dimanche 29 mai 2022

Ortog

 

André Ruellan - Ortog - Mnémos

 

 

 

 

La Guerre Bleue a décimé la population des Trois planètes. Sur Terre les survivants disparaissent prématurément. Les radiations ont engendré une faune mutante et agressive. Réfugiés dans leurs murs les hommes vivent désormais au sein d’un curieux système féodal regroupant des castes de nobles, de religieux, de chevaliers-nautes et de paysans. Un berger, Dal Ortog, révolté par la mort mystérieuse d’un père encore jeune et refusant l’explication des prêtres, se place sous la protection d’un haut dignitaire de son village qui partage ses idéaux. Après avoir franchi avec succès plusieurs sélections, Ortog intègre un corps expéditionnaire d’astronautes (les chevaliers-nautes …) bien décidé à rompre la malédiction qui frappe l’espèce humaine.

 

Voyage au centre de la Terre - J Verne
Ces aventures relatées au sein des Armes d’Ortog, publié à l’origine au Rayon Fantastique en 1960 furent complétées en 1969 par un second roman Ortog et les ténèbres. Célébré pour avoir ouvert un chemin d’espérance aux hommes, Ortog pleurait la mort de sa fiancée. Il partait alors au Royaume des morts la récupérer. Le premier volume accuse son âge, même s’il dénote dans la production française de son temps en introduisant une note d’heroic fantasy au sein d’un récit de science-fiction. Certains détails amusent : présenté comme un berger à l’orée de son existence, le héros conduit un troupeau de mégathériums, ancêtres formidables des paresseux. La scène renvoie à une illustration de Voyage au centre de la Terre ; d’autres étonnent : la solution préconisée par le « Prophète » pour enrayer la baisse de la démographie humaine est celle-là même dénoncée par Huxley dans sa dystopie Le meilleur des mondes.

 

Ortog et les ténèbres offre une plongée moins conventionnelle dans les sept cercles des Enfers et au-delà, réminiscence d’un mythe grec bien connu. Décrit comme une expédition scientifique, ce voyage au pays des ombres et des doubles propose une inversion inédite. Nous ne serions que les variantes mortelles d’êtres multidimensionnels. Bien avant La nuit du faune, André Ruellan alias Kurt Steiner, écrivain et scénariste de Pierre Richard et Jean-Pierre Mocky estampillait la littérature de science-fiction d’un label métaphysique inédit.



40 commentaires:

Christiane a dit…

Merci pour le lien (Romain Lucazeau - La nuit du faune - Albin Michel Imaginaire). Ce billet-là est magnifique qui sait lier la science-fiction au roman d'Urfé et à la mythologie grecque.

Christiane a dit…

Un très bel entretien avec l'auteur paru dans le Journal Libération :
https://www.liberation.fr/culture/2016/11/17/andre-ruellan-dialogue-avec-la-mort_1528870/

Soleil vert a dit…

Dialogue avec les morts, bel article.
D'après Gérard Klein, il reste encore des poèmes à publier.

Christiane a dit…

Merci pour le billet de cœur de Gérard Klein (je n'avais pas ouvert le lien !). Il traduit bien sa rage d'écrire.
Des poèmes... Vous nous direz !

Greg a dit…

Tunnel est génial. Une couverture superbe chez J’ai lu poche.

Christiane a dit…

https://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/lp27200.html

la préface de Gérard Klein

Christiane a dit…

j'ai chargé de Romain Lucazeau La nuit du faune (qui existe sur tablette). Votre billet m'a donné envie de le lire.
Ça commence idéalement : "Quand elle aperçut le faune, la fillette lisait...."
Ouah, ça me plaît !
Celui que vous chroniquez aujourd'hui est trop sombre mais j'aime ce qu'on dit de l'écrivain.

Soleil vert a dit…

Anonyme Greg a dit...
Tunnel est génial. Une couverture superbe chez J’ai lu poche.

J'avais bien aimé Le disque rayé. Dans ma PAL alors

Christiane a dit…

Dans "La nuit du faune", je m'interroge sur la réponse étrange d'Astree au faune qui lui parle de guerre :"La véritable connaissance, répondit-elle, est incompatible avec un tel projet. Celui qui sait ne fait surtout rien. La vérité du monde demeure cachée à la plupart, car elle est insupportable à la vie." (L'animal préfère ignorer ce raisonnement où pourrait loger la liberté et l'amour.)
Très rapidement ce conte qui commence naïvement s'emplit du vide existentiel d'un monde qui serait dominé par la puissance et le prestige des guerriers recherchés par le faune. Voilà un roman bien étrange...

