Clifford
D. Simak - Au carrefour des étoiles - J’ai Lu - Nouveaux Millénaires
Si vous lisez
de la littérature de science-fiction, vous n’êtes pas sans connaitre quelques appellations
de genres ou sous-genres comme le space opera, ou le planet opera. Le grand Clifford
D. Simak a créé à lui seul une catégorie, le Wisconsin opera. Ecoutons à ce
propos Robert Silverberg : « Le cadre apparent de sa fiction
pouvait être le quatre-vingtième siècle, ou un univers parallèle, ou un monde
étrange d'une autre galaxie, mais d'une manière ou d'une autre, c'était
toujours fondamentalement le Wisconsin des années 1920, un monde de fermiers,
de chiens, de trous de pêche et de rocking-chairs sous le porche. »
(1) Au carrefour des étoiles, auquel
Pierre-Paul Durastanti offre une nouvelle jeunesse, est sur ce point
exemplaire.
Construit à rebours
d’un roman d’espionnage, Au carrefour des étoiles démarre par les
souvenirs du héros de la bataille de Gettysburg et s’achève par la menace d’un
double conflit, mondial et galactique. L’histoire de l’Humanité semble dire
Simak, se condense en une série de choix, heureux ou malheureux, et à la faveur
du progrès des armes, l’un d’entre eux pourrait être, si nous ne prenons garde,
le dernier. L’image du bon chemin (page 48) trouve peut-être son origine, si l’on
suit toujours Robert Silverberg (1), dans les écrits du poète américain Robert Frost
(1874-1963), l’équivalent de notre Francis Jammes. Son poème le plus célèbre « The
road not taken » raconte les hésitations d’un promeneur à l’orée d’un
bois. Deux sentiers s’offrent à lui. Il finit par prendre le moins fréquenté. De
façon amusante Simak réinterprète le texte de Frost à sa façon. Le chemin le
moins emprunté, celui qui mène à la ferme est aussi le plus utilisé puisque la
demeure abrite un nœud de réseau galactique. Plus sombrement les voies de la raison
et de la tolérance ne s’empruntent pas sans risque. Comme l’avait remarqué
Pierre-Paul Durastanti (2), une espèce de mystique chrétienne, fraternelle
traverse le roman, avec un épilogue rappelant à l’instar de Dans le torrent
des siècles que le salut du plus grand nombre s’obtient par le renoncement
ou le sacrifice de quelques autres.
Chez l’auteur
de Demain les chiens, la méditation accompagne l’action. Elle confère au
récit une apparente lenteur qui disparaît avec le dénouement au dernier tiers.
Cerise sur le gâteau pour les découvreurs de ce texte légendaire datant de 1963,
l’existence d’une Force spirituelle universelle alimentée par un Talisman. Que
la Force soit avec toi lecteur !
(1) Rereading Simak - Reflections
(2) Bifrost 22
2 commentaires:
Je n'ai pas la mémoire des noms propres, de ceux des personnages de mes romans lus.Ils fuitent dans l'oubli. Certains surnagent: le Meursault de l'Etranger de Camus, par exemple. Et cet Enoch Wallace qui me reste là, en mémoire, comme lui immortel "au carrefour des étoiles".
Pareil, le Gosseyn du "Monde des Ā", les Harkonnen, Paul Muad'ib de "Dune" et puis et puis ...
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