lundi 12 septembre 2022

Océanique

Greg Egan - Océanique - Le Bélial’

 

 

 

 

Cette fiche est une réédition telle quelle - hormis quelques mises à jour de données éditoriales - d’une chronique publiée initialement sur le site du Cafard Cosmique le 01/11/2009. L’ouvrage fera l’objet d’une reparution au Bélial' en 2023 sous une nouvelle couverture.

 

 

Océanique constitue le troisième volet d’une projet éditorial – l’intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan- débuté avec Axiomatique et Radieux. A l’inverse des deux premiers tomes, il ne reprend pas le contenu intégral du recueil original… à charge de le compléter dans un quatrième volume.Alain Sprauel, maître d’œuvre de la présente publication justifie dans un avertissement ce choix : « les positions philosophiques de certaines des cités évoquées dans « Les Tapis de Wang » trouvent leur origine dans la réflexion du personnage de « Poussière », le tout se poursuivant de manière directe dans Océanique. » Autre exemple, « Oracle », dont « Singleton » constitue une préquelle. Le choix d’une cohérence narrative a donc présidé à l’assemblage de ce recueil.

 

Rançon de cette unité d’inspiration Océanique déploie une moindre diversité formelle qu’Axiomatique. Mais un texte de Egan s’apparente aussi à une aventure intellectuelle. Et dans ce domaine le lecteur n’a pas le temps de souffler : suspension de l’incrédulité (« Lama »), réification de la métaphore (« Océanique ») … L’écrivain australien explore également des voies traditionnelles : le thème du transfert dans « Poussière » ou « Le réserviste », l’éthique dans « Le Continent perdu ». « Dans Les tapis de Wang » il propose aux post-humains deux avenirs opposés, l’exploration du réel ou une plongée dans les univers virtuels. Rien de transcendant pense-t-on, si ce n’est que Egan décèle dans l’attirance pour la virtualité une tentation de l’anthropomorphisme. L’Humanité future ressuscitera incidemment le vieux débat entre Galilée et l’Eglise : doit-on placer l’Homme au centre de la création ? Enfin le talent de l'auteur éclate aussi dans sa manière de renouveler les thèmes traditionnels de la science-fiction, grâce à une culture scientifique hors du commun. En témoigne « Les entiers sombres », récit sur les univers parallèles.


Au sommaire

 

  • Gardes-frontières
  • Les Entiers sombres
  • Mortelles Ritournelles
  • Le Réserviste
  • Poussière
  • Les Tapis de Wang
  • Océanique
  • Fidélité
  • Lama
  • Yeyuka
  • Singleton
  • Oracle
  • Le Continent perdu

 

Gardes-frontières

 

Placer une partie de football quantique entre transhumains en début d’Océanique relève d’une gageure éditoriale. « L’assassin infini » extrait du précédent recueil Radieux du même auteur, de bonne facture de surcroît, mais publié dans des conditions identiques, avait soulevé les réserves d’une partie du lectorat. Dommage, en regard du feu d’artifice à venir…

 

 

Les entiers sombres.

 

En travaillant sur des théorèmes relatifs à la théorie des nombres, deux mathématiciens mettent en évidence une série de résultats arithmétiques contradictoires. Ils découvrent que cette discontinuité dissimule une frontière entre deux mondes parallèles, chacun d’eux possédant ses propres lois mathématiques et physiques. Un contact pacifique s’établit de part et d’autre jusqu’au jour où le camp adverse décide de bouger la ligne de démarcation et provoque un conflit d’un genre nouveau…

Un récit intéressant mais un peu sec sur le thème des univers parallèles.

 

Mortelles ritournelles

 

Un laboratoire privé de recherche neurologique fabrique des tubes musicaux et propose à un consultant d’en soumettre quelques échantillons à ses clients, des agences publicitaires.Sur l’air de « La musique qui rend fou » une ritournelle convenue mais pertinente.

