Richard
Cowper - L’Oiseau Blanc de la
Fraternité - Argyll
Une apocalypse climatique provoque une montée des eaux
fatale aux civilisations humaines. Au début du troisième millénaire la Grande-Bretagne
réduite à un archipel tout comme l’Europe, se fragmente en Royaumes. Au sein d’un
nouveau Moyen-Age surgit une confrérie religieuse, « Le Culte de l’Oiseau
Blanc » porteuse d’un message d’espoir. Son succès inquiète la Chrétienté,
qui lance ses Faucons gris contre les adeptes de la nouvelle Foi.
Moins connu que Le Crépuscule de Briareus issu également issu du fond Présence du futur et réédité chez Argyll, L’Oiseau Blanc de la Fraternité est considéré comme l’œuvre de référence de Richard Cowper. Elle se compose d’un prologue en forme de novella et d’une trilogie romanesque. La traduction de Claude Saunier a été révisée par Pierre-Paul Durastanti. Le récit qui s’étend sur trois générations, raconte l’émergence d’une religion dont le prophète est un adolescent et le medium, la musique. Formé par le magicien Morffed, l’enfant rassemble les foules au son de son pipeau comme le légendaire joueur de flute de Hamelin, suscitant chez ses auditeurs l’espérance d’un nouveau monde uni au sein d’une fraternité universelle. Mais alors qu’il rejoint la ville de York en compagnie d’un Conteur, un arquebusier au service du bras séculier de l’archevêque Constant, le tue. Gyre, saisi de remords, embrasse la nouvelle Foi et conserve précieusement l’instrument qu’il remettra au début de La route de Corlay au jeune Thomas de Norwitch. Celui-ci en sera le dépositaire jusqu’à sa mort et son fils Tom l’ultime joueur. Le second roman, La moisson de Corlay, riche en péripéties, raconte l’affrontement final du Cardinal Constant et de Simon contre le Royaume de Bretagne, bastion du Culte de l’Oiseau blanc, et les luttes de pouvoir interne consécutives. Enfin dans Le testament de Corlay, inspiré du mythe d’Orphée, Tom s'efforce désespérément de sauver Charmeuse, fille d’Alison et de La Pie, de la mort. Il met fin à l’ère des prophètes, avant qu’une découverte miraculeuse, sept cents ans plus tard, relance le mythe
Le titre original du cycle The Piper at the Gates of Dawn
renvoie en premier lieu à l’album fondateur des Pink Floyd dont l’intitulé vient
d’un chapitre d’un livre pour enfant de Kenneth Grahame, The Wind in the
Willows, mais aussi à la légende du Joueur de flute de Hamelin. Changer
le monde par la musique : la beauté du prologue « Le Chant aux
portes de l’Aurore » rappelle que ce texte de 1975 fut contemporain de
cette utopie de la fin des sixties et du début des seventies. Si le second
roman déroule sa trame au rythme d’un page-turner, le premier se distingue par
une construction originale. Thomas de Norwitch et Jane, future mère de Tom, rentrent
en contact avec des interlocuteurs ayant vécu mille ans auparavant. Ils
faciliteront leur cheminement vers Corlay. Par contre Le testament de Corlay fait un
peu pièce rapportée. La qualité de l’écriture, signalée par
Christopher Priest ne se dément pas tout au long des récits successifs. Des passages
de toute beauté - la Révélation de Corlay pages 283 à 285, sorte de
Confutatis-Maledictis mozartien - côtoient quelques scènes très dures.
Cycle romanesque qui dénonce l’obstination
humaine à renier ses espérances, L’Oiseau Blanc de la Fraternité honore de sa
présence les Editions Argyll, qui auraient pu tout de même se fendre d’une table
des matières.
77 commentaires:
Le début rappelle un Dune aquatique ou le Bene Gesserit serait la « Chrétienté » le reste s’en écarte sensiblement. J’ai ma petite idée la dessus. MC
"John Middleton Murry, Jr., né le 9 mai 1926 à Abbotsbury dans le comté du Dorset et décédé le 29 avril 2002 (à 75 ans), est un écrivain britannique qui publie sous les pseudonymes de Colin Murry et Richard Cowper.