Christiane a dit…

J'ignorais que la science-fiction puisse avoir cette allure de conte, que l'enfance d'Astree puisse n'être qu'une apparence trompeuse , un déguisement cachant l'identité d'une très ancienne créature. Des mythes se croisent. Je pense beaucoup aux contes et films de Cocteau.
Vous êtes plein de surprises avec vos chroniques. Désolée d'en avoir choisie une qui est citée mais reste antérieure à ce billet.
J'agis par instinct afin de trouver un chemin dans l'univers de la science-fiction qui m'est un domaine plus cinématographique que littéraire.

Christiane a dit…

Page 51 :
"Au delà d'un certain point , l'étrange ne pouvait provenir que du réel."
Une pensée paradoxale qui se retrouve dans certains livres de SF que vous choisissez.
Celui-ci est désarmant par ce mélange inhabituel de sérieux et de puérilité et par son absence de devenir tout ayant déjà été vecu. A ce stade de ma lecture cela ressemble à un long retour sur le passé de la planète Terre. Un livre construit sur l'inversion du temps qui semble couler à l'envers. Un futur... préhistorique. Le présent antérieur ! Nouvelle conjugaison de l'imaginaire.

Ed a dit…

Ohlala rien que le résumé, j'ai du mal à suivre. Il est pourtant rédigé avec brio, mais j'ai l'impression que mon esprit est trop limité pour ce genre de littérature. Je devrais me pencher sur la question, grâce à ton blog notamment.

Christiane a dit…

Oh, Ed, quel plaisir de vous retrouver ici. J'ai un peu triché lisant le roman qui est mis en lien (La nuit du faune) Vous aviez aimé le billet de Soleil vert qui l'introduisait. (Les liens me donnent toujours faim d'autre chose !)
Donc cette Nuit du faune est un sortilège poétique doublé d'une vision apocalyptique de la terre retournée à son néant à cause de la folie guerrière et polluante des hommes. Prétexte pour une exploration du système solaire par les deux personnages. La migration du Petit Prince de Saint Exupéry revu à la sauce SF.
Il se pourrait que l'auteur soit passionné de mythes, de mathématique et de cosmologie. C'est un livre très... déroutant.
(Je n'écris plus sur votre blog car mes commentaires disparaissent aussitôt qu'envoyés. Mésaventure qui arrive parfois à M.Court)
Le système internet de communication des blogs est aussi complexe que le système solaire !)
Vous m'amusez avec votre attraction-répulsion pour les romans de science-fiction, pourtant le roman de Boulgakov que vous aviez si brillamment chroniqué "Le maître et Marguerite" a tout d'un roman de science-fiction, non ?

Christiane a dit…

Et la couverture, splendide, de La nuit du faune est d'Anouck Faure comme pour le roman de Priest Rendez-vous demain.

Greg a dit…

@soleilvert

OK merci je note Le disque rayé ;)

Christiane a dit…

Rappelez-vous, Ed, des les premières pages cette atmosphère étrange, l'air devenu irrespirable qui soudain se condense et prend la consistance d'un homme d'une taille gigantesque qui ne touche pas terre.
Le fantastique est à l'œuvre en permanence dans ce magnifique roman qui au début me fit penser aux contes d'Hoffmann.

Christiane a dit…

Plus j'avance dans ce roman plus votre évocation des voyages initiatiques de Gulliver ou Micromegas (Swift ou Voltaire) me paraît lumineuse. Oui, c'est bien un conte philosophique qui s'élève contre la guerre et autre péril créé par les humains. Les personnages rencontrés lors de leur périple interstellaire ne sont guère sages et accueillants. Le monde de ces explorations ne tient que par la beauté intérieure d'Astree. Un socle de connaissances scientifiques émoussé par le lyrisme de l'écriture soutient la curiosité du lecteur. Je relis le billet que vous écriviez alors qui ne trahit en rien le roman mais rappelle avec pertinence le siècle des Lumières. Des descriptions qui tiennent du Bateau Ivre de Rimbaud.