 

 

Le réserviste

 

Les nantis d’une société future se constituent des réservoirs de clones à usage multiple : stocks d’organes, partenaires sexuels…L’un d’entre eux tente une transplantation de cerveau. Dans ce récit inquiétant d’une communauté de milliardaires amoraux à l’image de La Saga des Hommes Dieux de P.J Farmer, Egan croise avec bonheur plusieurs thèmes. Le clonage comme perversion, le transfert (la permutation), le dédoublement de personnalité, une piste également empruntée dans la nouvelle suivante. Un excellent texte.

 

Poussière

 

Comment devenir immortel ? A défaut de clones, il peut être tentant d’expédier une copie numérique de soi-même dans un espace virtuel. A condition que le double soit d’accord. A l’instar d’un Priest, Egan se saisit du thème de la dualité pour élaborer une réflexion métaphysique vertigineuse : peut-on assimiler l’homme et l’univers à de l’information ?

Egan tirera de ce récit publié en 1992 dans Isaac Asimov’s Science Fiction Magazine, la matière d’un de ses plus fameux romans La cité des permutants (2).

 

Les Tapis de Wang

 

Remplacée par des clones ou des répliques numériques, l’Humanité a disparu au profit d’une nouvelle espèce, les transhumains, des hommes libérés de toute contrainte biologique. L’une de leur diaspora s’élance dans le cosmos à la recherche de formes de vies extra-terrestres. Dans ce vrai faux space opera, Egan dresse brillamment le portrait d’une post-humanité hésitant entre chair et virtualité et renouvelle le débat sur la place de l’homme dans l’univers. « Les Tapis de Wang » est extrait de Diaspora, un roman paru en mai 2019 au Bélial'.

 

Océanique

 

Long récit de l’itinéraire spirituel d’un être humain abandonné par la foi, « Océanique » prend sa source, selon Serge Lehman, dans une correspondance de Romain Roland et Freud sur le sentiment religieux qualifié de tel par l’auteur des Hommes de bonne volonté. Loin des nouvelles « coups de poing » de Clarke sur le même thème, ce texte sensible constitue au passage un parfait exemple de « réification de métaphore », autrement dit une métaphore prise au pied de la lettre.

 

Fidélité

 

Une femme mariée soucieuse de la longévité de son couple persuade son conjoint d’utiliser un implant neuronal garant d’une fidélité réciproque. Greg Egan procède ici à l’inverse de ce qui a fait sa réputation : il multiplie les mots et non les idées. Une littérature d’introduction à la science-fiction.

 

Lama

 

La fille d’une poétesse assassinée engage un détective privé. Au banc des accusés une puce neuronale le Langage d’Analyse et de Manipulation de l’Affect. Elle permet d’une part de conceptualiser, de traduire en mots l’intégralité de l’expérience humaine d’un individu dans lequel elle est implantée mais aussi de générer n’importe quel état émotionnel. L’enquête révèle qu’un couple s’apprête à déposer un recours juridique pour généraliser l’utilisation de cet outil aux enfants âgés d’au moins trois ans…

Le meilleur récit de ce recueil, intrigue passionnante, vaste champ de réflexion sur le langage, les univers immersifs, sans compter les réminiscences d’Ulysse de James Joyce et du Village des damnés de John Wyndham.

 

 

Yeyuka

 

Un médecin australien bénéficiant des dernières technologies en matière de santé découvre le prix de son immunité au cours d’une mission humanitaire en Ouganda. Une nouvelle intéressante mais dépourvue de ressort dramatique.

  

Singleton

 

Un physicien met au point un nouveau type de processeur quantique, premier pas vers le développement d’intelligences artificielles à développement autonome, c'est-à-dire d’humains dotés de cerveaux numériques. Une réflexion sur le libre arbitre pas tout à fait convaincante.

 

Oracle

 

Dans les années de guerre froide, Robert Stoney, professeur de mathématiques à Cambridge et barbouze par intermittence, purge une peine de prison de trois ans. Un androïde venu du futur le délivre. Nanti de connaissances nouvelles il s’ingénie à développer une machine intelligente mais un des collègues s’oppose à ses projets. Revisitation du mythe faustien du pacte avec le Diable, ce long récit contient des pages brillantes, notamment celles ou l’adversaire de Stoney s’appuie sur le théorème de l’incomplétude de Gödel pour nier la possibilité de l’existence d’une intelligence artificielle. A la lecture de la formidable scène finale, le constat s’impose : Egan est une copie numérique de Goethe.