Fils de l'écrivain, journaliste et critique John Middleton Murry et de sa seconde femme Violet Le Maistre, il perd sa mère peu de temps avant son cinquième anniversaire. C'est sa grand-mère qui lui donne le surnom de « Colin », dont il se servira plus tard pour l'un de ses pseudonymes littéraires."
"l’enfant rassemble les foules au son de son pipeau comme le légendaire joueur de flute de Hamelin..."
Dans ce monde recouvert par les eaux, n'est-il pas un peu Noé ?
Kenneth Grahame, The Wind in the Willows...
Le vent dans les saules...
J'ai endormi mes petits-enfants avec ces merveilleux contes.
http://www.wiki-rennes.fr/Argyll_%C3%89ditions
Alexa Neuhoff / M.Court sur la RdL. Un dialogue de qualité sur un ring....
Alexia (savoureux épisode du passage sanglant des volailles au coupe-coupe ! On dirait Maïté préparant ses poissons à grands coups de bâton.)
Alexia
et M.C
httpss://www.google.com/search?q=Ma%C3%AFt%C3%A9+assommant+ses+poissons&oq=Ma%C3%AFt%C3%A9+assommant+ses+poissons&aqs=chrome..69i57j33i10i160.18083j1j1&client=ms-android-xiaomi-rvo3&sourceid=chrome-mobile&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:a8955cfe,vid:8-lCVMAZBhM
Couverture signée Coriandre.
Hâte de le lire.
Moi aussi
Coliandre of course
C'est amusant le livre commence par la capture d'un gros saumon dans les tourbillons de la rivière !
Et le "vieux" l'assomme contre une pierre ! Décidément, il n'y a pas de hasard !!!
Tom et son pipeau et le vieux Peter. Quel duo sympathique. Ce début de livre est frais et réjouissant
Que c'est beau ce livre, cette veillée au coin de l'âtre, cet enfant qui joue du pipeau avec intuition.
Une longue et passionnante lettre écrite par Richard Cowper à son éditeur :
https://argyll.fr/richard-cowper-a-propos-de-loiseau-blanc-de-la-fraternite/
Christiane vous parlez des cygnes ou de la retraite ? Des deux ? Bien à vous . MC
Des cygnes et des oies, je crois. Votre échange m'a beaucoup amusée
Pour en revenir à "L’Oiseau Blanc de la Fraternité" de Richard Cowper, j'ai été surprise, vers la page 30 d'apprendre que tout cela se passait en l'an 3000. Rien ne laissait supposer dans l'atmosphère du récit que nous avions quitté notre époque.
La scène de pêche... au pipeau... la soirée devant la cheminée, la cuisson du poisson, le repas partagé. Tout cela est finement décrit.
Seule étrangeté, cette puissance que possède l'enfant quand il joue, sur les êtres et les bêtes. On entre dans le merveilleux d'un monde apaisé où même les morts sont de bonne compagnie car il est permis aux vivants d'être tristes et inconsolés.
Souvent le cas dans la Fantasy, ces …fantaisies chronologiques. Je crois qu’il y a un joli cas inverse ou le bruit d’une automobile traverse une ligne du Rivage des Syrtes…MC
Époque indéterminée, pays fictifs, un roman comme un rêve éveillé.
Orsenna, la Sérénissime avec ses lagunes, ses eaux croupies, ses palais, ses fêtes... ? Le Rivage des Syrtes . Gracq quitte la Bretagne pour quelque Venise réinventée.
C'est un roman très stendhalien avec ces galops de chevaux, ces jeunes nobles impatients. Mais tout s'efface aussitôt que né. Tout devient une histoire intemporelle, lente, hypnotique. Un voyage dans un pays de songe.. De longues torpeurs figeant l'attente. L'ennui...
Un tremblement du temps qui s'accentue dans la forteresse. On pense au Désert des Tartares de Buzzati.
Aldo, le poète qui trouble, dérange. Qui aime une femme presque immatérielle qu'il souhaite absente.
Alors, cette voiture... roulant vers Maremma et qui vidait l'amirauté pour quelques heures qu'Aldo regarde du haut des courtines soulever au loin un filet de poussière, ...elle traverse le paysage ou l'inconscient de l'écrivain. Comme le rêve littéraire du Tängri.
