mercredi 30 juin 2021

Pause

 

Tennyson - Ulysse - III

 

 

Voici le port ; le vaisseau gonfle sa voile :

Voici l’obscure clarté de la mer. Mes marins,

Qui avez peiné, et œuvré, et pensé avec moi –

Qui toujours avez pris dans un salut plaisant

Le tonnerre et le soleil, et avez opposé

Des cœurs libres, des fronts libres – vous et moi sommes vieux ;

Le grand âge a encore son honneur et sa peine ;

La mort clôt tout : mais quelque chose, avant la fin,

Un travail de haute menée, peut encore être fait,

Et qui ne messied pas à ceux qui combattirent les dieux.

Les feux scintillent maintenant sur les rochers :

Le long jour blêmit : la lune, lentement, s’élève : le profond

Gémit alentour, de tant de voix. Venez, mes amis,

Il n’est pas trop tard pour chercher d’autres mondes.

Poussez, et siégeant en bon ordre, frappez

Les sillons sonores ; car je projette

De voguer au-delà du couchant, où baignent

Toutes les étoiles d’occident, avant de mourir.

Il se peut que les gouffres nous avalent ;

Il se peut que nous touchions les Iles Fortunées,

Voyant le grand Achille, que nous connûmes.

Beaucoup nous est pris, mais beaucoup nous reste ; et si

Nous ne sommes plus maintenant cette force qui, aux jours anciens,

Remuait terre et ciel, nous sommes ce que nous sommes :

Une même trempe de cœurs héroïques

Affaiblis par le temps et le destin, mais forts par la volonté

De lutter, de chercher, de trouver, et de ne pas céder.






3 commentaires:

Biancarelli a dit…

Bonnes vacances.

B à V



Anonyme a dit…


Bob Dylan,bon ce n’est pas ce que je mettrai dans ma summer playlist.
J’ai découvert cet auteur et ce poème par contre.
Merci!

Anonyme a dit…

Très beau poème,Ulysse est toujours une référence.

Sinon, parcourons les Contrées avec Jacque Abeille et ses Carnets de l’explorateur perdu.L’écriture est magnifique.