinéma définissent ce que j'aime en cet art.
( Entre deux nouvelles de Suzanne Palmer.)

Anonyme a dit…

Eh bien, recommençons en espérant nous faire comprendre ! Dans une avant-avant dernière intervention, j'ai dit que la Bastille devait être lue comme un épisode négatif façon Nemrod, le Christ, etc. Mais non! Je me rends compte que La Bastille survient après que se soit opérée la "réconciliation" de Satan et de sa "Fille". On peut penser que le "Va!" joue en tous cas comme un encouragement. Donc la Prise de la Bastille devrait sonner comme une sorte d'assomption de Liberté , peut-être de Satan, (au prix d'une leçon infligée à Dieu le Père?) Et c'est pourquoi Hugo ne l'écrit paradoxalement pas! Quatre squelettes, quelques vers descriptifs, un schéma, "Camille et Lucile" (Desmoulins). Mais rien qui vaille. Et la même vacuité dans le pardon final, ou Hugo, c'est très bizarre et quasi unique, a recours à une citation du Cid, et des plus connues. Ceci n'est qu'un complément... MC

Christiane a dit…

Eurêka ! J'ai tout compris ! Et en plus nous sommes d'accord. Merci, MC

Christiane a dit…

Quelle citation du Cid ?

Christiane a dit…

"Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne»
"Une femme revit à de multiples reprises un épisode de sa vie antérieure, là encore dans un contexte délétère. Chaque version diffère de la précédente. J’emprunte à Apophis son analogie avec Mes vrais enfants de Jo Walton. Expérimental et séduisant."

Alors là, merci, Soleil vert. Votre présentation me sauve !

J'ai vraiment aimé cette nouvelle avec cette méditation sur le cancer, la mort, les thérapies et soudain, ces plantes venimeuses, ces robots fous qui détruisent tout. Ces deux paroles qui s'entrecroisent celle de la femme, celle de l'homme.
Mais je ne comprenais pas qu'ils meurent et qu'à la page suivante, ils continuent leur chemin difficile (autant physiquement que psychologiquement).
Lun et l'autre se sont meurtris, beaucoup a cause de l'alcoolisme de l'homme, mais comme ils se sont aimés... On ne sait plus qui est mort le premier avec toutes ces variations, qu'importe... J'ai aimé les origamis (comme dans Blade Runner) et revenu d'une lointaine légende l'histoire du papillon qui se posant sur
le fusil d'un homme (Eri de Luca) provoque mystérieusement un évènement à l'autre bout du monde.
Bref, un peu perdue dans la construction, j'ai quand même passionnément aimé cette nouvelle.
Beaucoup plus que "33%", une galéjade un peu lourde qui m'est apparue absurde (un gemou parle à une oreille ou à un bras...) . Un amusement comme les dessins animés de Tex Avery.
Ces nouvelles sont très différentes les unes des autres. J'ai du mal à trouver une unité entre ces écritures de Suzanne Palmer. Mais c'est bien.

Christiane a dit…

Mais ces histoires deviennent impossibles si on essaie de les rationaliser. C'est Stanley Kubrick qui dit cela dans un entretien avec Gregory Monroe. Et cela est tellement vrai pour toutes ces nouvelles de science-fiction.

Christiane a dit…

Il suffirait d'un fou pour détruire le monde... J'affronte "Docteur Folamour" de Stanley Kubrick. (1964). Peter Sellers au générique, cela est prometteur. Une comédie macabre qui mime notre époque... Je sens un très grand film de Kubrick.

Christiane a dit…

Ubu roi et la bombe atomique...

Christiane a dit…

La chanson "We will meet again" chantée par Vera Lynn à la fin du film sur fond de champignons d'explosions atomiques est comme un point d'orgue à ce film terrifiant dont seule la dérision nous sauve. Ah, ce docteur Folamour, je ne suis pas prête à l'oublier, ni ce colonel fou chevauchant sa bombe atomique. Film extraordinaire.

Christiane a dit…

https://youtu.be/hYDzfHuDW_0?si=Sz_bbDJdfmMK0B7P
Voilà le lien.

Christiane a dit…

"Le plafond est ciel". C'est vrai qu'elle est très sombre cette nouvelle.
Et pourtant on y rencontre des notes superbes.
Ainsi pour le vent : "Le feuillage bruissait ; un vent que je ne sentais pas a fait tourner les feuilles en une sorte de ronde. Lorsque la rafale s'est calmée, les arbres proches se sont agités de nouveau et j'ai compris que quelque chose s'y déplaçait, presque indiscernable du feuillage."
Oui, se souvenir que ce livre est magnifiquement traduit par Pierre-Paul Durastanti est opportun.
C'est un plaisir de lire ces textes

Christiane a dit…

Dans cette nouvelle, effectivement, comme le souligne Soleil vert, on est séduit par le choix du mot "cagivie" qui évoque un étroit "cagibi", mais aussi une "cage"... Lieu où commence la nouvelle "Le Plafond est ciel". Quelqu'un parle. Il végète depuis huit jours dans cet endroit. Un voisin cogne au mur... On se croirait au Château d'If !

Christiane a dit…

Mais tout est bizarre quand il sort. "J'ai compris que je regardais le ciel. "Un" ciel, du moins ; dans mon enfance, le service des pupilles nous avait organisé plusieurs sorties pour voir le nôtre, qui était blême et voilé de nuages furieux s'affrontant sans cesse . Une autre planète, donc."