Gracq écrit un roman qui échappe à toute finalité historique. Un roman ouvert à l'interprétation.
Je pense au XIXe siècle de Stendhal et à l'Italie de ce dilettante. Aldo ? digne du Rouge et le Noir.
Une fiction avec des morceaux de réalité brute.
Un flamboiement baroque...
Les romans de Gracq , magnétiques, voilés, gardent leur mystère. Odyssées immobiles....
Terminé le premier conte, très beau, ( 78 pages) : "La confrérie de l'oiseau blanc". Encore appelé "Le conte du vieux Peter" ou "Le livre de Gyre". Premier des vingt-deux livres.
La mort précoce de ce jeune Tom semble appeler d'autres réapparitions du même personnage. Peut-être aussi que le temps n'est pas venu. Qu'il suffit d'attendre.Votre préambule est précieux qui de plus rattache cette œuvre à d'autres.
Non, pas le Rouge et le Noir. C’est tout de même un serviteur de l’Etat par sa famille. Le point de l’engrenage qui provoque la catastrophe, oui. Mais avec un côté plutôt Fabrice que Julien. Aldo se trouve inclus dans un Destin qui le dépasse et débouche sur une catastrophe. Mais le vivant, îl ne l’a pas su. Il a attendu on ne sait quoi, un peu comme ces gens qui écoutaient le sermon de l’ Étoile.,,MC
Fabrice... oui. Ce rêveur qui bondit vers Waterloo et traverse les Alpes comme un aigle pour rejoindre la bataille. Oui, son destin le dépasse et il ne sait pas trop qui il est, passant d'un état à un autre sans prendre le temps d'être. La Chartreuse... la prison... Clélia...
En quelques mots vous le faites surgir d'une lointaine lecture.
Lui est dans ma bibliothèque avec sa fougue et ses rêves. Merci.
Quant à Julien, il est beau, sort du lot. Grand lecteur il rêve de l'épopée de Bonaparte, se rêve.
Les héros de Stendhal sont tous beaux et juvéniles, avec ou sans naissance noble.
Quant à Julien Gracq, par son écriture, il nous fait sortir de l'Histoire pour entrer en contemplation...
Les personnages de Gracq sont aussi, par leur attente un peu nauséeuse proches du Meursault de Camus... Étrangers au monde factice qui les entoure, ce monde où les civilisations meurent. Evasifs et lointains...
Alors, comme Aldo et Vanessa, au sommet de l'île, ils contemplent au-delà du rivage, la rive ennemie. L'écart d'un rêve... dans une attente qui devient une durée vacante, suspendue.
Une attente qui crée l'évènement. Un Eden volcanique au sein de la guerre. Aldo, l'homme -enfant si proche des héros de Stendhal.
Mais vous avez raison, c'est un imaginaire fantastique, ressemblant à la mémoire, aux rêveries.
Parfois je pense aux tableaux de Magritte. Des intuitions poétiques. Des rencontres éphémères qui ne sont qu'illusions, fantasmes.
Votre automobile y tente une traversée hasardeuse. Une route. Une présence humaine dans un paysage immobile. Un roman comme un dédale car l'attente tente l'impossible.
Vos remarques entraînent toujours loin de l'actualité.
Soleil vert est silencieux. Il pose une chronique et disparaît, laissant la maison vide. Alors on ouvre les livres et on entre en mémoire comme d'autres entrent dans le sommeil.
.
Retour à "La confrérie de l'oiseau blanc".
Chapitre I - livre 1. "La route de Corlay".
Un noyé est posé sur le pont du bateau.
Escale.
Une jeune fille aux pouvoirs etranges monte à bord et s'approche de lui.
Le passage qui suit est magnétique. Page 85.
"Le calme descendit comme le crépuscule, tandis qu'elle s'enfonçait lentement dans l'obscurité avec lui, telle une carpe au fond d'un étang. Étendant des doigts mentaux comme des antennes, elle écarta les brumes jusqu'à ce qu'enfin des lambeaux des souvenirs de l'homme luisent faiblement aux limites de sa propre conscience."
Très bel extrait.
