James
Tiptree Jr - Houston, Houston, me recevez-vous ? - Le Bélial’ - Une Heure
Lumière
Après une très longue
navigation circumsolaire le vaisseau spatial Sunbird en perdition tente vainement
de reprendre contact avec la Terre. Un autre astronef le Gloria composé d’un
équipage féminin reçoit le message. Entre eux s’établit un dialogue de sourds.
Et pour cause. Une éruption solaire particulièrement violente ou un évènement
gravifique a perturbé l’espace-temps projetant les trois hommes du Sunbird dans
un monde inconnu.
Les éditions Le Bélial ’ont eu la bonne idée de retraduire (merci J.D Brèque !) et rééditer dans la collection dédiée au format court novella Une heure-lumière, un des textes les plus célèbres de James Tiptree Jr « Houston, Houston, me recevez-vous ? ». Tel est le destin des auteurs morts. Certains éditeurs remettent le couvert, d’autres, comme cet obscur comité littéraire qui a choisi en 2019 d’effacer Alice du nom d’un prix récompensant d’excellentes nouvelles, d’autres donc remettent le couvercle.
Alice, vous avez dit
Alice ? Oui je vous ai bien reçu. Pour les nouveaux lecteurs précisons que
la révélation de l’identité réelle de Tiptree constitua en 1977 un des
happenings les plus célèbres de l’histoire de la science-fiction. Au début
était Alice Sheldon née Bradley en 1915, originaire de Chicago, fille de
parents grands voyageurs. Elle entama une carrière de peintre, puis intégra
durant la seconde guerre mondiale l’Air Force Intelligence School. Elle se
maria avec un futur ponte de la CIA puis largua tout pour entreprendre des
études de psychologie expérimentale. Après quelques années d’enseignement, elle
se consacra à l’écriture de nouvelles de science-fiction. Pourquoi avoir choisi
un pseudonyme ? Les raisons selon Pierre K. Rey en sont multiples : crainte
de la perte de respectabilité au sein du monde universitaire, plaisir du
camouflage … (1) L’existence d’Alice Sheldon, comme celle de ses
personnages, fut faite de virages brusques sans espoir de retour.
De quoi est-il question
dans « Houston, Houston, me recevez-vous ? » ? Sans déflorer
le sujet, de l’avenir de l’humanité dont le cheminement évoque celui envisagé à
pareille époque par Kate Wilhelm dans Hier les oiseaux, de la violence
que nous infligeons aux autres et dans une moindre mesure à la planète. Des
thématiques bien contemporaines. Gageons que les jurés du Hugo et du Nebula ont
apprécié le destin de ces trois hommes drogués ou en état de choc tentant de
ramasser les débris de leur conscience et de restaurer pitoyablement l’ordre et
les paradigmes anciens.
Arriverons-nous à léguer
un monde paisible, responsable, à nos enfants ? Récemment Audrey Pleynet
dans la nouvelle “Encore cinq ans” imaginait l’impensable. James Tiptree
Jr trouvait en 1976 une solution intermédiaire dans un texte devenu un
classique. Le Bélial’ fournit une postface inédite dans laquelle elle (il ?) relate
une expérience à la source de son récit.
(1) Le livre d’or de la science-fiction Tiptree -
Presses Pocket
42 commentaires:
Tentant !
Itinéraire de vie incompréhensible sauf pour elle-même. Quand elle "quitte", elle reprend sa route. Elle migre...
au cas où, il faut rappeler parmi la masse de textes consacrés à Sheldon/Tiptree/etc..; l'excellente biographie de l'autrice par Julie Phillips ("James Tiptree, JR.: The Double Life of Alice B. Sheldon").
Fête des mères oblige ! Je lis "Les deux Beune" de Pierre Michon. ( Verdier) et je me régale.
Retour au vaisseau perdu dans l'immensité du temps quand j'aurai fini ce beau récit.
l'excellente biographie de l'autrice par Julie Phillips ("James Tiptree, JR.: The Double Life of Alice B. Sheldon")."
Je note !