Christiane a dit…

J'ai encore quelques nouvelles à lire. Je fais une pause car à part les deux liées par les aventures de "bot 9", les autres sont toutes différentes. Un peu de temps entre chacune d'entre elles permet de ne pas avoir d'idée préconçue.
Parfois je ne suis pas d'accord avec vous, Soleil vert. Ainsi , pas d'émotion ressentie à la lecture de "peintre d'arbres". Peut-être, n'y ai-je pas trouvé ce que le titre induisait dans ma mémoire. J'ai tant dessiné les arbres, de près de loin, des écorces, des branches, des racines... La nouvelle conduit vers autre chose... et m'a laissée démunie.

Anonyme a dit…

Signalons à Martigny, Fondation Pierre Giannada une exposition Bacon, et là l'affiche est tout simplement magnifique. Cf Journal des Arts, p 5, n° 653...

Christiane a dit…

Merci. C'est délicat.

Christiane a dit…

https://www.gianadda.ch/expositions/bacon-2025/
Julia Hountou en fait une belle présentation.

Christiane a dit…

J'ai eu pour les toiles de Bacon un éblouissement qui a fait place à un recul. Trop de violence, trop de souffrance mais quel métier, quel sens de la couleur et de la ligne...
Je suis plus sensible maintenant par un retour amont au quatrecento.
Besoin infini de calme, de paix de méditation silencieuse. Quelques contemporains qui apportent du bonheur.

Christiane a dit…

Le quattrocento... mon peintre préféré : Fra Angelico, pour l'Annonciation.

Christiane a dit…

Quattrocento

Anonyme a dit…

Bon, eh bien on se sera croisé, une fois de plus! Cela dit, j'avais eu la même impression, aggravée par une muséographie catastrophique, au Musée de Bruxelles. On attendait deux chefs d'oeuvre et on tombait sur peu de chose...

Christiane a dit…

Oh, c'est assez récent. C'était à l'automne 2020 au centre Pompidou dans la galerie des expos temporaires au niveau 6. "Bacon en toutes lettres"
J'étais curieuse de découvrir son dialogue avec les œuvres de Nietzsche, Eschyle, T.S. Eliot, Conrad, Bataille, Leiris.
Je me souviens de triptyques immenses peints au temps où son ami Dyer se suicida.
Mais la littérature ? Leiris pour les tauromachies, oui. Bataille pour la cruauté. Conrad, je pensais à ce roman "Au coeur des ténèbres".
Puis, j'ai oublié ces références pour ne m'intéresser qu'à la peinture.
Ma préférée, une étude de taureau peinture et aérosol. Très belle, très vide.
Pour le reste je ressentais quelque chose de morbide mais également une grande force dans les formes. Et que de cris, de bouches ouvertes, ces visages épouvantés. Le portrait du pape Innocent X repris de Vélasquez était un sommet d'épouvante.
Je regardais des photos de son atelier : un chaos !
C'est un homme qui baignait dans une vie tragique, déréglée par l'alcool et les drogues.
Le tableau des Euménides m'évoquait un poulet pas cuit et pour Bataille une carcasse de bœuf sanguinolente.
J'étais médusée.
J'ai aimé m'écarter de son oeuvre, plus tard.

Anonyme a dit…

L’Annonciation de Fra Filippo Lippi est aussi très belle.

Christiane a dit…

Oui, absolument. Tempera sur panneau de bois. Un rapport presque mimétique entre l'ange et la vierge. Une colombe qui lance un rayon d'or vers Marie. Et ces couleurs... L'or (Fra Angelico) confère à ces peintures un éclat, une immatérialité qui mène au divin. Grands maîtres italiens. Florence comme un écrin. Cosme de Médicis, puis Laurent (Le Magnifique) feront de Florence, par leur mécénat , l'étoile de la Renaissance.
L'architecture toujours sobre donne élégance et profondeur au tableau.
Je ne m'en lasse pas depuis qu'à l'automne 2011, au musée Jacquemart-André, j'ai eu le bonheur de voir : "Fra Angelico & les Maîtres de la lumière", une si riche exposition.

Anonyme a dit…

Oui je suis d’accord, dans l'Annonciation de Fra Angelico,l’image nous ramène à l’essentiel,avec beaucoup de sobriété, rien ne vient détourner le regard. On devine plus qu’on ne voit. Je ne suis pas contre d’autres figures qui enrichissent le tableau,une petite hirondelle par exemple ,c’est selon.

Christiane a dit…

Oui mais la colombe est quasiment effacée dans une des trois Annonciations. Les ailes de l'ange sont une merveille. Je vais chercher l'hirondelle.

Christiane a dit…

Celle du couvent san Marco..

Christiane a dit…

Ah, j'ai trouvé l'hirondelle
dans la fresque exécutée vers 1430 pour le couvent San Domenico de Fiesole. Elle est en haut de la colonne, perchée sur le rebord du chapiteau. Elle regarde la Vierge. Merci.

Anonyme a dit…

J'aime bien le poulet pas cuit pour les Euménides...

Christiane a dit…

C'est vraiment ce que j'ai ressenti ! Quelque chose de cocasse. Comme si la forme involontaire de la représentation lui échappait. Il y a une projection de lintelligencia people sur les peintures de cet autodidacte. Il faut que ce soit grand, philosophique. Alors voyant ce poulet déplumé, dodu je pensais à toutes ces courbettes des foules devant l'art contemporain. Il y a une perte des exigences.
C'est un peu comme l'Eglise. Avec ces quelques siècles d'une loi inflexible, sa main mise autoritaire sur la conscience des gens, leur façon de vivre, de s'aimer. Maintenant que ces scandales sexuels sont mis à jour, ces gens "parfaits" le sont moins. Une chape de plomb se soulève. Nos valeurs sont un repère pour chacun. Les miennes à 79 ans me procurent un réel plaisir. J'aime l'honnêteté des miens, leur courage, leur indépendance, leur culture aussi. Des regards francs, de grands éclats de rire... comme ce poulet !