On est vraiment dans la voix du conteur,jusqu’à ces lieux où s’achève la lumière.
On dirait presque du Garcia Marquez.
Oui, Biancarelli, c'est un livre envoûtant magnifiquement écrit tout en restant limpide. Bravo aux traducteurs Claude Saunier et Pierre-Paul Durastanti .
Le conte qui servait de prologue rend compréhensible ce long retour du noyé à la vie et l'époque future du récit (troisième millénaire) place cette fiction dans un univers où merveilleux et réalisme cohabitent harmonieusement..
Oui, un souffle à la Garcia Marquez.
Il y a une nouvelle de Garcia Marquez où un enfant, Macombo, je crois, est entre la vie et la mort, en évolution dans un cercueil où il continue de grandir, de se transformer en s'autoalimentant et où il devra choisir entre mourir ou revenir à la vie , et attendre la fin du livre pour mourir. Le réalisme magique si particulier à cet écrivain, qu'il tient je crois des contes que lui racontait sa grand-mère. Ses personnages sont toujours entre la vie et la mort.
C'est un peu le cas pour Tom cet adolescent au pipeau, un peu magicien, qui doit mourir et renaître comme le phénix..
Il y a une nouvelle de Garcia Marquez où un enfant, Macombo, je crois, est entre la vie et la mort, en évolution dans un cercueil où il continue de grandir, de se transformer en s'autoalimentant et où il devra choisir entre mourir ou revenir à la vie , et attendre la fin du livre pour mourir. Le réalisme magique si particulier à cet écrivain, qu'il tient je crois des contes que lui racontait sa grand-mère. Ses personnages sont toujours entre la vie et la mort.
C'est un peu le cas pour Tom cet adolescent au pipeau, un peu magicien, qui doit mourir et renaître comme le phénix..
Au fond l'oiseau blanc de la fraternité n'est pas loin du texte de Camus qui le précède.
Vous retrouverez ce réalisme magique à BL’ oeuvre dans le recueil d’ articles des années 1950 qui vient de paraître de Marquez. On peut se demander toutefois si l’âge d’or de la presse des années 1950 ne l’a pas plus servi qu’il ne s’en est servi. Mais il n’importe, c’est intéressant. À mettre en regard, cependant , de ce qu’étaient capables d’offrir Paris-Match ou Life dans ces années là…MC
Oui, Soleil vert. Il fallait y penser. Je viens de le relire. Votre pensée est juste
Mais même 1000 ans plus tard, dans cette fiction, ce rêve de paix est menacé ici par un régime théocratique qui y voit un danger pour sa toute-puissance.
J'aime beaucoup dans le discours de Suede quand Camus dit : "Mon métier est de me tenir auprès de tous ces hommes silencieux qui ne supportent dans le monde la vie qui leur est faite que par le souvenir de brefs bonheurs."
Le terme "métier" est très fort. ( Comme Pavese : " Le dur métier de vivre" )
"L'avenir viendra d'une longue douleur et d'un long silence."
Pavese - "Le Métier de vivre" - page 1400 du "Quarto Gallimard"
Traduction M.Arnaud et G. Moget, revu par Martin Rueff.
Ce journal d'une vie où l'on voit Pavese au travail dans le laboratoire de l'écriture. Il s'y met à nu.
Le réalisme magique de Marquez. "dans le recueil d’ articles des années 1950" qui vient de paraître. Merci, M.C.
Sur la route de Corlay, tout s'éclaircit.Tom est de retour avec son pipeau. La jeune femme Jane, si intuitive et douée pour les prémonitions est à ses côtés, et voilà qu'apparaît un homme plongé dans le coma depuis mille ans.
Tous les trois doivent se rendre dans le sanctuaire de Corlay, en Bretagne, pour y déposer le testament de Morfedd. ..
C'est la première fois que je rencontre dans un roman des personnages qui se contiennent les uns dans les autres par de possibles reincarnations. Cela me fait penser à ces poupées gigogne en bois peint identiques de taille décroissante et s'emboîtant les unes dans les autres.
Ainsi un adolescent peut porter en son être un homme qui a vécu mille ans auparavant...
Hors de la fiction, ne portons-nous pas en nous la mémoire d'anciens de notre famille que nous n'avons même pas connus ?