Répondre
Merci S
J'ai du plaisir à relire La Grande Beune ( première partie de l'ouvrage de Michon). J'aurai du plaisir à découvrir La Petite Beune ( deuxième partie de l'ouvrage ).
Entre les deux je replonge dans cet étrange roman de James Tiptree, / Alice B. Sheldon : "Houston Houston, me recevez-vous ?"
Les hommes et les femmes y sont pour l'instant non miscibles comme l'huile et l'eau. Un groupe vraiment bancal... scindé par une perte d'un temps (3 siècles) et d'une existence pour les hommes et une actualité un peu fadasse pour les survivantes. Pauvres femmes... condamnées à vieillir sans amoureux transports...
Mais qu'est-ce qui lui a pris à cette écrivain d'imaginer un tel monde ?
Par contre sa double identité, sa vie sont intrigantes.
A part cette impression des premières pages (40), de l'humour bien venu. La scène du début est idiote et n'a aucun lien avec le roman. Les scènes dans le vaisseau des hommes qui sera abandonné sont très alertes, bien menées. L'accueil dans celui des femmes est un peu lourd...
Je n'arrive pas pour l'instant à comprendre où elle veut conduire les lecteurs.
Magnifique cadeau de Et Alii :
https://www.lemonde.fr/livres/article/2009/04/23/les-onze-de-pierre-michon_1184280_3260.html
Bon, je reviens à "Houston Houston, me recevez vous ?"
Ce que j'avais trouvé idiot ne l'est pas. Il s'agit je crois de révélations, très... natures... d'un homme qui parle sous l'effet d'une drogue. Et les souvenirs qui lui échappent font état d'une attitude crispante
envers les femmes dans une vie antérieure au vol spatial.
La scène suivante dans le vaisseau Sunbird est intéressante. Ces trois astronautes sont perdus dans l'espace suite à une éruption ( c'est plus simple !) solaire. D'où le titre du livre.
Ce qui devient retors c'est - et ça nous ramène à la première scène - quand les femmes du vaisseau Gloria ayant recueilli les trois astronautes en perdition, méfiantes, les mettent sous dépendance d'une drogue afin de connaître leurs pensées intimes. Elles se rendent compte alors de leur misogynie profonde. Ces trois gaillards se prennent pour des séducteurs irrésistibles, indispensables à la gent féminine
Elles-mêmes rescapées d'une catastrophe où tous les hommes ont disparu n'existent que parce qu'elles sont clonées . Elles semblent satisfaites de vivre dans un monde où elles n'ont plus à subir la violence et la misogynie des hommes.
Ce qu'elles entendent de ces trois hommes endormis n'est guère agréable à leurs oreilles attentives.
Eh bien SV, c'est un drôle de roman que vous nous présentez. C'est la guerre entre les deux sexes !
Quel monde tristounet. Éprouvettes et clonage. Les hommes ? à dégager
! et les femmes tristes comme un jour sans pain !
Bref, cet auteur mi-femme mi-homme a des comptes à régler avec son époque...
Alors que ces personnages pourraient tous rêver au milieu des étoiles.
Je n'aime pas du tout mais vraiment pas du tout cette guerre des mondes masculins et féminins.
Bon, je fais une pause dans ce désastre pour retrouver "Les deux Beunes" de Michon. Récit parfois torride, parfois lumineux et écrit avec art.
Vous m'amusez, tantôt romantique tantôt moqueur, tantôt classique tantôt borderline. Lecteur inclassable et toujours surprenant.
Est-ce de la SF ou règlement de compte à OK Corral de la part de J.Tiptree ?
Ce texte anticipe exacerbe une montée du féminisme et l'apparition de #MeToo. Les hommes ont fabriqué un monde à leur image, violent, destructeur. Peut-on espérer un apaisement ?
Oui, il me semble aller dans ce sens mais ce n'est vraiment pas ma préoccupation. J'aime profondément un monde mixte vivant en harmonie, distinguant les particularités des femmes et des hommes, acceptant leurs mystères, leurs secrets. Un monde où il est bon d'aimer librement, acceptant paisiblement hétérosexualité, homosexualité, voire pas de goût pour l'une ou l'autre. Ces exaspérations féministes sont outrées.