Christiane a dit…

l'intelligentsia

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si on peut considérer Judas comme un ami de Jésus, au vu de son Evangile, apocryphe, mais fort intéressant dans sa dernière édition... MC

Anonyme a dit…

Ou alors, c'est de la SF Biblique...

Christiane a dit…

C'est complexe, leur relation. Il voyait Jésus comme un homme doué de pouvoirs énormes dont celui d'abattre ses ennemis d'un signe. Un super héros. Oui, de la science-fiction. Mais il n'y a pas eu glaive, ni tuerie dans le Jardin des Oliviers. Pourquoi s'est-il pendu, après ? Son monde imaginaire n'avait plus de sens.
Les miracles desservent leur auteur permettant aux observateurs de croire avoír à faire à un magicien.
Les données de la science, à l'époque avaient beaucoup de liens avec la magie. Mais sans ces miracles, ces futurs apôtres l'auraient-ils suivi ?
Pouvoir magique des miracles entretenus par les religions...
Les dieux ont gardé leur identité magique. Les hommes ont besoin de rêver.
Judas voyait en Jésus une sorte de Superman avant l'heure.
D'où ces légendes, ces cosmogonies. Adam et Ève, une des variantes.
N'empêche que l'apparition de la vie sur Terre reste un grand mystère.
Je cite Hubert Reeves.
"Aux premiers moments de l'univers, il n'y a ni galaxies, ni étoiles,ni planètes, ni molécules, ni atomes, ni nucléons. La matière se présente alors comme une grande purée, uniforme, sans grumeaux, sans condensation, sans structure d'aucune sorte. (...)
Le premier chapitre de l'organisation de la matière se passe, un millionième de seconde après le début. C'est la force nucléaire qui cimenté ce premier édifice. (...)
Pendant les heures, les années, les millions d'années qui vont suivre, l'univers va continuer à se refroidir.
Le principal facteur est la force de gravité. Le résultat c'est la naissance des galaxies. (...)
Les Grecs divisaient l'univers en deux parties : la Terre et le ciel. Le ciel est le domaine de l'éternel. La lune est la frontière entre les deux mondes."
J'aime l'écouter en le lisant. J'ai sa voix rocailleuse en mémoire.

Anonyme a dit…

C’est dans quel roman de Hubert Reeves cette citation?Merci pour la suggestion.

Christiane a dit…

Ce n'est pas un roman mais un livre documentaire de sciences : "Poussières d'étoiles" (Points - Seuil).
Voici le sommaire :
-Le spectacle du monde
-La géographie céleste
-Au royaume des galaxies
-La gravité engendre les étoiles
-Portrait d'une étoile qui nous est chère
-Dans les débris d'étoiles
-Bâtir des planètes
-Le feu des planètes
-La vie naît dans la mer
-Le casino de la vie
-Une intention de la nature ?

Anonyme a dit…

Il y a une question qui les sépare et que Judas formule: le "Quand vas-tu rétablir la royauté en Israel?" Ce que, tout gnostique qu'il soit, l'Evangile selon Judas illustre par le triple rire du Christ! Un rire qui est ici un triple désaveu. (Edition Pléiade des Apocryphes, SVP!) MC

Christiane a dit…

Exact ! Mais il n'a pas compris ce titre si rire il y a eu. Le Christ est une personnalité ambiguë pas une image à l'eau de rose. Il y a de la force en lui, de la colère aussi. Destin cruel de ce Dieu inconscient qui l'aurait conçu pour le faire souffrir. Mon Dieu, cette filiation me dépasse et elle n'est pas en l'honneur du père !

Anonyme a dit…

Osée, le dernier roi d’Israël.

Anonyme a dit…

C'est le problème! Ce triple rire ne figure que dans l'Evangile de Judas. Il faudrait que je revoie le contexte. Reste que le dualisme Messie guerrier, Messie Pacifique est au coeur et du Christ et, d'une certaine manière, de la tradition juive.

Anonyme a dit…

On insiste un peu trop sur les paroles de paix pour ne pas voir les paroles de Guerre, de nos jours...

Christiane a dit…

Ah, j'aime beaucoup votre réaction, rarement entendue ou lue.
La perspective de la vie du Christ en est changée.

Anonyme a dit…

Il suffit de lire les textes!

Christiane a dit…

Oui, mais cela fait beaucoup de textes...

Anonyme a dit…

Il suffit de lire les textes! Le Messie Guerrier coexiste avec l'autre. On peut même dire qu'il n'a pas de sens sans lui. Et réciproquement, peut-être? MC

Christiane a dit…

Ça, ce n'est plus de la théologie c'est de l'art. L'ombre n'existerait pas sans la lumière.

Anonyme a dit…

Mais la théologie se sert de l'Art! Teilhard de Chardin, pour ne citer que lui , a des pages dignes d'un auteur de SF, spécialement quand il relate l'écrasement d'une grosse bête sur la terre. Evidemment, la Bête peut recevoir d'autres interprétations... MC

Christiane a dit…

Donc, vous êtes deux sur cette fin de page ! Il ne manquait plus que ça ! Qu'importe c'est passionnant.
Votre dernière remarque me plaît bien, MC.
Teilhard de Chardin, oui. Quel beau souvenir de lecture ! Quelle découverte !