Soleil vert a dit…

J'ai enfin reçu Gens de Dublin, l'édition complète. La précédente, bilingue, ne comptait que 4 nouvelles.

Christiane a dit…

Quelle bonne nouvelle que l'arrivée groupée de ces nouvelles. Joyce tout en grisaille peint Dublin. Une douleur ironique à fleur de peau et la dernière, différente, épilogue epiphanique du recueil où Gabriel pense face à la mort en regardant tomber la neige. Hâte de vous lire.

Christiane a dit…

Je suis vraiment contente que vous abordiez Les Dublinois. Cette ville qui le paralysait... J'ai eu du mal à suivre le plan que James Joyce annonçait : "enfance (les 3 premières), adolescence (les 4 suivantes), maturité (encore 4), vie publique (3)" mais j'ai bien ressenti qu'il cherchait à se venger de cette ville, de sa passivité en y plaçant ses personnages (tous issus de familles bourgeoises), obsédés par l'argent, faisant des victimes de leur méchanceté, de leurs vices, de la pauvreté des autres ; un réel sordide, avec dit-il de son écriture "oblique et cynique", un style volontairement d'une "scrupuleuse platitude". Dublin, la prostituée...
Mais comme j'ai aimé la dernière Les Morts, au titre énigmatique, et ce Gabriel Conroy, pathétique, (double de James Joyce ?) et sa douce épouse, Greta, inconsolable de la mort de Michael Furey.
"Son âme défaillait lentement tandis qu'il entendait la neige tomber, évanescente, à travers tout l'univers, et telle la descente de leur fin dernière, tomber, évanescente, sur tous les vivants et les morts."
Et cette merveilleuse adaptation que John Huston en a fait dans son dernier film, bouleversant, avec sa fille Anjelica dans le rôle de Greta. Il devait mourir peu après...
J'ai hâte de vous lire !

Anonyme a dit…

J’ai beaucoup aimé le Disque Rayé. Mon Faune a fini lui chez Emmaus.Pour le reste, le salon de St Sulpice m’a pris beaucoup de temps, et ne s’ y trouvait aucun roman de SF. Quant à rebondir, j’étais tantôt à Marseille, tantôt à Paris, assez peu sur les blogs. Après Dimanche, dernier jour du salon, j’ai commencé, crime irrémissible (?) à lire mes achats. Ainsi s’explique un silence assez long, mais point définitif. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Donc vous êtes trois, ici, à avoir aimé Le disque rayé....

Christiane a dit…

Donc, MC, La nuit du faune n'a pas retenu votre attention. Le style m'a agacée, le propos m'a plu parce que tout est déjà vécu, tout a fait naufrage et que peu à peu on remonte dans l'histoire de la planète terre. J'aurais aimé sur cette idée troquer le voyage intersidéral contre les mythes de l'origine. Remonter jusqu'à ce rien bouillonnant de glaise et de brumes, d'éclairs, de tourbillons et dans tout cela l'énigme de l'homme, sa querelle avec les dieux, son goût de la lutte, de la mort, de la cruauté.
La science fiction souvent m'ennuie c'est tout ce qui s'agite en l'homme qui me captive, ses faiblesses, ses rêves, ses lâchetés. Je trouve cela dans Joyce, un autre lecteur que je suis creuse Stendhal jusqu'au cœur pour comprendre. Hier, ici, nous suivions les interrogations de Carson McCullers. J'échange tous les montres et robots contre ce mystère, le plus grand de tous : l'âme humaine, le désir humain.

Anonyme a dit…

Il a souvent de bonnes idées, mais les moyens ne suivent pas ou s’emberlificotent façon Latium. Pour le Faune, j’ai voulu faire de la place chez moi en virant cette idée qui devient bavarde et agaçante. C’est un peu du d’ Urfe -le titre est un renvoi direct - remis au goût du jour. De même que Latium jouait sur l’Histoire romaine à partir de circuits imprimés portant le nom de ses personnages et en étant eux-mêmes les personnages. Je n’ai pas été convaincu non plus. Le Disque , lui, fait partie de ces chefs d’œuvres devant lesquels on se pâmerait s’ils étaient américains….Bonne journée. MC

Christiane a dit…

Qui pourrait, ici, expliquer en quoi "Le disque rayé" est un livre remarquable ?