Il faut bien sûr être au côté des femmes victimes de la violence de certains hommes mais ne pas oublier que ces malades ne sont pas des représentants du monde des hommes. J'en connais tant, intelligents, ouverts, drôles, généreux, capables d'amitié ou plus envers les femmes ou les hommes.
Tous ces combats d'ultra féministes sont catastreurs et mènent à la cendre.
Heureuse de votre réaction.
Je m'en voulais un peu d'exprimer ainsi mes réserves face à ce texte des années 70 qui charrie tant de poncifs misogynes.
Mais vous avez raison de le mettre en ligne à titre de document.
Le désir amoureux est un vrai bonheur, l'état psychique de celui qui aime et qui est aimé c'est le septième ciel.
Plutôt Ronsard que cet(te) auteur déprimant.
Oh la là, oui, il faut espérer un apaisement...
Mignonne, allons voir si ce la rose qui ce matin était éclose n'a point perdu cette vesprée et son teint au vôtre pareil.... ( De mémoire !)
Pierre de RONSARD
1524 - 1585
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Merci Christiane. Aujourd'hui j'ai chimio pour mon chat. La beauté et l'éphémère,Ronsard avait tout dit. SV
Oh ça c'est plus important que tout... Partage...
Jankélévitch, lors d'un entretien rapporté dans "Quelque part dans l'inachevé"(Gallimard) dit :
"Chacun porte en soi un monde secret qui le sépare des autres, et ce monde secret où l'on s'enferme, on est tenté en de rares moments de le considérer comme une chance, presque comme un bonheur qu'il faut jalousement préserver. Mais celui qui écrit redouble en quelque sorte cet isolement puisqu'il se donne lui-même en pâture, puisqu'il s'expose de son plein gré et quelquefois même de façon provocante au rejet, à l'indifférence, à l'oubli. Et plus encore que la méconnaissance, c'est la fausse reconnaissance qui est la plus douloureuse à porter." (page 16).
James connaissait bien le monde d’ Alice, et réciproquement. MC
Pour comprendre ce livre- aquarium mieux vaut n'être pas un poisson !
En parlant de Jankélévitch …
Volodine dit en substance dans Les Anges mineurs : "ma vie a 48 ans, ma mort 140 milliards d'années."
Je lui préfère ce mot de Jankélévitch placardé sur son immeuble :
" Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été : désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d'avoir vécu est son viatique pour l’éternité. "
V.JANKÉLÉVITCH, L'Irréversible et la Nostalgie
C'est tellement incroyable : "avoir été"... Tellement de hasards. Avoir ouvert les yeux sur ce monde, avoir traversé tant de vies puis oups, plus là ! Venu d'où ? parti où ?
Mais, avoir été sur cette terre avant de repartir.... Quelle aventure...
Je m'arrête souvent devant la tombe de Beyle/Stendhal au cimetière de Montmartre, avenue Rachel.
Sur la stèle en tête de la sépulture, en lettres capitales, on peut lire l’épitaphe composée de ces simples mots en italien : Arrigo Beyle/ Milanese/ Scrisse/ Amo/ Visse/ Ann. LIX M. II/ Mori Il XXIII marzo/ MDCCXLII.
(Henri Beyle, Milanais, il écrivit, il aima. Il vécut 59 ans 2 mois. Mort le 23 mars 1842.)
...
V.JANKÉLÉVITCH, L'Irréversible et la Nostalgie. Son plus beau livre. Je relis souvent les dernières pages sur Ulysse. Le vingt cinquième chant de l'Odyssée, celui qui n'existe pas.... et ces lignes :
"Les souvenirs remontent paresseusement à la surface dans la vacance du présent. Parfois la mélopée enroule et déroule sans hâte ses spires, ses orbes et ses volutes au-dessus d'une pédale continue qui indique la permanence de la fidélité et du souvenir nostalgique."
"Il a été"
"Il a aimé"
Pas l'une proposition sans l'autre
« Le vingt cinquième chant de L’Odyssee , celui qui n’existe pas ». La , il faut «delabyrinther ». Christiane! Bien à vous
MC
Je vous copie cela demain , vous verrez, c'est très beau.