 

 

Le Continent perdu.

 

Un jeune homme originaire du Khurossan, un Afghanistan imaginaire où s’affrontent combattants locaux et soldats du futur, est emmené en captivité dans un espace-temps inconnu. Coupé des siens, il attend inlassablement sa libération. On pense en premier lieu à La guerre éternelle de Joe Haldeman ou aux Seigneurs de la guerre de Gérard Klein. Pourtant le sort de cet homme de nulle part évoque aussi un autre récit de Greg Egan « Le Coffre-fort ». Qu’est-ce qu’un être humain ? Une émotion, un espoir ? Moins abouti que ce fameux texte et laissant un goût d’inachevé « Le Continent perdu » renvoie tout de même aux préoccupations ontologiques et éthiques de l’auteur. (2)

 

 

« Lama », « Les Tapis de Wang », les vingt dernières pages d’« Oracle », des moments de génie traversent ce recueil. « Le réserviste », « Océanique » constituent aussi des points forts. Un recueil incontournable.

 

 

 

(1)   Paru initialement chez Ailleurs & Demain et réédité au Bélial’ tout récemment

(2)   cf. son engagement auprès des réfugiés australiens.

 

49 commentaires:

Anonyme a dit…

Le Cafard Cosmique... Un blog que j'aimais fréquenter. C'etait vous?. Il me semble que K Dick a aussi exploré le thème du Clone... Pour en faire un autre cauchemar...Peut-etre entre autres dans les Pantins d'Argile...

Soleil vert a dit…

yes

Christiane a dit…

Je me souviendrai que j'ai interrompu la lecture de ce billet, fixant ce visage qui fait la couverture d'Oceanique pour regarder la procession royale qui est partie de la résidence royale d'Edimbourg.
Son fils Charles III marche derrière le cercueil. Sa mère...
Quel silence...
On entend que les sabots des chevaux et le pas des Archers écossais.
C'est une reine qui s'en va, c'est aussi une mère que ses enfants pleurent.
A qui appartient-elle... Blessure d'amour...
Le peuple, toutes générations réunies, se tait et regarde l'Histoire se faire.
Au loin la cathédrale.
Donc Le Cafard Cosmique c'était vous...

Soleil vert a dit…

... avec d'autres ...

Christiane a dit…

Est-ce Nicolas Fructus qui a créé ce visage ? (couverture du livre que vous avez choisie)

Christiane a dit…

MC,
Pourriez-vous m'éclairer ? Qu'est-ce que l'Eglise anglicane ? Catholique ? Réformée ? Reconnait-elle l'autorité du Pape ? Les eclesistiques dans ce service religieux dans la cathédrale Saint Gilles ont des habits que je ne reconnais pas par contre les lectures de la Bible sont les mêmes .

Greg a dit…

Greg Egan passe souvent pour un auteur hermétique.
Je me souviens d’une emission de Nicolas Martin qui avait bien traité le sujet.
Pas encore lu . Je note celui là.😉

Soleil vert a dit…

Le premier recueil Axiomatique est peut-être meilleur.

Soleil vert a dit…

- Est-ce Nicolas Fructus qui a créé ce visage ?

- Oui. La couverture de la réédition 2023 sera moins ... froide

Christiane a dit…

J'adore ses dessins. C'est un grand dessinateur. Ce visage n'est pas dans son style habituel aussi je metonnais mais il est poignant. Quel rapport entre ce Christ et la nouvelle ?

Christiane a dit…

Bien aimé les problèmes soulevés par le film "Greeland, le dernier refuge" de Roman Waugh hier au soir. Intéressant ce retour de météorites sur la terre comme au temps des dinosaures ( l'homme en plus) et cette idée de tirage au dort pour admettre des humains dans l'abri. Quelques images après le cataclysme m'ont fait songer ay certains des romans SF que vous présentez.
Des oiseaux au sortir de l'abri... D'où pourraient-ils sortir ?
L'exclusion des malades rappelle de mauvais souvenirs
Connaissez-vous ce film ?