Anonyme a dit…

Beau, je ne sais pas, mais on peut faire du chemin avec lui. Oui, nous sommes deux, dont le "Maitre de Fra Angelico", et celui des "questions sur Hubert Reeves!" Belle curiosité!
Pour le reste, je me demande s'il n'est pas fait référence à l'Osée de la Bible, l'un des douze petits prophètes, dont le nom signifierait Sauveur. Vous serait alors suggéré l'enracinement de ladite tradition salvatrice dans le Messianisme (pré Christique?) Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Je pense qu'il y a le prophète Osée mais aussi le dernier roi d'Israël.
Très surprenant cet échange entre art et Bible, douceur et colère et l'hirondelle de Fra Angelico dans oublier les nouvelles de Suzanne Palmer !.

Anonyme a dit…

Cela prouve que vous êtes appréciée.

Anonyme a dit…

MC

Christiane a dit…

Chic, alors, c'est une bonne nouvelle par ces temps sombres. Merci, MC

Anonyme a dit…

Osée,le dernier roi d’Israël, effectivement ne pas confondre avec le prophète.
Désolée je ne pense pas toujours à m’identifier.

La libraire.

Christiane a dit…

Ah chic, c'est vous ! Ça faisait si longtemps. Vos remarques, vos questions m'ont passionnée. Cela fait si longtemps que je rageais en voyant le Christ représenté seulement comme victime consentante en oubliant tous les combats qu'il a menés par ses paroles et son attitude non-conformiste. J'aime beaucoup votre pensée que ce soit sur ce débat ou sur les livres si nombreux que vous évoquez. Bon premier mai à vous et, ici, à tous ces promeneurs et à Soleil vert.

Libraire a dit…

Je vous en prie. Tous ceux qui errent ne sont pas perdus,disait Tolkien.
Bon 1er mai à tout le monde.

Christiane a dit…

Tolkien a bien raison !

Christiane a dit…

Car errer n’est pas synonyme d'être perdu ou égaré. C’est surtout un désir d’explorer, de découvrir, de douter, de réfléchir, d’évoluer... de prendre le temps de devenir.

Anonyme a dit…

Il y a un proverbe , là dessus : "ne connais pas trop une ville, tu risquerais de ne plus pouvoir t' y égarer." Cela dit, Osée nous replace juste avant la Captivité de Babylone... On est au beau temps de Teglath Phalazar et de Salmanazar ou de Sargon III coté Babylone. Mais que devient le Roi Sédécias, là dedans, qui lui se heurte à Nabuchodonosor? cf l'alexandrin de Garnier, chef d'œuvre de concision: " métamorphoserait Nabuchodonosor?"

Christiane a dit…

"Osée, fils d’Ela, saisira l’occasion pour renverser le roi en place et le faire assassiner. Il ne lui reste plus alors comme royaume que la ville de Samarie et les terres alentours d’Ephraïm, sans oublier le lourd tribut que le roi Osée dût verser au roi d’Assour en signe de soumission ainsi que le rappelle le Deuxième Livre des Rois : "Salmanasar, roi d’Assour, monta contre lui. Osée lui fut asservi et lui paya tribut" (2 Rs 17,3). "
Pas tendre, ce roi ! Et tout ça pour finir vaincu....

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Christiane a dit…

https://fr.vikidia.org/wiki/Os%C3%A9e_(roi)
Je préfère ce lien, plus neutre...

Christiane a dit…

Ah c'est bien d'avoir remonté le billet de Suzanne Palmer. Ça facilite les échanges. Merci, Soleil vert.

Christiane a dit…

Ah, vous avez bien raison. Je me plonge à nouveau dans "Le phénomène humain" de Teilhard de Chardin. Même émerveillement.

Le chapitre 3 commence comme le plus beau roman de science-fiction. Page 54.

III. La terre juvénile.

"Il y a de cela quelques milliers de millions d'années, non point, semble-t-il, par un processus régulier d'évolution stellaire, mais par suite de quelque chance incroyable (frôlement d'étoiles ? rupture interne ?...), un lambeau de matière formé d'atomes particulièrement stables se détachait de la surface du soleil. Et, sans couper les liens qui le rattachaient au reste des choses, juste à bonne distance de l'astre-père pour en sentir le rayonnement avec une intensité moyenne, ce lambeau s'agglomérait, s'enroulait sur soi, prenait figure.
Emprisonnant dans son globe et son mouvement l'avenir humain, un astre de plus - une planète , cette fois - venait de naître."

En lisant, j'ai tout vu comme un film dans mes yeux . L'étoffe de l'Univers...

Anonyme a dit…

Ailleurs il décrit l'atterrissage d'une entité avec perte et fracas. Les premières pages font très SF, avec la clameur du monstre!

Anonyme a dit…

MC

Christiane a dit…

Je cherche... J'avais oublié comme c'était beau. C'est notre histoire, notre préhistoire.

Christiane a dit…

C'est une méditation poétique, philosophique , scientifique et chrétienne. La vision de Theilard de Chardin dans ce livre est formidablement structurée. Quand il imagine la fin des humains il écrit des choses étranges, très inspiré par la science-fiction, aime observer et écrire la vie des étoiles de la matière en perpétuel mouvement.
J'aime sa lucidité sur les forces du mal qui travaillent l'humain comme l'espérance, déchirure entre les deux....
Il connaît bien la vie des plantes, des bêtes et en parle magnifiquement
Il n'élude pas les querelles entre croyants et scientifiques quant à l'origine de la vie sur Terre..
Un ouvrage lu il y a si longtemps, en partie oublié qui a toute sa place, ici..