Bonjour, MC
Donc, l'Odyssée. Cela me ramène au jour lointain où, sur la RdL, j'échangeais avec DHH sur l'Odyssée. Elle me conseilla la traduction de P.Jaccottet. alors que je n'avais que celle traduite par Leconte de Lisle choisie par Jean de Bonnot dans une édition si magnifiquement illustrée des peintures transposées de Notor Roton.
Je relus donc ce texte palpitant toute heureuse de découvrir différemment ces vingt-quatre chants et leur épilogue réconfortant.
Plus tard, lisant l'essai de Jankélévitch, "L'irréversible et la nostalgie", je fus sidérée par son interrogation à la fin du livre sur les sentiments complexes qu'aurait pu ressentir Ulysse à son retour à Ithaque.
Je ne peux copier toutes ces pages de Jankélévitch mais en voici quelques extraits.
"Qu'on nous permette d'imaginer à notre tour le lendemain du grand Nostos ; essayons de nous représenter ce qui arrive dans le palais d'Ithaque après des retrouvailles qui s'annoncent définitives et qui auraient dû inaugurer une ère nouvelle, l'ère du bonheur sans nuages et dans histoire. Le rideau tombe sur l'opéra de Gabriel Fauré, à la fin du troisième acte, après le retour de l'exilé, après le massacre des prétendants et le grand duo d'amour de l'époux et de l'épouse. Le rideau tombe, fort opportunément, et la musique n'a en effet plus rien à dire, ni Ulysse plus rien à chanter ; l'opéra est terminé, consommé, déroulé ! A partir du moment où le bonheur bourgeois s'installe au foyer, nous ne savons plus si le futur de l'espoir est devenu réellement un présent. (...) Écrivons pourtant, à notre manière, le vingt-cinquième chant de l'Odyssée - celui qui n'existe pas. Le chœur et l'épouse, soucieux, interrogent l'Errant, maintenant installé at home. (...) Hélas ! quelle est cette inquiétude qui déjà porté l'insularité au-delà de son île et de son bonheur bourgeois ? Ulysse a retrouvé son lieu naturel, son lieu odysséen et il n'est pas content ? Ulysse antique, une fois de retour, n'a plus rien à souhaiter. Mais Ulysse moderne commence à s'ennuyer dès qu'il est auprès de sa Pénélope, dans cette maison à laquelle son cœur depuis si longtemps aspirait. Amère dérision ! Ulysse à la table familiale ne mange pas ; il est distrait, rêveur, son regard est absent, son esprit est ailleurs ; lui qui revient de contrées fabuleuses (...) regarde sans rien voir. (...) Plutôt que de raconter ses aventures,, Ulysse reste silencieux. (...) A quoi le vagabond pense-t-il ? (..) il pense à Calypso, la toute divine, dans la grotte marine, il pense à Circé l'enchanteresse, dont la voix est si belle, (...), il pense à Nausicaa (..). Exilé, le nostalgique regrettait la maison conjugale où l'épouse tissé la trame de la fidélité, et il rêvait d'une existence casanière (...), rapatrié, il regrette (..), il y a un nuage dans le bonheur sans nuages de l'île retrouvée (...). A peine rentré, Ulysse est, dans son cœur, déjà reparti(...).
Ulysse est maintenant un autre Ulysse, qui retrouve une autre Pénélope... Et Ithaque aussi est une autre île b(...) c'est une patrie d'un autre temps. (...)
Tout au long de l'Odyssée Pénélope est comme un souvenir nostalgique inscrit en surimpression sur les évènements et les prodiges qui adviennent pendant son grand voyage ; et elle reste ce souvenir après après le retour d'Ulysse qui ne parvient pas à faire coïncider l'image de l'ancienne Pénélope avec la réalité de la nouvelle."
(suite)
"Le nostalgique s'installe dans linvincible espérance parce qu'il se reconnaît citoyen d'une autre cité et d'un autre monde, parce que sa patrie est une Ville invisible située à l'infini. Comme la Dame de la mer chez Ibsen, il regarde un rivage inconnu situé bien au-delà de l'horizon. (...) Le nostalgique cherche encore ce qu'il a trouvé. (...) Ulysse revient, et il ne revient pas.(...)
