Tennyson - Ulysse
- III
Voici le
port ; le vaisseau gonfle sa voile :
Voici l’obscure
clarté de la mer. Mes marins,
Qui avez peiné, et
œuvré, et pensé avec moi –
Qui toujours avez
pris dans un salut plaisant
Le tonnerre et le
soleil, et avez opposé
Des cœurs libres,
des fronts libres – vous et moi sommes vieux ;
Le grand âge a
encore son honneur et sa peine ;
La mort clôt
tout : mais quelque chose, avant la fin,
Un travail de
haute menée, peut encore être fait,
Et qui ne messied
pas à ceux qui combattirent les dieux.
Les feux
scintillent maintenant sur les rochers :
Le long jour
blêmit : la lune, lentement, s’élève : le profond
Gémit alentour, de
tant de voix. Venez, mes amis,
Il n’est pas trop
tard pour chercher d’autres mondes.
Poussez, et siégeant
en bon ordre, frappez
Les sillons
sonores ; car je projette
De voguer au-delà
du couchant, où baignent
Toutes les étoiles
d’occident, avant de mourir.
Il se peut que les
gouffres nous avalent ;
Il se peut que
nous touchions les Iles Fortunées,
Voyant le grand
Achille, que nous connûmes.
Beaucoup nous est
pris, mais beaucoup nous reste ; et si
Nous ne sommes
plus maintenant cette force qui, aux jours anciens,
Remuait terre et
ciel, nous sommes ce que nous sommes :
Une même trempe de
cœurs héroïques
Affaiblis par le
temps et le destin, mais forts par la volonté
De lutter, de
chercher, de trouver, et de ne pas céder.
3 commentaires:
Bonnes vacances.
B à V
Bob Dylan,bon ce n’est pas ce que je mettrai dans ma summer playlist.
J’ai découvert cet auteur et ce poème par contre.
Merci!
Très beau poème,Ulysse est toujours une référence.
Sinon, parcourons les Contrées avec Jacque Abeille et ses Carnets de l’explorateur perdu.L’écriture est magnifique.
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