Christiane a dit…

sort

Christiane a dit…

Cela m'a rappelé le final de Melancholia de Lars von Trier .

Soleil vert a dit…

- Quel rapport entre ce Christ et la nouvelle ?
- Je ne sais pas Christiane ...

Christiane a dit…

Vous dites juste : "Long récit de l’itinéraire spirituel d’un être humain abandonné par la foi", de se sentir abandonné.
C'est intéressant cette formulation "abandonné par".
C'est une expérience vécue par beaucoup de croyants, cette nuit noire. Une épreuve que le Christ a ressentie cruellement sur la croix. "Père pourquoi m'as-tu abandonné ? "
Un curé disait à la radio que c'était la citation d'un Psaume. Ce n'était pas du tout mon impression. Je crois que cette épreuve, la pire, la perte de la foi, il devait la vivre comme l'ont vécu dans les camps d'extermination ceux qui priaient en vain et qui finissaient pour l'honneur de Dieu de penser qu'ils était mort.
Je voulais en avoir le cœur net. J'ai posé la question à Lustiger que j'appréciais beaucoup. J'ai envoyé ma lettre à Notre-Dame de Paris avec la mention faire suivre.
Il m'a répondu par une énigme : Lisez les sept dernières paroles du Christ en croix.
Je ne trouvais pas la réponse. J'ai été demander aux prêtres de la paroisse proche. Ils sont restés perplexes, évasifs.
Donc j'ai gardé mon idée. Et ce dessin de Nicolas Fructus parle de cela. Les épines sont les métaphores des doutes qui l'assaillent.
Je vais lire ce livre. Je vous dirai mon impression mais moins longuement que pour le livre de Bouillier. Là c'était trop, je sais.

Christiane a dit…

à penser qu'il était mort

Soleil vert a dit…

Je vais lire ce livre.

Il existe en Poche

Christiane a dit…

J'ai lu la première partie d'Oceanic.
Il faut s'accrocher ! Quel conte à dormir debout !
Donc nous ne sommes plus sur terre mais dans un lieu et un temps inconnu où ce qui m'a semblé être deux sectes s'affrontent à propos des anges. Doivent-ils se réincarner et quitter leur immortalité ou rester immortels. Eglise Profonde contre Transitoriens.
Deux frères Daniel et Martin échangent à ce propos sur le pont d'un bateau, en pleine nuit.
Est évoqué alors un personnage clé qui serait la fille de Dieu, Béatrice. A trente ans elle aurait accepter la mort, doutant de la puissance de Dieu, son père puis, après trois jours dans le royaume des morts, serait revenue à une vie différente, sauvée, pouvant alors servir d'intermédiaire entre Dieu et les hommes.
Seule la foi permettrait d'accéder à la véracité de cette incroyable... résurrection...
Mais la foi , dit un frère à l'autre, on ne peut la vouloir , elle doit être reçue et pour cela on doit accepter de mourir noyé pour renaître, sauvé.
Donc un frère leste le corps de l'autre de plombs, le ligote et avec son accord le précipite du pont du bateau au fond des eaux de l'océan, juste attaché at une longue corde.
Lente agonie par étouffement progressif. Tombereaux de prières à Béatrice. Sensation d'extase, de vivre l'esprit océanique (cher à Romain Rolland). Puis, enfin, remontée en surface grâce au treuil et à la corde qui permettait ou de remonter un noyé ou de remonter un illuminé.
Greg Egan a choisi la deuxième possibilité.
Voici donc, possiblement, justifiée l'illustration de couverture de Nicolas Fructus.
Bien d'autres pistes dans cette première partie de la longue nouvelle "Oceanic", comme la possibilité de réunir esprit scientifique et foi.
C'est bien sûr une métaphore d'une histoire bien connue qui divise croyants et non croyants.
La mort par noyade, cet abandon à la volonté de... Béatrice étant l'état d'esprit de futurs baptisés ou autres initiations dans d'autres croyances.
C'est bien écrit mais je ne peux pas dire que je me sente à l'aise dans cet imaginaire qui rappelle l'influence de gourous meurtriers sur leurs adeptes.
Même sur fond de SF, je reste très méfiante.
Bon, la suite sera pour plus tard. Et ça promet d'être long... Je retourne à Bouillier. ("Quand le vin est tiret il faut le boire !")
Entre vous et Pierre Assouline comme guides la traversée est parfois périlleuse ...
Bonne journée.