Ulysse rentré au foyer pleure en silence dans cette demeure bénie des dieux ; il pleure en regardant la vieille compagne de ses jours comme il pleurait de langueur sur le chemin du retour en regardant la mer."
Voilà, MC. Mais rien ne vaut le livre !
En effet, je saisis mieux… Bien à vous. MC
Merci, MC. Votre remarque découverte à 4 heures du matin m'a amusée. Vous avez l'art de poser des questions !
Pour Ulysse imaginé par Jankélévitch, il y a beaucoup de pertinence et d'observation. Les exilés, les otages, ceux qui ont vécu la guerre ne sont jamais les mêmes à leur retrour même s'ils sont heureux et soulagés de rentrer. Le temps et les épreuves ont modifié celui ou celle qu'ils étaient avant leur éloignement.
Dans les romans de SF ce décalage est souvent exploité.
Ici, dans le roman de James Tiptree Jr - "Houston, Houston, me recevez-vous ?" , les hommes n'ont pas changé, les femmes qui ont vécu une autre durée, trois siècles je crois, n'ont plus envie de faire alliance avec eux. Elles sont "rééduquées" par des années centrées sur l'autosuffisance des femmes entre elles. Et c'est bien triste ! Encore que l'auteur qui, ne l'oublions pas, est une femme vivant dans les années 70, en profite pour faire un portrait à charge, accusant les traits grotesques des trois hommes jusqu'à rendre possible l'idée de leur suppression.
Bref, un roman qui m'a profondément ennuyée. Comme un discours féministe tombant dans la caricature.
Reste ce ciel où le vaisseau balloté suite à une éruption solaire porte trois astronautes appelant à l'aide la NASA qui ne répond plus. C'est un passage très poétique.
Ils auraient pu avoir d'autres souvenirs, plus beaux, plus nostalgiques comme ... Ulysse...
Donc, je supprimerai tout le premier chapitre grotesque et je commencerai le roman au chapitre 2 en supprimant le premier mot.
"Il est là-bas, penché derrière Dave et Bud qui sont étendus sur leurs couchettes anti-g, et lui est loin de son poste au milieu du spationef, comme d'habitude, il contemple leur reflet sur fond de ténèbres dans le hublot bâbord inutilisable. La couche extérieure a été cuite* par la chaleur, et il arrive à peine à distinguer une tâche luisante(....)
"Houston, Houston, ici Sunbird, répète Dave ; Sunbird appelle Houston. Houston me recevez-vous ? Répondez Houston."
Les minutes s'écoulent. Ils en attendent sept pour l'aller, sept pour le retour ; à cent vingt-cinq millions de kilomètres de la Terre, c'est une marge suffisante."
Voilà c'est épatant. Tout le chapitre est intéressant. (Toutefois "cuite" me paraît impropre à la situation.)
Bien sûr je supprimerai ces femmes clonées ridicules.
Je garderai ce vaisseau qui entre en contact avec leur vaisseau en perdition..
Ah la belle odyssée que cela pourrait être...
Enfin, ce n'est qu'un rêve de réécriture... Avec des "si" on entre dans une fiction d'un... roman de science-fiction . Tous ces verbes au futur c'est pour faire semblant !
Bonne soirée.
Lisant l'émouvant billet de Paul Edel sur la mort d'un metteur en scène, sur le théâtre, les comédiens, je ne peux oublier la poésie qui émane de la dernière toile d’Edward Hopper : "Deux comédiens".
Il aurait peint cette toile en 1965 après avoir vu "Les enfants du Paradis" de Marcel Carné. Ces deux comédiens saluent comme pour un dernier adieu.
J'avais vu cette toile au Grand Palais en 2012.
Mais je reviens au texte de Paul Edel.
Dans le grand chamboulement d'un théâtre où les comédiens sont en plein travail, l'œil d'un spectateur solitaire et mélancolique pense à ce moment troublant où la rampe s'éteint, où les comédiens déserteront la scène, où les spectateurs sortiront dans la nuit le coeur encore oppressé.