Au point où j'en suis dans ce roman tellement surprenant, je me demande si le temps n'est pas à inverser. Si certains personnages jeunes ont leur futur dans un passé très lointain. Ça serait vraiment intéressant. Remonter le temps mais pour retrouver ce que l'on va devenir.
Quel sens aurait alors le passé ? Comme un souffle venu du futur.
Les mondes de la science-fiction permettent d'explorer des possibles ressemblant aux fractales de Sergio.
Bravo Soleil vert pour vos choix.
Magnifique méditation de Raymond Prunier sur Borges. (Voir son blog).
Hier, j'ai lu ce passage page 170. Il contient une clé qui ouvre je ne sais encore quelle porte.
"- Je ne sais que penser, Jane. Qui est cet homme ? Quelque âme perdue qui, pour pénitence, doit errer à travers le monde ? Et qui aurait trouvé un logis en mon esprit ? Suis-je, moi, Carver, et lui Thomas ?
- Il est perdu, c'est tout ce que je sais.
- Mais ne m'aviez-vous pas dit que vous l'aviez trouvé ?
- En vous, seulement,, Thomas. Comme part de vous."
Ou encore, page 179 :
"Il est là. Il s'appelle Michael
. Michael Carver. Il a vingt-huit ans. ou mille vingt-huit... Il vient d'avant l'inondation.
- Quoi, vous avez parlé avec lui ?
- Comme en rêve. Il se croit mort.
- Et il l'est ?
- Non, ça j'en suis certaine. Il est toujours lui-même et cela doit signifier que son corps est en vie quelque part. Je n'ai encore jamais lu en un esprit après la mort d'un corps.
- Il est donc vivant ? Et dans un temps avant l'inondation ?
- C'est incroyable, je sais. "
Il semblerait que Richard Cowper ait eu la même grand-mère que Garcia Marquez !
Que Christopher Priest aimait ses livres n'est pas du tout étonnant.
Ce roman ressemble à un jeu d'échecs où le lecteur joue contre l'auteur (comme cette scène célèbre du film de Bergman, "Le septième sceau" , où le chevalier joue contre la mort .)
Ah !
Page 198
"- A mon avis, "maintenant", le moment présent, n'est pas plus fort que notre conscience de l'avenir immédiat, que nous nous représentons en extrapolant à partir de notre souvenir du passé. En fait, "maintenant" n'existe pas. C'est une abstraction, un concept philosophique. Nous vivons dans un perpétuel devenir, toujours ayant été, devenant. Et il est fort concevable que toutes les formes du temps ne soient qu'un seul et même temps observé de points de vue différents."
Saint Augustin est battu à plates coutures !
Page 229. Une fin de citation de T.S. Eliot.
"Temps présent et temps passé,
Sont peut-être tous deux présents dans l'avenir
Et l'avenir contenu dans le passé."
Une fois mise en place cette trame mouvante du temps où Jane sert de passeuse, permettant de déplacer les personnages comme des marionnettes, il fallait un objet magique : le pipeau. Qui ne devient magique que si le héros, Thomas/ Tom s'en sert.
Cette musique alors transforme les belliqueux en agneaux..
Mais le Mal est là poursuivant ces jeunes héros, répandant la mort.
Et les voilà, épris tels Tristan et Isolde sur la route des sortilèges en quête d'un secret, dans le de l'oiseau blanc.
Ce n'est pas la paix de Camus ni la colombe de Picasso c'est plutôt Sisyphe hissant sa pierre immense et lourde, encore et encore, qui devalera la pente une fois le sommet atteint. Maudit des dieux.
Il naît alors un monde absurde où l'homme guette les bruits de la guerre qui approche, toujours, comme dans la dernière méditation de Paul Edel.
"Le "Sursis"de Sartre ou l'imminence de la guerre. "(21/01) chez Paul Edel.
Sartre, Aaron et Camus... Amitié fracassée par la guerre et ses ramifications.
Mais au moment de la mort de Camus, Sartre écrivit dans Le Nouvel Observateur :
"Nous étions brouillés, lui et moi : une brouille ce n'est rien - dût-on ne jamais se revoir - tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m'empêchait de penser à lui, de sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu'il lisait et de me dire : "Qu'en dit-il ? Qu'en dit-il EN CE MOMENT ?"