Christiane a dit…

potentiellement ( plutôt que possiblement dont je n'aime pas l'usage envahissant)

Christiane a dit…

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sentiment_oc%C3%A9anique

On apprend beaucoup avec vous. Merci.

Christiane a dit…

De Jean-Luc Godard j'ai infiniment aimé les grands films antérieurs à 1968. Après il était plus ... hermétique.
Le Mépris... A bout de souffle...
Et vous, Soleil vert, aimiez-vous sa façon de filmer, caméra à l'épaule ? Paul Edel le voit peintre. Rouge du mépris, bleu de Pierrot le fou...
Il improvisait souvent pour être au plus près non de lui mais des autres.
Jazzi a ressorti un billet de Passou extraordinaire, un long entretien où la littérature est le lien entre eux. Merci à lui.
Que morts... On se sent survivants...

Christiane a dit…

"Au cinéma, il n’y a que du présent qui ne fait que passer. A l’écran, le présent, c’est ce qui vous est présenté au moment où il s’en va. Tout ça, c’est frère et soeur. Ecrire, peindre, penser…: dans cette famille de l’art, le cinéma reste un étranger, un immigré, le serviteur. Il devient l’ami de la famille. J’en suis. Pourtant, je me sens inférieur à tous les créateurs que j’aime. Ça ne me gêne pas. Je sais que je suis dans ce monde-là. Eux ont droit au salon, moi à l’antichambre. Pas parce que je fais des films. Le cinéma est seul alors que les autres sont ensemble. Il vient d’un endroit qu’ils n’avaient pas vu."

C’est pour Damien, s'il passe par ici, cet extrait de la rencontre littéraire Godard/ Assouline.
C'est le premier commentaire de Damien (RdL) qui m'étonne et me sépare de sa pensée.

Soleil vert a dit…

A bout de souffle tranchait avec le cinema d'alors. Après... ça tenait du bricolage. Il m'a impressionné un jour de présence dans le journal télévisé de Labro. Il montrait comment les commentaires tentaient de dénaturer la vérité des images. Ça m'est resté;le cinéma c'est d'abord des images avant d'être une histoire

Christiane a dit…

Des images avant d'être une histoire. Oui.
Je lis la dernière nouvelle
Le continent perdu du recueil Oceanic de Greg Egan. Très beau texte miroir de l'actualité des migrants.

Christiane a dit…

Cette nouvelle est plus près de la réalité que de la fiction. Elle me rappelle les quelques mois passés dans la Zone d'attente de Roissy avec la Croix Rouge pour aider les mineurs isolés sans papier ou avec de faux papiers cueillis à la descente des avions ou dans l'Île-de-France. Nous, les administrateurs Adoc, les accompagnions aux entretiens qui allaient décider de leur sort. Des traducteurs étaient présents,. On leur présentait des cartes de géographie, des monnaies pour vérifier leurs dires. Les questionnaires étaient très serrés car la Police les suspectait de mentir. Beaucoup mentaient sur leur âge pour rester en France plus facilement. Le centre était en gestion policière. Beaucoup de grilles... Beaucoup de vérification d'identité. Puis l'étape 2 arrivait : passage devant le juge au tribunal de Bobigny qui déciderait de leur avenir. Les plus chanceux allaient vers le centre pour jeunes de la Croix rouge où ils pourraient reprendre des études, un apprentissage, une vie sociale jusqu'à leur majorité. Après... tout était à refaire...
Eh bien tout cela est dans la nouvelle de Greg Egan. Y compris pour les adultes (même centre, même espace) une attente interminable.
Beaucoup nobtenaient pas le droit d'asile et étaient refoulesy dans le dernier pays qui les avait hébergés.
Je revis tout cela en lisant l'histoire d'Ali et je suis très émue.

