La sexualité, la mort, ces figures coutumières de l’univers romanesque de Philip Roth, rodent une fois de plus dans Le rabaissement, son dernier opus.
L‘ écrivain américain, auteur d’une œuvre plusieurs fois récompensée, est célébré comme un géant littéraire au même titre qu’un Don Delillo ou un Pynchon.
Le présent roman s’inscrit dans le cycle « Némésis ».
Simon Axler, un homme dans la soixantaine, perd son talent d’acteur du jour au lendemain. Monter sur les planches, déclamer un texte devant un public fasciné par ses prestations théâtrales passées, représente désormais un effort insurmontable.
Ne supportant pas l’effondrement moral consécutif à l’arrêt de sa carrière, sa femme le quitte. Hanté par le suicide, Simon Axler échoue dans un hôpital psychiatrique où il tente de se reconstruire. Alors qu’il tire un trait sur sa carrière professionnelle, malgré les sollicitations amicales de son agent, une passion érotique pour une jeune femme éveille en lui l’espoir d’un nouveau départ.
Conçu comme une descente aux enfers, Le rabaissement dissimule, sous une linéarité textuelle apparente et une écriture dont la rapidité et la précision tiennent du scalpel, une richesse thématique insoupçonnée pour un court roman de 120 pages.
Le récit de Philip Roth aborde tout d’abord le thème central de l’impuissance, illustré à la fois par les doutes professionnels du comédien, les jeux sexuels sophistiqués de Simon et Peggeen destinés à stimuler une libido défaillante et la présence castratrice des parents de la jeune femme. Des personnages qui ne sont pas sans évoquer ceux de La bête qui meurt.
Des jeux théâtraux charpentent le texte : le roman découpé en trois actes (la chute, l’espoir, la mort), la mise en abyme du suicide, à la fois idée fixe de Simon Axler et thème récurrent des pièces de théâtre, les métamorphoses de Peggeen, femme homosexuelle convertie provisoirement à l’hétérosexualité et de son ancienne maîtresse Louise tentée par la masculinité.
La narration, écrite à la troisième personne, tourne autour de Simon Axler. Des motivations de Peggeen attirée par un homme plus âgé qu’elle, nous ne savons rien, si ce n’est par l’entremise des réflexions de l’acteur. Personnages principaux et secondaires affrontent des situations sans issue. Des forces invisibles les entraînent vers un dénouement prévisible et tragique.
Le rabaissement se lit comme le récit en apnée d’une exécution, l’amour comme une ultime respiration, avant le coup de grâce.
2 commentaires:
Le Rabaissement:Miroir d'un ecrivain en perte cruelle d'inspiration selon Eric Naullau
C'est aussi l'avis de Pierre Assouline.
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