Anonyme a dit…

Teilhard! MC

Christiane a dit…

Oh !

Christiane a dit…

J'ai trouvé vers la fin du livre un écho à ce que vous dîtes mais sans la "clameur de monstre".
C'est page 315. - dernière partie : "La Terre Finale".
Il évoque les menaces qui se multiplient : invasions microbiennes, guerres, révolutions. Il évoque aussi la littérature de science-fiction anticipant , décrivant ce déclin, ces risques.
"Chacune d'elles est parfaitement vraisemblable. Nous pouvons être écrasés, à chaque instant, par un énorme bolide. Ceci est vrai. Demain la Terre peut trembler et se dérober sous nos pieds. C'est vrai encore. Et cependant, dans la mesure où ils impliquent une idée d'accident prématuré ou de déchéance, je crois pouvoir dire, en m'appuyant sur tout ce que nous apprend le passé de l'Evolution, que nous n'avons à redouter aucun de ces multiples désastres, qu'ils n'arriveront pas. (...)
Quand un individu disparaît, fût-ce avant l'âge, un autre individu se trouve toujours là pour le relayer. Sa perte, pour la continuation de la Vie, n'est pas irréparable. Mais que dire dans le cas de l'Humanite ?... Quelque part dans un de ses livres, le grand paléontologiste Matthew a suggéré que si la branche humaine venait à disparaître, un autre rameau pendant ne tarderait pas à lui succéder."

Anonyme a dit…

Oui, le Christ est double et se revendique comme tel dans ses discours. A la fois le Fils du Dieu de Justice et le Rédempteur. Celui qui rachète. Souveraine Justice et Souveraine Bonté. Ce dernier point si les conditions sont remplies… MC

Anonyme a dit…

Je reviens à Osée: les textes disent que le Roi en place avant lui est un usurpateur. MC

Christiane a dit…

Pour quelles raisons est-ce son goût de la justice qui m'a toujours semblé essentiel. Je crois que la bonté chez un être, chez lui aussi celui ou celle qui a cette qualité ne le sait pas. C'est comme respirer, on n'en prend conscience que lorsqu'on en est empêché.

Christiane a dit…

Quelle galerie ! A vous dégoûter de ces rois !

Anonyme a dit…

MAIS LES DOUZE ROIS DE JUDA SONT REPRESENTES SUR TOUTE CATHEDRALE QUI SE RESPECTE, ET SCULPTES, ENCORE...

Christiane a dit…

Des rois d'Israël et de Juda je retiens surtout David ( psaumes ) et Salomon ( les Proverbes et le Cantique des Cantiques).
La Sagesse de Salomon si légendaire et pour David l’alliance que Dieu aurait passé avec lui et ses descendants, d'où est née l’expression : «fils de David» (pour nommer Jésus qui descendrait donc de David par Joseph et qui serait l'accomplissement des promesses de Dieu). Cette légende messianique place dans la vie de David et de Salomon des repères pour comprendre la vie du Christ.
Ces deux rois d’Israël dont j'ai retenu les noms deviendront, je crois, des modèles pour les rois chrétiens.
Les autres rois, j'ai oublié leur nom et s'ils sont dix dans les sculptures que vous évoquez à orner les portails des cathédrales, c'est certainement en liaison avec les dix commandements donnés à Moïse sur le mont Sinaï.
Je me souviens des fouilles à l'hôtel Cluny (musée du Moyen-Âge) quand on a retrouver les têtes des rois cachées là pendant la Révolution.
C'est tout le charme de l'ancien testament : façonner une légende jusqu'à l'apparition du Christ.
Ces rois ont existé mais certainement très différents de ce qu'on en a retenu...
Je me souviens vaguement des erreurs de Saül... Quant à Osée, le dernier, c'est vous qui nous l'avez offert avec l'écroulement du temple et le début de l'esclavage de ce peuple.
Eh bien, "le temps des robots" réserve une mémoire bien surprenante ! Quel voyage dans la littérature...

Christiane a dit…

retrouvé

Christiane a dit…

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/tetes-rois-juda-notre-dame.html

Les voilà !

Anonyme a dit…

Certes, mais, je le répète en complétant, les douze Rois en question figurent sur toute cathédrale qui se respecte, en tant qu'ancêtres Archétypaux des Rois de France, dont ils figurent le pouvoir sacré et thaumaturgique, qui se prolongera jusqu'en 1830, avec le Voltairien "Le Roi te touche , Dieu te guérisse", prononcé par Charles X ( Qui l'eut cru?).

Christiane a dit…

Mais pourquoi est-ce si important pour vous ?

Anonyme a dit…

Figurez-vous qu'ils figurent implicitement, avec Henri IV, dans La Prière pour le Roi partant en Limozin, du Sieur Malherbe, que j'aime beaucoup. Et que leurs équivalents plastiques ne manquent pas de charme, fussent-ils de Geoffroy-Dechaume, ou d'autres! Par ailleurs, une Cathédrale est un tout... MC

Christiane a dit…

Vous alors ! Quelle culture ! Bravo.

Anonyme a dit…

"Il n'a point son espoir au Nombre des Armées/ Etant bien entendu que ces vaines fumées / N'ajoutent que de l'Ombre à nos obscurités./ L aide qu'il veut avoir, c'est que tu le conseilles./ Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles/…" La liturgie du Sacre imprime ici le "RP Luxure", qui se révèle un grand poète…

Christiane a dit…

Malherbe a une langue superbe. Les ombres de la guerre...
Mais pourquoi ces rois d'Israël sont dans les cathédrales chrétiennes ?