Christiane a dit…

administrateurs ad hoc

Christiane a dit…

https://www.croix-rouge.fr/Actualite/La-mission-des-administrateurs-ad-hoc-315

Anonyme a dit…

L’église Anglicane est créée sur mesure par Henry VIII. Le chapelain du Roi, j’ignore son nom, essaie de limiter la casse. D’où l’appellation «  high Church «  auquel fait écho , dans un peuple travaillé par le puritanisme et des courants autrement violents, la low Church, celle- la plus manifestement d’obédience réformée, et pendant longtemps plus proche du petit peuple. Si on veut schématiser, l’anglicanisme à été créer par des gens intelligents qui voulaient rendre possible le divorce du Roi, mais non la rupture avec Rome, ou du moins , garder les éléments d’un dialogue possible en puissance. Mais des courants plus extrémistes , qu’illustrent bien la figure de John Knox, parcouraient la population. illustration; lors de l’Incendie de Notre Dame, la déclaration de l’Archeveque de Canterbury ( le Pape de l’Anglicanisme) souhaitant la « reconstruction de cette Cathédrale où se sont convertis des centaines de gens » je cite de mémoire. On ne trouverait pas ça dans les sectes protestantistes fondamentalistes…

Anonyme a dit…

Ce qui pour l’actuel roi équivaut à maintenir balance égale entre la Religion écossaise, un presbytérianisme hérité de Knox, donc musclé, l’anglicanisme, dont il est le chef, avec cette distinction low church , high church, et les protestantismes qui sont en gros la religion du Commonwealth….

Christiane a dit…

Ah c'est gentil, MC, merci merci. Je me perds un peu dans toutes ces religions qui se ressemblent, se comprennent, se contredisent, ont des rites et des lieux différents.
De plus, en dehors du catholicisme il y a dans le monde tant de croyances, tant de sectes, et pour chacune des interdits, des chefs, des rites.
Et puis il y a les non croyants ce qui en Europe est très récent. La religion était quasiment obligatoire jusqu'au milieu du vingtième siècle avec ces morts interdits de cimetière car pas baptisés ou suicidés. Je suis née et j'ai grandi dans les habitudes familiales : sacrements, communion, confirmation, confession et puis comme beaucoup d'adolescents l'émancipation de ces obligations.
Ce qui m'a surprise c'est l'empreinte de cette rencontre même sabotée par les idioties du catéchisme.
J'avais encore envie de découvrir le sacré, un Dieu différent. Alors, plus tard, immense temps de lectures, de méditation, de rencontres, de lieux out réfléchir.
Il faut ces grandes funérailles pour que je repense aux costumes des religieux, aux rites.
La révélation c'est l'histoire de toute une vie... Mais après la mort pas de resurret, pas d'éternité. Le sentiment océanique de Romain Rolland me plaît bien. Je crois qu'il n'était pas pratiquant et peut-être même pas croyant ( au sens traditionnel du terme)
Mais j'ai garder un plaisir fou à dialoguer avec certains religieux qui acceptent mon incroyance, mes doutes, mon espérance.
C'est certainement pour ces raisons que je me suis tenue ay distance de la nouvelle Oceanic de Greg Egan.
Merci encore.

Christiane a dit…

Mais après la mort pas de resurrection

Mais j'ai gardé

à distance

Christiane a dit…

Cette distinction m'intéresse. Vous êtes habile pour clarifier ce paquet d'embrouilles en quelques mots clairs. Merci.

Christiane a dit…

https://www.lepoint.fr/astronomie/un-monde-ocean-a-portee-de-james-webb-12-09-2022-2489655_1925.php


Pour vous Soleil vert. Bonne soirée à tous.

Anonyme a dit…

Cette Beatrice a quelque chose de Dantesque, Dante en moins…

Christiane a dit…

Oui si on pense à l'Enfer de Dante.. solitude et mort.
Non si on pense à ce bel amour qui liait Dante à cette femme idéalisée.
Cette nouvelle, je l'ai abandonnée. Trop d'oppression. Je pensais à la fin dramatique des adeptes du Temple solaire.
Demander à un être de se tuer pour vérifier le pouvoir d'un Dieu ou pour le rencontrer est absolument horrible.