Roger Grenier écrit à propos du "Mythe de Sisyphe" et de "L'Homme révolté" d'Albert Camus :
"Sisyphe est seul avec son rocher. C'est un damné. L'unique révolte qui lui soit permise, dans sa situation absurde, c'est d'avoir le courage de se dire heureux. L'homme révolté n'est pas seul, puisqu'il se révolte contre d'autres hommes, contre tous ceux qui ont décidé de réduire leurs semblables en esclavage."
Page 201 - "Albert Camus -Soleilet ombre" Roger Grenier (Gallimard)
Et il ajoute : "Le Non de l'esclave va plus loin que le Oui de Sisyphe. Camus le dit lui-même. si la révolte est la première évidence, "cette évidence tire l'individu de sa solitude.
Voilà, Soleil vert : Page 229. Une fin de citation de T.S. Eliot.
"Temps présent et temps passé,
Sont peut-être tous deux présents dans l'avenir
Et l'avenir contenu dans le passé."
Et voici pour plus de précision sur cette citation de T.S.Eliot :
https://www.ecritsdesforges.com/produit/tetralogie-quatre-quatuors/
La notice de wikipédia me paraît très complémentaire, situant l'écriture de ce poème de T.S.Eliot dans l'Histoire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_Quatuors
Fascinant !
C'est maintenant Michael et Rachel qui viennent à nous, portant dans leur mémoire Jane et Tom. Alors qu'ils vivent dans le passé.
Et l'on arrive au livre 2 : " La moisson de Corlay". Retour dans... le passé. Le 3 janvier de l'an 3019 sur les côtes rocheuses de Bretagne. Tout près de Saint-Brieuc. Un navire , le Sans-Pareil, attend au large sur la tempête se calme.
Plus tard un voyageur descend à terre. La Pie.
Il va à Corlay par la route de Saint -Brieuc. Il trouva ce qu'il cherchait : le château.
Sur un écusson de marbre était sculpté, planant au-dessus de voyageurs, "protecteur, si neuf qu'il paraissait d'une étonnante blancheur dans l'obscurité, l'Oiseau de la Fraternité déployant ses ailes...
Et voilà , c'est parti pour le livre 2...
Jane, dans le château, sur le point de mettre au monde un enfant accueille son vieil ami, La Pie, et lui demande anxieuse, des nouvelles de Tom/Thomas. Apprend ainsi qu'il s'est peut-être noyé...
Ce conte est un vrai labyrinthe mais peu à peu, on y circule aisément car toutes les situations s'imbriquent les unes dans les autres comme des poupées Gigogne. C'est vraiment construit comme un thriller ou Sherlock Holmes ferait des salto-arrière dans le temps.
ah ah
Au fait, merci pour la citation de T. S. Eliot, Christiane, je les compile.
Amicalement
Il y a du poète en vous !!!
Un excellent résumé de Sens critique, dont j'aime les critiques :
"Pour étouffer le culte mystique qui s'est développé autour de l'«oiseau Blanc», l'Eglise officielle, accrochée aux derniers lambeaux d'un pouvoir qui s'effrite sur une Angleterre post-cataclysmique, retournée à un monde de vie médiéval, tente d'assassiner les disciples de Thomas, le joueur de pipeau. Mais celui-ci a eu un fils, et une correspondance mystérieuse s'est établie à travers le temps et l'espace par l'intermédiaire du «huesch», ce pouvoir qui n'est peut-être qu'un don de prémonition et de double vue, mais peut-être aussi autre chose. "
J'ajoute que le bébé est un garçon qui se nommera ...Tom...
La notice de Sens critique est celle de l'éditeur.
Mais que lui a donc fait, à cet homme la petite ville bien réelle de Corlay?!Il y passe ses vacances incognito?!
Le Garcia Marquez posthume est titré le Scandale du Siècle. Titre malin qui pourrait s'appliquer à toutes les affaires recensées, bien oubliées mais remarquablement montées en épingle par un couturier né. MC
Richard Cowper répond à bien des questions sur cette suite de contes dans cet entretien mais pas à votre question, M.C. pourquoi Corlay ?... Si près de Saint-Brieuc que je connais bien. Corlay et son vieux château démoli puis reconstruit, sa lande.