Anonyme a dit…

D'abord l'époque ne connait p)as d'autre régime que la Monarchie, définie par Grégoire de Nazianze -je crois- comme le Gouvernement par l'Unique. Ensuite, ce Gouvernement par l'Unique recoupe assez bien la dimension des rois d'Israël christianisés, à la fois ancêtres et prêtres de Dieu sur terre. Enfin, le Christ n'est pas sans en descendre par quatre généalogies différentes…Ce qui fait que ces Rois ont leur sens ici, et dans une cathédrale, mettons à partir du douzième treiziéme siècle, pour ce qui est des statues, aprés la grande austérité de l'Art Roman… MC

Christiane a dit…

Quel souffle ! Donc, Unique mais porté ces ancêtres qui font lien entre deux religions. Le temps unifie... Quel mystère...

Anonyme a dit…

La Catholicité conçoit aussi l'Ancien Testament avec le Nouveau. Le souffle, il est là, avec la mise au point de l'exégèse figurative, etc...

Christiane a dit…

Le souffle... Je suis dans celui de Victor Hugo. Comme vous aimeriez... J'ai mis le lien sur la RdL. Des textes rares, méconnus sauf pour vous. Florence Delay lit comme si elle voulait partager ces textes avec nous.

Anonyme a dit…

Pourquoi pas, si elle est bonne?

Christiane a dit…

Ah oui, j'aimerais avoir votre avis.

Anonyme a dit…

Tant que je n'entends pas des hendécasyllabes à la place des alexandrins, ou des hexasyllabes en lieu et place d'octosyllabes, ca va! MC

Christiane a dit…

Écoutez et changez de volet quand votre oreille sera lasse puis reprenez vos chers livres où vous entendrez votre voix scander les phrases ou les vers de ces poèmes, de ces romans.

Anonyme a dit…

C'est moins la langue de Malherbe, certes admirable, que le retour à l'Archétype Biblique du Roi conseillé par Dieu, qui importe ici... Et il faut l'oser pour Henri IV! Mais tout cela découle de la mystique sacrale de Reims...Encore que le Béarnais se soit fait sacrer à Chartres pour raisons de Guerre Civile! MC

Anonyme a dit…

"Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles,
Et vaincra nos souhaits par nos prospérités"

Anonyme a dit…

MC

Christiane a dit…

Je n'ai pas assez étudié ces dynasties pour vous suivre.

Anonyme a dit…

Oh! Henri IV?! Et laé double nature du Roi, à la fois pecheur et impeccable. C'est cela la mystique sacrale de Reims!

Christiane a dit…

"Corps du roi'... Un bel essai de Michon.
Page 95, je lis une très juste description de la BNF. Je vais la copier mais avant , sachez, qu'à la place de cette construction, du temps de mon enfance, il y avait un petit immeuble où habitait ma grand-mère maternelle. Et nous jouions sur le quai entre les tas de sable, les grues et les bruits des remorqueurs.

Texte de Michon.

"A la BNF, la Très Grande Bibliothèque de France, la quadruple stèle François -Mitterrand, flanquée de noms de victoires, Tolbiac, Austerlitz, j'arrivai à midi le 12 juin 2002 pour dire "Booz endormi ". Je ne déteste pas cet endroit rude, dressé sur un champ de bataille au milieu d'un désert. Il prédispose au vide, au remuement amer des gros bouquins qu'on ne lira pas. Il aspire le vide universel : l'ensemble, on le sait, est une immense esplanade délavée comme un pont de bateau, coincée entre quatre bouquins de béton posés sur le pied et ouverts sur rien, à pic, illisibles. Ça contient des livres. C'est pensé à la serpe, dans une mimésis hâtive, mais très efficace et juste. (...). Ça ne manque pas de gueule. Le ciel était celui qui convient à ce lieu : gris avec des fulgurations bleues, venté, à la fois tonique et aveuglant, accablant. Les nuages allaient vite. Le taxi m'avait déposé à l'ouest, près de la Seine ; il faut monter les trois volées de marches triomphales vers François -Mitterrand ; je les montai. Il faut monter aussi vers le fauteuil de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle, je venais de le lire dans le train de la main de Hugo. On monte vers le vide et la toute-puissance. (...)
Je lus très bien, on m'en félicita.
Personne ne s'avisa de ceci : en cours de lecture, je décrochai. Je ne sais à quelle césure, à quelle reprise, à quelle strophe, à quel souffle sur Galgala ou à quelle empreinte du Déluge, à quel moment le fil cassa. Je m'aperçus soudain que je n'étais plus dans le texte : ça décollait sans moi. (...) le fil avait cassé net. Je lus la fin avec détachement, mais avec toute l'affectation d'émotion que me donnait la grande familiarité du poème, mon lien de parenté avec lui. (...)
Le ciel est très grand homme. Il est père et roi à notre place, il fait cela bien mieux que nous."