Christiane a dit…

Réponse à Paul Edel pour la mort de Jean-Luc Godard :

"- Qu'est-ce qu'un spectre dit Stephen tout vibrant. Un être que condamnent à l'impalpabilité la mort, l'absence, ou le changement des mœurs. Le Londres d'Elizabeth est aussi loin de Stratford que le Paris du virginal Dublin. Quel est ce spectre qui, du limbo petrum, s'en revient dans ce monde où il était oublié, qui est le roi Hamlet."
Ulysse - James Joyce. folio Gallimard page 291; traduit de l'anglais par A.Morel (1929), revue par Valery Larbaud avec la collaboration de lauteur.

Anonyme a dit…

Demander à un être etc. Ce peut être aussi Christique. La parole « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonne » n’est pas un psaume, c’est la dernière prononcée par le Christ en Croix…Paul a le premier énoncé et renverse l’argument de la Folie de La Croix…

Anonyme a dit…

En termes clairs : L’Amour de Dieu est folie »…

Christiane a dit…

"Paul a le premier énoncé et renverse l’argument de la Folie de La Croix…"
Dîtes m'en plus.

Christiane a dit…

Oui

Christiane a dit…

Roger Caillois dans son essai "L'homme et le sacré" note dans les jeux de cartes la présence d'un joker, qui n'appartient pas aux séries et qui apparaît dans les combinaisons d'une manière libre et pour ainsi dire folle, à la fois pour les brouiller et pour les compléter . Il se demande alors si c'est une simple coïncidence .

Je crois que c'est pour cette raison que j'ai une telle passion pour les séries de Matisse, de Cézanne, de Rembrandt (autoportraits)...

Dieu apparaît souvent dans nos vies comme ce joker...


Christiane a dit…

Je le pense aussi.

Christiane a dit…

Après toutes ces années, j'ai ressenti les interdits de l'Eglise comme un désir de garantir la stabilité de la société. L'innovation et la désobéissance y étaient redoutées.
Les rites, les liturgies y veillaient par la monotonie de la répétition des psaumes, des prières. Elle s'est faite gardienne des règles. J'ai décroché et j'ai musardé ailleurs loin de ce monde. La poésie est un bon antidote, l'art aussi.
J'avais besoin d'un Dieu fragile et audacieux. J'ai trouvé cela dans la vie du Christ. J'aimais sa tribu hétéroclite de traines-savates, prompte à la peur, naïve, la belle Madeleine amoureuse d'un homme inaccessible, Marie la silencieuse, le Joseph acceptant cette maternité insolite...
Quant à la Croix et ce qui aurait suivi, j'ai trouvé cela un peu excessif..
Mourir... drôle de fin pour cet inouï qu'est la vie... Comme une panne d'inspiration.

Christiane a dit…

Traine-savates

Christiane a dit…

Justin Welby, Archevêque de Canterbury parle chaleureusement face à la Reine morte et à ses proches. C'est un bel homme, digne et simple. Le plafond de Westminster Hall tout en bois sombre est magnifique.
Le cercueil d'Elizabeth II, drapé du drapeau écarlate et or est posé délicatement par ses gardes sur le catafalque de velours violet, juste illuminé par cette couronne de fleurs blanches et de l'autre couronne symbole de royauté qui a dû être souvent bien lourde.
Impressionnante procession à pas lents accordé au battement des tambours.
Les chevaux impétueux avaient bien du mal à marcher si lentement.
J'ai vu un monument dédié aux infirmières.
Bien, je retourne à mes lectures.
Le ciel s'emplit de gros nuages et l'air fraîchit.
Que va devenir le corps de Jean-Luc Godard ?

Anonyme a dit…

Je ne puis que me répéter et redire St Paul, , la Folie de La Croix n’est possible que si l’ Amour de Dieu est lui-même Folie, passant par l’Incarnation et le Don absolu du Fils ( kenose en patois théologique) à son Père pour sauver l’Homme…

Christiane a dit…

'pour sauver l'homme" ? Eh bien c'est raté !

Anonyme a dit…

En ce qui concerne les Arts , en revanche, c’est plutot réussi…

Christiane a dit…

Oui !!!