Un charme fou dans cette évocation où il ne manque personne même la dame à l'aspirateur.
Cet homme écrit d'ailleurs. Le mouvement de sa main est silencieux et fuit comme un oiseau. Ici, le son étrange d'une vie qui se brise. Une certaine obscurité comme l'asile de cette confidence.
C’est vrai de ses derniers textes, oui. MC
Oui...
Je reprends la lecture d'un livre de J-P. Amette que j'aime beaucoup " Une journée particulière - 3 juin 1819 - Stendhal".
A la fin il évoque les personnages dans un tourbillon évanescent.
C'est comme cela que je continue la vie des astronautes perdus dans cet espace immense à mille lieues de la terre. de "Houston, Houston, me recevez-vous ?"
Maintenant ils s'appellent Julien et Fabrice...
page 144 et suivantes.
"Fabrice n'a qu'un but, s'évader. S'évader de tout ! Il est dans l'exaltation d'une grande évasion métaphysique, dans le péril de l'entre-deux(...) dans la pure essence de l'imaginaire, de la fantaisie, détaché de tout, accroché à un fil dans une sorte de ravissement. Il évolue hors des codes, hors des regards et des jugements (...) avec l'impertinence de la fuite.
Les héros (...) sont emportés par leur rêve intérieur pour ne plus jamais tomber. Ils entrent dans le miroir de Cocteau. Ils veulent retrouver une naissance idéale et sans pesanteur, dans un grand songe nuageux.
Ils brûlent leurs dernières cartouches (...) ils prennent tous les risques, même celui de disparaître."
Il rêvent...
"Mathilde de La Mole s'étend sur son lit avec un soupir et des bruissements de soieries (...) Clélia donne à manger à ses tourterelles (...) les enfants de Mme de Rênal courent après les papillons, sous les tilleuls.
ILS (...) sont bercés par le clapotis de leur imagination.
Stendhal regarde et protège ses personnages, sans souci de nous signifier quelque chose, pris dans la merveilleuse somnolence de l'être, là où personne, enfin, ne se raconte plus d'histoires (...)
ils sont vivants, les lumières changent (...) ils sont désormais détachés de leur auteur.
(...) Les vagues sombres de la nuit tournent autour" du vaisseau.
"Il attend (...) il imagine tout ce qui lui est arrivé comme si cela était arrivé à un autre.
Il ne peut pas se corriger de cette capacité à transformer sa mémoire en un nouvel espace pour son imagination. Là, dans cette étendue immatérielle et vide où il pourra écrire ses histoires ; comme si toute l'histoire était l'ouverture, la béance, la fissure pour, enfin, déposer ce qui est à vous-même étranger."
”Liaison romaine ”était agréable à lire aussi.
Oui, mais triste. Et quelle délicatesse pour évoquer l'éloignement progressif de la femme aimée.
Mais aussi, quelle beauté en cette ville également tant aimée. Rome, ses églises, ses fontaines, ses ruelles, ses places.
(Et la sortie des infirmières que j'ai eu plaisir à retrouver dans ses notes, il y a peu de temps.)
Eh bien sûr l'anecdote irrésistible pour sortir de cette douleur : le papier sur la mort du Pape complètement raté. "Un vrai foutoir" dira le rédacteur en chef !
Un livre magique, tout de nostalgie avant même que la douce beauté ne disparaisse...
Mais… comment ne pas aimer Rome? MC
La façon dont il l'évoque transforme Rome en un paysage mental, une ville imaginaire devenant son double lumineux. C'est un peu lui.... Mais je n'ose aller plus loin dans l'évocation de ce récit tellement intime et douloureux surtout en ce temps où ses textes sont si sombres...
Je me souviens "Au cœur des ténèbres"...
Kurtz meurt avec ces derniers mots : horreur ! horreur ! . La jungle l'a transformé en tueur d'indigènes.
Donc cet adolescent dans nom , dans Le méridien de sang, va être poussé à tuer bêtes et gens. Des indiens je suppose.
Comme ces enfants enrôlés dans des guerres, des meurtres ici ou ailleurs. Il doit être l'invisible de parents à la déglingue...
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