Anonyme a dit…

Oui, mais "Les Deux Corps du Roi" sont d'abord un grand bouquin de Kantorowicz, avant d être plus ou moins bien repris par Michon! Et je vous assure que la version Kantorowicz a une autre envergure que le mini-Michon! MC

Christiane a dit…

Merci, je vais essayer de la lire. Est-elle construite comme celle de Michon autour de quelques écrivains, du réel de leur vie opposé au mystère de la création faisant de ce corps plus que ce corps, un mythe, un être sacré résonnant dans son nom ?
Ce final à la BNF ( texte copié) m'a rappelé des sensations lors de sa découverte et de mes déambulations sauf , que dans mes souvenirs tous ces joyaux de culture enfermés là étaient effacés par un trou dans le réel car je l'avais habité autrement, ma mère aussi. Je l'ai conduite un jour dans ce lieu et elle revenait tout le temps à son histoire. Elle retrouvait des paysages, un vécu qui n'étaient dans aucun livre, son enfance , l'immeuble, les commerçants, le métro, les êtres qu'elle y avait côtoyés, tout ce qui a été pour elle un autre territoire, un autre temps.
Une memoire suivant les années où ils avaient quitté la Bretagne. "Un corps mortel....

Christiane a dit…

L'historien Patrick Boucheron (2006) écrit à propos du livre de Kantorowicz :

« Parce qu'il est naturellement un homme mortel, le roi souffre, doute, se trompe parfois : il n'est ni infaillible, ni intouchable, et en aucune manière l'ombre de Dieu sur Terre comme le souverain peut l'être en régime théocratique. Mais dans ce corps mortel du roi vient se loger le corps immortel du royaume que le roi transmet à son successeur. »

Ce n'est pas du tout le même thème donc. Plutôt un regard sur la royauté au moyen-âge. J'aime assez le livre de Michon plus proche de mes recherches : l'écriture et les écrivains. Je comprends que l'autre soit plus proche de vos centres d'intérêt.

Christiane a dit…

Présentation de Gallimard :

"Ernst Kantorowicz scrute le «mystère de l’État», concentré dans la conception des Deux Corps du roi : le mystère de l’émergence, dans le cadre des monarchies de l’Occident chrétien, entre le Xᵉ et le XVIIᵉ siècle, au travers et au-delà de la personne physique du prince, de cette personne politique indépendante de lui bien qu’incarnée en lui, et destinée à vivre un jour sous le nom d’État. C’est l’alchimie théologico-politique qui a présidé à cette opération capitale que reconstitue l’ouvrage.
La transmutation de la figure royale a pour point de départ le modèle des deux natures du Christ. Elle a pour moteur la rivalité mimétique à la faveur de laquelle le pouvoir séculier s’affirme en face de l’Église en s’emparant de ses attributs de corps mystique. Avec une prodigieuse érudition, Ernst Kantorowicz éclaire les fondations métaphysiques de l’État moderne. Sa volonté de retracer une «histoire totale» transparaît dans le regard que porte l’auteur sur la théorisation des Deux Corps du roi ; il associe aussi bien l’apport de l’économie, de la culture, que de l’interprétation sociale et psychologique. Le savoir le plus spécialisé est au service, ici, de l’exhumation d’un des pans les plus secrets et les plus décisifs du «miracle européen». Il fait de ce chef-d’œuvre de l’histoire médiévale l’un des livres-clés de nos origines."

Christiane a dit…

"Guillaume Erner et son billet d'humeur, le matin sur France culture :

"Kantorowicz tente de comprendre comment l’on est passé du théologique au politique, comment le pouvoir qui appartenait, au cours du haut Moyen-Age, à l’église, a été progressivement dérobé par le pouvoir politique donc laïc. Les « deux corps du roi », c’est cette opération de prestidigitation ou une fiction juridique"

Christiane a dit…

J'essaie quand même de le lire. Je vous dirai...

Christiane a dit…

Quoi, 800 pages... Vous voulez me tuer !

Christiane a dit…

Ce n'est pas mal du tout. C'est même passionnant.
J'en suis au chapitre II. 'Shakespeare : le Roi Richard II" (page 53 sur 870 !).
" Telles sont, dans la pièce de Shakespeare, les méditations du roi Henri V sur la divinité et l'humanité d'un roi. Le roi est né jumeau ; non seulement avec la grandeur, mais aussi avec la nature humaine ; par là, il est donc "en butte au murmure du premier sot venu".
C'est l'aspect humainement tragique de la gémellité royale que Shakespeare a mis en relief. (...) La tragédie du roi Richard II est la tragédie des Deux Corps du Roi."
J'apprécie qu'il explore les dualités ( le roi, le fou et le dieu) qui se recoupent, se chevauchent, avec "la misère de l'homme comme perpétuelle compagne et antithèse à chaque étape".
La "royauté " commence à se désagrèger dans la somnolence !
Tenez, revoilà Judas ! " (Trois Judas, dont chacun est trois fois pire que Judas !" (III, 2)) Puis vient la mort des rois... "Ce qui reste c'est la faible nature humain d'un roi ".
Cela me rappelle "Le roi se meurt " de Ionesco avec l'interprétation inoubliable de Michel Bouquet.

Christiane a dit…

Sur un autre plan, cette méditation renvoie à la double nature du Christ : homme et Dieu. Et au monde des vertus dont j'ai choisi qu'elles appartiennent au monde païen et humaniste et sans l'aide de l'Eglise.
La paix philosophique, la raison, l'intellect valent bien la béatitude promise aux croyants après la mort.

Christiane a dit…

Mais cette analyse érudite de Kantorowicz sur les rois n'efface en rien mon livre de Pierre Michon, si petit avec ces 100 pages et si grand par ces évocations.
Hier je vous ai évoqué la plus troublante, celle de Hugo à partir du poème "Booz endormi" et ce final très personnel à la BNF mais il y a aussi d'autres portraits, ceux de Faulkner, de Becket, de Baudelaire ... 100 pages de bonheur aux éditions Verdier.