Soleil vert a dit…

Le raconter c'est le dévoiler :)

Christiane a dit…

Ah ça, c'est signé Soleil vert. Merci pour toutes ces raisons d'aimer ce livre !!!
Donc, cheminant seule, je pense au titre, à ce qu'il m'évoque.
Du temps des 78 tours, c'était ma hantise. Si un disque était rayé c'était l'impossibilité d'entendre la suite.. un raclement annonçait que la pointe de saphir était bloquée dans le sillon gravé sur le disque.
Impossible à réparer. Toujours la musique s'arrêterait au même endroit. Parfois, exaspérée mais ne voulant pas me séparer du disque, je tentais de soulever délicatement le bras de l'electrophone pour poser la tête de lecture plus loin. Mais si la rayure était longue, l'impossible durait.
Donc...
Dans un roman de science-fiction, comment transposer cette expérience ?
Ne pas pouvoir aller plus loin. Être obligé d'affronter interminablement le même impossible. Les bas on pouvait les remailler, les disques rayés on ne pouvait pas les réparer.
C'est donc l'histoire d'un être dont le chemin de vie est empêché, malgré lui. Qu'est-ce qui peut empêcher un être d'être libre de choisir son chemin ? La maladie, la guerre, la perte de repères.
Vous êtes des démons !!! Voilà que j'ai envie de savoir pour quelles raisons
Cet écrivain a choisi ce titre.

Anonyme a dit…

Ne pensez pas trop au soixante dix-huit tours, mais dites- vous que le Maître a ici tout à fait raison, Christiane!

Christiane a dit…

Deux bavards se donnent la main ! MC de concert avec Soleil vert. C'est complet ! Donc je l'ai commandé. Il n'existe pas pour tablette.

(Mes 78 tours en vinyle, j'aime y repenser, mon électrophone aussi, qui se fermait comme une valise. C'était au temps de mes années d'étude. Des chambres louées chez l'habitant, mes disques, mon électrophone, mes livres. Entre mes lectures des croquis. Dessiner c'était le seul rapport possible que j'avais trouvé avec le monde. Lire, écrire, écouter mes musiques, c'était mon île.
Mes habitudes n'ont guère changé. J'ai troqué mes passerelles d'alors contre ces espaces de dialogues qui permettent d'échanger des tas de pensées nées des livres tout en restant sur mon île.)

Merci à vous deux, lecteurs redoutables, pour attiser ainsi le goût des livres.

Soleil vert a dit…

Christiane : "J'échange tous les montres et robots contre ce mystère, le plus grand de tous : l'âme humaine, le désir humain."

Hmmmm, cadeau pour vous :

https://www.youtube.com/watch?v=ubTJI_UphPk

Christiane a dit…

Justement ce soir où son ombre passe sur l'écran d'Arte. Dutronc/Pialat. Quel immense cadeau. Merci Soleil vert. À Amsterdam, tôt le matin, j'allais d'une toile à l'autre. Lui qui n'arrivait pas à vendre ses toiles. Ce fou de couleurs au chapeau bougies pour peindre les étoiles. Ce chagrin, ce doute,, ce désespoir... regard halluciné, solitude. Ce frère, ces jeunes femmes. Le champ de blé et tous les corbeaux qui viennent sur lui. C'est très beau et émouvant votre cadeau.
J'ai longtemps observé ses dessins. Ils se lisent comme une écriture.
Oui, une science-fiction qui lui permettrait mystérieusement d'être un passager presque heureux dans les musées qui exposent ses toiles. Comme un baiser tardif de la vie.
Ah vraiment c'est une brassée de bonheur pour les yeux et ses couleurs viennent à nous comme son cri muet.
Mais même ce sortilège se heurterait à ce trou dans son silence, comme un cœur qui bat, tambour affolé sous le soleil du midi. Et la fin à Auvers. L'église aux deux chemins. Votre autre cadeau pour Priest.
Oui, le mystère de l'âme humaine.
Ce soir Paul Edel part à la rencontre du comte Mosca. Mystère épais que ce personnage.
Et vous, la troisième nouvelle de Joyce. Ce prêtre libidineux. L'enfant qui baisse les yeux, interdit. Autre mémoire d'enfance.
Tout cela me bouleverse.
Cette épaisseur opaque des êtres, de nous, opaques à nous.
Merci d'être là.