La mer tout autour puisque dans cette fiction, après l'inondation, la Bretagne est morcelée en îles comme le reste de la France, comme l'Angleterre. Mais les villes, les paysages sont bien ceux de cette région. Le reste est dans la tête de Richard Cowper. Il en parle ici avec beaucoup de sincérité.
Biancarelli a eu une belle intuition en rapprochant cet écrivain de Garcia Marquez. Ils ont une certaine incertitude en commun sur les morts.
https://argyll.fr/richard-cowper-a-propos-de-loiseau-blanc-de-la-fraternite/
Le premier texte du 21 janvier. "La main de Borges".
J'aime moins la suite dialoguée. (2) Du 23 janvier.
M.C.,
Est-ce que ce passage du chapitre 4, page 317, vous paraît refléter une réalité historique ?
" La grande salle (du château de Corlay) restait essentiellement telle que l'avait conçue à l'origine (...) ce maître des maîtres maçons, Roger de Vaucours, quand Éric de Carhaix l'avait chargé de construire une demeure digne de son amante Marguerite la Blanche."
J'aime moins la deuxième partie. Je crois que je vais m'arrêter à l'enfance du petit Tom qui, bien sur joue merveilleusement du pipeau et porte en lui une mémoire étonnante.
Les guerres de religion et les affrontements qui suivent m'intéressent moins.
Mais la première partie et ses troiis livres ainsi que le prologue sont une merveille. La souffrance y est présente, l'amour et la mort aussi... Ainsi que les surprises des reincarnations.
Merci pour ces découvertes, Soleil vert.
Donc page 380.
J'arrive donc à la troisième partie. Page 428. J'aime retrouver dans les premières pages le ton de la première partie.
Tom est maintenant un jeune homme de dix-huit ans qui vit en Bretagne près de la mer de... Nantes. Il joue toujours du pipeau, celui qui avait appartenu à son père Thomas de Norwich. Il a un ami, David, arrivé en même temps que lui à Corlay.
La suite à demain...
Les noms des possesseurs tels Eric de Carhaix et Marguerite la Blanche. -pourquoi pas la Noire? - sont de haute fantaisie,Christiane, mais il existe bien à Corlaix des restes d’un château qui a joué un grand rôle au Moyen Âge jusqu’au XVI eme siecle, où il est investi par Mercoeur puis passe à la maison de Rohan, L’Eglise paroissiale serait l’ancienne chapelle du chateau, ce dernier point sous réserve. Donc une place-forte, oui. En revanche la côte Nantaise est plutot plate. Mais il faudrait voir…. MC. PS cf InfoBretagne, Corlay. Site compilatoire dont le danger est de citer un peu tout le monde sans le dire. Voir la page de Frottier de la Messeliere, érudit serieux: une promenade à Corlay, en tenant compte qu’elle doit dater de 1900…
Guerre ( guère?) De religion: Le château appartint à Mercoeur, duc de Lorraine, et adversaire d’ Henri IV jusqu’à la conversion du Béarnais.
Merci, M.C.
Pour les guerres c'est tout imaginaire. Elles sont liées au culte de L’Oiseau Blanc de la Fraternité, dont les membres, que les Pères Gris de l’Église considèrent comme hérétiques, sont traqués par les Faucons et leurs espions les Corbeaux.
Par contre merci pour la réponse précédente concernant Eric de Carhaix et Marguerite la Blanche. -("pourquoi pas la Noire? -" ). Donc, ils sont de "haute fantaisie" !
Je vais, ces questions étant résolues, découvrir ce que cet écrivain qui a beaucoup d'imagination réservé aux jouvenceaux Tom et David.
Bonne nuit et encore merci.
Ah, dernier point, Richard Cowper a imaginé que tous les glaciers et la banquise ont fondu pour qu'en l'an 3000 toutes les terres (dont la Bretagne !) soient submergées par les eaux. Néanmoins le château de Corlay est toujours là !
Eh bien, cher M.C., vous allez sourire. Ils sauvent une jeune fille dont l'embarcation s'est retournée.