Christiane a dit…

Michon, dès le premier texte évoque Ernst Kantorowicz :
"Le roi, on le sait, a deux corps : un corps éternel, dynastique, que le texte intronise et sacre, et qu’on appelle arbitrairement Shakespeare, Joyce, Beckett, ou Bruno, Dante, Vico, Joyce, Beckett, mais qui est le même corps immortel vêtu de défroques provisoires ; et il a un autre corps mortel, fonctionnel, relatif, la défroque, qui va à la charogne, qui s’appelle et s’appelle seulement Dante et porte un petit bonnet sur un nez camus, seulement Joyce et alors il a des bagues et l’oeil myope, ahuri, seulement Shakespeare et c’est un bon gros rentier à fraise élisabéthaine".

Michon ne renie pas le livre de Kantorowicz . il pose une autre question : les écrivains appartiennent -ils à un autre corps, celui de la littérature ?

Christiane a dit…

Y a-t-il dans la littérature une lignée par les oeuvres comme celle des rois par leur succession ?

Christiane a dit…

Et puis il doute, Michon, et semble préférer s'attarder sur la fragilité de ces grands ecrivains et sur la sienne. A la fin de chaque portrait, il doute et à la dernière page, il s'allonge sous le ciel de Paris comme Booz endormi et de sent vieux et fragile... En regardant lee étoiles...

Christiane a dit…

Ah, il n'y a que 600 pages dans l'étude d'Ernst Kantorowiicz. Les autres pages en fin de volumes sont des notes.

Anonyme a dit…

Kantorowicz est un historien, un vrai. Michon, un essayiste ou u vague romancier. (Histoire des Treize, Abbés) Le livre de Kantorowicz est mondialement connu. Il aurait été curieux, avec un titre pareil, que Michon ne s'y réfère pas!

Anonyme a dit…

En comparaison, Denis Crouzet pour les Guerriers de la Peur doit atteindre les 1200 pages! Et c'est aussi un très grand historien même si une bataille a lieu actuellement avec un représentant doué de la jeune Génération…

Christiane a dit…

Vous avez une passion pour les historiens. Je sais que Kantorowiicz est mondialement connu. Son étude est passionnante.
Bon, c'est dit.
J'ai lu tous les livres de Pierre Michon. J'aime son écriture, le sens de sa pensée. Ici, bien qu'il se soit appuyé sur les trouvailles de Kantorowiicz, il me plaît de le suivre dans son approche pleine d'humour de ces grands écrivains. Il a une nette préférence pour Samuel Beckett. Il le trouve beau en plus d'admirer son oeuvre. Je n'aurais pas pensé à cela mais c'est vrai que son visage, sa voix, son allure, ses écrits sont élégants autant que durs. Ce qu'il révèle de Flaubert est plein de tendresse et son Hugo sent le poète lu et relu avec passion.
Je respecte vos lectures, votre sérieux, vos études mais Michon me plaît par la tournure de son esprit, par son écriture. Il est bondissant.
J'aime aimer mes corsaires et il en est.
J'ai quand même fait l'effort de me plonger dans cette longue étude de Kantorowiicz. Je ne vous promets pas de la lire en entier mais vous m'avez donné envie... de relire mon Michon.
Bien à vous, cher roc de granit. Ah, vous êtes bien breton !

Christiane a dit…

1200 pages... C'est beaucoup...

Anonyme a dit…

Estimation à vol d'oiseau, et sans index final ! Je ne m'en etais pas aperçu , d'ailleurs... MC

Christiane a dit…

Ainsi donc vous volez ! Mouette ou albatros ?

Christiane a dit…

Merci, MV, pour la découverte de ce grand livre d'Ernst Kantorowiicz.

Christiane a dit…

MC

Anonyme a dit…

Non, je ne vole pas, mais je n'ai pas les deux volumes sous la main ici! Et leur lecture fut fort complète!

Christiane a dit…

C'était de l'humour ! Mais sérieusement ce livre d'Ernst Kantorowiicz est d'une richesse incroyable. Encore merci.

Anonyme a dit…

Un seul i à Kanto . Pardonnez-moi!

Christiane a dit…

Mais oui bien sûr. Je ne l'avais pas vu ce double i !

Anonyme a dit…

Lisez-le bien! MC

Anonyme a dit…

Cela dit, je n'ai pas une passion pour les historiens! Je les utilise! C'est tout de même différent!

Christiane a dit…

Oui, c'est un livre intéressant mais j'ai d'autres lectures inachevées et ma passion pour ces "deux corps du roi" est modérée. Heureuse quand même de l'avoir exploré en partie.

Christiane a dit…

En complément à ces deux Corps du Roi de Kantorowicz, cette pensée de Spinoza ( traité théologico-politique) :
"Le grand secret du régime monarchique et son intérêt vital consistent à tromper les hommes en travestissant du nom de religion la crainte dont on veut les tenir en bride ; de sorte qu'ils combattent pour leur servitude, comme s'il s'agissait de leur salut, et pensent non s'avilir, mais s'honorer au plus haut point lorsqu'ils répandent leur sang et sacrifient leur vie, pour appuyer les bravades d'un seul individu."

Anonyme a dit…

C'est une lecture, ce n'est pas la mienne, ni celle de mon dentiste, aussi Juif-je parle de la religion- que je suis Chrétien.
PS J'aime beaucoup Booz Endormi au point de le connaitre par cœur et de le reciter mentalement entre deux arrêts de bus! MC

Christiane a dit…

Booz endormi... Oui, une merveille.

Anonyme a dit…

Et pour cela, il faut que le Poète se croie Booz... MC