Christiane a dit…

oh, mais il y en a plusieurs ! celle des étoiles, c'est tout à fait cela. Qui est ce docteur Who ? un personnage qui traverse le temps et le fait traverser à des compagnons de route ? Cela fait rêver : superposer des strates de temps...

Christiane a dit…

A propos des nouvelles de Joyce, il s'agit d'un lien dans ma mémoire de lectrice entre les deux premières : Les sœurs et Une rencontre, et non de la troisième, Arabie.
Ces lectures à la première personne donnent accès à la voix d'un enfant face à la mort et à la perversion sexuelle. Les points de suspension dans le dialogue des adultes laissent place à ce que l'enfant a subi sans bien comprendre ce qui lui était arrivé car c'était pour lui incompréhensible, obscur. Trop d'immaturité. Joyce dénonçait tous ces symptômes de la paralysie dublinoise sans vraiment les énoncer, laissant au lecteur le travail de traduction de ces phrases inachevées. L'inconscient qui est un langage travaille ces textes. On peut se demander si ces fantasmes étaient proches de sa propre histoire et expliqueraient le sens de son exil. Par ailleurs le monologue intérieur de ses personnages annonce les œuvres futures.
Les méditations de Van Gogh sont elles, enfermées dans ses couleurs si rageusement giflées sur la toile.
Tant de fantômes hantent ces créateurs... Le réel y est recouvert d'un voile.
Des personnages se construisent en parlant pour Joyce et Stendhal. Des textes tournent sur eux-mêmes comme tournent les étoiles et les couleurs dans les toiles de van Gogh avant le silence de la mort.
Dans les extraits de film mis en lien, jamais van Gogh n'a été si proche. Belle réussite. Bientôt nous échangerons sur les 15 nouvelles des Gens de Dublin foncièrement pessimistes tellement éloignées du sentimentalisme. Un gouffre où chaque lecteur apprend à se connaître intimement.

Christiane a dit…

C'est étrange ce blog. J'y perds mes repères en littérature. Peu à peu, j'approche d'un domaine d'incertitude. Je crois que je refuse d'entrer dans ces fables de la science-fiction, d'un avenir fantasmé né de la façon dont les écrivains ressentent le chaos du présent. C'est une sorte d'amplification de l'angoisse où un ou plusieurs personnages bien humains entrent en résistance pour affirmer des valeurs d'honnête homme, (celui de l'humanisme). Les monstres (pas les montres) et les robots, le dérèglement climatique, les épidémies, les guerres... sont autant de fictions nées du réel.
Pour franchir le pas, il me reste plusieurs épreuves. La première, trouver une épaisseur aux personnages, avoir accès à leurs pensées, leurs contradictions, leurs faiblesses. La deuxième, être accrochée par l'écriture. La troisième, être sensible à la problématique du roman.
Bref, le roman doit me happer.
Par exemple, pour "La nuit Faune" de Lucazeau, votre billet m'a mise en attente d'un roman philosophique. La mollesse de l'écriture, son côté puéril ont gâché mon attente.
Aucune réserve en ce sens pour les deux précédents romans (Priest et Theroux).
Et puis la tentation me revient d'un retour à ma bibliothèque. Hier et les jours précédents, grâce à vous, je relisais les lettres de Van Gogh et les nouvelles de Joyce et des romans de Carson McCullers. Grâce à Paul Edel, La Chartreuse de Parme. Pierre Assouline est dans la parution de Guerre de L.F.Celine. pas trop envie de revenir sur mes impressions de lectrice.
Chez Raymond Prunier : grand silence. Je crois qu'il écrit des nouvelles ou peut-être est-il un jardinier heureux dans son jardin au milieu des oiseaux, des fleurs et des arbres. Le silence des écrivains est un temps de gestation.