La belle Alice dit venir de Sainte-Anne où son parrain l'héberge dans son château de La Porte et appartenir à cette fameuse Fraternité ...
(On prend les presque mêmes et on recommence !)
Tout comme R.P. aurait dû en rester à son premier texte sur Borges et la pyramide, Richard Cowper aurait pu ne pas donner de suite à son premier roman.
Je referme le livre trois, inachevé. Je n'arrive pas à m'y intéresser vraiment.
Mais dans les deux cas ( R. P. et R.C.), J'ai trouvé les premiers textes d'une grande beauté.
Je vais retourner à Albert Camus.
Oui c’est la légende de la Ville d’Ys, commune aux trois pays celtiques selon La Villemarque, et appliquée à la Bretagne! Mais alors comment il y a-t-il encore une cote nantaise, plate, si plate, qu’elle devrait être la première engloutie?…,
Peut-être parce qu'il ne connait pas la région, juste certains noms de lieux.
J'attendais beaucoup de l'exploration de ce temps mobile mais ces disputes entre clans religieux, désirs de pouvoir l'emportent peu à peu.
Les battements que je sentais entre les personnages dans la première partie du livre et le conte inaugural, je les ai perdus ensuite.
Était-il souhaitable de réunir les trois livres ?
Mais j'ai beaucoup aimé le livre jusqu'à la page 380 et , à la fin, cette idée d'un épilogue qui met en place la rencontre de deux historiens, miss Coley et Mr Cartwright sur ces Apocryphes aviens et le Journal qui suit commencé en 3798.
Un éditeur... imaginaire, son fils, met la main sur ces caisses de manuscrits en 3844...
Il trouve cette histoire tellement curieuse qu'il la publie...
Légende de la ville d'Ys... Je ne sais...
Sainte Anne, c'est plus plausible. Plateau rocheux assez elevé. Mais s'agit-il de Ste Anne d'Auray, ou de l'asile?! Les querelles religieuses ont une tradition dans la SF. Je ne sais si c'est un inconscient anti-papiste qui les gouverne, mais compte tenu du nombre ecrasant d'anglicans (pas les pires) ou de protestants ( une myriade!) parmi ses auteurs, je crois qu'on peut parler d'un retour du refoulé... MC
C'est intéressant ce que vous dîtes, M.C.
Oui, il y a beaucoup de religions(s) dans la SF et comme vous le savez, ce n'est pas ma... tasse de thé ! Ici ça vire même au mysticisme à la superstition.
Comme dans d'autres romans SF, après un désastre (ici la montée des eaux) l'humanité survit et régresse
Pas de voitures, d'avions, de moteurs, d'électricité, de téléphone. Juste de la magie et des arbalètes...
La croyance est alors pour les uns une utopie, pour les autres un moyen d'oppression.
Ce n'est pas un univers qui me plaît.
Les rares traces de technologie ont été enfouies avec le vingtième siècle.
Le texte de Camus à Stockholm est plongé dans la guerre d'Algerie, les attentats, sa position délicate de français vivant en Algérie. Un étudiant l'apostrophera vivement lors de son discours.
Puis Sartre s'éloignera de Camus qui voit clair dans les déportations en URSS là où certains intellectuels dont Sartre croient encore au rêve communiste.
Mais au moins c'est du réel.
Les héros de la saga de la Fraternité de l'oiseau blanc me cassent les pieds avec leurs faux problèmes et ce joueur de pipeau finit par me taper sur les nerfs. Belle astuce de l'auteur pour dominer les réactions des hommes et des bêtes.
Pas beaucoup de libre arbitre dans tout ça. Et beaucoup de transmissions à l'identique.
Première nouvelle très belle. Première partie je aletante . L de scdeux dernières parties jouent inutilement les prolongations.
Bien à vous, comme vous dîtes.
Je relis Camus. Je me retrouve dans mon élément.
PS : bise à Soleil vert qui n'y est pour rien dans mes avancements et à Raymond dont j'apprécie poésies et textes en prose mais pas du tout les tentatives de dialogue théâtral.
Première partie haletante . Les deux dernières ....
agacements plutôt que avancements
Enregistrer un commentaire