Christiane a dit…

J'ai trouvé l'existence d'une série "Doctor Who". Je n'ai jamais vu ces épisodes. Je suppose qu'ils ne se rapportent pas tous à Van Gogh !
Pour les deux extraits regardés, ce qui m'a touchée c'est qu'ils permettent de revoir Auvers sur Oise, certains de ses tableaux, un peu de savie. Le comédien est excellent..
L'imaginer à L'expo d'Orsay en 2010 fait état d’un bonheur inimaginable. Être reconnu, voir ses toiles exposées n'était pas ce qui le faisait peindre.
A la mort de Vincent, Johanna, la femme de Théo, sortit les toiles roulées glissées dans les recoins de l'appartement de Montmartre. Théo n'arrive pas à prendre des décisions quant aux toiles de son frère. Durand-Ruel refuse d'organiser une exposition.
Théo passe son temps à relire les lettres de son frère. Il va mal. C'est un deuil très lent et difficile.
Théo a nommé son fils Vincent... comme l'enfant mort-né qui à précédé leur naissance... Prénom difficile à porter...
Le couple part à Utrecht, chez la sœur de Johanna.
Pendant ce temps, à Paris, leur ami Emile Bernard cherche en vain à faire exposer les toiles de Vincent.
L'état de Théo empire. Il est interné. Puis meurt.
Johanna, seule avec son fils, relit les lettres de son beau-frère.
"Je vis donc comme un ignorant qui n'a la certitude que d'une seule chose : je dois accomplir en peu d'années une tâche déterminée. (...) Le monde ne m'intéresse que dans la mesure où j'ai contracté une dette envers lui, et où je me dois, parce que j'ai foulé cette terre pendant trente ans, de lui léguer par gratitude quelques souvenirs sous la forme de dessins ou de peintures. (...)
J'ai une lucidité terrible par moments... (...) Seule la peinture m'a fait comprendre la lumière restée dans l'obscurité."
Elle lit celles angoissées qu'il écrivait de l'hôpital de Saint-Rémy-de-Provence.
Double veuvage...
Elle ouvrira à quelques kilomètres d'Amsterdam une auberge et accrochera aux murs les toiles de Vincent. Loin de Paris et du monde des critiques, c'est là que les toiles de Vincent Van Gogh seront découvertes et reconnues.

Anonyme a dit…

Le Docteur Who est un Graal disponible depuis les années 1960 à la BBC. Depuis les premières années, le rôle a consumé beaucoup de Docteurs, dont un des plus remarquables fut David Tennant. Le Docteur est une sorte d’hybride entre le voyageur du temps, et l’homme qui bricole les époques pour que le pire n’ait pas lieu. La série joue parfois sur la connaissance de l’Histoire, provoquant des télescopages inattendus et très savoureux, par exemple, Louis XV, la Pompadour , et le Docteur! Elle est hélas inexportable ou à peu pres hors des frontières du Royaume -Uni….
MC

Christiane a dit…

Merci, M.Court. voilà donc une bonne raison pour qu'elle me doit inconnue.
Raymond Prunier est revenu sur son blog. J'aime beaucoup la personnalité qu'il donne au merle.
.

Christiane a dit…

Zut, j'ai effacé mon commentaire ! Je vous disais avoir écouté sur France culture le ricanement ironique et tragique de cet écrivain inclassable Edgar Hilsenrath. Rire tragique, oui.
Vous évoquez un personnage qui traverserait le temps passé et le modifierait pour qu'il soit moins horrible. Mais la mémoire, c'est tout ce qui nous reste. On ne peut l'effacer par une fiction. Je préfère notre état crépusculaire, notre conscience des naufrages passés de l'histoire. Au bord de cette nuit s'élève la science-fiction. Le mal et le bien seront en conflit jusqu'à la fin des temps... C'est son objet, je crois.

Christiane a dit…

Soleil vert, vous écrivez : "Décrit comme une expédition scientifique, ce voyage au pays des ombres et des doubles propose une inversion inédite. Nous ne serions que les variantes mortelles d’êtres multidimensionnels."
Vera Feyder écrit : "... Avec paroles d'arpenteur qui aurait remonté le temps dans tous les livres, en horloger penché sur ses aiguilles dont la marche forcée ne donnerait ni l'heure, ni le lieu du repos à qui l'a tant cherché puisqu'au soir la parole retourne avec son parolier au sable fin des mots..."

Anonyme a dit…

Pas pour qu’il soit moins horrible.. le Docteur, Seigneur du Temps, en prend à son aise avec l’Histoire humaine parfois la plus farfelue. Celle qui par exemple fait de la Reine Victoria un batracien extraterrestre…c’était le cas quand je fis la connaissance de cette série en Angleterre! MC